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Juan de Yepes Álvarez (en religion Jean de la Croix ou Juan de la Cruz), né à Fontiveros (Espagne) le et mort au couvent d'Úbeda le , est un prêtre carme, saint mystique espagnol, souvent appelé le réformateur et « Saint du Carmel ». Ses écrits mystiques, toujours populaires, font qu'il fut déclaré Docteur de l'Église en 1926. Liturgiquement il est commémoré le 14 décembre.
Né dans une famille aristocratique d'Espagne, il devient carme après ses études alors qu'il songeait à se faire ermite chez les chartreux. Thérèse d'Avila, réformatrice de l'ordre du Carmel, lui demande de prendre en charge l'ordre masculin du carmel. Il accepte et fonde l'ordre des Carmes déchaux. Il accompagne spirituellement les sœurs du Carmel, avant d'être enfermé par les autorités de l'Ordre qui refusent sa réforme. Jean de la Croix fait alors l'expérience mystique qu'il appelle La Nuit obscure (Noche oscura). Il la décrit et développe tout au long de sa vie à travers des traités tels que La Montée du Carmel (Subida del Monte Carmelo), La Nuit obscure (Noche oscura), La Vive Flamme d'amour (Llama de amor viva), ou encore Le Cantique spirituel (Cántico espiritual). Il cherche à y témoigner du chemin des âmes vers Dieu. Après avoir été nommé prieur de divers couvents de carmes déchaussés, il finit par être mis au ban de sa communauté avant de mourir en décembre 1591.
Après sa mort, il est très vite considéré comme un saint et comme l'un des plus grands mystiques espagnols, au même titre que Thérèse d'Avila. L'Église catholique le béatifie en 1675 puis le canonise en 1726. Il est fêté le 14 décembre. Les querelles sur l'illuminisme conduisent cependant à remettre ses écrits en cause, mais la religieuse carmélite française Thérèse de Lisieux contribue fortement à promouvoir l'importance de sa doctrine. Il est proclamé « docteur de l'Église » entre les deux guerres mondiales, le .
Il est reconnu comme l'un des plus grands poètes du Siècle d'or espagnol. Il est depuis 1952 le saint patron des poètes espagnols. Certains philosophes s'appuient sur ses écrits pour conceptualiser le détachement.
« Alors que dans ton sein mon Portrait fut tracé,
Le Portrait de Tibère en fût-il effacé ?
Ou désaccoutumé du visage d'un traître,
L'as-tu vu sans le voir et sans le reconnaître ?
Je t'excuse pourtant, non, tu ne l'as point vu,
Il était trop masqué pour être reconnu ;
Un homme franc, ouvert, sans haine, sans colère,
Incapable de peur, ce n'est point là Tibère ;
Dans tout ce qu'il paraît, Tibère n'est point là :
Mais Tibère est caché derrière tout cela ;
De monter à son Trône il ne m'a poursuivie
Qu'à dessein d'épier s'il me faisait envie ;
Et pour peu qu'à son offre il m'eût vu balancer,
Conclure aveuglément que je l'en veux chasser :
Mais quand il agirait d'une amitié sincère,
Quand le ressentiment des bien-faits de mon Père,
Ou quand son repentir eût mon choix appelé
À la possession du bien qu'il m'a volé,
Sache que je préfère à l'or d'une Couronne
Le plaisir furieux que la vengeance donne ;
Point de Sceptre aux dépens d'un si noble courroux,
Et du vœux qui me lie à venger mon Époux.
Mais bien loin qu'acceptant la suprême Puissance
Je perde le motif d'une juste vengeance :
Je veux qu'il la retienne, afin de maintenir
Agrippine et sa race au droit de le punir ;
Si je l'eusse accepté, ma vengeance assouvie
N'aurait pu sans reproche attenter sur sa vie,
Et je veux que le rang qu'il me retient à tort
Me conserve toujours un motif pour sa mort.
D'ailleurs c'est à mon fils qu'il remettait l'Empire ;
Est-ce au nom de sujet où ton grand cœur aspire ?
Penses-y mûrement, quel que soit ton dessein,
Tu ne m'épouseras que le Sceptre à la main.
Mais adieu, va sonder où tend tout ce mystère,
Et confirme toujours mon refus à Tybère. »
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