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De plus en plus concurrentiel avec la multiplication des écoles privées, des formations universitaires et l’émergence des filières d’Institut d’études politiques (iep), l’espace des formations en journalisme est en pleine restructuration.... more
De plus en plus concurrentiel avec la multiplication des écoles privées, des formations universitaires et l’émergence des filières d’Institut d’études politiques (iep), l’espace des formations en journalisme est en pleine restructuration. Ici, nous cherchons à comprendre pourquoi et comment une rhétorique de la formation par les enseignements généraux a pu s’imposer comme une « nécessité » et comme un nouvel enjeu de distinction dans un univers de formation jusqu’alors dominé par des écoles privées ayant davantage privilégié des orientations techniques et pratiques pendant les années 90. Si les sciences sociales ont pu prendre un rôle important dans les années 2000, c’est parce qu’elles sont devenues un moyen de consolidation des stratégies des écoles privées dans leur concurrence. L’arrivée de la nouvelle école de journalisme de Sciences-Po Paris et de diverses formations dans les iep de région ainsi que le développement d’expertises diligentées par le ministère chargé de l’Enseignement supérieur contribuent à revaloriser une rhétorique de la promotion des sciences sociales/savoirs fondamentaux dans la formation des journalistes. Enfin, ces transformations de l’espace de formation conduisent les écoles privées à se rapprocher de l’université dans un processus de « masterisation ».
Research Interests:
In the media community and sociopolitical publications, every termination of a journal-ist's employment in Russia immediately raises suspicions of a crackdown on the " fourth estate. " In this article we analyze employment terminations in... more
In the media community and sociopolitical publications, every termination of a journal-ist's employment in Russia immediately raises suspicions of a crackdown on the " fourth estate. " In this article we analyze employment terminations in newsrooms in light of the interactions between separating parties. The political disputes that occurred in Rus-sian news media between 2012 and 2014 shed light on the complex forms of pressure and compromise exerted on journalists. We have selected three cases (Gazeta.ru, Kom-mersant-Vlast', and Lenta.ru) to illustrate three modalities of regulation of political disputes in the Russian media in the mid-2010s. They show that political control is perfectly compatible with the liberal management of press companies, which facilitates the use of financial justifications in cases of conflict, and with newsrooms' commitment to social civility, which insures observance of good morals. Despite their differences, the three termination cases show the avoidance of politics in the Russian media in three ways. Neither authoritarian control nor renunciation on the part of journalists explains the exercise of power over the Russian media. It is rather on the side of negotiated arrangements meant to avoid political controversy that we observe the reconfiguration of public space in Russia.
La question des engagements politiques des journalistes semble, par définition, propre aux sociétés démocratiques. Pourtant, elle se pose aussi dans des contextes politiques contraints, comme le montre l’exemple de la Russie... more
La question des engagements politiques des journalistes semble, par définition, propre aux sociétés démocratiques. Pourtant, elle se pose aussi dans des contextes politiques contraints, comme le montre l’exemple de la Russie contemporaine. Depuis l’arrivée au pouvoir de V. Poutine en 2000, les recherches en sociologie des médias font généralement état d’une polarisation de l’espace médiatique entre, d’un côté, des titres dominants acquis à la ligne interprétative du pouvoir et de l’autre, des rédactions critiques et alternatives marginalisées. Ce clivage suggère des assignations politiques fortes des journalistes dans l’espace médiatique. Or, une enquête au plus près des acteurs montre paradoxalement l’instabilité de leurs carrières professionnelles et des possibilités, pour certains d’entre eux, de passage d’un pôle éditorial à l’autre. Ces trajectoires énigmatiques témoignent d’une mise à distance de la politique au profit d’autres considérations (économiques, techniques, amicales…) pour justifier des bifurcations professionnelles dans l’espace médiatique russe. Au-delà de ce cas d’étude, elles invitent à la réflexion sur l’affaiblissement des assignations politiques dans les médias contemporains.
Research Interests:
During the Soviet time, military journalism was part of the army command. After the fall of the USSR, part of the profession gained autonomy as corps specialized in military affairs fed by the various scandals concerning the army (such as... more
During the Soviet time, military journalism was part of the army command. After the fall of the USSR, part of the profession gained autonomy as corps specialized in military affairs fed by the various scandals concerning the army (such as dedovshchina, recurring problems regarding the payment of the soldiers). From the years 2000, this polarization of military journalism has increased. On the one hand, the young generations are more porous to the army’s activities of communication and public relations to which they contribute. They are less concerned with providing accurate information. The creation by the Russian Ministry of Defense of its own TV channel Zvezda (The Star) is a striking illustration of this kind of institutional journalism. On the other hand, some journalists develop an investigative journalism and are concerned with revealing financial and political affairs that affect the army. Military journalism is thus increasingly torn between two distinct spheres, which have two different conceptions of the profession.
Research Interests:
L’article interroge la constitution des frontières entre journalistes et communicants dans un milieu agricole encadré par de nombreuses organisations. Les journalistes et les communicants sont davantage associés que rivaux, et la nature... more
L’article interroge la constitution des frontières entre journalistes et communicants dans un milieu agricole encadré par de nombreuses organisations. Les journalistes et les communicants sont davantage associés que rivaux, et la nature de l’information professionnelle renforce leur proximité puisqu’ils participent tous au processus de co-production de l’information. Pourtant, des tentatives d’autonomisation existent de la part des fractions de journalistes les plus proches de la presse généraliste. Ce mouvement de revendication d’un territoire professionnel s’incarne dans la constitution d’une association spécialisée comme l’Association française des journalistes agricoles (AFJA) ou par le lancement d’une formation au journalisme agricole dans une école reconnue par la profession. Ces entreprises sont mises à mal par le cadre d’exercice du métier de journaliste. Le monde agricole limite l’importation du modèle généraliste et permet en parallèle une reconversion plus aisée entre les deux métiers grâce à des savoirs et savoir-faire communs. Si la question des spécialisations journalistiques a souvent été mise en relation avec la presse généraliste, le développement de règles spécifiques d’excellence et de distinction professionnelles plaide pour un statut à part dans les études et pour la constitution de cette presse professionnelle en objet scientifique.
Mots-clés : journalisme professionnel, associations professionnelles, journalistes agricoles, communicants, formation.
                                                                                                                                                                                      Abstract
This article questions the edification of the borders between journalists and communicators in an agricultural world monitored by many organizations. More associated than rivals, the nature of the professional news strengthen the proximity between journalists and communicators. Both cooperate in the news co-production process where sources access is highly controlled. Besides, empowerment attempts have been made by fraction of the journalists the most close to the generalist press. This movement of professional territory claims embodies in the foundation of a professional association like the Agricultural Journalists French Association (AFJA) or the launch of a training program for agricultural journalism in a school recognized by the profession in Lille. These initiatives are constrained by the professional environment. This agricultural world limits the generalist model importation but at the same time allow much easier carrier changes thanks to the common knowledge, know-how and skills developed in both professions. Journalists specializations are often been analysed in link to the generalist press. Nevertheless, the development of specific rules of excellence and distinction advocates for a special status in research. Professional press should constitute a specific scientific object.
Keywords: professional journalism, professional associations, agricultural journalists, communicators, training.
This paper explores the central role that French public radio (ORTF) had played in the implementation of the road safety policy in the 1960s, before it was consecrated as a “Great national cause.” ORTF actively contributed to the... more
This paper explores the central role that French public radio
(ORTF) had played in the implementation of the road safety policy
in the 1960s, before it was consecrated as a “Great national cause.”
ORTF actively contributed to the construction of a new policy tool:
traffic information. First of all, it was able to play such a role because
it was deeply rooted in a specific historical context, in which certain
media and political power were closely interlinked. This project was
implemented by Gaullist entrepreneurs (such as Roland Dhordain)
and by participants of the youth movements. Another reason for this
project’s success was the fact that French public radio acted as an
administrative facilitator between the three ministries involved in
developing this public policy: the ministries of Defense, Interior and
Transportation. The ORTF facilitated the cooperation and interaction
among these ministries which had previously worked in isolation.
Finally, the early 50’s radio programs on traffic met the commercial
interests of both the radio station itself and the car market, which
largely contributed to their success. The importance of this case study
is that it can help us have a better understanding of the complex
relations between public policy and media today.
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"English Abstract: “LIVE FROM ROSNY-SOUS-BOIS...” Transformation of the traffic information market (1970-2007) Traffic information is not only a radio product; it can be analysed in terms of changes in public policies and data... more
"English Abstract:
“LIVE FROM ROSNY-SOUS-BOIS...” Transformation of the traffic information market (1970-2007)
Traffic information is not only a radio product; it can be analysed in terms of changes in public policies and data collection techniques. When the French national centre for traffic information was created, several actors were needed to produce traffic data: government, the police, transport agencies and journalists. For a long time traffic information was defined as a public service, universal and free. Today, car manufacturers try to sell such information. This article analyses changes in the traffic information market and in the role of the state, along with the arrival of commercial actors. "
The concept of the “sociological expedition” implies various forms of collaborative empirical research, for which ethnographic fieldwork serves as the fundamental model. While this form of training students (“education through research”)... more
The concept of the “sociological expedition” implies various forms of collaborative empirical research, for which ethnographic fieldwork serves as the fundamental model. While this form of training students (“education through research”) is still relatively rare in Russia, in recent years its visibility has grown and its organizers have become more experienced. We were interested in finding out how, in each particular case, the idea of organizing such training retreats for students developed. What are the peculiarities and practical difficulties involved in conducting this kind of research and training? Finally, what role in the educational process should such research expeditions play? Participants in the discussion below note the importance of collaborative field research to students’ professional socialization and reflect about their own experiences of such trips, expressing regret that academic institutions still do not sufficiently support the practice. (In Russian).
Research Interests:
Présentation Comment explorer les représentations de l’agriculture, alors que la profession subit de nombreuses crises profondes ? Les relations entre médias et agriculture ont fait l’objet de multiples travaux en sciences sociales... more
Présentation

Comment explorer les représentations de l’agriculture, alors que la profession subit de nombreuses crises profondes ? Les relations entre médias et agriculture ont fait l’objet de multiples travaux en sciences sociales depuis les années 1960. Or, cette thématique semble avoir été progressivement délaissée depuis le début des années 1990. Ce numéro propose de relancer un chantier de recherche qui relie la sociologie des médias à celle des mobilisations. Une telle approche revisite de manière dynamique, à travers une analyse des luttes et des enjeux, la sociologie de la profession agricole et de l’agriculture. Ses contributions abordent la transformation de l’espace de la représentation agricole et du champ médiatique. On passe ainsi d’un accord collectif sur le projet de la modernisation agricole dans les années 1960 à la convocation aujourd’hui de l’agriculteur devant le tribunal de l’opinion publique.

Ce dossier, réalisé par des chercheurs de diverses disciplines des sciences sociales (ethnologie, sociologie, science politique) traite d’abord de la question du magistère de la parole (qui parle au nom des agriculteurs ?), aborde ensuite les médias comme supports de mobilisations et interroge enfin leur rôle comme ressources et contraintes pour les acteurs engagés. Une variété de sujets sont traités : depuis la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) à la gauche paysanne et José Bové, en passant par les algues vertes, le problème des pesticides, la naissance de l’agriculture biologique, la place des femmes dans la profession ou encore les nouvelles formes d’action de l’Apli (Association des producteurs de lait indépendants) et celles, plus traditionnelles, d’investissement des élites dans la formation. Ces luttes médiatiques et syndicales, nous donnent ainsi à voir l’agriculture en représentation(s).

Sommaire

Ivan Chupin, Pierre Mayance, L'agriculture en représentation(s) Luttes médiatiques, luttes syndicales - Page 9 à 24

Edouard Morena, L'agence de presse libération-paysans. Avec les paysans sur le « front de l'information » ? -  Page 25 à 38

Ivan Chupin, Pierre Mayance, Une formation hors de son champ. L'échec de la filière journalisme agricole à l'ESJ - Page 39 à 58

Alexandre Hobeika, Un journal syndical comme filiale commerciale. L'agriculteur normand et la FNSEA dans l'Orne - Page 59 à 76

Clémentine Comer, Ne pas faire mauvais « genre ». Les timides mutations de la représentation des femmes dans la presse agricole bretonne - Page 77 à 96

Frédéric Nicolas,  Une croisade morale inachevée. La représentation des mondes agricoles dans le journal agriculture et vie - Page 97 à 114

Matthieu Repplinger,  « Tous producteurs de lait ». « Stratégies médiatiques de l’apli et concurrence syndicale - Page 115 à 132

Aïcha Bourad, Des pages « éco » aux pages « société ». La médiatisation de la confédération paysanne dans la presse nationale - Page 133 à 154

Jean-Noël Jouzel, Giovanni Prete, Des journalistes qui font les victimes ? Le traitement médiatique des maladies professionnelles liées aux pesticides - Page 155 à 170

Alix Levain, Une épreuve médiatique ? Les éleveurs bretons et les marées vertes - Page 171 à 194
Occupant une place croissante dans la société française, les médias connaissent une intense mutation depuis quelques décennies. Le développement d'Internet, l'« explosion » de la communication et la concentration mondiale des entreprises... more
Occupant une place croissante dans la société française, les médias connaissent une intense mutation depuis quelques décennies. Le développement d'Internet, l'« explosion » de la communication et la concentration mondiale des entreprises médiatiques bouleversent en profondeur l'espace public. Ces récentes évolutions soulèvent de nombreuses questions auxquelles cet ouvrage s'efforce de répondre en les inscrivant dans le temps long des transformations médiatiques.
Cette histoire politique et économique des médias français se veut comme un antidote à l'oubli. Retraçant pas à pas les relations que les médias ont successivement entretenues avec les pouvoirs du XVIIe siècle à nos jours, elle est soucieuse d'articuler cette dimension politique aux enjeux économiques, sociaux et technologiques de la production médiatique. Citoyens, étudiants, chercheurs, journalistes trouveront dans cet ouvrage des clefs pour comprendre la construction progressive de l'espace médiatique français et analyser les problématiques actuelles à l'aune des expériences passées.
Les journalistes sont-ils aussi indépendants que se plaisent à le rappeler certaines déclarations de vertu déontologique ? Selon ces discours sur la liberté de la presse, celle-ci se serait émancipée progressivement de la tutelle de... more
Les journalistes sont-ils aussi indépendants que se plaisent à le rappeler certaines déclarations de vertu déontologique ? Selon ces discours sur la liberté de la presse, celle-ci se serait émancipée progressivement de la tutelle de l’Etat et des organisations politiques pour devenir indépendante. Mais ce mythe professionnel néglige les contraintes imposées par le fait que les journalistes sont engagés dans des transactions plus ou moins durables avec d’autres univers sociaux (politique, militant, économique, médical…). Contraintes qui pèsent d’une manière ou d’une autre sur le travail quotidien des journalistes.

Un journaliste est en effet soumis à de multiples (inter)dépendances : relations avec ses confrères et concurrents, avec ses publics, ses informateurs, ses financeurs, et, peut-on dire, avec l’ensemble de la société. La nature et l’intensité de ces relations varient en fonction de la position qu’il occupe au sein du champ journalistique. L’objet de cet ouvrage collectif est précisément d’examiner dans les détails en quoi consistent les échanges (et donc les marges de manœuvre) des journalistes à l’égard des divers réseaux sociaux avec lesquels ils travaillent pour produire de l’information médiatique. En d’autres termes, il s’agit de jeter un regard sociologique sur la manière dont le monde journalistique s’articule à d’autres espaces sociaux. Ce livre vise à souligner la diversité de l’activité journalistique et les multitudes de situations de plus ou moins grande autonomie que parviennent à négocier les journalistes avec d’autres acteurs.

Les contributions réunies font le choix résolu de se fonder sur des études empiriques, appuyées sur des constructions théoriques variées, concernant aussi bien la chaîne internationale TV5 ou Le Monde Diplomatique, les journalistes au Liban ou en Italie, les chargés de communication ministériels ou les responsables de ressources humaines dans les groupes de presse, l’invention du journalisme à travers le développement de la presse locale à Lyon au XIXe siècle ou les scandales financiers des années 1930, les effets des divisions du travail sur ce que produisent les journalistes.



***



Ont contribué à cet ouvrage : Camille AUBRET, Damien de BLIC, Isabelle CHARPENTIER, Ivan CHUPIN, Nicolas HUBE, Marc JAMPY, Amélie JEANSON, Nicolas KACIAF, Carmela LETTIERI, Dominique MARCHETTI, Jérémie NOLLET, Emmanuel PIERRU, Eugénie SAITTA et Maxime SZCZEPANSKI-HUILLERY
Research Interests:
Résumé Prisma Presse En 1994, le groupe Prisma a lancé une formation interne à destination de cadres- journalistes baptisée Académie. Après un double échec, cette formule se transforme et est refondée sur un compromis entre la... more
Résumé Prisma Presse



En 1994, le groupe Prisma a lancé une formation interne à destination de cadres- journalistes baptisée Académie. Après un double échec, cette formule se transforme et est refondée sur un compromis entre la Direction des ressources humaines et les rédacteurs en chef. L’étude des transformations de cette Académie nous permet de voir que pour comprendre une formation il importe de dépasser les seuls enjeux de formation pour en saisir également les enjeux politiques. L’Académie constitue en effet un lieu de centralisation du pouvoir par la DRH au sein d’un groupe éclaté en de multiples titres. De ce fait, elle concourre à la production du groupe et à l’activation de l’esprit d’entreprise. En distinguant des « Académiciens », l'Académie permet aussi d’inciter les rédacteurs en chef à avoir recours à un corps de pigistes généralistes formés dans les écoles de journalisme qui finissent par se retrouver attachés à leurs titres sous l'effet des logiques de spécialisation et de précarisation du marché du travail. Pour toutes ces raisons, l’Académie apparaît donc comme un terrain pertinent pour saisir les enjeux de luttes de légitimation au sein de l’univers journalistique.



Abstract



In 1994, the Prisma press group decided to create an internal journalism school for managers which was called inside the group “The Academy”. After his failure, this school has been changed and is refunded on a compromise between The Direction of human engineering and the editors. The study of these mutations of the so-called “Academy” offers an understanding of the fact that to analyse a formation, it’s important not just to give a glimpse on the stakes of the formation only but also to understand political stakes. The Academy constitutes a spot for the centralization of power by the managers in human engineering inside a group divided between several titles. In this way, it contributes to the symbolical production of the group. By distinguishing “Academicians” among the other journalists, The Academy helps the editors to use some stringers formed in French J school which finished by being linked with their titles due to the effects of specialization of the journalistic labour market. For these reasons, The Academy is a good way to seize stakes by which social groups try to legimate themselves inside the journalistic world.
Research Interests:
Cet article analyse comment une politique de lutte contre les discriminations, reformulée en termes de « diversité », s’est progressivement imposée dans l’univers des grandes écoles de journalisme en France. La thématique a d’abord été... more
Cet article analyse comment une politique de lutte contre les discriminations, reformulée en termes de « diversité », s’est progressivement imposée dans l’univers des grandes écoles de journalisme en France. La thématique a d’abord été promue dès la fin des années 1990 par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel qui l’étend ensuite à des entreprises de médias, qui la répercutent à leur tour vers les écoles invitées à former des « minorités visibles ». Cette redéfinition des critères de recrutement par la politique de « diversification » met en tension plusieurs principes de légitimation de ces formations. Une définition plutôt scolaire des qualités des futurs journalistes coexiste désormais avec une définition en termes de « talent ». Celle-ci est mise en application à travers des filières par alternance qui leur offrent la souplesse requise afin de retenir des profils « atypiques » plus conformes aux vœux des entreprises de médias.
Research Interests:
Ce texte se propose d’etudier comment la radio publique a pu jouer un role d’acteur central dans la mise en œuvre d’une politique de securite routiere dans les annees 1960, avant meme qu’elle ne soit consacree comme grande cause... more
Ce texte se propose d’etudier comment la radio publique a pu jouer un role d’acteur central dans la mise en œuvre d’une politique de securite routiere dans les annees 1960, avant meme qu’elle ne soit consacree comme grande cause nationale. Ce media concourt activement a la constitution d’un instrument d’Etat – l’information routiere. Si la radio publique a pu exercer un tel role, cela tient principalement a son ancrage dans une conjoncture historique specifique dans laquelle on assiste a une tres grande porosite entre certains medias et le pouvoir politique en place. Ce projet est porte par des entrepreneurs de cause gaullistes et/ou marques par une socialisation dans les mouvements d’encadrements de la jeunesse, avec au premier chef Roland Dhordain. A tel point que les medias finissent par devenir de veritables adjuvants du pouvoir en place. Par ailleurs, si ce projet reussi, c’est aussi parce que la radio publique est un facilitateur administratif entre les trois ministeres impliques : la Defense, l’Interieur et l’Equipement. L’ORTF assure une fonction de desenclavement entre les services centraux et permet de fluidifier a leurs relations. Enfin, si les programmes consacres a la route reussissent a partir de 1952, c’est aussi parce qu’ils rencontrent les interets commerciaux de la chaine ainsi que ceux du secteur automobile. L’interet de ce cas-limite est que, par-dela sa singularite historique, il peut nous aider a repenser aujourd’hui les articulations entre politique publique et medias.
The concept of the “sociological expedition” implies various forms of collaborative empirical research, for which ethnographic fieldwork serves as the fundamental model. While this form of training students (“education through research”)... more
The concept of the “sociological expedition” implies various forms of collaborative empirical research, for which ethnographic fieldwork serves as the fundamental model. While this form of training students (“education through research”) is still relatively rare in Russia, in recent years its visibility has grown and its organizers have become more experienced. We were interested in finding out how, in each particular case, the idea of organizing such training retreats for students developed. What are the peculiarities and practical difficulties involved in conducting this kind of research and training? Finally, what role in the educational process should such research expeditions play? Participants in the discussion below note the importance of collaborative field research to students’ professional socialization and reflect about their own experiences of such trips, expressing regret that academic institutions still do not sufficiently support the practice. In Russian.
L’article revient sur la mise en place a la Liberation d’un modele de formation au journalisme controle par les professionnels et reposant sur la transmission de savoir-faire techniques (techniques d’ecriture et de fabrication d’un... more
L’article revient sur la mise en place a la Liberation d’un modele de formation au journalisme controle par les professionnels et reposant sur la transmission de savoir-faire techniques (techniques d’ecriture et de fabrication d’un journal). Ce modele est porte par le Centre de formation des journalistes de Paris et son fondateur Philippe Viannay. Il se voit ensuite a partir de la fin des annees 1990 capte par une commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes qui l’erige en norme de professionnalite a destination de l’ensemble des ecoles de journalisme. L’instauration et la conservation d’un tel modele renseignent donc sur les conditions par lesquels des savoir-faire techniques peuvent se voir discipliner. Or, si les ecoles de journalisme repondent depuis 2001 a des memes criteres de reconnaissance, l’enquete revele des differences importantes dans l’organisation de la pedagogie et des curricula en fonction des ecoles. Si au Celsa de Neuilly le rapport au marche du tra...
ABSTRACT Occupant une place croissante dans la société française, les médias connaissent une intense mutation depuis quelques décennies. Le développement d'Internet, l'" explosion " de la communication et... more
ABSTRACT Occupant une place croissante dans la société française, les médias connaissent une intense mutation depuis quelques décennies. Le développement d'Internet, l'" explosion " de la communication et la concentration mondiale des entreprises médiatiques bouleversent en profondeur l'espace public. Ces récentes évolutions soulèvent de nombreuses questions auxquelles cet ouvrage s'efforce de répondre en les inscrivant dans le temps long des transformations médiatiques. Cette histoire politique et économique des médias français se veut un antidote à l'oubli. Retraçant pas à pas les relations que les médias ont successivement entretenues avec les pouvoirs du XVIIe siècle à nos jours, elle est soucieuse d'articuler cette dimension politique aux enjeux économiques, sociaux et technologiques de la production médiatique. Citoyens, étudiants, chercheurs et journalistes trouveront dans cet ouvrage des clés pour comprendre la construction progressive de l'espace médiatique français et analyser les problématiques actuelles à l'aune des expériences passées.
Resume Trois situations de protestation dans la Russie contemporaine sont analysees ici. A chaque fois, un individu a recours a un geste contestataire contre une ou des figures incarnant le pouvoir d’Etat (un homme interrompt le discours... more
Resume Trois situations de protestation dans la Russie contemporaine sont analysees ici. A chaque fois, un individu a recours a un geste contestataire contre une ou des figures incarnant le pouvoir d’Etat (un homme interrompt le discours du President, une etudiante proteste contre une entree « selective » a la reunion avec le President, un activiste jette de l’eau au visage du procureur a l’issue du proces de ses amis). A partir de l’etude de la couverture mediatique de ces gestes et des entretiens realises avec leurs auteurs, cette recherche presente une analyse sociologique des trajectoires de ces acteurs, en etudiant en particulier leurs multiples inscriptions sociales dans le monde des medias mais aussi dans l’espace militant de l’opposition russe. Cette recherche constitue ainsi une contribution a l’analyse des relations etroites entre ces deux champs (militant et mediatique) dans le cadre du regime a caractere autoritaire de la Russie contemporaine. Ces trois gestes constituent un moment de « bifurcation » dans les carrieres de journalistes de leurs auteurs. L’importante mediatisation qui leur est donnee elargit l’espace des possibles des individus concernes et facilite (ou renforce) leur integration au sein des medias d’opposition. Au-dela, ces cas renseignent egalement sur les conditions de protestation et de prise de parole dans un espace public sous contraintes.
During the Soviet time, military journalism was part of the army command. After the fall of the USSR, part of the profession gained autonomy as corps specialized in military affairs fed by the various scandals concerning the army (such as... more
During the Soviet time, military journalism was part of the army command. After the fall of the USSR, part of the profession gained autonomy as corps specialized in military affairs fed by the various scandals concerning the army (such as dedovshchina, recurring problems regarding the payment of the soldiers). From the years 2000, this polarization of military journalism has increased. On the one hand, the young generations are more porous to the army’s activities of communication and public relations to which they contribute. They are less concerned with providing accurate information. The creation by the Russian Ministry of Defense of its own TV channel Zvezda (The Star) is a striking illustration of this kind of institutional journalism. On the other hand, some journalists develop an investigative journalism and are concerned with revealing financial and political affairs that affect the army. Military journalism is thus increasingly torn between two distinct spheres, which have two different conceptions of the profession.
Dans le journalisme, il existe aujourd’hui 14 ecoles reconnues par la profession qui dessinent les contours d’une elite. Or, ces jeunes journalistes se retrouvent face a une intensification de la precarisation a l’entree sur le marche du... more
Dans le journalisme, il existe aujourd’hui 14 ecoles reconnues par la profession qui dessinent les contours d’une elite. Or, ces jeunes journalistes se retrouvent face a une intensification de la precarisation a l’entree sur le marche du travail. L’article se propose de revenir sur la maniere dont l’elite du journalisme se voit touchee par des formes de declassement. Il interroge notamment la generalisa­tion des concours ou bourses de la profession qui revient dans les faits a diplo­mer la precarite. Il montre comment ces prix se confondent avec des systemes de post-formation (“les sas d’entree”) mis en place par les entreprises dans les annees 1990 afin de flexibiliser l’emploi. Il analyse enfin la precarite comme le produit d’un decalage entre les emplois les plus desires par les jeunes diplomes et la realite des postes qui leur sont offerts en sortie de l’ecole. Des lors, les jeu­nes entrant sur le marche du travail se voient contraints de faire de necessite vertu et de deployer diverses tactiques de la precarite pour esperer se maintenir dans les “grands” medias qu’ils percoivent comme les plus legitimes.
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In the media community and sociopolitical publications, every termination of a journal-ist's employment in Russia immediately raises suspicions of a crackdown on the "fourth estate." In this article we analyze employment terminations in... more
In the media community and sociopolitical publications, every termination of a journal-ist's employment in Russia immediately raises suspicions of a crackdown on the "fourth estate." In this article we analyze employment terminations in newsrooms in light of the interactions between separating parties. The political disputes that occurred in Rus-sian news media between 2012 and 2014 shed light on the complex forms of pressure and compromise exerted on journalists. We have selected three cases (Gazeta.ru, Kom-mersant-Vlast', and Lenta.ru) to illustrate three modalities of regulation of political disputes in the Russian media in the mid-2010s. They show that political control is perfectly compatible with the liberal management of press companies, which facilitates the use of financial justifications in cases of conflict, and with newsrooms' commitment to social civility, which insures observance of good morals. Despite their differences, the three termination cases show the avoidance of politics in the Russian media in three ways. Neither authoritarian control nor renunciation on the part of journalists explains the exercise of power over the Russian media. It is rather on the side of negotiated arrangements meant to avoid political controversy that we observe the reconfiguration of public space in Russia.
Political science, like rural sociology, has always taken an interest in the complexity of the links between the countryside and farmers. Here, we examine the “forgotten history” of a scientific literature that decrypts the relationship... more
Political science, like rural sociology, has always taken an interest in the complexity of the links between the countryside and farmers. Here, we examine the “forgotten history” of a scientific literature that decrypts the relationship between the media and farmers. We offer insight into the evolution of this relationship from the 1960s to the present. Farmers were once greatly valued in the media. There was a tacit agreement between members of the farming, government, and journalistic elite on the portrayal of the modern farmer figure. And yet this unity began to dissolve in the 1980s. Farmers were challenged in the public eye: awareness was raised about union struggles, doubt was cast on the cost of agricultural activities financed by society, new environmental concerns arose, promoted by journalists, and a series of health-related crises flourished in the 1990s.
En offrant un aperçu d’enquêtes récentes qui permettent de faire le point sur les structures sociales du journalisme, ce numéro souhaite réarmer la critique sociologique de ce champ. À rebours des poncifs semi-savants sur ses... more
En offrant un aperçu d’enquêtes récentes qui permettent de faire le point sur les structures sociales du journalisme, ce numéro souhaite réarmer la critique sociologique de ce champ. À rebours des poncifs semi-savants sur ses métamorphoses à l’ère numérique, tous les indicateurs empiriques convergent pour montrer que sa subordination aux pouvoirs économiques se poursuit et s’accélère. L’état général des rapports de force structurant le champ journalistique ne s’est donc pas transformé, mais l’hégémonie progressive du pôle commercial entraîne un double mouvement : une dépolarisation avec l’affaiblissement des pôles politiques et culturels qui pèsent moins fortement dans la distribution des positions ; une verticalisation de cette répartition des places avec une asymétrie plus forte dans les hiérarchies professionnelles, notamment dans les salaires et les positions de prestige, ainsi qu’entre le local et le national. Cette verticalisation s’opérant dans un contexte d’élévation du recrutement social de la profession, elle fournit un indice supplémentaire de la domination accrue du capital économique sur le capital culturel au sein des classes privilégiées.

Sommaire :

"La subordination au pouvoir économique", Jean-Baptiste Comby (Université Paris 2, CENS/CARISM) & Benjamin Ferron (UPEC, Céditec)

« L’institutionnalisation d’un incerti loci. Le champ journalistique et l’espace des écoles de journalisme », Géraud Lafarge (Université Rennes 1 / Centre nantais de sociologie)

« Quand l’autonomisation professionnelle renforce la subordination aux logiques commerciales : l’institutionnalisation paradoxale des écoles de journalisme », Samuel Bouron (maître de conférences en sociologie, IRISSO, Université Paris-Dauphine).

« Le milliardaire éclairé. La conversion des habitus des élites politiques et journalistiques vers l’économie », Eric Darras (Sciences Po Toulouse, Laboratoire des sciences sociales du politique)

« Le genre du pouvoir médiatique », Julie Sedel (Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363)

« La reproduction 2.0. Les inégalités de position des journalistes blogueurs dans le champ journalistique », Marie Neihouser (Groupe de recherche en communication politique, Université Laval)

« Coproduire les biens politiques. Journalistes et politiques en comparaison dans des contextes centralisés et fédéraux », Martin Baloge et Nicolas Hubé (CESSP - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

« Perturber les notables. Les conditions de possibilité d’un journalisme d’enquête à l’échelle locale », Nicolas Kaciaf (IEP de Lille – CERAPS)

« Des rencontres discrètes : journalistes, politiques et groupes d’intérêt au Salon international de l’agriculture », Chupin Ivan (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Printemps UMR 8085, CNRS) et Mayance Pierre (Université Paris I Panthéon-Sorbonne, CESSP UMR 8209, CNRS).

« Incorporer la contrainte, transmettre la critique, occuper les médias. Sur la médiatisation de jeunes dirigeants du Front National », Safia Dahani (LaSSP/IEP de Toulouse et CHERPA/IEP d’Aix-en-Provence)

"Le journalisme à but non lucratif aux Etats-Unis : un secteur sous la double contrainte de la ‘viabilité’ et de ‘l’impact’ », Rodney Benson (New York University)
En 1998, une grande école d'ingénieurs agricoles, l'Isa, et une école de journalisme reconnue par la profession, l'ESJ, s'allient à Lille pour initier une nouvelle formation au journalisme agricole. Cette tentative s'apparente à une... more
En 1998, une grande école d'ingénieurs agricoles, l'Isa, et une école de journalisme reconnue par la profession, l'ESJ, s'allient à Lille pour initier une nouvelle formation au journalisme agricole. Cette tentative s'apparente à une volonté d'imposer une nouvelle élite journalistique dans le monde de la presse agricole. La contribution revient sur les raisons de l'échec de ce diplôme, abandonné huit ans après sa création. Une première raison tient dans la faiblesse des soutiens financiers qui aboutit à la mise en place d'une filière « à l'économie ». Une seconde résulte du fort décalage entre les attentes des formateurs, celles des élèves et celles des élites agricoles. Si la formation est pensée par l'institution sous une forme vocationnelle et un modèle du « bon journaliste » issu de la presse généraliste, les étudiants s'y montrent peu réceptifs. Cette tension alimente une « crise des vocations », crise qui ne se traduit pas forcément par une désertion des mondes agricoles par les personnes formées. Ce cas illustre la manière dont les mondes agricoles parviennent à défendre leurs frontières face aux injonctions émanant d'autres univers sociaux.
La science politique a dès ses origines, tout comme la sociologie rurale, interrogé la complexité des liens entre les campagnes et les agriculteurs. Nous revenons sur l'« histoire oubliée » d'une littérature scientifique décryptant les... more
La science politique a dès ses origines, tout comme la sociologie rurale, interrogé la complexité des liens entre les campagnes et les agriculteurs. Nous revenons sur l'« histoire oubliée » d'une littérature scientifique décryptant les rapports entre médias et agriculteurs. Nous proposons une lecture des transformations qui structurent ces relations des années 1960 à nos jours. Les agriculteurs ont été fortement valorisés dans l'espace médiatique. Ils bénéficiaient d'un accord tacite entre élites agricoles, administratives et journalistiques s'incarnant dans la figure du paysan moderne. À partir des années 1980 s'opère une disjonction. L'agriculteur se voit mis au tribunal de l'opinion : publicisation des luttes syndicales, remise en question du coût de ses activités financé par la société, développement de nouvelles préoccupations environnementales portées par les journalistes et essor des crises sanitaires dans les années 1990.
Le réseau thématique « Sociologie des médias » (RT37) de l’Association Française de Sociologie se donne pour objectif de réinscrire l’étude du journalisme et des médias dans une sociologie générale . Dans le cadre du VIIIe Congrès de... more
Le réseau thématique « Sociologie des médias » (RT37) de l’Association Française de Sociologie se donne pour objectif de réinscrire l’étude du journalisme et des médias dans une sociologie générale . Dans le cadre du VIIIe Congrès de l’AFS qui porte sur le thème « Classer, déclasser, reclasser », le réseau retiendra des propositions de communication relevant de quatre axes principaux. Il s’agira tout d’abord d’appréhender « les médias », ces entreprises économiques de production de biens culturels de grande diffusion dont les agents occupent des positions sociales déterminées, comme des opérateurs centraux des luttes asymétriques pour l’imposition de représentations légitimes de l’ordre social (axe 1). Il s’agira ensuite de questionner les opérations de découpage et de labellisation des agents, des contenus, des supports et des registres d’expression qui composent aujourd’hui l’univers médiatique, dans un contexte de subordination accrue aux logiques commerciales (axe 2). On cherchera particulièrement à analyser les opérations plus directement politiques de typifications dans l’univers médiatique, conduites par des agents engagés dans les affrontements idéologiques et/ou partisans, qui mettent en cause la véracité des informations et, plus généralement, contestent le monopole journalistique de la production et de la distribution des informations (axe 3). Enfin, les propositions interrogeront le travail des sociologues tant du point de vue de la construction de leurs objets de recherche que des opérations de classement ou de déclassement dont ils sont eux-mêmes susceptibles d’être les objets dans les médias (axe 4).
Ces journées de travail souhaitent faire le point sur le journalisme en tant qu’espace relativement autonome, structuré et structurant. Deux constats les motivent. Tout d’abord le sentiment, fort, que la sociologie a, depuis quelques... more
Ces journées de travail souhaitent faire le point sur le journalisme en tant qu’espace relativement autonome, structuré et structurant. Deux constats les motivent.
Tout d’abord le sentiment, fort, que la sociologie a, depuis quelques années, délaissé l’objet « journalisme » alors même que ce champ professionnel continue à jouer un rôle central dans les catégorisations du monde social et la perpétuation des inégalités qui le traverse. Dynamique dans les années 1990-2000, la sociologie du journalisme est aujourd’hui en perte de vitesse. Il nous paraît donc important de mobiliser à nouveau les sociologues sur l’étude du journalisme, voire des « médias » aussi problématique puisse être la définition ce terme.
A défaut, et c’est un second constat, ces objets sont abandonnés à des travaux sur les contenus médiatiques qui, dans une forme d’enfermement sur leurs propriétés internes (Champagne, 1989 ; Neveu, 2010), ignorent les structures, les agents qui les font tenir, les relations d’interdépendances entre l’espace de production et les autres champs (politique, économique, littéraire, sportif, scientifique…) ou la manière dont ces rapports déterminent ce qui est dit ou écrit par les journalistes (Benson, 2004). Ces analyses contribuent ainsi à alimenter un sens commun savant sur les mutations des médias « à l’ère numérique ».
C’est donc enfin pour évaluer sociologiquement les éventuelles recompositions du journalisme qu’il nous a semblé utile de se demander : Où en est le champ journalistique ? Où en sont les recherches sur le champ journalistique ? Dans le cadre des réflexions du Réseau Thématique 37 « Sociologie des médias » de l’Association française de sociologie (AFS), nous souhaitons rappeler la nécessité de nous positionner dans une sociologie générale, ce qui implique, par exemple, de penser le journalisme comme un espace historiquement et socialement situé pour saisir comment il travaille et est travaillé par les hiérarchies matérielles et symboliques entre les groupes sociaux.
Le programme des sessions s’inspire de celui esquissé par Pierre Bourdieu (Bourdieu, 1994) et ses contemporains (Champagne, 1991 ; ARSS, 1994, 2000).
La première journée porte sur « la double dépendance » (Champagne, 2016), à savoir sur les relations entre le journalisme et les champs politique et économique.
La première session explore l’emprise réciproque entre les univers journalistique et politique. Rappelant les fondements de cette dépendance et ses évolutions, cette session interroge également, à partir de l’analyse de trajectoires sociales d’agents en politique, le poids des ressources médiatiques dans le jeu politique et, par ce biais, la place du journalisme dans les transformations du champ politique. Le concept de « capital médiatique  » et son articulation avec celui de champ, seront questionnés.
La deuxième session envisage les formes de l’emprise du marché sur le journalisme et en particulier les agents sociaux qui l’exercent, à commencer par les dirigeants de presse d’information politique et générale. En plus de se porter sur le marché de l’information, le regard se pose sur la formation au métier et la manière dont les investissements patronaux l’infléchissent. En prenant comme exemple les nominations dans l’audiovisuel extérieur, cette session montre également la voie pour éviter l’économicisme en envisageant la télévision non pas comme un espace uniquement structuré par le capital économique, mais comme un lieu également réglé par des logiques hautement politiques incarnées par les trajectoires des agents occupant des positions de pouvoir dans l’audiovisuel public.
La deuxième journée interroge la structuration interne du journalisme et la contestation (relative) des règles en vigueur dans cet espace.
La troisième session examine la morphologie de l’espace des journalistes en étudiant principalement leurs trajectoires sociales, leurs formations et leurs parcours professionnels. Les contributions reviennent sur la genèse du champ journalistique, l’état actuel de ses frontières incertaines et cherchent à caractériser ses principes de division interne. Que nous disent les données disponibles sur les professionnels de l’information et leurs carrières, de l’autonomie du champ journalistique ? Une attention est également portée aux coordonnées sociales, aux orientations politiques ainsi qu’aux styles de vie des journalistes. Il s’agit ainsi de discuter de la place du journalisme dans les rapports de pouvoir entre les classes sociales.
La quatrième session explore les mécanismes sociaux qui sous-tendent les entreprises de contestation de la légitimité journalistique. Dans quelle mesure une sociologie du champ journalistique permet-elle de rendre compte des stratégies des agents qui en contestent les logiques dominantes de consécration ? Ces individus et groupes ont-ils des propriétés sociales, notamment en termes de capital économique, social et culturel, qui les prédisposent à s’engager dans des luttes pour la transformation des rapports de forces qui prévalent dans le champ journalistique ? Lesquels ont les moyens de convertir des ressources externes pour peser davantage dans les luttes internes ? Lesquels privilégient la construction d'espaces de contestation relativement protégés de la domination symbolique exercée par les agents mieux dotés en capitaux ?
D’autres questionnements plus généraux serviront de fil conducteur aux échanges : Est-il encore pertinent de parler de champ journalistique alors que ses recompositions récentes suggéreraient sa dilution (Champagne, 2016) ? N’est-il pas plus heuristique d’appréhender le journalisme à partir d’une sociologie des champs de production culturelle de grande diffusion (Marchetti, 2012) restituant davantage l’allongement des chaînes d’interdépendances et les circulations entre les espaces (journalisme, animation, production…) ? Est-il envisageable de parler de « champ médiatique », unité d’analyse souvent utilisée dans le langage sociologique sans pour autant être discutée en profondeur ? Comment éviter le risque de la multiplication des champs, à l’image de la tendance des sciences sociales à « accumuler les capitaux » (Neveu, 2013) ?
Au-delà, il s’agira donc de s’interroger sur les conditions de possibilité d’enquêtes (sur le journalisme, l’édition, le divertissement, le cinéma,…) outillant, et outillées par, le concept de champ. Quels programmes de recherche et mutualisations possibles dans un contexte contraignant de course (forcée) à la publication et d’injonction à une interdisciplinarité propice à la diffusion d’analyses sur les médias dont les opérations de rupture avec le sens commun, à la base du métier de sociologue, sont parfois inabouties, voire même impensées ?
Research Interests:
Pour ses dix ans d’existence, la revue Politiques de communication organise un colloque international dont l’ambition est de proposer une réflexion d’ensemble sur « l’emprise de la communication » dans la structuration des espaces sociaux... more
Pour ses dix ans d’existence, la revue Politiques de communication organise un colloque international dont l’ambition est de proposer une réflexion d’ensemble sur « l’emprise de la communication » dans la structuration des espaces sociaux contemporains. Vous trouverez en pièce jointe l'appel à communication de ce colloque. Une version en langue anglaise est en cours de préparation.

L’ambition de ce colloque est de regrouper et de faire dialoguer des études empiriques visant à mesurer les formes et la force de cette emprise de la communication dans divers champs sociaux : la politique ou les activités économiques, bien sûr, mais aussi la culture, le journalisme, l’enseignement et la recherche, le sport, la mode, le droit, la religion, l’alimentation, l’habillement et jusqu’aux manières d’être et de vivre en société.


Les chercheuses et chercheurs des différentes disciplines des sciences sociales. sont invité.e.s à participer à cette entreprise critique collective. Les propositions attendues devront, d’une part, présenter une construction de l’objet explicite autour de cette « emprise de la communication », et d’autre part, mobiliser et s’adosser à des données empiriques rigoureusement construites afin d’éviter le risque de la dénonciation spéculative.

Le colloque aura lieu les 15 et 16 décembre 2022 à Sciences Po Toulouse.

Les propositions de communication sont à adresser avant le 15 juin 2022 à l’adresse suivante : colloque.emprise.communication@gmail.com

Courtes (environ 3000 signes), elles devront présenter leur objet d’étude, le cadre théorique, la problématique et les éléments empiriques. Elles seront attentives à expliciter la dimension critique de la démarche et indiquer ce qu’elles souhaitent montrer/démontrer. Les auteur.e.s dont les propositions seront retenues participeront au colloque et, en parallèle, remettront une version écrite de leur communication qui fera l’objet d’une expertise en vue de sa publication dans le numéro anniversaire de la revue. Les propositions seront sélectionnées par le comité de rédaction de la revue Politiques de communication.

Le comité se prononcera le 15 juillet 2022. En vue de la publication d’un numéro spécial anniversaire, les communications devront être rédigées dans un format correspondant à ceux de la revue et envoyées à l’équipe organisatrice du colloque pour le 15 novembre 2022.

Comité d’organisation

Olivier BAISNEE
Benjamin FERRON
Sandrine LEVEQUE
Jérémie NOLLET
Conseil scientifique

Anne-Claude AMBROISE-RENDU | Olivier BAISNEE | Christine BARATS | Clémentine BERJAUD | Loïc BLONDIAUX | Julien BOYADJIAN | Isabelle CHARPENTIER | Ivan CHUPIN | Clément DESRUMAUX | Benjamin FERRON | Charles GADEA | Jean-Paul GÉHIN | Nicolas HUBE | Christian LE BART | Jean-Baptiste LEGAVRE | Brigitte LE GRIGNOU | Pierre LEROUX | Sandrine LEVEQUE | Erik NEVEU | Jérémie NOLLET | Caroline OLLIVIER-YANIV | Aurélie OLIVESI | Stéphane OLIVESI | Rémy RIEFFEL | Julie SEDEL | Jean-Claude SOULAGES | Anaïs THEVIOT
Dans le cadre du IXe Congrès de l’AFS (Lille, 6-9 juillet 2020) qui portera sur le thème « Changer ? », le réseau thématique « Sociologie des médias » (RT37) retiendra des propositions de communication relevant de trois axes principaux.... more
Dans le cadre du IXe Congrès de l’AFS (Lille, 6-9 juillet 2020) qui portera sur le thème « Changer ? », le réseau thématique « Sociologie des médias » (RT37) retiendra des propositions de communication relevant de trois axes principaux. Il s’agira tout d’abord d’analyser, dans une perspective socio-historique et/ou comparative, la place et le rôle des organisations médiatiques et des journalistes dans la transformation et/ou la reproduction de l’ordre social et politique (axe 1). Il s’agira ensuite d’interroger les entreprises - corporatistes, politiques, juridiques, bureaucratiques, militantes ou “citoyennes” - qui affichent publiquement leur volonté de réformer les médias et/ou de construire en problèmes publics des enjeux propres au champ journalistique (axe 2). On cherchera enfin à saisir à quelles conditions la socialisation hors travail des agents participant à la production et à la consommation des contenus médiatiques est susceptible d’exercer des effets sur la structuration de leurs espaces professionnels, et dans quelle mesure les industries médiatiques peuvent contribuer à renforcer ou à modifier les dispositions incorporées des professionnels et des publics (axe 3).
Les propositions de communication (environ 5000 signes, espaces compris) devront comporter :
- une présentation de la thématique proposée, de son lien avec la problématique sociologique de l’appel à communication, et de l’axe auquel elle se rapporte ;
- une présentation du terrain et de la démarche empirique mise en œuvre ainsi que du cadre théorique d’analyse mobilisé ;
- quelques références bibliographiques.
Elles devront être déposées sur le site Web de l’AFS (http://afs-socio.fr/rt/rt37/) entre le 15 novembre 2020 et le 15 février 2021.
Les propositions de communication feront l’objet d’une évaluation en double aveugle par les membres du comité scientifique. Les auteurs seront notifiés des résultats de la sélection des propositions le 20 mars 2021. Des conseils pourront alors leur être transmis quant à l’intégration de leur communication dans la problématique des sessions.
Pour les propositions retenues, les textes définitifs (45 000 signes, espaces compris) devront être remis au plus tard le 31 mai 2021.
Le réseau thématique 37 “Sociologie des médias” de l’Association Française de Sociologie organise un séminaire consacré à l’actualité de la recherche en sociologie du journalisme, autour du thème de “la formation de l’information”, qui a... more
Le réseau thématique 37 “Sociologie des médias” de l’Association Française de Sociologie organise un séminaire consacré à l’actualité de la recherche en sociologie du journalisme, autour du thème de “la formation de l’information”, qui a lieu le 6 novembre 2020 de 14h30 à 17h30 à l'Université Paris 1 (Centre Panthéon, 12 place du Panthéon, 75005 Paris, salle 6). Quels sont les déterminants sociaux de la sélection et de la formation des journalistes ? Comment se structure l’espace polarisé et hiérarchisé des écoles de journalisme ? Quels sont les effets de ces formations scolairement et donc socialement sélectives sur les dispositions incorporées et les trajectoire professionnelle de l’élite des journalistes ? Dans quelle mesure ces mécanismes de socialisation professionnelle pèsent-ils sur la division du travail journalistique (presse nationale/locale, généraliste/spécialisée, etc.) et plus généralement sur le travail quotidien de production de l’information ? Pour apporter des éléments de réponse à ces questions, le séminaire réunit les auteurs de trois ouvrages récents publiés dans la collection Res Publica des Presses Universitaires de Rennes :
- Ivan, Chupin, Les écoles du journalisme. Les enjeux de scolarisation d’une profession (1899-2018), Rennes, PUR, coll. « Res Publica », 2018.
- Géraud Lafarge, Les diplômés du journalisme. Sociologie générale de destins singuliers, Rennes, PUR, coll. « Res Publica », 2019.
- Karim Souanef, Le journalisme sportif, Sociologie d’une spécialité dominée, Rennes, PUR, coll. « Res Publica », 2019.
Comment les professionnels des médias décrivent-ils et pensent-ils le monde social ? Comment articuler l’analyse sociologique de ces représentations médiatiques aux conditions matérielles de leur production ? La sociologie du journalisme... more
Comment les professionnels des médias décrivent-ils et pensent-ils le monde social ? Comment articuler l’analyse sociologique de ces représentations médiatiques aux conditions matérielles de leur production ? La sociologie du journalisme et des médias montre que, loin de n’être que de simples « reflets » du monde social, les médias d’information contribuent à la sélection et au cadrage des sujets jugés dignes d’être portés à la connaissance de leurs publics, au prix d’un travail de construction qui est largement dépendant de logiques économiques (rôle des actionnaires, des annonceurs), politiques (rôle des soutiens, des sources, des publics, etc.) et professionnelles (hiérarchies internes, critères d’excellence).
Dans le cadre du VIIIe Congrès de l’Association Française de Sociologie qui porte sur le thème « Classer, déclasser, reclasser », les sessions du réseau thématique «  Sociologie des médias » (RT37) proposent d’appréhender « les médias », ces entreprises économiques de production de biens culturels de grande diffusion, comme des opérateurs centraux des luttes asymétriques pour l’imposition de représentations légitimes de l’ordre social. Dans cette perspective, les communications présentées questionnent les opérations de découpage et de labellisation des agents, des contenus, des supports et des registres d’expression qui composent aujourd’hui l’univers médiatique, dans un contexte de subordination accrue aux logiques commerciales (session 1). Elles cherchent parallèlement à analyser les opérations de typifications de l’univers médiatique, conduites par des agents des champs politiques et bureaucratique (session 2). Il s’agit ensuite de saisir le travail de classement du monde social opéré par les professionnels des médias, en fonction des contraintes qui pèsent sur ce travail, sous forme d’injonctions économiques, politiques, professionnelles, et des intérêts spécifiques liés à leurs trajectoires et positions sociales (session 3). Elles interrogent également la manière dont les transformations des catégories de l’entendement médiatique informent des normes dominantes en vigueur chez les professionnels des médias, notamment les journalistes, comme de l’état des rapports de force entre les différents agents sociaux qu’ils médiatisent (session 4). Enfin, les échanges porteront sur les conditions d’imposition ou de subversion des logiques médiatiques dans d’autres champs de production symbolique susceptibles de contester le monopole journalistique de la production et de la distribution des informations (session 5).