(PDF) L'intention artistique à l'oeuvre, Hypothèses pour un passage à l'acte. Thèse de doctorat en Arts et Sciences de l'Art, Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2008

Thèse soutenue en Sorbonne par l'artiste Maurice Benayoun, en 2008 qui inclut la totalité du blog qui en fait la substance. Jury: Pr. Anne-Marie Duguet, Pr. Jean da Silva, Pr. Derrick de Kerckhove, Pr. Hubertus von Amelunxen et M. Louis Bec. L'intégralité de la soutenance peut être vue en ligne: https://youtu.be/_VNhlJ2fkR8 (The English version is publishhed under the title: "The Dump, 207 Hypotheses for Committing Art" / "The Dump 207 hypothèse pour un passage à l'acte", Fyp Edition, 2011) Introduction Le processus de création comprend une face cachée par nature : c’est l’ensemble de ce qui est écarté par l’artiste dans le choix et la conception de l’ouvrage à réaliser. Le projet de cette recherche appliquée est de mettre en oeuvre ce processus d’élaboration et de sélection, donnant ainsi à voir et à lire ce qui constitue le faisceau de motivations, de déterminations et d’hésitations dans le passage à l’acte artistique ; à la fois en deçà et en amont de l’art, là où la chose se discute encore, de façon quasi impudique, à voix haute. Le discours accompagne et précède la mise en oeuvre pour devenir ici, à l’usure, l’objet réalisé, construit de mots qui n’en finissent plus d’épuiser les possibles de l’action, de réaliser dans l’écrit le processus de conception. Le procédé inclut son auto-analyse, sa remise en cause perpétuelle, à l’image du réel qui, ne semblant jamais se satisfaire de son dernier énoncé, le reformule quotidiennement. La recherche s’inscrit dans la durée et dans l’itération. Régulièrement une nouvelle page énonce un nouveau projet. La forme épistolaire du blog s’imposait comme une commodité, elle devient un outil méthodique et fécond, particulièrement adapté à son sujet. the-dump.net (littéralement : la "la-décharge.réseau") devient l’espace-temps d’inscription de la recherche et de la création. Passée la période de consolidation des règles, le mode d’action du Dump ne supporte plus aucune exception : toute addition inclut une proposition : projet de création, pratique ou théorique. C’est aussi un projet singulier de thèse d’arts plastiques qui ne deviendrait théorisation de la pratique qu’en faisant de la mise en oeuvre de la théorie l’acte même de la création.

L’intention artistique à l’œuvre L’intention artistique à l’œuvre Hypothèses pour un passage à l’acte Maurice Benayoun Thèse de doctorat Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en Arts et sciences de l’Art Option Arts plastiques Sous la direction de Mme Anne-Marie Duguet, Professeur, Université Paris 1 Soutenue en Sorbonne le 6 décembre 2008 Jury M. Hubertus von Amelunxen, professeur, École Européenne Supérieure de l’Image, Poitiers Angoulême M. Louis Bec, artiste M. Derrick de Kerckhove, Professeur, Université de Toronto, Université de Naples M. Jean da Silva, Professeur, Université Paris 1 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 1 L’intention artistique à l’œuvre L’intention artistique à l’œuvre Hypothèses pour un passage à l’acte Maurice Benayoun L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 3 L’intention artistique à l’œuvre 4 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Remerciements Loin de constituer un rituel fastidieux, la rédaction des remerciements en introduction d'une thèse est probablement la partie la plus agréable de la tâche car elle nous donne l'opportunité tardive mais profondément sincère de rendre hommage à tous ceux qui l'ont rendue possible. Si une partie du projet de ce texte est de rendre sensible l'importance des apports singuliers dans un processus qui ne saurait être solitaire sans devenir désespérant, à la liste des "players" remerciés dans le corps du texte en association avec chaque chapitre, il convient d'ajouter d'entrée ceux qui ont joué ce rôle à l'échelle du projet global. Je remercie Anne-Marie Duguet non seulement pour s'être engagée dans la direction d'une thèse sur non-travaux, mais aussi et surtout pour l'ensemble de son soutien depuis les années 80 et de façon plus générale pour le défrichage inspiré de nouveaux territoires sur lesquels nous avions hâte de construire. Je remercie chaleureusement les membres du jury pour avoir accepté la tâche parfois sans en mesurer le risque, pour l'attention qu'ils ont portée à un document apparemment chaotique dans la forme, et qui pour cela ont accepté de mettre à la décharge un samedi ensoleillé de décembre. Je dois bien évidemment rendre hommage à Florence qui par son indulgence face à mes excès en tout genres, des pratiques compulsives à la fréquentation immodérée du clavier, et par sa compréhension sans faille dans l'épreuve que constitue tout projet au long cours, a réussi l'exploit de préserver notre couple d'une mise à la décharge prématurée, Eleanor qui du haut de ses 5 ans me rappelle chaque jour pour qui et pourquoi je fais ce que je fais, Jean-Michel Benayoun pour avoir tenté desespéremment de sauver Shakespeare du naufrage linguistique, Manuela de Barros pour l’acuité de son tri sélectif sur la décharge et aussi pour m'avoir recommandé la lecture d'un manuel sur l'art de parler des livres que l’on a pas lus (Bayard, 2007) qui m'a bien facilité la tâche pour la bibliographie, Oleksandra Yaromova pour avoir mis, avec une patience infinie, bon ordre dans tout cela, Delphine Fabbri-Lawson pour avoir été la première à extraire , pour l'exposer, un projet (« Falling Pixels) du Dump, Jean-Jacques Gay et toute l'équipe de l'Ecole Européenne Supérieure de l'Image pour avoir organisé l'exposition des Grandes Questions à la décharge où étaient présentés, outre le Dump en ligne, deux pièces issues du Dump : Dump by the Metre, et Blind Love Ready Made; Martine Bour, Paul Girard, Safwan Chendeb, Christophe Leclercq, Hélène Perreau, Adrien Mazeaud et toute l'équipe du Citu pour m'avoir aidé dans le même temps à suivre et produire avec une motivation et une constance indéfectibles, ce qui n'avait pas sa place à la décharge et encore Anne Dreyfus et Bernard Bousquet pour m'avoir fait justement remarquer que finalement, je raconte des histoires. Je remercie de leur indulgence tous ceux que par négligence ou par ignorance je n'ai pas cités pour les projets ou les pensées que j'aurais pu leur avoir emprunté mais que je remets par le Dump, juste retour des choses, à la libre disposition de ceux qui en feront je l'espère le meilleur usage. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 5 L’intention artistique à l’œuvre 6 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Hypothèses pour un passage à l’acte « Tout l’essai sur l’Origine de l’œuvre d’art se meut sciemment, et pourtant sans le dire, sur le chemin de la question de l’essence de l’être. La méditation sur ce qu’est l’Art est entièrement et décisivement déterminée par la question de l’être. L’art n’est pas pris comme domaine spécial de réalisation culturelle ni comme une des manifestations de l’esprit. L’art advient de la fulguration à partir de laquelle seulement se détermine le « sens de l’être ». (cf. Sein und Zeit). Ce que peut bien être l’art, voilà une des questions auxquelles l’essai ne donne pas de réponse. Et 1 ce qui semble être une réponse n’est qu’un signe qui guide le questionnement. » Martin Heidegger, Chemins qui ne mènent nulle part Introduction Le processus de création comprend une face cachée par nature : c’est l’ensemble de ce qui est écarté par l’artiste dans le choix et la conception de l’ouvrage à réaliser. Le projet de cette recherche appliquée est de mettre en œuvre ce processus d’élaboration et de sélection, donnant ainsi à voir et à lire ce qui constitue le faisceau de motivations, de déterminations et d’hésitations dans le passage à l’acte artistique ; à la fois en deçà et en amont de l’art, là où la chose se discute encore, de façon quasi impudique, à voix haute. Le discours accompagne et précède la mise 1 Martin Heidegger , Supplément (1960) à l’Origine de l’œuvre d’art in Chemins qui ne mènent nulle part, trad. Wolfgang Brokmeier, Tel, Gallimard, 1986/2006, p. 97. L’intention artistique à l’œuvre en œuvre pour devenir ici, à l’usure, l’objet réalisé, construit de mots qui n’en finissent plus d’épuiser les possibles de l’action, de réaliser dans l’écrit le processus de conception. Le procédé inclut son auto-analyse, sa remise en cause perpétuelle, à l’image du réel qui, ne semblant jamais se satisfaire de son dernier énoncé, le reformule quotidiennement. La recherche s’inscrit dans la durée et dans l’itération. Régulièrement une nouvelle page énonce un nouveau projet. La forme épistolaire du blog s’imposait comme une commodité, elle devient un outil méthodique et fécond, particulièrement (littéralement : la adapté à son "la-décharge.réseau") sujet. devient the-dump.net l’espace-temps d’inscription de la recherche et de la création. Passée la période de consolidation des règles, le mode d’action du Dump2 ne supporte plus aucune exception : toute addition inclut une proposition : projet de création, pratique ou théorique. C’est aussi un projet singulier de thèse d’arts plastiques qui ne deviendrait théorisation de la pratique qu’en faisant de la mise en œuvre de la théorie l’acte même de la création. 2 Par commodité le blog the-dump.net deviendra par la suite « le Dump », barbarisme signe de la familiarité que l’auteur entretien avec son objet-texte. 8 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le procès d’intention Thèse sur non-travaux par définition, cette recherche donne à juger la non-pratique, celle qui en reste à l’énoncé, là où l’intention passe pour un prélude avorté au passage à l’acte, là où les préliminaires ne donnent lieu à aucune voie de fait. Alors la gestation de l’immatériel – au sens juridique du terme – semble déboucher sur un aveu d’impuissance assumée. Arpentant les Chemins qui ne mènent nulle part3, il y a quelque chose d’apparemment pathétique dans ce qui, faute de clamer la réussite, récite la litanie des actes manqués, chapelet égrené en pénitence joyeuse. Joyeuse, car pour déplorer l’inachèvement il faut la certitude d’une légitimité de l’acte accompli, or la pratique artistique est, en l’attente du verdict des instances réputées compétentes, sinon coupable, du moins frappée de suspicion d’illégitimité. Il conviendra d’observer la part que dans ces hypothèses prendra la quête de légitimité, même s’il apparaît progressivement que l’identification des instances de légitimation dérive avec le système de valeurs dont le projet trace les lignes en filigranes mouvants. De la fin Le corpus à étudier se présente ici comme une grande boite de Pétri textuelle dans laquelle les concepts se donnent à observer, à croitre et multiplier. Dans cette prolifération apparemment chaotique, chaque 3 « … Dans la forêt, il y a des chemins qui, le plus souvent encombrés de broussailles, s’arrêtent soudain dans le non-frayé. On les appelle Holzwege. Chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt. Souvent il semble que l’un ressemble à l’autre. Mais ce n’est qu’une apparence. Bûcherons et forestiers s’y connaissent en chemins. Ils savent ce que veut dire : être sur un Holzweg, sur un chemin qui ne mène nulle part. » Martin Heidegger, opus cité, p.9. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 9 L’intention artistique à l’œuvre nouvelle introduction est accompagnée de sa note d’intention comme un ADN profondément déterministe. Souvent, moins qu’une hésitation sur la couleur du papier peint les questions se multiplient posant d’emblée la problématique que soustend la production artistique quand elle commence par s’interroger sur la fin: Pourquoi cela plutôt que rien ? Pourquoi pas ? Pour quoi faire ? Pourquoi ce pari quasi-pascalien conduit-il à agiter le signe plutôt que le goupillon ? Pourquoi le fait de penser l’action plus avant suggèrerait parfois qu’il est urgent de ne rien faire, et surtout pas ça ? Et pourquoi pas ça finalement ? …si tant est que la fin en dise assez sur les moyens qui font souvent défaut. Cette oscillation entre le possible et le souhaitable dans le champ de la production symbolique conduit celui qui s’y hasarde à douter de la nécessité des certitudes. Ce qui est déjà le début de quelque chose, sans doute. De l’intention Le propos de cette recherche pourrait être selon les termes de Jean da Silva « ce que Georg Gadamer dans une note de Vérité et méthode appelle la réflexion du créateur, soit une réflexion esthétique à l’œuvre 4 dans le processus même de création »5. Mais que ce passe-t-il quand cette réflexion se formule, de manière parfois indécente, pour se 4 C’est moi qui souligne. Jean da Silva, Intentionnalité et création, introduction à la ligne de recherche, CERAP, université Paris 1. 5 10 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre substituer progressivement à l’œuvre, la transmutant en une forme inattendue de recherche, menant de front les deux projets? On s’interroge ici sur les soubresauts de l’intention artistique. Celle qui détermine le choix, expression supposée de la liberté de l’artiste du XXIe siècle. La coutume est de juger sur pièce la production. Le terme, emprunté à l’industrie, en dit long sur la culpabilité masquée de celui qui consacre son énergie à l’inutile, à la survie d’un aspect de l’activité humaine dont on pourrait, à tout moment, discuter l’urgence. Chaque hypothèse posera à sa manière, directement ou indirectement la question de l’urgence encore, mais aussi de la pertinence, de l’actualité, de l’historicité, de l’efficacité, de la gratuité, de la satisfaction, de la jubilation, de la tactique, de la stratégie, de l’économie, du rendement, de l’oubli, de la certitude, de l’orientation, politique, géographique, sexuelle, de la signification, de la portée, de la politique, de la conscience, bonne, mauvaise ou de l’inconscience, du plaisir, de la douleur, de l’enthousiasme, de la lassitude, du compromis, de son histoire, de la nostalgie, de l’oubli, du remord et des regrets. Ce n’est pourtant pas ici que nous départagerons en art les inspirationnistes des intentionnalistes, puisqu’il ne s’agit pas pour nous d’étudier un cas d’école et d’en déduire la part d’inspiration et de rationalité qui convoque l’œuvre, puisque ici l’œuvre n’est pas l’accomplissement de la démarche. Il est remarquable que la plupart des travaux sur l’intention en art portent plutôt sur la littérature et la poésie, c'est-à-dire sur l’écrit. Nous nous proposons de travailler, dans le champ ouvert des pratiques contemporaines, sur une forme qui est en fait assez commune chez l’écrivain. Partant du texte éponyme de Coleridge, Paisley Livingston nous rappelle qu’on ne saurait se satisfaire du modèle « Kubla Khan », fondé sur une vision inspirée du processus de création. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 11 L’intention artistique à l’œuvre “L’écrivain se réveille souvent le matin avec de nouvelles idées, peut être avec l’impatience de les noter avant qu’elles ne soient oubliées. C’est la part de vérité dans le modèle ‘Kubla Khan’ de la création. Cependant, si ces moments de créativité inconscients et relativement incontrôlés doivent participer à la réalisation d’une œuvre d’art, ils doivent y avoir été préparés et nourris par des intentions et 6 des actions résultant du raisonnement et de la réflexion. ” C’est d’ici que nous partons pour observer comment s’actionne le mécanisme de création quand il affiche le débat qui l’anime, ses hypothèses, ses hésitations, ses choix et ses renoncements. De la dynamique Il y a quelque chose d’obsessionnel dans le fait de produire quotidiennement de nouveaux projets. Comme pour le photographe compulsif qui ne peut voir le monde qu’en termes de cadres possibles, le « dumper » compulsif guette le projet dans les aspérités du quotidien, partout où la pensée s’accroche, partout où le terrain achoppe, la construction, parfois chimérique, devient possible, et c’est cette addiction qui tient celui qui en fait son ordinaire. Dans son introduction, Intentionnalité et création, Jean da Silva rappelle : « Cependant envisager l’acte de création comme obsessionnel permet de poser de façon particulière la question de l’intentionnalité de l’acte créateur en reconnaissant les limites que ces démarches de type compulsionnel imposent à 7 toute intentionnalité en tant qu’expression de l’esprit de l’artiste.» En soulignant la part de déterminisme psychologique qui pourrait se trouver dans l’intentionnalité artistique poussée à ses extrêmes, Jean da Silva souligne néanmoins, et ce projet pourrait le prendre à la lettre dévoyant le propos puisqu’il s’agit ici, non pas d’entrer dans une démarche interprétative mais bien résolument énonciative : 6 Paisley Livingston, Art and Intention, a Philosophical Study, Clarendon Press, Oxford, 2005, p. 46 notre traduction du texte original: “A writer often wakes up in the morning with new ideas, maybe with the hurry to write them down before they are forgotten. This is the kernel of truth in the ‘Kubla Khan’ model of creation. Yet if these unconscious and relatively uncontrolled moments of creativity are to contribute to the realization of a work of art, they must be prepared for and informed by intentions and actions, resulting from reasoning and deliberation.” 7 .Jean da Silva, o.c. 12 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre « La création est pour cela prise en compte dans sa dimension proprement intentionnelle, non pas en tant qu’actualisation du projet plus ou moins conscient de l’artiste, mais en tant qu’elle est la résultante d’actes mentaux, plastiques ou techniques qui obéissent à un dessein particulier. Dans cette perspective, l’intention, loin d’être considérée comme une expression de l’intériorité psychique 8 de l’artiste, est l’acte de création même envisagé sur un mode inférentiel. » De la réussite De nos intentions multiples, contingentes, spontanées, déterminées, dans l’air du temps, inspirées, par d’autres, ou pas, ce qui est une autre question, certaines passent le cap de la réalisation. Il n’en sera pas question ici, sauf quand, par un juste retour des choses, certains projets « dumpés », renaissent du compost, et accèdent finalement à la concrétisation. On traitera aussi des projets réalisés dont la complétion n’est que partielle, abandonnant un pan significatif de leur dimension symbolique amputant d’autant l’intention initiale; et encore ceux qui, totalement réalisés, auront physiquement rejoint la décharge sans avoir pu être présentés. De l’échec De l’histoire d’un artiste on retient les faits. On étudie ce qu’il a produit, les traces qui résultent de ses choix, ceux-ci supposés cohérents, et parfaitement représentatifs de son intention. Il est rare que l’on s’intéresse au processus d’élaboration de l’œuvre en termes de construction de la démarche, de définition de son « projet de carrière9 ». Il est encore plus rare que l’on se penche sur ce qui n’est pas fait, ce qu’il n’a pas fait, ce qu’il a pensé faire et ce qu’il a évité de faire. Il se pourrait pourtant que, dans la construction de son œuvre, le processus d’élaboration passe plus encore par ce qui est écarté, par l’ensemble des possibles, un temps envisagés, qui n’accèdent pas à la 8 9 ibid. Cf. infra, catégorie « artist career design », littéralement « design de carrière d’artiste ». L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 13 L’intention artistique à l’œuvre consécration de la mise œuvre. L’observation attentive de ces chutes permet pourtant de mieux comprendre les choix, de se figurer les errances et les errements, les regrets aussi. Il se pourrait que la définition la plus claire de l’intention de l’artiste soit la ligne invisible qui relie les projets, fil d’Ariane qui révèle l’issue provisoire que l’on entrevoit dans chaque pièce réalisée (cf. infra The line in-between ideas) c’est du moins l’hypothèse que nous formulons à laquelle cette recherche tente de donner corps. Le procès Pour juger sur pièce il faut paradoxalement s’intéresser au procès d’intention, à l’itinéraire qui va des incitations/provocations du quotidien au projet élaboré qui sera ensuite finalisé ou délaissé. Qu’est-ce qui précèdent la formulation d’une hypothèse, l’apparition du concept ? À quoi ressemble la partie immergée de cet objet dont la création affleure à la surface ? Quel est le contexte, la rencontre, le souvenir déclencheur, l’observation, la dérive onirique, la lecture, le dialogue qui prélude à l’émergence d’un projet ? Quel est ensuite le processus conceptuel qui articule ce présent là avec le passé cumulé et dont la collision semble rendre nécessaire la construction d’artefacts réputés artistiques? Comment se fait le tri entre la trouvaille, l’évidence, le trouble et la révélation? Comment s’organise l’assemblage des épisodes de ce récit pour que se file la continuité narrative certes chaotique, mais d’autant plus structurée qu’elle s’entête, dans la réussite et dans l’échec, à chercher sans cesse ailleurs, peut être pour retrouver la même chose, sous d’autres formes. 14 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Ce projet situe sa quête à mi-chemin entre l’heuristique et l’herméneutique. Questionnement sur cet entre deux de la rencontre apparemment fortuite du projet, qui conduit à se poser sur les rives de la « sérendipité10 » (penchant inspirationniste) pour entrevoir la part d’intentionnalité qui pourrait donner à mieux comprendre l’œuvre avant qu’elle ne soit absorbée, comme c’est souvent le propos ici, dans le processus de son élaboration. D’un côté l’approche empirique du quotidien qui débouche parfois sur de nouvelles hypothèses, espérées ou désespérées, de l’autre l’interprétation consciente ou non de l’intention initiale, formulée ou décryptée à la lumière des indices mis là, dans le texte et dans l’image, pour qu’on les y trouve ou que l’on s’y perde. On ne perdra jamais de vue cependant que dans l’intention artistique, c’est bien la mise à l’œuvre, comme la mise à la mer, ou la mise à mort qui nous intéresse et non la quête infinie de et insaisissable de l’intention, qui artistique ou non oscillerait dans notre propos entre le leurre de son affirmation et la déception de sa réalisation. C’est encore plus l’alchimie de la mutation de l’intention en œuvre, non par son actualisation, mais par la consécration de sa puissance intrinsèque, revendiquée, sous la forme certainement coupable d’hypothèses dont les projets sont le seul passage à l’acte, avant dernier acte d’une pièce qui en reste là. 10 Anglicisme (de l’anglais « serendipity ») dont la signification fluctuante est particulièrement bien détaillée, dans ses variantes historiques et la multiplicité de ses acceptions, dans la version française de Wikipedia, dont nous retiendrons ici la définition ; « la sérendipité est une découverte, provoquée par une attitude d'esprit, qui consiste à rebondir sur les conséquences d'une aventure, d'une rencontre, d'une recherche ou d'une expérience ». L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 15 L’intention artistique à l’œuvre Méthodologie La recherche comme forme de création S’il devient communément admis, prenant toutes les précautions oratoires, que la création puisse être une forme de recherche, il est encore inhabituel que l’on puisse considérer la recherche comme une forme de création11. On sait la similarité des processus mais on connait aussi la divergence des méthodes. C’est pourtant là une constante de notre pratique qui passe fréquemment dans les deux sens la frontière des genres, oubliant généralement de montrer ses papiers. S’il est d’usage dans l’institution de les réclamer, il devient de plus en plus clair -peut être plus particulièrement sur la scène du crime artistique- que des modi operandi inhabituels pour le chercheur peuvent s’avérer plus féconds quand il s’agit de comprendre les motivations, les pratiques, les récurrences, les obsessions et les phobies d’une praxis à risque. « L'artiste lui aussi est toujours proche du crime parfait, qui est de ne rien dire. Mais il s'en détache et son œuvre est la trace de cette imperfection criminelle. L'artiste est, selon Michaux, celui qui résiste de toutes ses forces à la pulsion 12 fondamentale de ne pas laisser de traces. » Jean Baudrillard Un blog ? Dans la hiérarchie des genres littéraires le blog13 occupe la place du bleu, nouveau venu de l’écrit dont l’image est sérieusement assombrie 11 Nous avions défini l’objectif du CITU, programme de recherche interuniversitaire regroupant les universités Paris 1 et Paris 8, comme une tentative de conciliation des deux propositions : « La création comme forme de recherche et la recherche comme forme de création ». Ceci ni dans l’intention de fusionner les pratiques, ni non plus d’entretenir la confusion des finalités annoncées, ou occultées, mais de souligner l’apport bénéfique que chaque champ de l’activité humaine peut avoir sur l’autre. Une journée d’étude, du 15 novembre 2008 organisée par le CITU ne s’intitule-t-elle pas « Art : le temps perdu de la recherche. » 12 Jean Baudrillard, Le Crime Parfait, ed. Galilée, 1995 13 Définitions proposée par Cyril Fievet et Emilie Turrettini, in Blog Story, p. 298, Eyrolles, 2004 « Contraction de Weblog. 16 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre par le succès, apparemment sans réussite suffisamment remarquable pour consacrer le genre. Cette "petite forme", comme diraient les musiciens, possède des propriétés singulières particulièrement adaptées à notre propos : • Légèreté de la forme qui en fait un genre épistolaire particulier : d’un vers tous. • L’immatérialité : échappant à la pression de la chose imprimée avec son circuit éditorial, l’auteur se sent libre de révéler des pensées fragmentaires, inabouties, discutables, justement. • La ritualisation de la collecte et production régulière sinon quotidienne. C’est un feuilleton épistolaire. • Le sentiment d’intimité : Les caractéristiques fonctionnelles du journal intime sans l’intimité. L’auteur peut aussi avoir le sentiment de parler à soi-même. Facilite l’introspection. • L’autodérision : seules ces formes fragiles autorisent l’auteur à se laisser aller, avouer ses limites, jouer avec. Prise de recul de l’auteur, souvent sujet et objet, par rapport à son propos. • L’accessibilité : Légèreté de la mise en œuvre. • L’autodiffusion : la diffusion est à la portée de celui qui produit. • Le dialogue : Rendre immédiatement publique la production permet le dialogue, la confrontation et le commentaire. Un type de site web composé essentiellement de billets publiés au fil de l’eau et apparaissant selon un ordre ante-chronologique (les plus récents en haut de page), le plus souvent enrichi s de liens hypertexte externes, et auxquels les lecteurs peuvent réagir. Autre définition : un journal personnel, souvent multithématique, sur lequel un auteur publie très librement et très régulièrement des commentaires divers, liés à l’actualité ou non, illustrés ou non, renvoyant vers d’autres sites ou non… » L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 17 L’intention artistique à l’œuvre Et enfin l’inachèvement14, la possibilité permanente de corriger son • texte, de l’augmenter ou de le supprimer. Le flux du blog ne suppose pas de fin autre que celle de l’auteur (ou du serveur). L’impératif du projet Nous avons donc choisi de traiter de l’intention en actualisant sa formulation dans un contexte d’écriture, de production et de diffusion qui est celui du blog. Souvent à la limite de la discussion de comptoir, le blog se prête bien au commentaire de toutes les formes d’actualité. Il engage peu et c’est cette facilité qui attire. Comme nous l’avions souligné plus haut, le projet dans sa mise en œuvre diverge foncièrement de cette approche commune qui se limite au commentaire: dans sa définition: toute réflexion y est projet de création, pratique ou théorique. Pas de commentaire donc qui ne serait suivi d’une contre-proposition, d’un projet au sens propre. Chaque insatisfaction, face à toutes les formes de sollicitation du quotidien, doit donner lieu à une action plus qu’à une réaction. Le commentaire devient alors l’introduction nécessaire du processus qui vise à formuler puis à donner forme à l’intention. En cela il se distingue de la majorité de la production en ligne qui du journal « intime » au journal de bord, commente le quotidien comme un fait discutable. Mais c’est un fait qui n’est donc plus à faire. Ici chaque réflexion, bien qu’issue de l’actualité personnelle ou planétaire, débouche sur une proposition d’action, symbolique, artistique, théorique ou politique… Micro-analyses Sur deux ans de pratique régulière, longtemps quotidienne, les projets se sont multipliés. Ils constituent actuellement un ensemble croissant 14 Cf. infra, L’Inconclusion 18 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre de 210 propositions qui accompagnent le plus souvent le commentaire et la description du processus qui préside à la naissance (la renaissance) de l’intention attachée au projet dont l’article est l’introduction. Si le cadre n’a pas la rigidité du protocole, c’est que celui-ci se définit au cours de la progression du Dump, les règles se testent, se vérifient, se consolident ou disparaissent. C’est la plasticité de cette forme qui la rend compatible avec la création, c’est la constance dans son application qui en fait simultanément l’étude et l’objet. Le Dump se présente donc avant tout comme un chapelet de microanalyses d’où découlent les projets qui apportent en retour une réponse ou une conclusion pratique. L’hétérogénéité des projets Le Dump est doublement libératoire : il permet de se libérer, de se décharger15 de projets encombrants à différents titres, aussi parfois en raison de leur incompatibilité apparente avec le cadre institutionnel ou culturel des activités de l’auteur. Ce n’est pas une mince satisfaction que de pouvoir aussi se libérer des catégorisations artistiques qui figent l’orientation d’une pratique dans la direction de la première impulsion comme si elle se déployait dans le vide sidéral dépourvu d’obstacle et de rugosité. Longtemps on a considéré que celui qui faisait de la vidéo son principal medium ne pouvait être un réalisateur de films, que le réalisateur de films d’animation ne pouvait produire des installations 15 Rappelons que le mot Dump désigne en anglais, pour Robert &Collins aussi bien « tas, amas d’ordure, décharge, terrain de décharge », que dans son usage familier : crotte. Il est significatif de constater que si l’anglais renvoie à l’excrément, le français « décharge » évoque métaphoriquement l‘éjaculation, émission qu’accompagne la jouissance prélude nécessaire mais non suffisant à la fécondation. Les deux polarités vers lesquelles tend le devenir œuvre des projets « dumpés » se trouvent incluses dans le même mot. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 19 L’intention artistique à l’œuvre pertinentes, que celui qui intégrait l’informatique à sa pratique avait basculé du côté de l’ingénieur, que l’artiste ne pouvait décemment faire de scénographie, que celui qui théorise sa production ne peut être un bon praticien. Enfin que celui qui travaille l’espace est définitivement un architecte… et rien d’autre. Le cloisonnement et l’étanchéité des catégories artistiques constituent une chape de plomb dont la pression est incompatible avec la nature des pratiques contemporaines qui se soucient peu des cadres. Elles consacrent en effet l’évolution du « métier » de l’artiste, qui s’éloigne de la pratique artisanale -et donc d’une catégorisation par medium ou support : la peinture, la sculpture, la vidéo, la performance…-, pour tendre, extension et dépassement de l’approche visionnaire d’Harald Szeemann, vers une attitude16 face au monde qui devient support global. Le « hors-cadre » fait partie du tableau. S’il est possible d’explorer le Dump catégorie par catégorie, l’écriture, elle, s’est affranchie de ce découpage. Où l’on découvre qu’un projet peut aussi bien être, suivant un inventaire à la Prévert : du papier peint, de la broderie, du tatouage, un ouvrage théorique, un jeu vidéo, un long métrage, un indice, un trou de mémoire, une installation urbaine, un musée, un clone, rien, tout le reste, une décision, une carrière d’artiste, une réécriture de l’ADN, Changer le monde17, "ne serait-ce qu’un peu". Les catégories C’est la logique commune du blog qui permet l’indexation des projets par catégories. Celles-ci sont généralement déterminées a posteriori. Au cours de l’écriture, la nécessité de nouvelles catégories apparaît. 16 Cf. Quand les attitudes deviennent forme, Harald Szeemann, exposition à la Kunsthalle de Berne, Suisse, 1969. 17 Changer le monde, projet du Dump et catégorie, cf. infra. 20 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Celles-ci s’ajoutent à la liste qui, malgré ses automatismes, se préoccupe peu de savoir si un objet peut se trouver simultanément dans plusieurs catégories. Le fonctionnement hypertextuel du blog autorise le croisement, l’intersection, le chevauchement de catégories qui construisent une classification qui n’est pas sans rappeler l’encyclopédie chinoise de Borges18. C’est à propos de cette construction taxinomique invraisemblable que Foucault écrit : « …ce serait le désordre qui fait scintiller les fragments d’un grand nombre d’ordres possibles dans la dimension, sans loi ni géométrie, de l’hétéroclite ; et il faut entendre ce mot au plus près de son étymologie : les choses y sont « couchées », « posées », « disposées » dans des sites à ce point différents qu’il est impossible de trouver pour eux un espace d’accueil, de définir au dessous des un et des autres un lieu commun. Les utopies consolent, c’et que si elles n’ont pas de lieu réel, elles s’épanouissent pourtant dans un espace merveilleux et lisse.(…) les hétérotopies inquiètent, sans doute parce qu’elles minent secrètement le langage, parce qu’elles empêchent de nommer ceci et cela, parce qu’elles brisent les noms communs ou les enchevêtrent, parce qu’elles ruinent d’avance la syntaxe, et pas seulement celle qui construit les phrases, -celle moins manifeste qui fait « tenir ensemble » (a côté et en face les uns des autres) les mots et les 19 choses. » Cette longue citation taquine le blog en général et le Dump en particulier. Par ses structurations multiples, complémentaires et contradictoires, comme la décharge constitue le lieu fatal de convergence des objets, le Dump semble être l’espace improbable de réconciliation de l’utopie et de l’hétérotopie. Un lieu pour l’hétéroclite, qui se vit comme à la rencontre d’ordres différents. L’ordre de la lecture comme celui de l’écriture. L’errance intentionnelle et conceptuelle qui caractérise l’élaboration artistique trouve en ligne une légitimité « e- 18 Jorge Luis Borges, La langue analytique de John Wilkins, in Nouvelles Inquisitions, Borges Œuvre complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1993, p. 749. « Ces catégories ambiguës, superfétatoires, déficientes rappellent celles que le docteur Franz Kuhn attribue à une certaine encyclopédie chinoise intitulée Le Marché céleste des connaissances bénévoles. Dans les pages lointaines de ce livre il est écrit que les animaux se divisent en a) appartenant à l’Empereur, b) embaumés, c) apprivoisés, d) cochons de lait, e) sirènes, f) fabuleux, g) chiens en liberté, h) inclus dans la présente classification, i) qui s’agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinés avec un très fin pinceau de poils de chameau, l) et cætera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin ressemblent à des mouches. » 19 Michel Foucault, Les Mots et les choses, Gallimard, 1966, p. 9 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 21 L’intention artistique à l’œuvre topique » (sans motivation particulière pour ce qui, pour paraphraser Foucault, ferait tenir ensemble les mots et les idées. C’est curieusement la syntaxe propre au blog, dont la sémantique passe par une logique taxinomique inhabituelle dans l’ordre de l’écrit, que cette forme nous semble parfaitement convenir au propos qui élit domicile sur une décharge au carrefour des histoires singulières de la pensée et de l’objet en attente de destin. Le contexte Pour chaque proposition, une description plus ou moins détaillée du contexte d’apparition souligne cette particularité de la création qui, si elle est rarement collective, peut difficilement se produire ex-nihilo (même si dans le Dump, un des projets, From Scratch, se fixe cet objectif ambitieux). On découvre ainsi le lieu où le concept est apparu, qui était présent et a contribué directement ou indirectement à son émergence, quelle lecture, quelle exposition, quelle discussion sont susceptibles d’avoir inspiré ou déclenché le processus. Ainsi apparaissent les "players", l’ensemble des facteurs, lieux, objets ou personnes, qui constituent les surfaces de rebond de la pensée en exercice. Le flux Selon Sloterdijk, qui en appelle à un eurotaoïsme20, il faudrait arrêter le flux pour prendre le temps de penser la vie. Pour le Dump, c’est le flux qui caractérise l’influx vital dont s’irrigue la pensée. Un pan important de 20 Peter Sloterdijk, Eurotaoismus, version Française : La Mobilisation infinie, Christian Bourgois, 2000 22 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre la création contemporaine tente de prendre la mesure de la spécificité du travail d’un matériau dynamique dont le flux est la règle. Peu propice à la trace il appelle d’autres écritures. Pour prendre dans la technologie une métaphore acceptable d’un processus qui nous est naturel, rappelons qu’en télévision le flux s’oppose au stock comme le direct au préenregistré. Le programme de flux n’est pas rediffusable, issu de l’essence même de la télévision, d’avant la possibilité de l’enregistrer. Le magnétoscope n’est apparu que dans les années 50, jusqu’au milieu des années 60 le seul moyen de garder la trace du flux télévisuel était de filmer le tube cathodique en 16mm. La toute puissance du film comme medium de sauvegarde était alors à son apogée. A la surface de la pellicule c’est bien une succession d’images fixes que le cinéma tente avec bonheur de faire passer pour du flux en conserve. La seconde vague de flux dans l’univers des médias est apparue simultanément avec le réseau et ce que l’on appelle -de l’expression technique qu’on ne prend plus la peine de discuter- le "temps réel". Accéder à l’information en temps réel met Internet et le jeu vidéo (pour se limiter à ces deux exemples) dans un rapport de temporalité comparable à celui de la télévision. On dit que l’information est produite "en temps réel" quand le temps de la production coïncide avec celui de la réception, ou du moins, lorsque qu’il n’y a pas de retard visible entre ce que l’on observe et le moment où il est produit. Plus le délai est court plus le sentiment d’instantanéité est fort. On ne peut plus le lire comme une performance technologique (puissance de traitement du dispositif de production) dès que l’on comprend que la nature même de la relation du spectateur à l’image s’en trouve profondément modifiée. L’image quitte son statut, plan et statique, et le spectateur devient visiteur d’un monde qui sait qu’il existe. La symbolique réactive qui résulte de la prise en compte de la nouvelle donne issue du numérique apporte des clefs de lecture inespérées pour la compréhension de notre L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 23 L’intention artistique à l’œuvre rapport au monde. Ce n’est pas l’objet, dans cette introduction, d’en débattre plus avant, mais les éléments de réflexion sur ces nouveaux paradigmes esthétiques ressurgissent de page en page, dans la matière elle aussi mouvante du Dump. Si la logique du flux permet de donner à lire la pensée en action, on sait de longue date que ce qui est écrit dans l’impulsion du moment trahit souvent cette même pensée par ce qu’il en révèle qu’on aurait aimé garder pour soi. Il arrive qu’un texte écrit pour être immédiatement donné en pâture au lecteur en ligne, soit repris aussitôt, amendé, corrigé, d’autres billets attendront de longs mois à l’état de note, avant de se trouver datés sur le site du jour de l’envoi. Le sens de lecture21 La chronologie de la rédaction, celle de la publication, leur coïncidence ou divergence avec celle des actualités en tout genre semblent établir une logique de lecture que la pratique infirme. La publication page à page affiche pour le lecteur en ligne un texte en ordre inversé et c’est bien par le dernier écrit que le nouveau lecteur commence. Le lecteur abonné au flux du blog reçoit les articles dans l’ordre de leur publication mais rare sont ceux qui venus plus tardivement ont repris du début le cours du texte dans l’ordre de l’écriture. Pour l’écrit de flux, la version imprimée est trompeuse. Elle reconstitue la chronologie de l’écriture en niant celle de la publication. Plus que jamais la temporalité propre au blog, qu’il s’agisse de sa rédaction, de 21 Comme les plupart des autres sujets débattus ici, la question de la restitution imprimée du blog et de son impact sur les logiques de lecture est aussi traitée sur le blog. Cf. infra : Contre sens ou sens interdit ? 24 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre sa publication, et de sa lecture est profondément déterminée par les facteurs contextuels : • Rythme de l’écriture lié au lieu, à l’actualité, à la disponibilité de l’auteur. Séquençage nécessaire des moments d’écriture. • Rythme de la publication imposé par la nécessité de maintenir le contact avec le lecteur. Un blog inactif est un blog mort. Le blog est lié au formatage imposé par les outils spécifiques accessibles au plus grand nombre qui tend à la standardisation du genre. • Rythme de la lecture: épisodique, scandée par l’arrivée des nouveaux articles, par la fragmentation des moments de disponibilité devant son écran, par la commutation compulsive qui préside à la lecture sur écran. Celle-ci est rarement maitrisée tant il est difficile de rester imperméable aux sollicitations en rafale qui caractérise la pratique de l’informatique connectée. Cependant le fonctionnement hypertexte, entraine le lecteur de lien en lien à prendre des raccourcis qui dessinent des continuités tout aussi légitimes que celles issues de la conformation servile aux enchaînements de l’horloge ou du calendrier. Choisir de découvrir les articles classés par catégories perturbe la chronologie mais rétablit une continuité logique qui est une autre vérité du texte, décidée par l’auteur lorsqu’il s’échappe de l’impératif chronologique. La langue Le Dump utilise indifféremment le français ou l’anglais. Le texte présenté ici respecte à la lettre celui qui est en ligne. Si la plus grande partie est rédigée en français, certains articles ont été écrits, avec plus ou moins de bonheur directement en anglais. L’importance du contexte, des interlocuteurs, voire du lectorat envisagé au moment de l’écriture, incite selon les cas à penser le texte dans une langue ou une autre. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 25 L’intention artistique à l’œuvre Pour les mêmes raisons, les titres apparaissent soit en français soit en anglais pour des raisons de sens, de rythme, d’image et même de cohérence avec le texte quand il est dans la même langue. Présenter ici une version francisée aurait probablement occulté la spécificité contextuelle et intentionnelle qui préside à ces choix avec un impact réel sur le mécanisme d’élaboration du projet. L’objectif à terme est que l’ensemble soit présent en ligne en plusieurs langues selon un processus de traduction participatif qui pour l’instant s’est avéré plutôt décevant. L’image Les images dans le Dump jouissent d’un statut particulier. Pour la plupart elles ont été réalisées à cet effet moins pour illustrer le projet que pour participer à sa formulation. Le fait de produire les images n’est pas seulement un avantage conceptuel ou esthétique, c’est aussi le meilleur moyen de s’affranchir des questions de droit. Pour un plasticien, la première mise en forme du concept passe souvent par l’image et il est fréquent que celle-ci apparaisse comme le procédé le plus immédiat de traduction du concept en attente de la partie rédactionnelle, parfois simplement éludée. Destin qui peut être aussi celui de l’image au profit du texte. Moins qu’une illustration l’image est plutôt un contrepoint du texte, elle le donne à lire d’une autre manière. L’expérience montre que la lecture du texte du Dump dépouillé des images est parfois insuffisante à traduire l’intention initiale. La règle veut que vitesse d’écriture qui régit la dynamique du texte se retrouve transposée dans la production de l’image. Cette dernière n’est en aucun cas l’œuvre réalisée. Elle a la même valeur indicielle que le texte et suit dans son registre le processus d’élaboration de ce dernier: 26 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Sollicitation, (ex : prise de note sur papier/prise de vue avec le téléphone sur le lieu même de l’impact), analyse, élaboration, formulation (rédaction/réalisation). L’analyse et l’élaboration sont ici des processus mentaux. À ce titre ils sont communs au texte et à l’image. La bibliographie La bibliographie est à considérer ici comme l’extension de la liste des "players". Elle regroupe un ensemble de textes qui ont joué à différents égards un rôle dans l’émergence des projets et dans l’évolution de la réflexion sur la démarche. Certains correspondent aux auteurs et textes mentionnés, d’autres ont contribué à la fertilisation du compost créatif. Le projet Générateur automatique de bibliographie proposait pourtant une formule cohérente avec la démarche globale mais finira dans le Dump faute d’avoir trouvé preneur. La mise à la décharge Les projets mis à la décharge, dans le Dump, n’ont pas été pensés dans l’intention d’y finir leur carrière. Le motif de dépôt peut varier selon le projet : Projets anciens non réalisés qui hantent les limbes de la création. Ceux-là entrent le plus souvent dans les catégories "come back" (ça me revient) ou "vider le grenier". Oubliés là pour n’avoir su trouver leur producteur, rencontrer un intérêt suffisant de la part de ceux qui auraient pu rendre possible leur réalisation, ou leur monstration. Projets d’impulsion : comme l’achat d’impulsion, ils correspondent à une réaction spontanée à une sollicitation extérieure ou intérieure. Ils sont la en attente d’un destin ; comme les idées qui viennent à l’esprit et dont on attend de voir si elles résistent à l’épreuve du temps avant d’essayer de leur donner corps. Ce sont aussi souvent des projets classés "not L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 27 L’intention artistique à l’œuvre sure", pas certain que ça nous intéresse vraiment, pas certain que l’on soit prêt à y consacrer une tranche de vie qui pourrait être mieux utilisée peut-être, à mieux faire ou ne rien faire. cf. infra Off Art. Projets hors champ : par nature le Dump n’est pas une décharge sélective. Les projets déposés peuvent renvoyer à des domaines d’activité très éloignés de ce que nous pourrions considérer comme notre champ de compétence. Projet de spectacle vivant, danse, théâtre, projets d’architecture, d’urbanisme et de design, projets d’action politique à grande échelle, autant de projets dont on peut apprécier l’intention sans avoir le sentiment d’avoir le profil pour les mener à bien et que l’on sait condamnés s’ils restent dans les tiroirs. Tous relèvent d’une démarche comparable bien que différenciée. Tous sont la dans l’espoir d’alimenter un jour l’imaginaire d’un autre ou d’impulser des collaborations possibles qui leur permettrait enfin de voir le jour. Bien d’autres catégories encore, et il serait préjudiciable d’en arrêter la liste convaincus que nous serions de connaitre par avance la nature de l’ensemble des options de la création, s’arrogeant ainsi le droit d’exclure du futur un pan des possibles encore insoupçonné. On en rêve trop ! L’inachèvement Dans sa phase opératoire (le Dump), ce projet présente simultanément et en un seul objet l’œuvre et le concept. Il en vient parfois et de façon qui ne saurait être définitive à considérer qu’il produit ce qu’il énonce, la forme achevée de ce que l’on pourrait nommer « concept art » qui se distingue dans le texte de « conceptual art » par le fait que ce n’est pas le concept qui fait œuvre mais l’énonciation de l’intention qui suppose 28 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre sa mise en œuvre. Ainsi « faire une sculpture en marbre »22 constitue sinon une intention du moins une velléité qui est présentée dans le blog comme un projet possible sans nécessaire concrétisation. On ne sait si le projet est qualitativement acceptable en tant qu’œuvre de concept art mais il est inconcevable ou presque en tant qu’œuvre conceptuelle. La question se pose donc du statut de l’objet texte – the Dump- dans l’œuvre de l’auteur. Est-ce un commentaire ? Est-ce une œuvre ? Estce une collection d’œuvres de concept art ? Un aveu d’échec, incapacité à achever le travail et produire finalement ce que l’intention énoncée suppose ? Le concept d’accomplissement génétique « genetic completion » proposé par Livingstone23 pourrait apporter une réponse partielle considérant qu’une des formes acceptables de l’achèvement de l’œuvre est qu’elle soit considérée par l’auteur comme telle. La mise à la décharge, qui revient ici à la publication sur le Dump, jouant de l’ambigüité du fait de se débarrasser, jeter, abandonner, distribuer mais aussi rendre public, enregistrer, consacrer, ne serait pas un renoncement au projet mais l’affirmation de son achèvement provisoire et littéralement une exposition d’un état de l’œuvre à considérer comme telle. Ces questions comme les fragments de réponses possibles sont dans le texte qui décrit la condamnation, le plaidoyer et la sentence d’un procès à vie dont l’art ne serait qu’un MacGuffin, selon la définition qu’en donne Hitchcock dans ses entretiens avec Truffaut: « des secrets (…) qui doivent être extrêmement importants pour les personnages du 22 The Dump, projet: Concept Art Forever (CAFE), “… Why not make a sculpture out of marble?” lire aussi Reverse Concept Art. 23 Paisley Livingstone, op. cit., p.55 “…a work is genetically complete only if its maker or makers decide it is so” L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 29 L’intention artistique à l’œuvre film, mais sans importance pour moi le narrateur. »24 Sauf que l’artiste est un des personnages du film et que l’on recherche toujours le narrateur (Hitchcock aussi est mort !).25 C’est pourtant ce qui constitue l’unique et nécessaire mobile de l’action du commencement à la fin. Recyclage : Le passage à l’acte (done) Si pensées et projets sont données à voir et à lire avant même leur réalisation, c’est pour qu’ils puissent exister autrement, que d’autres se les approprient. Dans une écologie du concept : Ils sont en attente de recyclage. Tout projet versé au Dump devient libre de droits. Tout lecteur, visiteur du Dump peut reprendre une idée, un concept, le développer, le faire évoluer, l’intégrer à sa pratique, en produire une nouvelle interprétation. Pour les mêmes raisons, l’auteur ne garantit en rien l’originalité du concept ou de son énoncé. Les commentaires surgissent qui signalent un précédent, dans le concept ou l’intention, et il est fréquent que ce constat, dument cité sur la même page, soit à l’origine d’un nouveau projet : cf. infra AMA, Already Made Art. Il arrive que porter à la connaissance du public les projets en souffrance donne l’occasion aux commissaires bien disposés d’en solliciter la réalisation. Contrairement aux projets que d’autres s’approprient avec en toute confiance, c’est alors un essai qui entre de droit dans la catégorie "done". Cette catégorie est codifiée dans le nommage et dans la présentation. Chaque réalisation d’un projet du Dump devient une 24 Alfred Hitchcock, Hitchcock/ Truffaut, éd. Ramsay, 1983, p. 111 sqq. Hitchcock ajoute : « On pourrait dire que non seulement le MacGuffin n’a pas besoin d’être sérieux, mais encore qu’il gagne à être dérisoire. Comme la petite chanson d’Une femme disparait. » Ibid. p. 113 25 30 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre "instance" numérotée. Cette réalisation n’exclut en rien la possibilité d’autres interprétations. Opendump.org Le caractère ouvert du Dump offrant ses concepts à tout visiteur motivé incitait à poser la question de la possibilité pour ce même visiteur d’y déposer, au-delà du commentaire, ses propres projets. La nécessité d’aller jusqu’au bout du projet ne permettait pas d’ouvrir le Dump à d’autres hypothèses que celles que nous aurions formulées, même inspirées par d’autres. C’est son rôle de bloc-notes qui contribue activement, par l’usage, à faire évoluer sa pratique. De là est né l’Opendump. Basé sur la même structure, il suit les mêmes règles de fonctionnement que le Dump dont il est un des concepts réalisés. L’Opendump est ouvert à toutes les propositions, à tous les projets quel qu’en soit l’auteur. Certains projets du Dump, prenant en compte la spécificité multi-auteurs de l’Opendump, suggèrent des modèles économiques (catégorie : Business Model) supposés faciliter la réalisation des projets.26 Les préoccupations structurelles, relationnelles, transactionnelles font partie intégrante de l’objet du Dump. Elles constituent un aspect fondamental de la démarche qui ne consiste pas seulement à collectionner les hypothèses mais aussi à faire de la collection le laboratoire de nouvelles formes esthétiques, sociales, politiques.27 26 27 cf. OODD Factory et Opendump curatorial Art Trust cf. Lab IP, Changer le Monde L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 31 L’intention artistique à l’œuvre Pendant les travaux, la production continue Cet appareil de réflexion et d’observation sur l’inaccompli peut donner l’impression amère d’un échafaudage construit autour d’un monument absent. A moins que l’on en apprécie le processus et l’image, que l’on y trouve aussi du plaisir, composante nécessaire du projet, et que l’on se prenne à imaginer ce que pouvait être l’édifice absent dont la tour Eiffel serait l’échafaudage oublié il y a longtemps par un entrepreneur distrait. Une lecture métonymique du Dump pourrait nous conduire à penser que la partie immergée de l’iceberg ne prend son sens que dans ce qui émerge. Si la production réalisée n’apparait pas ici, sinon de manière anecdotique ou référentielle, c’est qu’elle brouillerait la lecture et détournerait de l’objet patiemment isolé. Pour filer la métaphore de l’iceberg, nous ne resterions pas si longtemps sous l’eau froide si à l’air libre se trouvait la conclusion naturelle de l’effort. Ce travail est à la fois l'objet – du projet au rejet - son analyse, et sa critique. Le sujet pourrait en être l'auteur dans son engagement sinon dans son obstination à non-produire inlassablement, si l’idée n’était que cette non-production intentionnelle fasse ou non œuvre, en parallèle de sa production ordinaire. Qu'on ne s'y trompe pas, simultanément à la production pléthorique d'échecs annoncés, la mise chantier active de projets concrets se poursuit sur des terrains divers. La juxtaposition temporelle et spatiale des deux postures semble créer un équilibre inattendu qu'il deviendrait délicat de remettre en cause. D'un côté la production d'objets et d’actions à finalité artistique et de l'autre la déclinaison des intentions, des élaborations et des errances qui précèdent la première. 32 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Ne sont pas dans le Dump Liste sélective des projets réalisés par l’auteur durant les deux dernières années de la production de ce texte, qui le plus souvent ne sont pas directement mentionnés dans le Dump, et pour cause! Falling Pixels, installation vidéo, festival Zone IP, Ancien Musée de la peinture, Grenoble octobre 2007 « Interactivity : the dead end of our artistic era », vidéo, Steina et Woody Vasulka immergés dans So.So.So., Musée cantonal d’Art de Lugano WAR-PAIX, Scénographie permanente de l’Arc de Triomphe comprenant 7 installations différentes, avec Christophe Girault. Ouverture février 2008 e-Spotting, performance (avec Jean-Baptiste Barrière), DEAF Festival, Rotterdam, mars 2007 e-Spotting 9-11, installation originale, Palazzo Strozzi, Florence, Italie, avec Jean-Baptiste Barrière, novembre-décembre 2007 Des Grandes Questions à la Décharge, exposition monographique, Eesi, Poitiers, comprenant 10 installations dont 6 « restaurées » et 2 issues du Dump, réalisées pour l’occasion (Dump by the Metre, Blind Love Ready Made), janvier 2008 World Skin, nouvelle version restaurée, exposition sk-Interfaces FACT, Liverpool, Angleterre, février-mars, 2008 présentée en version 2 écrans, festival Némo, La Bellevilloise, Paris, mars 2008 Emotion Ringtones, avec Jean-Baptiste Barrière, Distributeur automatique d’émotions, Le Cube festival, Issy-les-Moulineaux, juin 2008 NeORIZON, Installation urbaine, Sculptures géantes, vidéo, Internet, eArts festival, Shanghai, octobre 2008 Still Moving, installation-sculpture interactive, exposition du ministère de la Recherche, Ville Européenne des Sciences, Grand Palais, Paris, 14-16 novembre 2008. Exposée ensuite au Générateur, Gentilly, 20 novembre- 20 décembre 2008. 34 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Avertissement Le texte qui suit a été produit dans le cadre de la rédaction du blog thedump.net. Nous avons respecté la spécificité de l’écriture. Brièveté des textes, publication au jour le jour, variations stylistiques et linguistiques. Ne sont pas transcrits ici les commentaires et évaluations qui varient quotidiennement et que l’on peut retrouver en ligne. L’évolution du texte témoigne de plusieurs facteurs qui constituent le contexte évoqué plus haut. Les pages sont présentées dans l’ordre de leur mise en ligne. Certaines explicatives, sont destinées à expliciter, pour les internautes, la vocation et le fonctionnement du blog. Elles pourront paraitre redondantes et parfois contradictoires car c’est le fil de la pensée dans une écriture qui faute d’être automatique se veux la plus immédiate possible ou encore –c’est bien là toute la difficulté de l’exercice- le moins possible filtrée par l’oubli. La nature même du blog évolue au cours du projet qui se définit d’article en article. Définition que l’on retrouve dans la catégorie : Dump structure. L’impératif du projet n’apparait qu’en cours de rédaction, la catégorie « note », encore présente en début de rédaction, faute d’inclure la nécessaire formulation du projet, disparait rapidement. Pour faciliter la lecture et dans la logique du « tri sélectif » issue de la pratique de l’évaluation faite par les internautes, mais aussi du fait de leur non respect de l’impératif de projet, certains articles sont renvoyés en annexe. Nous respectons ainsi l’ensemble des moments de la démarche sans dévoyer la lecture. Pour une lecture in situ prière de se reporter au site en ligne : www.the-dump.net. the-dump.net Hypothèses pour un passage à l’acte C’est une décharge publique, décharge où je peux enfin déposer les projets non réalisés. D’autres pourraient venir fouiller, puiser de la matière pour d’autres constructions, prolonger le tir. Je me garde le droit de reprendre, d’adapter et finalement de passer à l‘acte. C’est une décharge au jour le jour. Esquisses, projets difficilement réalisables, concepts flous y seront déposés sans distinction. Dans l’entre-deux des projets en cours viennent des concepts que j’oublierai avant qu’ils ne voient le jour. Qui échapperont au ressac de la mémoire. Autant s’en décharger, soit pour les reprendre un jour, soit pour permettre à d’autres de s’en saisir et d’en faire un autre usage. Le projet libératoire The Dump évolue et se construit dans les premiers jours de ce processus. On découvre ainsi que l’histoire même de sa conception est incluse dans les premières fiches et qu’avec le temps apparaissent quelques évolutions qui précisent l’intention initiale. Citons, parmi ces évolutions : Les players, occasionnels ou récurrents : sont nommés ainsi les vrais catalyseurs qui favorisent l’émergence des idées par leurs critiques, leurs suggestions ou leur questionnement. Les come back : des idées plus anciennes qui reviennent à la mémoire pour une nouvelle actualité. Les évolutions : la reprise d’une idée pour en proposer une variante. Le Tri selectif : vote de visiteurs qui permet de faire appel à chacun pour jouer le rôle du compost, laisser surnager ce qui mériterait d’être développé et laisser s’enfoncer ce qui, pour l’instant, paraît superflu, redondant, dérisoire. Les notes enfin qui, sans être de nouveaux concepts, rendent intelligible l’évolution de la démarche qui s’écrit au fil du blog. Une petite collection de bouteilles à la mer ; petite tentative de survie dérisoire mais amusante. 38 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Decharge.org La décharge du Net Net, memory 3 october 2006 Ici on sait que l’on peut déposer sans sélection, sans motif tout ce qui nous encombre, tout ce que l’on abandonne aux autres, à l’oubli ou la destruction. La décharge est écologique. Une écologie du net. Il faut détruire les surplus d’information, les résidus de notre surconsommation. La décharge est un énorme stockage mais ce qui n’est pas récupéré sédimente, s’autodétruit. Certains travaillent au tri sélectif. Isolent des sons, musiques, textes, images, vidéos, en se disant que d’autres sauraient les utiliser. D’énormes archives se créent dans lesquelles on (les récupérateurs ?) peut venir fouiller, chiner. Si le Net est à l’image de l’espace physique qu’il transpose, la misère informationnelle existe. Nourrissons et protégeons les SIPF Sans IP Fixe dans le besoin. Après le DOWNLOAD et l’UPLOAD : l’UNLOAD L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 39 Ceci n’est pas un jeu Cliché ludique interactive installation, video game 3 octobre 2006 Sur l’écran on voit des silhouettes floues dans la brume. On déplace un viseur. On devine toujours que la chose qui bouge devant est LA cible. On pointe la cible dans l’axe. On tire. Elle tombe. Flou. Son : La déflagration est étonnante de netteté et de réalisme. Juste ce qu’il faut de réalisme flou pour qu’on se pose des questions. Un message apparaît : qui clignote : CECI N’EST PAS UN JEU Les silhouettes défilent à nouveau, et la cible à portée de souris semble nous dire : NEXT ! Variante avec JOUER TUE en noir sur blanc façon message dissuasif sur les paquets de cigarettes. 40 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Silence! Spectacle live performance, interactive staging, mobile art, locative 6 octobre 2006 Ça se déroule dans une salle. Théâtre à l’italienne. Sur scène une pièce se joue. Un classique, (Romeo et Juliette ?), il faut faire dans l’énorme. Que la référence se voie. Elle se voit car on ne l’entend pas. En effet les acteurs jouent, en costume, et on n’entend pas le texte. Tout se passe comme si le son était coupé. Une image un peu floue, sous-exposée, de mauvaise qualité, occupe le fond de scène. Un visage, très près de l’objectif qui semble provenir d’une caméra de téléphone portable. Dans la salle, on entend la voix correspondant à l’image. Cette conversation téléphonique interfère avec la scène. Parfois des convergences. Le plus souvent les deux propos, téléphonique et théâtral, s’ignorent. Dans la salle le public tente d’écouter. Quoiqu’un peu gêné. En effet, parmi le public il semblerait que certains spectateurs téléphonent, en murmurant, prétendant ne pas déranger. D’autres peutêtre leurs touchent l’épaule parfois comme pour dire : « taisez-vous, on veut suivre ». Il faut un peu de temps pour comprendre que l’image sur scène est celle de ces spectateurs qui semblent penser que le spectacle de leur vie devient une urgence, comparé au spectacle de la pièce, urgence qu’involontairement ils partagent avec le public, l’autre. Dans différents lieux, au même moment, au café, dans la rue, dans un appartement un peu désuet, les interlocuteurs, pendant toute la durée du spectacle, alimentent une conversation de moins en moins décousue… c’est l’histoire de ce moment qui s’écrit sur scène. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 41 Le spectacle ne vient pas que de la salle. Le public peut aussi être invité dans les lieux d’où l’on parle aux spectateurs indélicats. 42 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La Ligne live performance, body art, photography 8 octobre 2006 Une dizaine de personnes partage un tatouage : une ligne qui semble traverser les corps comme elle le fait sur une photo où on les voit, nus, côte à côte (montage). Chacun porte en sa chair un fragment de l’œuvre. Elle ne fait sens que dans la juxtaposition, possible un temps, des corps tatoués. Variante : cette ligne ne serait posée que sur des collectionneurs choisis, qui accepteraient de porter dans leur chair un fragment qu’ils devront montrer pour la photo-constat de la traversée des corps par une ligne oblique. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 43 Urban embroideries28 Nappes brodées pour diners en ville art-merchandising, urban art, object 12 octobre 2006 Les villes construisent des réseaux, géométriques ou chaotiques : maisons, immeubles, cabanes, les mêmes développements organiques rejoignent à d’autres échelles, les modèles de la nature. Les changements d’échelle opèrent parfois des collisions sémantiques ou les HLM de Moscou ou Pékin, les lotissements formatés des banlieues américaines, les immeubles hongkongais et les faubourgs de Sao Paulo se retrouvent soigneusement brodés sur des nappes d’apparat pour dîners en ville. 28 « Broderies urbaines » 44 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre New Jersey USA L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 45 Soweto Afrique du Sud 46 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Moscou Russie Hong Kong L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 47 Blind Love Ready Made29 sex, ready made 13 octobre 2006 Deux « ready made » numériques : Le logiciel Windows Media Player avec ses fonctionnalités de traduction graphique du son. Un extrait vidéo glané sur le net dont on entend que le son. Les extraits vidéo de films pornos passent en boucle. Le logiciel décline à l’infini les variantes d’interprétation graphique de ce qui est supposé être un moment de plaisir intense. 29 « L’amour aveugle prêt à l’emploi » 48 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Concept Art note, Dump structure, artist career design 14 octobre 2006 La différence entre le concept artist et l’artiste conceptuel, c’est que le premier n’a pas besoin de réaliser les projets artistiques qu’il conçoit. L’œuvre est le concept, même si celui-ci porte sur la création d’un objet, d’un dispositif matériel, d’une production concrète. Le concept artist produit des concepts, des catalogues d’œuvres possibles. C’est la virtualisation totale de l’œuvre qui pourrait ne se réaliser que dans l’esprit de ceux qui en entendent parler. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 49 Pour qui sont ces serpents live performance, interactive staging 15 octobre 2006 Sur scène les acteurs. Ils apparaissent à contre jour, en silhouette. Le fond de scène est un écran. Du plafond pendent des formes allongées et souples dont la silhouette évoque, dans ses mouvements, celle des serpents. Dans la salle, parmi le public, certains manipulent de petits dispositifs. Téléphone, PDA. Eux savent que l’image projetée en fond de scène est celle vue par la caméra, œil de serpent, qu’ils pilotent, et qui filme à la demande les acteurs, parfois en gros plan, depuis leur face éclairée. Les images se succèdent sur scène, comme mixées en temps réel. Depuis la régie, le montage se fait en fonction des prises de vues guidées par les spectateurs, qui veulent en voir, en savoir plus, de plus près. Parmi les acteurs, les caméras/serpents constituent une menace scopique permanente, témoignant d’une surexposition de l’acteur, créant une proximité que le théâtre refuse. Les regards-camera de l’acteur trahissent simultanément : l’angoisse d’être vu, la crainte d’être ignoré, le contact les yeux dans les yeux, avec LE spectateur. 50 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le paradoxe vient aussi qu’alors qu’ils partagent l’espace de la salle, le spectateur pourrait se trouver à regarder l’acteur sur l’écran alors que le public voit son image sur scène partiellement masquée par sa silhouette en action. L’interface de pilotage des cameras contient un écran tactile qui montre l’image vue par la camera et les deux zones d’interaction : pouce gauche : montée et descente de la camera, pouce droit : rotation horizontale (panoramique). Un bouton peut être dédié au zoom. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 51 Protect Your Image Animated photography interactive image 18 octobre 2006 Protéger son image –copyright– ou son image –ID– semble pour beaucoup être un enjeu. Il faut satisfaire la demande. Protect Your Image est un écran face auquel le spectateur se voit, photographié. L’image sous ses yeux est scannée. Elle est immédiatement traduite en informations chiffrées codée selon les normes du code barre. Deux possibilités : 1- Ce sont les valeurs de l’image qui sont traduites, avec une résolution nécessairement très basse, en équivalent code-barres. 2- Ce sont les valeurs RGB sur 256 niveaux qui sont traduites en équivalent numérique code-barres. Et nous voilà rassurés ! 52 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre The-Dump, Finally Blog – site web note, Dump structure 19 octobre 2006 Je restais dans l’insatisfaction, confronté à l’accumulation des projets, sachant que certains probablement évolueraient dans le sens de leur réalisation selon un processus qui est celui que j’ai toujours suivi, d’autres par bonheur, par négligence ou par oubli sombreraient dans le tréfonds du site. Le principe même de dépôt sans tri des idées des plus complexes aux plus indigentes impose, par le nombre, soit de laisser le temps faire son tri (le plus ancien est probablement le moins lu), soit d’introduire un processus empirique de filtrage en vu du recyclage. Donner la possibilité aux visiteurs de noter les projets comme les blogs le font pour aider d’autres à trouver rapidement leur chemin dans ce que nous partageons de motivations moyennes. L’inconvénient serait de croire que l’art serait démocratique, pourrait se satisfaire du consensus, se révèlerait par l’audimat. Néanmoins j’ai toujours testé les projets en les racontant, peut être moins pour ce qu’on m’en dirait que pour l’évolution qui se faisait du projet dans ma manière de le raconter avant même parfois que le premier mot ou le premier dessin ne soit figé sur le papier ou sur l’écran. Alors ici ce serait moins la Vox Populi que le compost qui ferait son travail de désagrégation. Dans ce purgatoire des idées, certaines se révèleraient résister à l’usage, à la dissolution dans l’oubli des strates inférieures de la décharge. Décharge dans laquelle il se trouverait toujours des esprits curieux et volontaires pour chiner, en quête de ce qui aurait échappé à la vigilance collective. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 53 Je pourrais considérer alors que les projets des couches inférieures seraient abandonnés aux visiteurs de passage et ceux qui surnageraient pourraient, en se rappelant à mon souvenir par leur présence insistante, se développer sur la base de ce compost conceptuel. Alors pour chaque projet le visiteur pourra cliquer : Aucun intérêt (Deep-Dump) mmouais… (wait and see) J’aimerais voir (keep it) à réaliser absolument (should be done) En entrant dans le blog on verrait des lignes horizontales, des strates, chacune correspondant à un projet. Là elles ne sont pas ordonnées selon la chronologie mais selon leur classement en fonction des réactions. Les couches inférieures sont celles de la décharge profonde. Tout est disponible. Il est néanmoins possible encore soit de se servir soit de se prononcer : Je prends (keep me posted) À sa place (forget it) À reconsidérer (think about it) 54 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Arty Wall Paper art-merchandising, wallpaper 20 octobre 2006 Christophe Leclercq me rappelle un projet datant de l’année dernière. Plus de la déco. Créer des papiers peints modernisant sensiblement notre environnement. Le papier peint « Palais de Tokyo » par exemple. Un mur de graffitis tellement réaliste qu’il semble présent. Vendu au rouleau pour faire de grandes surfaces. Imaginez un appartement bourgeois, fauteuils Voltaire, console Louis XV, avec un mur recouvert de ce papier peint façon « Friche ». Quel sentiment de modernité envahit le visiteur devant la déco hardie du lieu, sans concession… Derrière le papier, les lambris bien sûr sont soigneusement conservés. Un exemple de bon goût L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 55 Title TK note 20 octobre 2006 Players : Thierry Kuntzel, Christophe Leclercq Remarque de Christophe : The Dump fait penser dans son esprit aux notes de Thierry Kuntzel publiées dans Anarchive, Tittle TK, collection créée par Anne-Marie Duguet. Il est vrai que je me suis fait la remarque - découvrant ces carnets assez fascinants de lucidité - qu'il était regrettable que je ne garde aucune trace des concepts et réflexions qui viennent agréablement encombrer le chemin quotidien. Garder la trace, Si ce n'est pour les autres au moins pour moi. Je fais trop confiance à la catalyse créative de l'oubli. Comme la myopie qui force à inventer l'information manquant dans le flou du regard, l'oubli oblige à reconstruire de nouvelles briques dans l'architecture mémorielle déficiente. Myope et à la mémoire courte, je cumule décidément les privilèges… Thierry aurait-il utilisé le blog comme bloc note si la chose avait été techniquement possible à l'époque? 56 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Emotional Forecast Net project in the series Mechanics of Emotions Net, come back, critical fusion 20 octobre 2006 Players : Evo Concept développé dans le cadre de la Mécanique des Emotions. Architecture bâtie sur le modèle des systèmes prédictifs du stock market. Utiliser les données des jours précédents pour projeter l'état émotionnel de la planète dans 15 jours. Evolution : Devient intéressant si la chose a un impact non en tant qu'information sur le futur mais en tant qu'aide à la décision. La version au jour le jour ne serait disponible que sur abonnement, très cher, destiné au milieu des finances et de la bourse. Anticiper l'état émotionnel de la planète c'est prévoir des bouleversements importants et anticiper les actions de matière de placement. Un nouveau degré dans le vaporware? Comment une fiction a un impact concret sur la réalité et les limites du système. Payer sa naïveté. L'Emotional Forecast est une fiction réaliste. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 57 Les players et le mur/monde note, Dump structure 21 octobre 2006 Pour moi, termes d’échange, la création c'est un peu comme le tennis, si l'on joue avec soi-même c'est le mur / le monde qui renvoie plus ou moins bien la balle. Si, à l'occasion d'une rencontre, on se trouve face à un bon joueur, qui renvoie bien la balle, n'hésitant pas à chercher nos failles de défense ou d'attaque, alors, miraculeusement, on joue comme jamais. Le pire, pour moi, est l'absence totale de rebond. La balle est lancée et elle ne revient jamais. A servir dans le vide on s'épuise ou on s'ennuie. Dans ce qui suit, les « players » sont ceux qui participent, de manière intentionnelle ou accidentelle, à l’émergence du projet, renvoyant la balle au bond en infléchissant sa trajectoire. 58 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Art Trap art-merchandising, interactive installation, Net, come back, critical fusion 21 octobre 2006 C’est un projet que j’ai conçu alors que je travaillais sur Art Impact pour le centre Pompidou en 2000. Le renversement qui s’est opéré dans l’attitude de l’institution lorsqu’un sponsor a proposé de cofinancer le travail était assez spectaculaire. Nous sommes passés d’une commande d’œuvre et d’exposition –et j’en remercie au passage Daniel Soutif qui passant outre les obstacles, a rendu la chose possible-, malheureusement sous financée, comme il se doit, à une location d’espace. Ce revirement d’attitude, non de la part de Daniel Soutif mais de gestionnaires du Centre, était suffisamment spectaculaire et intriguant pour que je me propose d’en faire un dispositif spécifique. ART TRAP était né, resté à l’état de concept je présume qu’il a sa place ici, dans le purgatoire des projets. Art Trap (littéralement « le piège à art ») est fondé sur l’idée que l’économie des institutions artistiques est un permanent compromis avec les financeurs. Certains diront que c’est toute l’histoire de l’art qui est logée à cette enseigne. Je propose donc de prendre possession d’un espace d’une surface minimum de 16m² dans un musée. Je dis L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 59 bien « un musée » et non une galerie. C’est cet espace dédié à l’art dans sa version la plus institutionnalisée qui m’intéresse ici. Je construis 4 murs qui délimitent un espace clos sans plafond. Au milieu de chaque mur une ouverture de porte sans porte. Au dessus de la porte un projecteur tourné vers l’intérieur. En ligne, proposition à qui le souhaite, d’acquérir cet espace de visibilité. Chaque volontaire/mécène investit la somme qu’il souhaite et il obtient la visibilité proportionnelle à l’ensemble des engagements en ligne ; Le premier voit donc son logo, son nom, son image de marque, aussi occupant la totalité du mur en face du premier projecteur. Dès que le second arrive pour un montant égal chacun n’occupe plus que la moitié de l’espace et ainsi de suite. Lorsque le nombre de « mécènes » devient significatif, je viens avec plâtre et truelle, réduire la taille des ouvertures pour augmenter la surface « louable ». Après un temps, les 4 portes ne laisseraient passer qu’un visiteur de la taille d’un chat. Et la visibilité tant réclamée se réduirait aux cameras de surveillance qui rendent compte, en noir et blanc et en ligne, de la présence effective des « mécènes » et de leur logo. L’argent ainsi obtenu, après déduction des frais et taxes, serait partagé entre le musée loueur de l’espace et l’artiste qui pourra, sur le relevé bancaire en ligne, rendre compte de l’usage fait de cet argent, 60 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre dépenses de survie ou de plaisir. Un écran à l’extérieur de la boite pourrait diffuser en temps réel l’état du compte : dépenses et paiement des mensualités. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 61 DNA Fields and Frames Tissage et réseau art-merchandising, Net 21 octobre 2006 Players : Derek Pr Université de Rotterdam durant sa conférence sur les recoupements ADN pour le diagnostique précoce Il me revient que j'ai toujours rêvé de tisser de l'information. Trouver un métier à tisser (le précurseur avec Jacquard de l'informatique) qui puisse être piloté de manière à tisser des surfaces draps, nappes, tapis. À partir de textes religieux, de messages d'espoir ou désespérés, d'ADN correspondant à des communautés spécifiques. Les variations de couleur ligne à ligne, le flux informationnel linéaire converti en surface comme la trame vidéo transforme le temps en espace. On pourrait alors vivre, manger, dormir, marcher, prier sur des vies, des pensées… 62 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre DNA Race Interactive Scientific competition 21 octobre 2006 Players : conférence V2 Rotterdam Parfois le débat vient sur la question du scientifique qui se considère comme un artiste soit par l'effort de représentation qu'il déploie dans sa pratique soit parce qu'il considère que la créativité engagée dans son travail le rapproche de la pratique de l'artiste. Proposer une action symbolique qui mette en jeu la question de la représentation non pas au service d'un hypothétique objectif esthétique, mais à celui d'une meilleure qualité d'interprétation. La compétition est telle, dans le milieu scientifique, que la rendre tangible renforcerait le double enjeu d'image et de performance. En regardant une présentation avec illustration de la manière dont l'ADN s'entortille comme une corde que l'on ne cesserait de tordre. DNA Race Une corde par équipe. Cette corde est tordue par défaut d'un nombre fixe et calibré de tours. Deux scientifiques qui, pour soutenir leur équipe, tirent de chaque côté de la corde pour la tendre autant que possible. Il ne s'agit pas d'entraîner l'autre dans sa direction mais de transformer les méandres de la corde en une ligne aussi droite que possible. Face à un écran de réalité virtuelle (ou dans le Cave) se trouve un tapis de course (en référence probablement au travail de Marnix de Nij Run Mother Fucker Run que j'ai vu ici même à Rotterdam). Le sportif de chaque équipe court face à l'image de l'intérieur de la chaîne d'ADN L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 63 comme dans une piste tubulaire qui suivrait les méandres de la corde physique. Au début de la course, la piste est très perturbée, enchaînant sans discontinuer montées et descentes. La difficulté d'entraîner le tapis est liée à la pente virtuelle. La pente virtuelle est liée à la corde physique qui dépend de l'effort déployé par l'équipe scientifique pour transformer la piste en une ligne droite. Le son pourrait accompagner l'alternance des segments d'ADN rythmant la course, introduisant peut être des difficultés supplémentaires avec la nécessité pour chacun, comme dans un jeu de piste de marquer certaines zones rencontrées sur le parcours, repérer des discontinuités, des anomalies. Un des enjeux de la compétition pourrait être de trouver le mapping, la représentation du code génétique, le plus facile à traiter de manière à ce que le chercheur/coureur puisse effectuer son opération de repérage de la manière la plus rapide. Comme une voiture de course bien préparée, les choix de représentation effectués par l'équipe témoignent de sa capacité à créer un outil scientifique performant. 64 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Come Back note, Dump structure 21 octobre 2006 Des projets anciens qui reviennent à la mémoire avec une actualité nouvelle. ART TRAP est un come back. Les come back oscillent entre obsessions et serpents de mer. Il arrive que sous la pression des résurgences multiples ils finissent par trouver la forme qui permettrait leur éclosion. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 65 Le JEU note 22 octobre 2006 J'ai eu à plusieurs reprises au cours de ces quinze dernières années, l'occasion de mentionner ce que j'appelle le Jeu. Ce qui dans les activités humaines ne relève pas de la survie physique (se nourrir, se protéger, se reproduire) mais de l'incapacité de l'homme à accepter la confrontation avec l'absurde de son existence (Pascal, Camus…). Les activités ludiques, passe-temps (jeux de patience), répondent dans les urgences de survie, à la nécessité de justifier artificiellement le temps que l'on ne consacre pas à la survie physique et que la conscience nous conduit à apprécier dans son incommensurable vacuité. Ces jeux sont multiples parmi lesquels nous pourrions compter : la philosophie, la théologie, la recherche scientifique fondamentale, l'art, le jeu… Une convergence insoupçonnée qui nous fait partager le sort et l'ambition de ceux que l'on croirait, dans leur pratique, les plus éloignés. 66 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Banlieue Blues note 27 octobre 2006 Players : France Inter, 1 an déjà Quand j’étais petit (5-8 ans) il est un lieu qui exerçait une véritable fascination sur certains enfants du quartier (Sarcelles puis Garges-LèsGonesse) c’était le Fort de Stains. Ce fort abandonné était éloigné de plusieurs kilomètres et il fallait passer des barbelés par des chemins masqués par la broussaille. Mais les lieux étaient magiques telle cette coupole à canon (je découvre maintenant qu’on parle de coupole Mougin), vide de ses canons mais dont le rail hélicoïdal laissait imaginer le fonctionnement, était comme la salle d’apparat d’un château miraculeux. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 67 68 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Plus tard, à Gonesse, c’est l’hypermarché Carrefour, un des premiers de France qui jouait ce rôle. Il y avait ce mélange de rêve et d’interdit qui constituent ces attracteurs étranges. Peut-on retrouver cette même fascination dans les lieux représentés des jeux vidéo ? Quel imaginaire peut se construit entre les ruines militaires et les têtes de gondole ? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 69 Back Frame critical fusion, live performance, object, Augmented Reality 30 octobre 2006 Players: FIAC 2006 Les médias construisent une image du monde qu’ils voudraient frappée du sceau de l’authenticité plus que du merveilleux. Les reality shows font converger l’ensemble des regards vers un groupe singulier, pris pour son apparente normalité, et que le regard collectif et l’alchimie médiatique transmutent en exceptionnel. Le projet de la peinture jusqu’au milieu du XIXème siècle était le plus souvent de transposer l’exceptionnel en lui conférant une substance tangible. Renversons la proposition. Back Frame est un dispositif de taille réduite qui vient s’intégrer au cartel qui accompagne quelques tableaux, majeurs ou mineurs, d’un grand musée. Il contient une camera et un dispositif de transmission wifi. Chacun peut alors avoir chez lui un écran de la taille du tableau original. C’est son intérieur qui devient objet des regards, c’est son monde qui devient l’œuvre qu’un public attentif défile pour admirer. Certains se penchent même pour voir le détail et apprécier la facture : ceux qui s’approchent pour lire le cartel. Chaque pièce à un titre: Les Arnolfini Back Frame La Joconde Back Frame L’enlèvement des Sabines Back Frame La Femme qui pleure Back Frame Si l’auteur du tableau est auteur du regard qu’on porte sur lui, alors il faudrait signer chaque pièce par son nom. 70 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Traité d’art moyen theory, writing 27 octobre 2006 Players : la Fiac et la Fiac Off (ça sonne comme une injure US) Écrire un Traité d’art moyen. Pas sur la photographie en hommage à Bourdieu, mais sur toute cette production d’art de salon qui fait la Foire. Même les meilleurs semblent choisir le plus vulgaire de leur travail, de l’art vite compris, assorti aux fauteuils du salon. L’art moyen a ses écoles et ses manuels. C’est du travail mais même l’académisme nécessite un peu de talent. Au début des années 80, agacés par le retour à la figuration qu’on qualifiait de « libre » comme on parle de l’école libre, nous avions imaginé de créer un groupe « suiviste » qui tâcherait, laborieusement, de faire et refaire ce que d’autres avaient fait, souvent mieux, L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 71 auparavant. Mais la motivation manquait, déjà, pour aller jusqu’au bout du projet. D’autres sont plus persévérants. L’avantage de l’art moyen, c’est qu’il se vend bien. En fait, peut-être pas si bien que ça. 72 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Start by the Ass artist career design 28 octobre 2006 Players : Florent di Bartlolo Florent me fait part du fait que sur les sites qui recueillent des milliers (des millions) de vidéos, celles qui sont le plus souvent consultées sont celles dont l’image initiale représente une paire de fesses. L’exemple proposé est un extrait de Tango de Zbigniew Rybczynski qui commence par la scène où la fille se déshabille, extrait qui semble avoir un succès fou. Si les modes de reconnaissance et de validation de l’image (sinon de l’art) induits par le réseau sont de cet ordre, le vote, construction par défaut d’une possible démocratie du jugement, il faut reconcevoir les motifs de la création. L’idée est loin d’être neuve : Ingres, Boucher ou Delacroix l’avaient comprise, mais il conviendrait, au delà d’un truc de communication supposé ouvrir les âmes au sens profond de la création, d’imaginer des stratégies d’une vie, clefs en main, pour artistes en quête de raccourcis historiques. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 73 Le projet en question est un « projet de carrière d’artiste ». Penser une œuvre est une chose, penser l’ensemble d’une « carrière » en est une autre : Certains choisissent une signature graphique (les bandes Buren), un trait formel (les gonflables métallisés de Koons) d’autres compressent les objets ou renversent le portrait, sans que la redondance et ou la réitération ne nuisent à la qualité de leur travail. Le projet ici est de réaliser une carrière d’artiste dont toutes les œuvres commenceraient par une paire de fesses. Reste à savoir si d’autres n’y ont pas déjà pensé… 74 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre COBA Coming Out Bag Art art-merchandising, critical fusion, live performance, object, product placement 1 novembre 2006 Players : Isabelle Arvers Isabelle mentionne les Shoping Bags de Sylvie Fleury. Sans trop comprendre de quoi il s'agit, je propose la création de dispositifs autoinstallables à déposer dans les musées. Ça se présente sous la forme d'un sac que l'on oublie négligemment dans une salle intéressante d'un grand musée. Comme une bombe à retardement une horloge déclenche l'ouverture du sac et le gonflage de la structure qui se déploie dans le musée comme une pièce de l'exposition permanente. L'enveloppe du sac se déplie, la base contient une batterie et un compresseur. Le cartel est cousu à même l'œuvre : Gonflé, date, auteur. Prévoir plusieurs exemplaires ou variantes dans le cas où le "Gonflé" serait détruit par les services de sécurité. Documenter l'action en vidéo et photo. Il en restera toujours quelque chose. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 75 SpeleoShow live performance, light 1 novembre 2006 Players : Marianne Descamps, Wolf Ka Nous parlons du Pavillon Noir du Centre Chorégraphique d'Aix en Provence… Le projet : Un spectacle chorégraphique dans le noir total. Les danseurs sont munis de casques de spéléologie. La lampe au sommet du casque est focalisable. Elle projette un faisceau tubulaire ou conique. Le spectacle se déroule en plusieurs temps. Scène 1 : fumée. C'est le faisceau tubulaire qui est visible. Les rais de lumière définissent des espaces, explorent la salle et le public, créent des surfaces, jouent la parallèle ou l'intersection. La chorégraphie contourne ces frontières de lumière, ces obstacles qui révèlent ceux qui les approchent. Scène 2 : la fumée s'est dissipée. C'est l'impact de la lumière qui devient visible sur les parois de la cage de scène. Ces surfaces contiennent des zones blanches sur lesquels les points d'impact lumineux viennent s'écrire. Un tulle pourrait fermer l'avant scène pour recevoir la lumière comme dans Cent objets pour représenter le Monde de Peter Greenaway. Dans la scène 1 le même tulle pourrait retenir partiellement la fumée Scène 3 : les faisceaux lumineux s'élargissent pour devenir coniques. C'est l'orientation de la tête du danseur, expression de son regard, qui éclaire un autre danseur. S'éclairant l'un l'autre, les danseurs rendent visible la chorégraphie jusque-là strictement lumineuse. Wolf évoque le fait qu'il a utilisé un casque comme ceci et qu'il ne serait 76 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre pas étonnant que Preljocaj ou Frédéric Flamant aient travaillé en ce sens. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 77 Thrills interactive installation, interactive image, sound and music 1 novembre 2006 Players : TGV, arrêt en pleine campagne. Le vent caresse une petite butte de terre couverte d'herbe et de graminées qui longe la voie. Il y a quelque chose de sensuel dans cette caresse et l'on sentirait presque la colline vibrer d'émotion. Sans le son, nulle violence dans le geste. L'herbe complaisante ou réticente réagit au contact comme les poils sur la peau. Certains mouvements plus amples rappellent le glissement des muscles sous la peau frémissante du cheval. 78 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dans cette relation complexe entre un flux et une matière particulièrement réceptive, on retrouve exprimée la richesse des nuances qui régissent les relations de groupe soumises à des flux d'information ou de pouvoir. Chaque brin d'herbe se courbe sous la caresse puis semble, lorsque le vent s'intensifie, plier sous la pression. S'il émettait un son traduisant d'abord le plaisir puis la résistance enfin la douleur, l'ensemble de la butte traduirait cette rencontre ambiguë en un concert murmuré. Les mouvements plus amples qui suggèrent une réaction de la terre comme un corps musculeux seraient traduits par une autre entité sonore participant au dialogue charnel de la nature qui s'abandonne à elle-même. Comme à la surface de l'eau distordue par la houle et les vagues, c'est la zone de contact entre les deux éléments, ce qui constitue aussi en d'autres lieux la "peau" de l'architecture, qui traduit la qualité de la relation intérieur/extérieur, résistance à la différence des natures, à l'hostilité possible de l'extériorité, à la tentative de contact. Le dialogue s'instaure quand la matière a la souplesse de jouer la rencontre comme une partition à deux voix ou une chorégraphie à deux corps. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 79 Open Dump FAQ note, Dump structure 1 novembre 2006 Players : tous Deux questions reviennent souvent : 1 : Tout le monde peut-il déposer des projets dans le Dump ? MB : dans cette version (le Dump), le visiteur ne peut que classer ou commenter, quitte à proposer une variante ou un autre projet en commentaire. C’est pour moi un peu comme un bloc-notes. Dans The Dump, le projet decharge.net est ouvert à tous et à toutes les formes de contributions, mais ce n’est encore qu’un projet30. Un autre projet que je mettrai en œuvre rapidement permettra à tous les participants de contribuer en déposant leurs projets. Quelque chose come l’Open Dump. The Dump sera alors clairement une décharge privée ouverte à tous, et l’Open Dump une décharge publique tout aussi ouverte. 2 : La deuxième question la plus fréquente est : peut-on s’approprier librement les projets du Dump ? MB : bien entendu. C’est l’idée. Merci toutefois de me raconter ce que ça devient. Il n’y a aucune obligation de mentionner l’origine du projet. J’apprécierais cependant d’en connaître les évolutions. Je pourrais alors introduire des liens sur le site pour faire connaître le devenir des projets. 30 www.opendump.org a été créé et mis en ligne depuis. 80 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Transe Linguistique note, Dump structure 2 novembre 2006 Vous trouvez qu’un projet pourrait intéresser certains qui ignorent tout du français. Vous pouvez proposer une traduction d’un ou plusieurs posts soit en me faisant parvenir votre proposition soit en cliquant sur le drapeau de la langue visée, s’il est présent, et en rédigeant la nouvelle version sous forme de commentaire. N’oubliez pas de signer vos traductions ! Avec tous les remerciements des dumpers réunis. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 81 Appartement Témoin art-merchandising, critical fusion, wallpaper, installation 4 novembre 2006 Le phénomène semble se généraliser qui remplace la chose par sa représentation commerciale. Dans le discours télévisuel, le programme est officiellement devenu le prétexte et la publicité le texte proprement dit. Notre environnement doit s’adapter et les objets qui meublent notre quotidien être remplacés par leur représentation tarifée. Le temps d’attention de chaque consommateur potentiel étant la vraie valeur marchande, l’information devient gratuite (web, quotidiens…) supportée dans tous les sens du terme par la publicité. L’appartement Témoin est un logement gratuit. Meublé, si l’on peut dire par le papier peint publicitaire qui donne à voir les meubles à vivre, au meilleur prix. 82 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Papier Peintre (Wallpaperist) artist career design 31 4 novembre 2006 Dans la lignée des carrières d’artiste possible, on peut imaginer de consacrer sa vie à la création de papiers-peints à haute valeur symbolique. La surface du monde et son appropriation symbolique prenant le pas sur sa substance, on peut penser, à moindre frais, produire en toute circonstance un revêtement mural signifiant. D’autres projets précédemment mentionnés entrent dans cette catégorie. 31 Design de carrière d’artiste (catégorie) L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 83 Product Placement art-merchandising, critical fusion, product placement 4 novembre 2006 Chaque œuvre, dans un contexte d’exposition est sa propre publicité. L’exposition rend public, mais c’est aussi une « exhibition ». Dans le contexte de l’Entertainment, rendre public un produit est devenu pratique courante. La fusion entre production et promotion est totalement consommée. Allons jusqu’au bout de la logique du système en proposant d’exposer dans un musée ou une collection prestigieuse une œuvre qui ne serait rien d’autre que la promotion d’une autre. La pièce support promotionnel doit reprendre les traits stylistiques de l’art contemporain dans sa variante académique. 84 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Open Dump Megalo note 4 novembre 2006 Players : JBB L’Open Dump (opendump.org) est la version ouverte du Dump où chacun peut déposer ses projets et les rendre disponibles à ceux qui n’attendent que l’étincelle pour produire ou réaliser. Tout participant à l’Open Dump peut donc alternativement être force de proposition (concepteur), de commentaire (critique), de sélection (curateur), de production (producteur), et/ou de réalisation (réalisateur). On pourrait penser que l’OpenDump vise, dans son extension maximale, à devenir au possible ce que Google est à l’existant. Par chance, contrairement à la surexploitation de la faune aquatique par la pêche industrielle, l’Open Dump, naturellement artisanal, n’est pas prés d’écluser l’océan des possibles artistiques. Pour Google je ne sais pas. On sait que l’œuvre n’acquiert son statut que dans la réalisation. Les idées ne sont pas brevetables, et c’est une bonne chose. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 85 NoCA No Comment Art note, ready made, No Comment (NoCA) 6 novembre 2006 Trouvé sur Google : 86 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre NoCArtiste, No Comment Artist artist career design 6 novembre 2006 Au delà du Ready-Made Artist qui en a fini de traverser le XXème siècle, le No Comment Artist pourrait être celui qui présente les faits, assumant la désignation, non comme gesticulation dénonciatrice (montrer du doigt) mais comme geste ultime, désespéré, pour ne pas dire ce qui est criant. Le NoCArtiste se satisfait d'extraire du monde ce qui mérite d'être rendu visible, sans adjuvant, sans excipient esthétique, et sans garantie que la médecine fasse son effet. En cela, le No Comment Artist se rapproche du Placebo Artist, qui de l'hacktiviste au militant de la sociologie esthétique traite naturellement les maux qui disparaissent d'eux-mêmes et n'a que peu d'effet sur les maux durables. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 87 AMA (Already Made Artist) artist career design 6 novembre 2006 Players : Edouardo Kac Edouardo me fait remarquer que le projet La Ligne (cf. plus bas) a déjà été réalisé par Santiago Sierra qui a payé 30 US$ à des cubains dans le besoin pour leur tatouer sur le corps une ligne de 2,40m. Même si les projets diffèrent par la surface d'application (des collectionneurs dans le cas de mon projet), je dois admettre que j'ai probablement entendu parler de ce projet. Et voilà que je le croyais tout neuf! Me vient alors l'idée qu'un artiste pourrait choisir de ne plus consacrer son travail à la documentation, représentation, illustration, interprétation, dénonciation, révélation de ce qui l'entoure mais plutôt à choisir et à refaire ce qui a déjà été fait par d'autres. La musique nous a familiarisés avec la notion d'interprétation et on ne reproche jamais au chef d'orchestre ou au musicien de ne pas avoir écrit la partition qu'ils interprètent. Rien n'exclu que l'interprétation d'une œuvre antérieure ne soit meilleure, comme en musique, que l'interprétation de son auteur original. La version originale de La Ligne en ligne : http://www.santiago-sierra.com/996_1024.htm 88 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Art Sublim(inal) video 7 novembre 2006 L’image-mouvement pourrait ne laisser apercevoir ses mutations que lorsque le spectateur dilettante la quitterait des yeux. On l’a assez répété, l’image animée doit parfois jouer de mutations rapides pour, grâce à la persistance des impressions rétiniennes, donner l’impression de continuité de mouvement dans une succession d’images fixes. Paradoxalement, une variation très lente dans l’image, même lorsqu’elle affecte une partie importante de celle-ci, reste totalement imperceptible pour le spectateur attentif. La moitié bleue de l’image peut devenir rouge, si cette mutation dure trois minutes, il est probable qu’elle passe totalement inaperçue. Le spectateur inattentif, lui, la voit ! Il regarde l’écran puis passe à autre chose, quand il revient, la rupture est suffisamment importante pour devenir remarquable. La perception du mouvement résulte alors de l’inattention. L’esthétique cinématographique marquée par les notions de séduction/fascination/récompense que l’on retrouve dans le caractère supposé déceptif de l’art contemporain, est alors contredite ici, seul l’indifférent est récompensé car il est le seul dont la perception ne sera ni anesthésiée ni abusée par la continuité. L’esprit en éveil récrée l’intermittence et la séquentialité qui fait défaut à la surenchère chronique de sollicitations informationnelles. Pour que la révélation ait lieu, le spectateur doit à son tour devenir l’intermittent du spectacle. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 89 Fan Addict artist career design 8 novembre 2006 Players: we-make-money-not-art.com, Manuel Braun Il est symptomatique de voir comment certains objets prennent une place symbolique renouvelée dans le champ de la création interactive. Le ventilateur constitue un de ces objets qui font maintenant partie de la panoplie de l’artiste « émergent ». Et ceci n’est probablement pas sans raison. On n’en finit plus de dire que notre interaction avec le monde est multi-sensorielle, kinesthésique, que l’art devrait s’exercer sur des sens jusqu’alors trop ignorés de la rhétorique plastique. Contrairement au générateur de parfum et aux sources de chaleur, le ventilateur est très réactif. Il touche l’ensemble du corps. Il représente définitivement l’immatériel réifié. C’est clairement, de l’ensemble des media, le seul qui décoiffe vraiment. 90 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Il est intéressant de constater qu’une des œuvres emblématiques des débuts artistiques de l’interactivité soit La Plume d’Edmond Couchot, Michel Bret et Marie-Hélène Tramus. Là, c’est le public qui souffle et l’image qui bouge. C’est un juste retour des choses que dans une pièce comme Blow Up de Scott Snibbe (2005), le public soit enfin physiquement touché par l’œuvre, avant que le phénomène ne s’étende, multipliant transitions et passerelles entre espace physique et espace physique (après espace physique et représentation). Vers une esthétique du vent ? En architecture, les murs ont été progressivement remplacés par le verre, par l’image, et bientôt par le vent (déjà les murs d’air des salles d’opération des hôpitaux modernes…). Bref j’imagine avec intérêt que nous voyions venir des artistes qui décident une fois pour toutes que leur œuvre ne sentira pas la térébenthine, ne produira pas d’image, et ne cherchera pas à juxtaposer parapluies et machines à coudre mais produira du vent, savamment maîtrisé ou habilement libéré, sans que cette œuvre soit le moins du monde considérée comme inconsistante. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 91 Black Hole interactive installation, fan art 8 novembre 2006 Dans une période où la sensation redevient une valeur acceptée par le monde de l’art, James Turrell, Anish Kapoor, Olafur Eliasson, on peut, dans le même esprit, penser que les artistes du vent (Fan Addicts, cf. plus bas) pourraient travailler l’intensité par le vide. De Klein à Turrell, on a cherché à créer une véritable aspiration de l’âme par forfait de la rétine (on ne parlera jamais assez du retour du rétinien dans la période contemporaine). Assumons la littéralité du propos, et après l’immersif promulguons l’aspiration supposée pleine de nos espoirs et de nos doutes. La surface affectée est au travail de Turrell ce que la fenêtre est au tableau de la Renaissance. Il s’agit d’un trou, donnant sur un espace noir, sans reflet, absorbant la totalité de la lumière. Quand on passe devant on est comme physiquement happé par le vide d’air entretenu à l’intérieur. Le dispositif oblige à se tenir à distance, et là, seul un rectangle noir semble collé à 92 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre la surface du mur. La minceur de ce dernier pourrait donner l’impression de l’épaisseur d’une toile tendue sur un châssis à la perspective inversée. Mais là, pour le marchand, c’est dur de vendre du vent, et plus encore quand l’œuvre prend, en lumière et en air, plus qu’elle ne donne. Et pour le Fan Addict, il se pourrait que ce soit la présence visuelle de l’hélice qui manque. Si création il y a. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 93 Das Es (Ça) interactive image, light 11 novembre 2006 Peinture, lumière Les limites de la perception définissent le territoire du doute. On présuppose que l’œuvre picturale doit tenir de l’énigme pour activer dans l’esprit du regardeur les mécanismes d’interprétation qui contribuent à l’émotion esthétique (que de certitudes, qu’il faut parfois abandonner pour retrouver intact le plaisir de la chair). Une toile blanche. Peinte uniformément. Un autre monochrome. Alors une lumière fugace qui marque plus par la persistance de l’impression qu’elle laisse sur la rétine que par la durée d’impact réel devrait créer cette vision. Une sorte de retour forcé du refoulé. Le regardeur attentif peut distinguer, croit-il, une silhouette qui flotte à la surface mais disparait dès qu’il tente de mieux la voir. 94 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Une surface de Leds, derrière la toile, éclaire une fraction de seconde, laissant apparaître par transparence le contenu, le temps d'être absorbée par la surface blanche. Le sujet de l’apparition n’est révélé au propriétaire de la toile que lorsqu’elle lui est livrée. Le contenu n’est déterminé par l’artiste qu’à la suite d’une discussion plus ou moins longue avec le futur collectionneur. Le message subliminal lui est destiné. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 95 Note 18 : L’artiste mort note 11 novembre 2006 Le contraire de l’artiste contemporain est l’artiste mort. 96 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Les indiens sont encore loin note, artist career design 14 novembre 2006 Players : Haunted de Chuck Palahniuk Qui a dit : un bon artiste est un artiste mort? Ceci est une fiction et Chuck Palahniuk, que je n'ai pas l'heur de connaître, n'est pour rien dans l'hypothèse suivante. Ce n'est pas son livre dont le titre est si mal traduit en français (À l'estomac pour Haunted) qui est une véritable mine de suggestions artistiques. Ce n'est pas lui non plus qui suggère que pour devenir un artiste célèbre il faut tuer ceux qui occupent la place et que certains collectionneurs et certains galeristes seraient prêts à payer pour cela. Sans même pratiquer la chose au point que l'assassinat devienne un des beaux-arts, il peut devenir une pratique suffisamment systématique et radicale pour que l'auteur soit apprécié, et c'est là l'originalité de la proposition de celui qui n'est pas Chuck Palahniuk, non pour la beauté du geste, mais pour les places qu'il lui fait gravir dans le gotha de la création contemporaine. Ne laissons pas la psychanalyse s'emparer de telles hypothèses. Jouissons de l'idée que plus la côte d'un artiste est élevée plus sont nombreux les cadavres qui jalonnent sa carrière. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 97 Pas de fleurs coupées pour Florence Net, writing 15 novembre 2006 Players : France Inter, David Guez, Jean-Pierre Balpe Je me réveille avec l’interview de DG qui raconte comment il envoie un message à sa douce dans le futur. Bonne idée ! Mais que deviennent les mots avec le temps ? Comment résonnent-ils coupés de leurs racines ? Ne faudrait-il pas songer à offrir une lettre qui toujours vivante, continuera de se développer avec le temps qui passe. Une lettre qui progressera, se ramifiera, multipliera les bourgeons littéraires et les éclosions flamboyantes. Le Net n’est pas qu’un mode de transmission, c’est aussi un espace symbolique qui joue du temps comme l’image joue du plan. La seule forme possible, non inerte, pour un message reçu dans le futur qui ne resterait pas lettre morte, est une lettre susceptible d’évoluer superbement, voire de se faner et de s’autodétruire en l’absence de lecteur pour la recevoir. 98 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Chez VW, le battement d’aile de coccinelle ne manque pas d’air note, interactive installation, Net, interactive image, live performance, theory, installation 15 novembre 2006 Le mapping serait-il la mutation numérique de la métaphore ? Les tropes s’attrapent par paire, de nos jours binaires ou de paires en pairs chacun trouve un compte plus ou moins bon, relativement satisfaisant, et certains termes que l’on pourrait traduire par transposition, plaquage, nappage, cartographie prennent un sens singulier et néanmoins délicieusement révélateur. Nombre d’œuvres qu’on tague « numériques » fondent leur dimension poétique sur l’art du mapping. Il n’est pas question ici de technologie, mais de transposition au sens rhétorique et musical. Quand les chaînes causales rejoignent les associations poétiques, le mapping trouve une place attendue et confortable. Les faits se plaquent l’un sur l’autre sans que pour autant l’excitation esthétique opère. Projet : C’est ainsi que le spectateur, esclave et maître du spectacle, voit l’image ciller au rythme de ses paupières qui trahissent l’ennui comme l’excitation. Quand les phases béantes de cette intermittence vomissent le flot mal digéré de la télé. Le zapping piloté par le papillon dans sa cage qui de l’aile coupe le flux continu de la télécommande qui dit quand et comment l’image suffit. Le battement devient nombre et les programmes s’enchaînent en plans débridés. Le montage asservi à rien, sinon à l’alea du libre cours du corps sans sens, à la rythmique physique, pertinente au-delà des signes en suspens. C’est ici la chaleur L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 99 qui pilote le lépidoptère. Elle nous dit qu’ailleurs, à Sydney, le soleil faiblit. Lui qui se reflète sur les lunettes miroir d’une pin-up qui se gratte d’aise face à l’image en ligne d’un bellâtre qui luit, s’en fout car il pense que l’art est affaire de loto. Le hasard a ses lois que l’art ne connaît pas. Toujours. 100 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Pourfendeurs de champs Effet d’optique interactive installation, interactive image 15 novembre 2006 Puisque l’on peut suivre sans effort les dérives du regard sur l’image, imaginons une forme déviante de la stéréoscopie, supposée rendre « solide » le regard, construisant un espace pervers, de l’ordre de ceux qui se confondent en effets de plaisir, dans lequel la distance relative augmente avec l’intensité du regard sur la chose. Plus tu m’intéresses, plus tu me sembles loin. L’objet du désir, convu plus que convoité, sans dégradation linéaire réduction perspective de la taille - s’éloigne du regardeur, voyeur mal vu de la scène. Ce n’est pas ici le transtrav (« effet Husum » disent les exégètes de l’optique cinéphilique contre-nature) de gaie mémoire, mais le trouble définitif du sens en dérive, de l’inassouvi enfin hors d’atteinte. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 101 Recycling Cut Outs art-merchandising, object, wallpaper, recycling, not sure 17 novembre 2006 Dans l’univers confiné de l’ordinateur, il est une catégorie d’information considérée comme de moindre importance que celle qui est mise à la corbeille. Ce que l’on jette semble valoir plus que ce que l’on coupe. Si l’on s’intéresse à l’écologie de l’espace de travail, il faut prendre en compte ce qui est délaissé au point qu’on ne sache pas quel équilibre précaire, sémantique ou mémoriel, pourrait se voir, avec le temps, remis en cause par cette inconséquence. Introduisons une fonction qui conserve, comme la corbeille sur le bureau de l’ordinateur, tout ce qui est coupé : textes, sons, chutes de vidéo ou d’images recadrées. Tous ces fragments jugés inutiles au point qu’on ne nous demande jamais de confirmation pour leur élimination et qu’aucun lieu-tampon (comme la corbeille) ne constitue pour eux un purgatoire parfois salvateur. Il faut penser aussi à recycler afin qu’un jour, de la résurgence de ces fragments surgisse un message que la précipitation quotidienne aurait ignoré. Deux projets possibles qui recyclent simultanément le physique et le numérique : Récupérons d’un côté ces laissés pour compte de l’information et de l’autre le papier des corbeilles physiques rassemblant les rebus de l’imprimante. 102 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre De ce papier recyclé produisons du papier toilette et du papier-peint sur lesquels, éliminés pour l’un, valorisés pour l’autre, les parias de l’information achèveront leur destin. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 103 Reality Switch32 interactive installation, critical fusion, light, sound and music, installation 21 novembre 2006 Obsessed by converting the world into what it should be, we need a unique control that will give us the feeling of nearly-controlled ultimate power. I propose a series of works around the concept of a unique switch. Inside the white box, at the middle of the front wall: a switch. It is the only visible element of the exhibition. The visitor is irrepressibly compelled to press it. Then things happen. Not necessarily the same, not in the same order, not necessarily. 32 Commutateur de réalité. Obsédés par le fait de convertir le monde en ce qu’il devrait être, nous avons besoin d’une commande unique qui nous donne le sentiment d’une toute puissance presque maîtrisée. Je propose une série de travaux autour du concept d’un commutateur unique. Dans la boite blanche du lieu d’exposition, au milieu du mur du fond : un interrupteur. C’est le seul élément visible de l’exposition. Le visiteur est irrésitiblement attiré par l’idée de le présser. C’est alors que tout arrive. Pas toujours la même chose, ni dans le même ordre, pas nécessairement. 104 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre The switch editing is an old trick for a new kind of life zapping33. Samples : Switch on Of course the light can be deemed, and we understand that it comes from the wall themselves. Switch again One of the walls becomes a screen, and we are inside an elevator going upwards. Switch again A nice and well-designed kitchen with the ‘ideal’ family enjoying lunch. Switch again34 Darkness around us. The ambient sound that envelope us, gives us the feeling to be on a street, in the middle of a crowd. 33 Le montage par commutation est un vieux truc repris ici pour un nouveau genre de zapping de vie. Exemples : Interruption La lumière générale baisse et nous comprenons qu’elle vient des murs même. Un des murs devient une image : nous sommes dans un ascenseur qui monte. Interruption Nous sommes dans une cuisine très design. La « famille idéale », autour de la table, déjeune. 34 Interruption La lumière s’éteint. Le son nous entourre. Nous sommes dans la rue, dans le noir. Interruption Un programme de télévision diffusé au même moment. Interruption Des photographies sur les murs, autour de nous dans le lieu d’exposition. Le son nous suggère que nous sommes au milieu d’un vernissage. Boissons, potins. Les images aux murs représentent les visiteurs pris à leur entrée dans l’espace d’exposion. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 105 Switch again An ongoing TV program Switch again Images all around the white box. Snap shots. Black and White. Blurry smartly-framed pictures of the actual visitors captured when coming in. Sound: People during a contemporary art exhibition opening. Drinks and gossips. Switch again35 35 Interruption Un des murs devient la fenêtre d’un gratte-ciel vue de l’intérieur. Le son monte et nous donne l’impression que quelque chose vient de l’extérieur vers nous. Le nez de l’avion devient énorme. L’espace s’obscurcit brusquement lorsque le son devient insupportable. Juste avant l’impact. Interuption Nous sommes à nouveau dans le noir. Le son de rats grouillant autour de nous. Les possibilités sont illimitées 106 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre One wall/screen becomes the window of a skyscraper. The sound gives us the feeling that something big is coming towards us. We then see the nose of a huge plane coming right to us. When it is big enough to darken the whole window, and when the sound reaches the climax, everything becomes normal again. Before the impact. Switch again We are in the dark looking for the switch. Sounds like rats moving on the ground. The list is unlimited L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 107 Reality Switch and Sockets (RS&S) art-merchandising, interactive installation, interactive design, object, installation 23 novembre 2006 The switch is an object that can be put somewhere on a wall at home. You can get as many remote-controlled power sockets as you want. You plug radio, TV sets, light, music, and so on… Anything that you or your friends could switch at random as if asking a change would not mean asking for something.36 36 Commutateurs de réalité et prises. L’interrupteur est un objet que l’on peut mettre quelque part sur un mur chez soi. Vous pouvez obtenir autant de prises télécommandées que vous le souhaitez. Vous pouvez brancher radio, téléviseur, lumière, musique etc. Tout ce que vous ou vos amis souhaiteraient commuter au hasard comme si demander un changement dispenserait de dire pour quoi. 108 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Concept Art For Ever (CAFE)37 note, theory, questions 24 novembre 2006 Players: Peet Thomsen Peet asks me about the difference between "conceptual art" and "concept art" Nothing to say, but an example of what could be "concept art" that "conceptual art" wouldn't dare to be: Read on the Dump : "Why not make a sculpture out of marble?» 37 Concept Art pour toujours Peet me demande la différence entre Art conceptuel et Concept Art. Je ne voyais rien d’autre à dire que de proposer un projet qui pourrait être du Concept art mais en aucun cas de l’art conceptuel : Lu dans le Dump: Pourquoi ne pas faire une sculpture en marbre ? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 109 Reversed Concept Art (RCA)38 ready made, theory 26 novembre 2006 Players: Florence Benayoun To know if the “concept” is valuable by itself, we should try to produce the concept out of an existing piece of art. Preferably a good one! From Marcel Duchamp’s Fontaine: Put a trivial object on a sculpture base in a gallery, give it a metaphorical name and sign it. From Picasso’s Guernica: Make a painting about Guernica tragedy. Use black and white paint. Do it big enough to impress the viewer. Paint the light as a cut out surface. Cut everything you try to depict. Distribute eyes on the face where you find enough space. Put fingers at random at the end of what should be arms and legs… And try to do it well… 38 Concept Art Inverse Pour savoir si le concept vaut par lui-même, nous devrions essayer d’extraire le concept d’une œuvre d’art existante. De préférence une bonne! En partant de Fontaine de Marcel Duchamp: Mettre un objet trivial sur un socle dans une galerie, lui donner un nom métaphorique et le signer. En partant de Guernica de Picasso : Peindre la tragédie de Guernica. Utiliser de la peinture noire et blanche. Peindre la lumière comme si elle était découpée aux ciseaux. Découper tout ce que l’on projète de représenter. Distribuer les yeux sur le visage là où il y a assez de place. Disposer les doigts au hasard à l’extrémité de ce qui devrait être des bras et des jambes. Et tenter de le faire bien. 110 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Should I try with Piero Della Francesca, Michelangelo and Delacroix?39 What can we think of that? 1/ the concept don’t make the work. 2/ some works could have remained at the concept state. 3/ some concepts can be pieces of art if their statement constitutes their best possible achievement. Of course, this is a necessary, but not sufficient condition. 39 Devrais-je essayer avec Piero Della Francesca, Michel-Ange et Delacroix? Que peut-on en déduire? Que le concept ne fait pas l’œuvre. Que certaines œuvres pourraient en être resté au stade du concept. Que certains concepts peuvent être des œuvres d’art si leur simple énoncé en constitue le meilleur accomplissement possible. Bien entendu, ceci est une condition nécessaire mais non suffisante. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 111 Reversed Concept Artist artist career design 26 novembre 2006 One can decide to dedicate one’s artist life to produce concepts out of great masters’ works, and to publish them online.40 40 On peut décider de consacrer sa vie d’artiste à extraire les concepts des œuvres des grands maîtres et à les publier en ligne. 112 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Stealth Proactive Art Massage (SPAM)41 art-merchandising, Net, critical fusion, ready made, artist career design, recycling, not sure 26 novembre 2006 L’intelligence déployée pour franchir nos firewalls et autres filtres antispam, devrait être reconnue à sa juste mesure. On est proche ici de la tactique militaire et de la création à l'état pur. Les formes les plus efficaces font appel à l’art de l‘image comme à l’art de l’écrit. Elles touchent à des compétences variées. L’art de l’ « objet » : titre du message. L’art du texte qui tente de dire que non il ne s’agit pas de plâtre sous forme de gélules ayant des propriétés stimulantes propres à redresser un obélisque en gelée. L’art de l’image qui nous dit en couleur ce que nous ne voudrions pas lire en noir sur blanc. C’est là un art difficile. Alors que les artifices de la communication nous ont appris que les vessies sont belles comme des lanternes et que tout le monde le pense alors pourquoi rester isolé, nous prenons conscience du fait qu’il est inutile de résister et les Warhol du réseau devraient s’emparer des clichés magnifiés de la communication furtive (stealth communication) pour fonder une vision optimiste et soumise aux nouveaux dieux dont les pouvoirs dépassent les promesses, au moins en chiffre d’affaire. Exposons-les! 41 Massage d’art volontaire furtif L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 113 Never-Too-Early Art42 note, critical fusion, ready made, object, artist career design, installation 27 novembre 2006 Players: MACVAL Eleanor Eleanor: “I wanna leave my Teddy here” Should we say: “Children feel comfortable with contemporary art.” I have never heard her saying “I wanna leave my Teddy bear in a supermarket”. Or: “So many things are so childish that children feel like being at pre-school”. 42 Art : il n’est jamais trop tôt Eleanor (au MACVAL): Je veux laisser mon doudou ici. Faut-il en déduire que: Les enfants se sentent à l’aise avec l’art contemporain. Je ne l’ai jamais entendue dire : Je veux laisser mon doudou au supermarché ! Ou bien : Tant de choses qu’on y trouve sont tellement infantiles que les enfants s’y sentent comme à l’école maternelle. 114 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Cast in Brass43 object 28 novembre 2006 Teddy Bear, brass. Jeff Koons has understood everything! Make a child transfer object in a noble material as a piece of art, and you reach the target in the affect. How many collectors would enjoy getting their favourite Teddy Bear from their childhood cast in brass? and, watching the picture, Elea said : “could you please turn the light on?” I didn’t know how to say what I wanted to do! 43 Coulé en bronze Jeff Koons a tout compris ! Fabriquer un objet transitionnel dans un matériau noble comme œuvre d’art touche la cible dans l’affect. Combien de collectionneurs apprécieraient de posséder l’ours en peluche de leur enfance coulé en bronze ? Regardant l’illustration, Elea dit : est-ce que tu pourrais allumer la lumière ? Je n’ai pas su comment lui expliquer ce que je voulais faire. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 115 Look Dad, it’s you!44 note, critical fusion, memory, artist career design, recycling. 29 novembre 2006 Players: MACVAL Eleanor This morning, Elea came to me: “Look Dad, it’s you, on the book!” I’ve always dreamt about being on the cover page of great books. Done now! 44 Regarde Papa, c’est toi ! Ce matin, Elea vient me voir : Regarde Papa, c’est toi sur le livre ! J’ai toujours révé de faire la couverture de grands livres. C’est fait ! 116 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Of course immediately I thought that one could build one’s story, a media bio, using front pages, covers, posters, advertisements, tabloids. The world looks like us, and we share the responsibility of this resemblance.45 45 Bien entendu j’ai immédiatement pensé qu’on pourrait construire son histoire en utilisant les couvertures de magazine, les affiches, les publicités, la presse à scandale. Le monde nous ressemble et nous partageons la responsabilité de cette ressemblance. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 117 Stolen Life interactive installation, light, installation 30 novembre 2006 Deux concepts marquent la création du XXIe siècle dont la portée métaphysique n’aura échappé à personne malgré leur éloignement apparent : L’idée que c’est le regardeur qui fait le tableau et l’idée que la vie d’une représentation puisse dépendre de son propriétaire (le Tamagotchi). Les deux trahissent le fait que les représentations peuvent, par nature ou par construction, partager avec le monde qu’elles représentent une propriété fondamentale qui constitue la base d’un grand paradoxe métaphysique: notre incapacité totale à changer durablement l’ordre des choses et le sentiment d’infinie responsabilité qui nous habite. Les deux convergent vers l’idée que le monde existerait pour nous et par nous comme pour conjurer le fait qu’il n’en est probablement rien. 118 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Je propose un dispositif qui nous donne la possibilité d’agir par défaut : Deux salles contigües séparées par une ouverture rectangulaire, fenêtre et tableau. L’une est l’espace du public, plongé dans le noir. L’autre, inaccessible au public, est éclairée, comme dans les tunnels d’autoroute et une installation d’Olafur Eliasson par de la lumière au sodium dont le spectre très étroit ne nous permet pas de distinguer les couleurs. Dans cette pièce un petit arbre planté. Il ne saurait se satisfaire d’une lumière si indigente en rayonnement. Le dispositif de survie Lorsqu’un spectateur se présente, s’approchant de l’ouverture, une lumière s’allume au spectre recréant les propriétés de la lumière solaire. Quand la sécheresse de la terre fait sentir un besoin d’arrosage, l’approche du visiteur déclenche aussi une pluie fine qui, comme la lumière blanche, s’interrompt dès son départ. Les conditions de survie de l’arbre dépendent donc du fait qu’on reste à le regarder. Le dispositif d’observation Au dessus de l’ouverture un appareil photo prend une image de l’arbre chaque fois qu’un mouvement est détecté : une feuille tombe. Une autre camera, type camera de surveillance monochrome, dans un angle ayant vue sur la fenêtre, cadre à la fois la fenêtre et l’arbre. Prenant une image à chaque fois qu’un visiteur vient regarder. L’image : Les deux séquences animées qui se construisent simultanément au fur et à mesure que le temps passe sont diffusées sur deux écrans à l’extérieur du dispositif. Et l’on voit d’un coté l’accéléré d’un arbre en train de mourir et de l’autre une succession frénétique de visiteurs pour le regarder. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 119 L’emplacement, avant ou après les deux salles de ces écrans pourrait conditionner l’interprétation du visiteur et par conséquent son action. Comme dans ces expériences où l’on est sommé de faire souffrir l’autre, peut-on réagir à l’injonction d’aider à vivre sans penser que la responsabilité de l’auteur est supérieure à la responsabilité de celui qu’il instrumente. 120 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Off Screen, 45° left46 photography 30 novembre 2006 A panorama is a 360° vision around the viewer’s point of view. This assumes that the global view brings more meaning that the 60° view of an ordinary photo camera. The framing of this 60° photo camera is also a cut out in reality, assembling elements on the same surface, excluding elements off frame. What is the peculiar truth of this exclusion? Why not decide, whatever I want to shoot, to frame 45° left instead of the original picture I planed to take? 46 Hors cadre, 45° à gauche Un panorama est une vision à 360° autour du point d’observation. Ceci laisse supposer que la vue globale apporte plus d’information que les 60° de l’appareil photo standard. Le cadrage de 60° obtenu avec cet appareil est aussi un découpage de la réalité, assemblant les éléments sur la même surface, excluant d’autres éléments du cadre. Quelle est la vérité singulière de cette exclusion ? Pourquoi ne pas décider, quelque soit ce que je veux photographier, de cadrer 45° à gauche au lieu de l’image originale que je souhaitais prendre ? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 121 DUMP Mag47 Good concept art needs good concept critics. art-merchandising, critical fusion, Dump structure, object, artist career design 30 novembre 2006 We need a magazine for analysis and promotion of concept art. It has to be printed (should concept critique stay digital?). Everybody is asked to write articles about projects/works from the Dump and the Open Dump. 47 Dump Magazine Les bons concept-art nécessitent de bon concept-critiques Il nous faut un magazine pour l’analyse et la promotion du Concept-art. Il faut qu’il soit imprimé (La concept-critique devrait-elle rester numérique ?). Tout le monde est invité à écrire des articles sur les projets du Dump et de l’OpenDump. 122 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Contemporary art teaches us that the curator is actually the artist, the collector the historian, and the critics: the conceptors. When we see how a piece of art can be nicely dressed by a good critic, whatever the work, we understand that contemporary criticism is reversed conceptualisation. The impact on the artist is so big that we should respect the value of this not so new fundamental component of creation.48 48 L’art contemporain nous enseigne que le commissaire est en fait l’artiste, le collectionneur l’historien, et les critiques les concepteurs. Quand on voit comment une œuvre peut être agréablement emballée par un bon critique, quelle que soit la valeur intrinsèque du travail, on comprend que la critique contemporaine est en fait de la conceptualisation inverse. L’impact sur l’artiste est tellement important que nous devrions respecter la valeur de cette composante, pas si nouvelle finalement, de la création. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 123 Listen, I’m here!49 interactive installation, light, sound and music, installation 30 novembre 2006 At the very centre of the white cube, a dot of light, floating. The intersection of two laser-beams. A continuous sound made of thousands of voices coming from real time or pre-recorded phone conversions. Something close to white noise but different enough to make the audience feel the origin of the sound. When visitors cut one of the beams, passing by, the sound stops. 49 Écoute, je suis là ! Au milieu de la galerie, un point lumineux, flottant dans l’espace du white cube. L’intersection de deux faisceaux laser. Un son continu fait de milliers de voix préenregistrées ou temps réel provenant de consversations téléphoniques. Quelque chose proche du bruit blanc mais suffisamment différent pour que le public puisse deviner l’origine du son. Quand les visiteurs coupent un des faisceaux laser, le son s’arrête. 124 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Everything happens as if the contact of the two beams would make the whole communication process possible.50 50 Tout se passe comme si le contact des deux faisceaux rendait possible le processus de communication. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 125 The line in-between ideas51 note, Dump structure, theory 30 novembre 2006 If it is not possible to patent ideas, it is because so many people could have the same idea at the same time. The two things that could make the difference are either: to materialize the idea, or the special line linking one’s ideas from the first to the last one. Something like the lines of finger prints. 51 La ligne entre les idées. S’il n’est pas possible de breveter une idée, c’est que tant de personnes pourraient avoir la même au même moment. Les deux choses qui pourraient faire la différence sont soit : matérialiser l’idée, ou bien encore, dessiner la ligne singulière qui relie les idées d’un auteur, de la première à la dernière. Quelque chose comme les lignes d’une empreinte digitale. 126 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Hang it on your wall and call it an "installation.(sic)52 Net, No Comment (NoCA) 1 décembre 2006 Received today (spam): Message subject: Hang it on your wall and call it an "installation. 52 Accroche le au mur et dit que c’est une « installation (sic) Reçu aujourd’hui (spam) Objet du message: Accroche le au mur et dit que c’est une « installation ». L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 127 Art Beat53 interactive installation, body art 2 décembre 2006 So many interactive works are using signals coming from inside as a meaningful/meaningless source of image and sound effects. Let’s try another collective experience! People are seated in a circle around a big subwoofer speaker a finger plugged inside a heart beat detector. The combined rhythms of the 7 participants should, when synchronised, make the light ball float in the middle of the space by the pressure of air propelled by the speaker. Amazing how we can, more or less consciously, drive our inside body. 53 Rythme cardiaque Tant de travaux interactifs utilisent des signes venant de l’interieur comme sources d’effets sonores ou visuels, signifiantes ou insignifiantes. Tentons une autre expérience collective ! Le public est assis en cercle autour d’un grand caisson de basses, un détecteur de pouls branché à l’un de ses doigts. Le rythme combiné des 7 participants devrait, quand il est synchrone, faire flotter la boule au milieu de l’espace par la pression de l’air propulsé par le haut parleur. Impressionnant de voir comment nous pouvons, plus ou moins consciemment, commander l’intérieur de notre corps. 128 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Art Beat (2)54 Evolution of Art Beat interactive installation, body art 2 décembre 2006 Another way to materialise the synchronisation of participants’ metabolism is to activate a magnetic field and make it visible, like in ferrofluid sculptures. 54 Rythme cardiaque (2) Une autre façon de matérialiser la synchronisation du métabolisme des participants est d’activer un champ magnétique et de le rendre visible à la manière des sculptures de fluides magnétiques. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 129 Off Art Le blues du dimanche soir note, theory, questions 4 décembre 2006 I’ve got to find something better to do! 55 Quoique je fasse, je peux me poser la question de ce que je pourrais faire de mieux. Il faudrait que je sois clair sur le système de valeurs que j’accepterais pour évaluer le mieux qu’il y aurait dans mes choix. Pour faire mieux il faut déjà faire bien. Est-ce que bien faire fait partie de mes intentions? Est-ce que faire est un impératif? Est-ce que faire bien c’est faire le bien? Est-ce que le qualitatif technique implique le qualitatif éthique? Et réciproquement? Est-ce que le qualitatif esthétique importe? À qui? Pourquoi? Est-ce que l’esthétiquement bien est techniquement bien éthiquement bien? Les bien sont-il compatibles entre eux? Sont-ils compatibles avec les biens? Est-ce que se poser la question est une nécessité ? 55 Hors Art Je dois trouver quelque chose de mieux à faire ! 130 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 ou L’intention artistique à l’œuvre Est-ce que se poser des questions est une nécessité? Pourquoi ne pas prendre le monde comme un ensemble de réponses ? Au lieu de penser un nouveau projet est-ce que je ne devrais pas faire quelque chose pour sauver le monde? Est-ce qu’un nouveau projet peut sauver le monde ? Le monde est-il en perdition? Le monde est-il sauva +ble? Faut-il sauver le monde? L’humanité est-elle le monde? Le monde ne se porterait-il pas mieux sans l’humanité? Faut-il sauver l’humanité? Suis-je la moins utile des parties d’un ensemble le moins utile des ensembles mais qui serait le seul à penser son inutilité ? Nouveau projet : Off art est à l’art ce qu’Off Screen est à la photographie. Un glissement dans le positionnement qui consisterait à penser, avant de mettre en œuvre toute intention de création, de faire quelque chose que l’on accepterait comme moins dérisoire, moins futile, moins inutile, moins vaniteux, moins égocentrique, moins hypocrite, moins coloré, moins abscons, moins démagogique, moins populaire, moins élitiste, moins voyant, moins bruyant, moins éphémère, moins inoubliable… L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 131 Tous les moins se conjugueraient pour échapper au contenu convenu et calibré. Échapper à l’échappatoire aussi. Mais additionner les moins, est-ce que ça construit une illusion plus solide et plus durable pour garder l’envie de faire, durer? Off Art, est une esquive assumée dont la valeur ne peut pas dépendre de l’objet évité mais de la surenchère dans l’exigence, le référent de cette exigence étant… 132 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Compromis historique note, theory, questions 4 décembre 2006 Je vais continuer à produire des « concepts » car, comme l’eau, il m’est plus facile de suivre la plus forte pente. En contournant les aspérités du relief l’eau finit par redessiner le paysage. Le projet : Le projet consiste à chercher au delà de la rupture (cf. les réflexions de Marc Partouche sur la rupture en art) ce qui constitue un glissement significatif du reconnu vers le reconnaissable. Ensemble de petites victoires sur l’immobilisme sans que pour autant le système économicoesthétique ne soit ébranlé. Comme la partie variable d’un discours politique qui fait qu’il reste acceptable pour le plus grand nombre, ces mutations sont probablement quantifiables. Les écoles d’art l’ont compris qui privilégient dans leur enseignement l’appréhension de ce qui « fait » art contemporain (sic) pour rendre le propos intelligible par les esprits à assimilation lente, plus que la recherche d’une construction personnelle « hors normes ». (cf aussi à ce propos le décryptage « très décapant » de la notion de création « très émergente » par André Rouillé dans paris-art.com). Mettre au point un protocole rigoureux qui permettrait d’identifier les mutations formelles, puis ne donner à voir ou à entendre que celles-ci, débarrassées de leurs constructions académiques encombrantes comme des marchepieds qui colleraient aux semelles. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 133 Art After Museum (AME) interactive installation, come back, curating 5 décembre 2006 Mon premier projet touchant au virtuel était la proposition d’un musée d’après le musée (l’Après Musée explorable, AME). Un lieu d’exposition, un espace d’être pour ce qui n’a pas de raison d’être dans l’espace physique. Ce projet prend avec le temps – il date de 1993 - une signification accrue comme si l’histoire lui donnait raison. Un espace où chaque donnée refuserait de l’être. Qu’est-ce qu’un travail in situ, si les contraintes de la physique, de l’immobilier, de la matière, les contraintes sociales comme les contingences esthétiques, les expectations sensorielles comme les clichés fantasmatiques étaient dé-jouables? Découvrant combien il était difficile de rendre intelligibles les propositions qui ne sont pas nécessairement fondées sur la répétition, de l’ordre de celles qui s’efforceraient de réinventer non pas la forme mais le contexte, non pas le langage mais l’air qui permet de propager son expression, AME est de cet ordre qui présuppose qu’il faille créer le contexte pour prendre d’autres formes, pour exprimer encore la même incapacité à formuler définitivement. Le contexte pour dire la situation. La situation pour dire la fusion/confusion entre la représentation et l’exercice illicite, non autorisé, de l’existence, qui renforce son autonomie en découvrant l’ampleur de ses limites. AME est un projet que je dépose maintenant dans le Dump parce qu’il est suffisamment à point (mûr) pour que sa mise en œuvre infiltre les pratiques sans que son nom n’ait à faire le chemin. Le projet initial : www.moben.net/Amef.htm 134 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Traité de Pensée générale pour Blogs et comptoirs note, theory, writing 7 décembre 2006 Le Jeu devient intéressant lorsqu’il crée lui-même ses mutations et ses dévoiements. Il serait à son égard aussi pertinent de parler de « jeu intelligent » que de parler en d’autres lieux d’ «intelligence artificielle». Je proposais il y a de cela quelques jours d’écrire un Traité d’art moyen. Depuis ce matin les messages affluent en commentaire du Dump avec des titres rédigés de manière identique, des fragments d’aphorismes et autres citations passe-partout qui ont la pertinence de l’horoscope aux yeux du lecteur complaisant. Ces messages s’enchainent donc, probablement générés automatiquement. Il s’agit là d’un projet brillant ! Produire de la pensée L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 135 standard, je croyais en avoir l’exclusivité, mais une fois de plus l’exploration du Dump me prouve que quoique l’on ait pensé, un autre ailleurs l’aura pensé avant et en aura probablement fait meilleur usage. Ou alors c’est que ça n’en valait pas la peine. Après le générateur automatique de blog, Après le générateur automatique de commentaires, Je propose la rédaction d’un traité académique de pensée générale. Où tout sera dans tout et réciproquement. Compatible avec toutes les situations et tous les interlocuteurs, parlant anglais, ou français... Je vous invite en guise d’illustration à lire les commentaires du Traité d’Art Moyen : • Linked… Although the constant shadow of certain death looms over everyday, the pleasures and joys of life can be so fine and affecting that the heart is nearly stilled in astonishment… Readed… Violence is unnecessary and costly. Peace is the only way… Trackback… All the knowledge in the world is found within you… Referer… Sometimes I think the surest sign that intelligent life exists elsewhere in the universe is that none of it has tried to contact us… Follow… It is better to sleep on things beforehand than lie awake about them afterward… Post by “Matthew” Follow… True philosophy invents nothing; it merely establishes and describes what is… Follow… LAWFUL, adj. Compatible with the will of a judge having jurisdiction… Trackback… Our constitution works. Our great republic is a government of laws, not of men… Linked… If Jerry Brown is the answer, it must be a very peculiar question… Readed… It’s been through three wives. To me a guitar is kind of like a woman. You don’t know why you like ‘em but you do… Trackback… Better keep yourself clean and bright; you are the window through which you must see the world… Link… Do all the work you can; that is the whole philosophy of the good way of life… … 136 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre NadArt (Rien, Nothing, Niente, Nichts, 何も, ничего)56 artist career design 12 décembre 2006 The last 3 days: nothing. Contemporary artists create their own constraints. To produce contemporary art could be seen as an unconscious way to justify emptiness. If it is a way to survive by justifying useless productivity, If it is a way to justify infinite un-productivity, Then I have to justify not filling the contract of The Dump, which is merely a new project everyday. 56 NadArt Les trois derniers jours rien. Les artistes contemporains créent leurs propres obligations. Produire de l’art contemporain pourrait être considéré comme une manière inconsciente de justifier le vide. Si c’est un moyen de survivre en justifiant une productivité inutile, Si c’est un moyen de justifier une improductivité infinie, Alors je dois justifier de ne pas remplir le contrat du Dump, qui est de produire un nouveau projet quotidiennement L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 137 This one should be the ultimate dead-end: An artist career design project: NadArtist A very pascalian way to become an artist: One devotes ones artist career to producing everyday justification of having produced nothing. 57 57 Celui-ci devrait être l’ultime impasse : Un projet de carrière d’artiste : NadArtist Un moyen très pascalien de devenir un artiste Consacrer sa carrière d’artiste à produire chaque jour la justification de n’avoir rien produit. 138 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre ‘mazing Info Bricks58 interactive design, architecture 13 décembre 2006 If walls vanish, leaving materiality, via transparency, for information, 58 Info-briques labyrinthiques Si les murs disparaissent abandonnant la méterialité pour l’information en passant par la transparence, L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 139 we should think about conductive walls, structured in a way that gives more place for liquids, ants, and info units. This is a project for modular bricks, made of glass, for fluid moves and info streams.59 59 …il nous faut penser à des murs conducteurs, structurés d’une manière qui accorde plus de place aux liquides, fourmis et autres unités informationnelles. C’est un projet de briques modulaires, faites de verre, pour la circulation des fluides et des flux informationnels. 140 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Exhibition Publique Art Reality Show [ARS] come back, critical fusion, live performance, curating 13 décembre 2006 Un projet qui n’a pas vu le jour, trouve toujours sa place à la décharge: Celui-ci qui me revient ce matin l’a probablement bien mérité. [ARS] n'est pas une parodie de Reality Show. C'est un Reality Show. Il procède de ce que j’appelle la "fusion critique" (juste après la masse critique), où fiction et réalité fusionnent dans des situations critiques pour donner à comprendre où du moins à interpréter sans refuser le plaisir, la distance, l'autonomie et où l'audimarket sert l'interprétation plus que l'exclusion, la diversion plus que le divertissement. 24h où les composantes de l'art s'expriment sous haute surveillance. Chaque acteur du monde de l'art jouit pour 24h d'une pièce de la Friche - La Belle de Mai, d'un espace de visibilité totale. Il esquive ou s'expose au regard permanent des Internautes, en toute liberté, mais sous contrat. Chaque participant peut à son tour inviter la ou les personnes de son choix, sans limite de nombre mais une seule à la fois, qui partageront ses 24h d'intimité surveillée. exhibition-publique.net L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 141 Words on Nerves60 MS Word Hacking critical fusion, writing 15 décembre 2006 Given that predictive type-writing is now widely spread, what about textprediction, if inspired by artistic or commercial purposes? Typing a text on MS Word Some words can be recognised by the software and Word proposes immediately the end of the phrase, picked up from news of the day about dreadful events. Another version: phrases automatically ending with an advertisement slogan that starts message starting with the word we are already typing. This one would be provided only with a free version of MS Word. More intensity and efficiency would be obtained by having the automatically added words blink. 60 Etant donné que la frappe prédictiveest maintenant largement répendue, que deviendrait la prédiction textuelle si elle était au service d’un projet artistique ou commercial ? Tappant un texte sur MS Word Quelques mots sont reconnus par le logiciel et Word propose immédiatement la fin de la phrase extraite des nouvelles du jour à propos d’événements atroces. Une autre version : Les phrases sont automatiquement terminées par un slogan commercial commençant par le mot que nous venons de taper. Celle-ci ne serait fournie qu’avec la version gratuite du logiciel. On obtiendrait un meilleur résultat si les mots ajoutés automatiquement clignotaient dans le texte final. 142 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre SASed Art Secured Automatic Selection art-merchandising, critical fusion, installation, architecture, curating 17 décembre 2006 Les galeries doivent assumer leur fonction et optimiser le commerce de l’art. Le SASed Art fait appel au dispositif à double porte (SAS en français) que l’on trouve à l’entrée des banques. Pour entrer dans la galerie, on introduit sa carte de crédit, le dispositif vérifie que le compte est suffisamment approvisionné pour permettre l’éventuelle acquisition de l’œuvre exposée. Seuls les visiteurs solvables peuvent découvrir l’objet de l’exposition qui reste masqué aux yeux des spectateurs de la vitrine. Pour continuer de survivre, certaines formes d’art doivent rester un privilège jaloux. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 143 In Touch [Listen, I’m here (2)] 61 Evolution of Listen I’m here interactive installation, light, sound and music, installation 17 décembre 2006 Two laser beams meets in the cloud of steam at the very centre of the space when two people calling the same pre-determined phone number are connected together. When anybody, from the physical space, cuts the line of the beam, the communication is interrupted. Another person is through. 61 En contact [Écoute, je suis là (2)] Évolution du précédent « Listen, I’m here » Deux faisceaux laser se croisent dans le nuage de vapeur au centre de l’espace quand deux personnes appelant le même numéro de téléphone prédéfini se retrouvent connectées. Quand quelqu’un dans l’espace physique coupe un des faisceaux laser, la communication est coupée et un autre interlocuteur parle. 144 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre DIY Art (Do It Yourself Art)62 note, Dump structure, theory, questions 18 décembre 2006 If the Art is made of the shape given to the concept, then we should say: Art is everything that is not in The Dump. Project: One artist career devoted to realizing works from concepts grabbed in The Dump. 62 L’art à monter soi-même Si l’art prend la forme du concept, alors il faudrait dire : L’art est tout ce qui n’est pas dans le Dump. Projet : Une carrière d’artiste dédiée à la réalisation de projets puisés dans le Dump. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 145 Les yeux crevés theory, questions, curating 20 décembre 2006 Durant ses cours à la Sorbonne, Bernard Teyssèdre aimait à dire que les plasticiens devraient fuir l’évidence, car elle crève les yeux. C’est là un des précieux paradoxes qu’il faudrait questionner (torturer jusqu’à ce qu’il parle, quoi qu’il ait à dire, ou qu’il se taise pour toujours). A supposer que l’artiste ait pour mission d’ouvrir les yeux, les siens tout d’abord pour mieux voir le monde, ceux des autres ensuite pour qu’ils voient ce qu’il a vu. Traquer l’évidence est bien alors dévoiler ce qu’elle masque, ce que cache à nos yeux ce que l’on croit savoir. D’un autre côté les œuvres les plus fortes nous frappent par une évidence d’une autre nature. Il nous semble qu’elles n’auraient pu être autres. Non seulement leur composition graphique, chromatique ou symbolique aurait atteint une forme de perfection incontestable, mais il y aurait en elles une forme d’évidence, de cohérence extrême, qui nous ferait penser qu’elles sont les candidates parfaites à l’existence. On se demande alors pourquoi on ne l’avait pas rencontrée plus tôt. En cela la rencontre esthétique rejoint la rencontre amoureuse: L’évidence de ce que l’on retrouve dans l’autre de rencontre que l’on reconnait soudain comme l’objet d’une quête nécessaire. Le projet est ici de promouvoir les formes sublimées de l’évidence. Pour faire simple et facile, regrouper dans un espace d’exposition un ensemble d’œuvres dont l’évidence serait telle que les visiteurs seraient conduits à se demander où est l’exposition. Un autre projet répond à celui-ci, certes ardu, mais on en rêve : 146 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Un seul objet, ou absence d’objet, qui sidère le spectateur par son évidente pertinence. Un objet de l’ordre de ceux qui font que l’on repart sans poser de question. Il se pourrait que l’évidence en art émane de ce qui contient à la fois la question et l’essence du questionnement, de sorte que chacun accepte de vivre avec l’absence de réponse absolue. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 147 Hors d’Œuvres, AMA (Already Made Art) Dump structure, theory, questions, writing 20 décembre 2006 Players: Florent di Bartolo Florent me parle d’un livre d’Édouard Levé qui liste des projets qu’il n’a pas réalisé. (Œuvres, ed. P.O.L, 2002). Je parcours les premières pages avec intérêt et j’y découvre un projet étonnamment proche du caricatural Chez VW63, le battement d’ailes de la coccinelle ne manque pas d’air. Il n’y ressemble pas dans le détail, mais dans l’esprit, et là aussi le papillon se joue du faisceau… Ceci montre, si l’on en doutait, que l’on peut (que JE peux) être AMArtiste sans le savoir, par simple capillarité spatio-temporelle. Reste à savoir dans quelle mesure, respirant le zeitgeist à pleins poumons, le clone téléporté qui gît sur le Dump porte en lui une altération génétique qui justifierait sa survie ou sa disparition prématurée. Le fait même de lister les projets constitue lui aussi un « projet de carrière d’artiste » qui semble se développer comme les curateurs qui listent les artistes, les artistes qui listent les œuvres, les catalogues qui listent les titres, les magazines qui listent les expos… sans qu’à aucun moment l’on soit sommé de dire ce qui fait de chaque élément de liste autre chose qu’une ligne ajoutée ; ou bien que l’on dise ce qui fait que la liste elle-même, par la neutralisation de ses composantes, signifie plus que les parties qu’elle assemble. Plus loin derrière cette conjonction, la multiplication des catalogues de projets non réalisés64, curieusement élaborés par des artistes qui 63 VolksWagen, fabricant de la Coccinelle. Rendons hommage au passage notamment à Projet de Projet entre «l'être pleinement réalisé» et «l'être en puissance» de Samuel Bianchini ; à Au Concept du groupe Incident.net/CelaEtant et 64 148 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre produisent par ailleurs, se trouve aussi le désir d’exprimer que chaque production se construit sur un ensemble de renoncements. Pour chaque projet réalisé, combiens d’hypothèses exclues ? Le travail serait donc dans cette construction en creux, comme un moule qui ne fera jamais partie de la pièce à laquelle il donne la forme. Il en est la portion d’espace et de matière exclues ; une création à œuvres perdues comme on moule à cire perdue. Le Dump est pervers. Il n’accepte que les déchets de la pensée qui ont pris pour l’occasion la forme de projets, souvent avortés, mais que l’on s’entêterait à produire. Le blog comme forme, permet le processus de production de flux, de fertilisation, de recyclage, de repentir de s’exercer dans le dialogue. Ici, chaque page garde, jusqu’à la dernière, son potentiel d’altération du devenir des suivantes et d’inflexion des précédentes. Une temporalité qui se développerait dans les deux sens pour que l’ensemble se rejoigne dans une actualisation sans cesse différée. Puisque c’est la loi du Dump, un projet doit naître du constat. Ce projet est ici de proposer, à chaque nouveau projet du Dump, la remise en cause esthétique et conceptuelle d’un projet déposé exactement un mois plus tôt. Et d’en tirer avantage en proposant la contre-forme qui tenterait désespérément de réifier ce dont l’anti-projet dumpé aurait esquissé le contour. à tous les projets, et ils sont nombreux, de rassemblement, divulgation, développement de projets de création existants et à venir. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 149 Générateur de doutes questions, writing 22 décembre 2006 Il m’est arrivé de dire que l’interactivité était un substrat adapté au questionnement. Il est temps de le généraliser à l’ensemble des assertions et des certitudes. Je propose donc la création d’un générateur de doute. Celui-ci fonctionne en deux temps. 1Recensement automatique des assertions sur le Net par reconnaissance des structures syntaxiques. 2Formulation de la même assertion sous forme de questionnement. Assertion : Il y eut un soir, il y eut un matin. C’était le septième jour. Doute : Était-ce un « soir » ? Était-ce un « matin » ? Était-ce bien le septième jour? Assertion : 25 morts dans un attentat en Irak Doute : Était-ce un attentat ? Si oui, y avait-il réellement 25 morts dans cet attentat en Irak ? Assertion : Je suis né le 29 mars. Doute : Suis-je né ? Si oui, suis-je bien né le 29 mars ? Les deux listes sont juxtaposées : CATALOGUE DES CERTITUDES 150 CATALOGUE DES DOUTES L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Recycling Bank Notes65 critical fusion, object, recycling, not sure 22 décembre 2006 Les riches aussi sont créatifs ! Créer un club privé extrêmement sélectif. Régulièrement les membres se retrouvent pour fabriquer des objets de rêve à la manière de ces modèles réduits faits dans le tiers monde à partir de canettes récupérées. Le matériau utilisé serait des billets de banque roulés et aplatis soigneusement pliés pour acquérir la rigidité suffisante à conserver la forme qu’on leur donne. Un Jet privé, une 2CV, un camion de pompiers… Conscients de leur responsabilité sociale, les membres du club offriraient ces modèles réduits comme jouets aux enfants dans le besoin. 65 Recyclant les billets de banque L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 151 Inframince intergalactique interactive installation 23 décembre 2006 On a beau vouloir faire de grandes choses, on n’en est pas moins conscient de la valeur des actes infinitésimaux et de leur puissance symbolique inversement proportionnelle à la quantité d’air déplacée. Chaque errance écrit ainsi la vacuité dans la matière dynamique du présent. Le vol erratique de la mouche ne saurait échapper à nos capacités de capture en ces temps attentifs, pour le meilleur et pour le pire. Capter indéfiniment ces errements est une forme moderne de la vanité. Prendre en compte non seulement le déplacement de l’insecte mais aussi les mouvements du système dans lequel il évolue, la rotation de la terre, sa trajectoire par rapport au soleil, le mouvement de celui-ci vers Vega, le glissement du système dans la galaxie et de la Voie lactée dans l’amas galactique. L’ensemble constitue une ligne qui se dessine, pour peu qu’elle laisse une trace, dans l’immensité relative de ces itinérances spatiotemporelles… dont l’impact peut infiltrer le Guinness Book of Records au chapitre : L’inframince le plus grand du monde. 152 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Vedute interactive image, memory, Augmented Reality, installation 26 décembre 2006 L'écran est la fenêtre ouverte sur un monde à la temporalité élastique. Vedute ("vues") est une série des pièces fondées sur la transparence altérée du mur qui supporte la fenêtre. D'un côté de la cloison : l'écran neutralisé, une fenêtre-image. De l'autre : une caméra. Sur l'écran on voit en transparence ce qui se passe de l'autre côté du mur, mais les strates temporelles s'additionnent et le présent redevient un moment fantomatique de l'histoire du lieu qu'il altère un temps. Il s'évanouit lentement mais construit l'image en devenir pour une fraction, certes infime, mais définitivement écrite dans la durée de l'image ou s’accumule l’histoire. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 153 Business Model (BM) art-merchandising, Net, Dump structure, questions, Business Model 26 décembre 2006 Toute démarche artistique est-elle dénuée de business model? L'artiste ne cible-t-il pas un public, une "clientèle" qui se passe de guillemets, un modèle économique qui devrait lui assurer la survie économique, psychologique, historique et/ou médiatique? Le réseau induit des modes de production, de distribution et d'accès à l'information qui opèrent un glissement des logiques d'échange et des circuits marchands. En quittant le Temple et le sacré, l'œuvre a adopté la logique d'image de l'aristocratie puis celle de la bourgeoisie ascendante. Il est encore trop tôt pour déterminer si la fuite des matières par le réseau induira des comportements et une mutation significatifs de la production et des circuits de dissémination artistique. Face à ce constat, le Dump devient un espace pour interroger et tester des modèles économiques, dissidents ou résolument conformistes. Ces modèles eux-mêmes sont autant de projets d'action/création. 154 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre OODD (Out Of the Damn Dump) Factory, (BM) art-merchandising, product placement, Business Model 24 décembre 2006 Players: Johanna Rieseneder, Gima Gallery, Berlin Trouver des investisseurs. À la manière du Warhol de la grande époque, créer une usine dont le projet soit de construire les projets du Dump. De manière systématique (option : sélective). Autant d'œuvres qui seraient fabriquées par des artistes, artisans, écrivains, auteurs. Ces projets réalisés trouveraient ensuite leur marché grâce à l'équipe marketing d'OODD Factory. Objection 1: peut être faut-il déjà être Warhol pour que la marque garantisse la distribution du produit. Objection 2: "Tu crois au Père Noël?" L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 155 OpenDump Curatorial Art Trust (ODC Art Trust) (BM) art-merchandising, Dump structure, product placement, Business Model 26 décembre 2006 Projet pour Opendump.org. Pour stimuler le dépôt de projets, faire en sorte que certains puissent être choisis. Construire un modèle économique qui permette de financer une sélection de projets selon des modalités adaptées au réseau. 1/ Sélectionner les projets: Créer un Curator Trust: sollicitant l'élite des commissaires d'exposition, proposer : a/ Qu'ils sélectionnent les projets remarquables en indiquant un ordre de priorité dans le passage à l'acte. b/ Qu'ils soient d'office actionnaires de l'ODC Art Trust est un excellent moyen de garantir leur objectivité. 2/ Financer la production: Proposer la création de l'ODC Fund: C'est une forme d'actionnariat. Il n'y a pas de limite inférieure à la possibilité de participer au fond. Le mécène, quelle que soit l'envergure de son don, se trouve automatiquement actionnaire de l'ODC Art Trust, pour un montant proportionnel de son apport rapporté au budget global. Le dispositif n'a pas pour but de faire des bénéfices mais de soutenir la création et d'inventer de nouvelles modalités de production et de diffusion de l'art. Cependant on peut imaginer qu'à partir de la troisième année de fonctionnement, la vente d'œuvres donne lieu à un retour pour 156 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre l'actionnaire, une fois déduite la part payée à l'artiste (à déterminer) et conservé 50% du solde pour financer de nouveaux projets. Plus radical: On peut considérer que l'ODC Art Trust fonctionne comme un collectionneur, que son apport corresponde à un crédit, en durée, de présentation de l'œuvre. Que la revente serve exclusivement à financer le développement de la collection, les moyens de production et de diffusion des œuvres. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 157 No Shadow, No Doubt light, installation 27 décembre 2006 Dans une pièce saturée de lumière – les murs sont eux-mêmes des caissons lumineux – qui entourent un volume central qui semble neutre, affecté d'aucun relief. Toutes les surfaces sont uniformément blanc mat. Lorsque le visiteur s'approche, l'ombre portée de son corps sur l'objet révèle, par sa distorsion et la variation de valeurs qu'il induit, le basrelief sur le volume qui se révèle sculpté. Le déplacement du visiteur induit des lectures différentes en révélant un relief différent. 158 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dug House urban art, interactive design, architecture 27 décembre 2006 J'ai longtemps pensé qu'inverser les paramètres de l'architecture était un moyen de s'interroger sur les rapports du construit au vivant. Le plein/vide, intérieur/extérieur, cloison/protection, transparence/opacité, contenant/contenu… Dans cet esprit, les habitats troglodytes supposent une construction en creux, par prélèvement de matière, qui se développe autour des circulations et des extensions espérées. Le Tunnel sous l'Atlantique et les travaux de cette période (94-95) construisait l'architecture autour des déplacements des visiteurs répondant à une fonction de découverte, d'évitement et de rencontre. L'idée était que l'architecture pourrait chercher sa forme ailleurs que dans l'application de figures géométriques séduisantes, de volumétries hardies issues des modèles mathématiques telles que les outils actuels permettent de les appliquer au processus de conception. Il fallait chercher ces formes dans une extension de l'usage, dans la mise en œuvre de la déambulation dans l'espace comme une écriture du corps répondant à des nécessités dont la complexité nous échapperait encore au moins partiellement. Il fallait que la complexité architecturale provienne de l'usage et non l'inverse. On sait que le paysage que nous connaissons est né de la circulation conjuguée des fluides et des humains. Tel un matériau infiniment plastique en attente d'information, l'espace s'ouvre et se cristallise autour de l'itinérance de ses visiteurs. La multiplication des passages modifie les proportions qui s'adaptent à la L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 159 fréquentation. L'énonciation de l'objet de la quête affecte à celui-ci, à terme, une localisation comme une fonction à l'espace concerné. Les visites répétées neutralisent les demandes marginales et consolident les convergences. L'expérience, pratiquée de manière systématique dans un dispositif de simulation, définit un volume dont la géométrie extérieure, apparemment chaotique, reflèterait un usage autant qu'une usure. Une sorte d'érosion humaine de matière architectonique. Le dispositif produit de la complexité organique induite, loin des formes lyriques issues des gesticulations de l'auteur qui affirme sur la scène internationale sa toute puissance. 160 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Aesthetic Alchemy art-merchandising, interactive installation, object, theory, artist career design, questions, product placement, Business Model 28 décembre 2006 Il est une catégorie d'œuvres* de la production actuelle qui trouve aisément sa place aussi bien en couverture de magazines que dans les salons de bon goût aux dimensions respectables. Le plus souvent, ces œuvres conjuguent élégamment une proportion équivalente de tradition et de modernisme. Le principe alchimique appliqué est connu, même des profanes, et la nouvelle tendance de sculpture animalière est de cet ordre. On reprend ce qui a fait le succès du genre, au dix-neuvième siècle, et on le traite avec couleurs et matériaux qui opèrent un glissement stylistique nécessaire et suffisant. L'objet d'art rejoint dans son apparence l'objet de design et constitue par la même une provocation de bon goût, consensuelle. Les procédures alchimico-artistiques qui convertissent une matière vulgaire en or sont multiples et l'on pourrait en dresser le catalogue. Les Pop artistes et les Nouveaux Réalistes réussirent en leur temps à faire de leur signature formelle un début d'étude taxinomique: compression, expansion, accumulation, changement d'échelle, changement de matériau, fragmentation, découpage, explosion… là où Marcel avait réussit avec le déplacement et la désignation. À la manière de Cyrano qui, plutôt que de s'offusquer de la critique touchant à son appendice nasal, choisit d'en rajouter, je propose des mutations alchimiques plus radicales: L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 161 En réinjectant des propriétés du vivant (alchimie bio-mimétique) Le tamagotchi est une version commerciale parfaitement illustrative du genre. Imaginons un instant l'œuvre qui dépérit si le collectionneur ne s'en occupe pas personnellement, jour après jour. La voix de son maître serait identifiée. Rien à voir avec l'œuvre d'arte povera pour laquelle n'importe qui peut remplacer la salade quotidiennement. L'animal vêtu de peau d'homme véritable (alchimie éco-ethnologique) L'animal qui croît et se multiplie (alchimie multiplicatrice). Tous les jours de nouveaux exemplaires sont livrés jusqu'à saturation de l'espace de vie ou de l'espace d'exposition. La confrontation pour la survie de l'espèce (alchimie évolutionniste) Deux espèces animales (robots?) dans un même espace. En tant que représentation, chacune défend face à l'autre ses valeurs et ses impératifs de survie. Soit une des deux disparaît, soit les deux s'adaptent et conjuguent leurs efforts pour atteindre leurs objectifs. Couleur évolutive (L'alchimie séductrice). La couleur de l'objet change progressivement testant les différentes variantes en analysant le temps et l'intensité des dialogues à proximité. Présupposé : si l'on reste à proximité c'est soit que l'objet attire soit qu'il ne dérange pas. Après un temps de familiarisation, la couleur se stabilise sur les valeurs qui semblent traduire le coefficient d'attraction (ou d'indifférence) le plus élevé. La question reste de savoir quand le résultat conserve son potentiel symbolique et quand il bascule du côté de la démonstration. *j'abuse du terme qui hérisse tellement que c'en devient un plaisir 162 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Série des Arcs urban art 10 janvier 2007 En charge, avec Christophe Girault de la scénographie permanente de l’Arc de Triomphe à Paris, il apparaissait clairement que nous avions affaire à cette catégorie de monuments dont la symbolique forte s’est progressivement éloignée des valeurs de son époque. Avec un objet d’une telle échelle à la symbolique péremptoire, notre travail de scénographie s’est attaché à questionner l’évolution de cette symbolique et de son inscription dans le paysage urbain. Un point d’interrogation semble toujours posé sur le monument en attente, depuis sa construction il y a deux siècles, d’un « couronnement » autrement dit d’un élément sculpté à son sommet supposé porter haut et fort les valeurs de l’édifice sur le modèle de l’arc du carrousel. Je me suis pris alors pris à imaginer ce que pourrait être, en cette place : l’Étoile, l’évolution d’une symbolique originellement dédiée à la gloire de la Grande Armée napoléonienne. La symbolique du monument a évolué au cours des deux siècles passés notamment avec le soldat inconnu, le dernier mort de la Der des Der supposé par son sacrifice ouvrir une période de paix définitive. Qui se souvient que l’événement le plus considérable célébré à l’Arc de Triomphe était la mort de Victor Hugo? Comment rendre compte de la période actuelle, prise en tenaille entre les enjeux économiques, stratégiques, idéologiques et religieux et la volonté affirmée de développer les valeurs de paix et de fraternité entre les peuples. Cette série de projets ne verra probablement jamais le jour en raison du nombre considérable de gardiens des valeurs supposées éternelles de la pierre nationale. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 163 Il s’agit ici d’imaginer des couronnements possibles pour l’Arc au XXIème siècle pour que l’on puisse se reconnaître dans le caractère actuel du message qu’il véhicule. 164 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le grand réflecteur interactive installation, urban art, Net, light, architecture 10 janvier 2007 Série des Arcs L’Arc est un passage (une porte pour le retour de l’armée victorieuse). C’est aussi un émetteur de messages, un sémaphore. Sa périphérie en est couverte, sous forme sculptée qui du Départ des combattants à la Paix tâchent de nous dire les étapes par lesquelles passent les stratégies impériales puis les acteurs de la Défense nationale. Il conviendrait, à une époque où le monument est un lieu de tourisme visité à 90% par des étrangers qui en apprécient le point de vue, de penser cette circulation de symboles dans les deux sens, récepteur et émetteur. C’est bien là la base du dialogue. Le projet ici est de proposer de faire de l’arc un grand réflecteur qui reçoit par Internet les messages du monde entier qui disent comment maintenant et dans l’histoire le dialogue a été promu comme alternative aux conflits. Reprenant la symbolique de l’étoile, du haut de l’Arc partent 12 faisceaux lumineux, qui renvoient en binaire (allumé/éteint) les messages reçus dans toutes les directions. Ce n’est plus un message unique mais un relais pour les tentatives de toutes origines de s’adresser au monde. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 165 Respiration interactive installation, urban art, architecture, heritage 10 janvier 2007 Un gonflable, occupant une grande partie de la terrasse, illuminé de l’intérieur qui, assez plat donne l’impression la nuit d’une forme vivante qui essaie d’émerger du monument. Trahit le flux intérieur, trahit le flux de transaction sur Internet liée à sa propre symbolique. Un immense ego qui chaque fois que l’arc de Triomphe est mentionné en ligne se gonfle un peu plus. Selon les associations positives ou négatives change de couleur Ou bien l’ego de la France, ou bien celui de l’Europe Les egos, des pays « invités », des communautés invitées, 166 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le Match du Futur interactive installation, interactive design, live performance, light, installation, architecture 10 janvier 2007 J’apprends hier que ce projet est refusé. C’est un projet de situation éducative destinée à un lieu dédié au développement durable. Sa place est maintenant dans le Dump ! À la décharge ! Le dispositif global est constitué de 3 espaces dont deux sont inclus dans un caisson et le dernier en jaillit comme pour annoncer la fin de l’histoire. 1- AVANT Le visiteur entre dans le premier espace. Des formes oblongues, translucides, lumineuses et souples jaillissent du sol. Les lances à images. Le visiteur s’en empare. Il comprend vite qu’en dirigeant L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 167 l’extrémité du tube qu’il a en main, il projette des images. Dans une frénésie de consommation, de dépense, il recouvre la surface d’images composées de fragments qui se reconstituent progressivement donnant à voir les conséquences de comportements collectifs non mesurés. Grâce à la commande qu’il a en main, il peut choisir un des facteurs d’action et projeter le futur : la croissance, les énergies fossiles, la surconsommation sont autant de facteurs qui déterminent l’image que les visiteurs produisent en temps réel du futur qu’ils se créent. 168 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre 2– APRES Passant naturellement dans le deuxième espace, le visiteur se retrouve de l’autre côté de l’écran. Il découvre le résultat de ses actions précédentes. Maintenant il peut agir sur le passé pour infléchir la tendance et déterminer un futur à l’image de ses rêves. L’éducation, les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l’optimisation des transports, autant de modalités d’action qu’il pourra projeter pour effacer les scénarios-catastrophes engendrés dans le premier espace. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 169 3 - …/… 170 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La lance à images interactive design, object, Augmented Reality, light, architecture 10 janvier 2007 Conçue pour le projet le Match du futur, la Lance à images pourrait être récupérable… L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 171 Dug House Skin (Dioptric architecture) urban art, interactive design, architecture 10 janvier 2007 Si la Dug house se construit de l’intérieur et donne aux espaces architecturaux une forme qui découle de leur usure d’existence, de leur usage en image, alors il devient intéressant de mettre en place un dispositif qui définit l’objet architectural de l’extérieur. Là c’est la question du regard porté sur l’objet dans sa relation esthétique à son environnement. Une procédure de modélisation de l'enveloppe externe d'un édifice, un musée par exemple, consisterait, en réalité augmentée, à observer une maquette du site. Tournant autour, le public designer fait apparaître les étapes de constitution du modèle initial résultant de l’expérience immersive; de l’intérieur vers l’extérieur. Les regards conjugués font évoluer, par l’expression captée de sa réception, le volume extérieur de l’édifice. Un musée virtuel nait ainsi, sur la maquette physique, de l’expérience du regard, comme compromis/dialogue entre une nécessité de visite et un impact esthétique. Le volume, déterminé par l’expérience de la visite, part d’un cube dont la déformation est la résultante des parcours intérieurs. Sa forme extérieure est infléchie par les regards qui définissent sa peau qui, à l’image de celle qui recouvre les muscles, trahit leur structure et leur action sans pour autant les dévoiler totalement. Une surface de contact avec le monde à la rencontre des expériences humaines, de l’intériorité et de l’extériorité. 172 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre OzOne Zero, the Magic numbers note, critical fusion, theory, questions 12 janvier 2007 Si la montée du numérique dans l’ensemble des champs de la conscience et de l’action est comme un artefact sublimé de l’humanité bourgeonnante, une excroissance qui redéfinirait la croissance, une purulence qui pullulerait d’euphorie contaminant à loisir ce qu’elle touche ou ce qui l’approche ; alors nous pouvons parler de pollution endogène. Elle naît de l’excès d’être, de la pulsion rationalisante, atomisante, taxinomique, qui nous pousse à rechercher en toute chose le plus petit dénominateur commun, même s’il est deux, fait de tout et de rien, de l’un et du zéro. Cette pollution médiatique, qu’un McLuhanien orthodoxe qualifierait de chaude en Fahrenheit et de froide en Celsius, augmente pour beaucoup le trou d’ozone de la conscience, la capacité de notre atmosphère, de notre écosystème culturel de filtrer le rayonnement cosmique – rien à voir avec l’astrologie, la divination, ni avec la divinité, ni avec les comiques dont l’ « s » aurait ripé – en fait un rayonnement de l’affect et de la faille qui, réduisant le filtrage qui permet à l’esprit d’être épargné par l’effet du réel, rend possible la surexposition aux vérités insupportables dont on est supposé se préserver : Qu’est ce qui serait plus parfait qu’un univers sans humain? Qu’est-ce qui serait plus vrai qu’un monde sans conscience ? Qu’est-ce qui serait plus inoubliable que l’oubli total et définitif du passage accidentel et anecdotique de l’humanité sur un caillou perdu dans l’espace ? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 173 Ce trou d’OzOne Zero recouvre la limite trop visible d’un horizon qu’il serait urgent de repousser, pour garder l’espoir d’un infini devenir, d’une perfection différée, d’une aspiration nécessaire à combler d’autres vides, réaliser d’autres complétudes, se répéter « demain on vit gratis », repasser le temps pour qu’il soit plus lisse. Ce trou d’OzOne Zero donc, il faut le combler! Il faut en finir avec les doutes, il faut traquer le mal visible, c’est Bill Gates bien sûr, et les multinationales qui – non, elles ne sont pas manipulées par nos fantasmes! – trahissent nos espoirs de certitudes en tentant d’en créer d’autres plus rassurantes encore : Nous ne sommes pas responsables, des reality shows même si nous les regardons pour mieux comprendre pourquoi, nous ne sommes certainement pas responsables du terrorisme même si nous nous complaisons du spectacle qu’il nous procure et des inégalités qui le nourrissent, nous ne sommes pas responsables des disparités sociales, puisque nous avons donné aux quêteurs, nous ne sommes pas responsables de l’oubli puisque tout est bien rangé dans nos bibliothèques, nous ne sommes pas responsables du voyeurisme et de la surveillance généralisée puisque nous refusons de savoir et parfois de voir. En conclusion la pollution numérique est inhumaine, la preuve : je ne sais pas comment ça marche. Elle change les atomes en pixels et nuit à l’ocytocine. Le projet : Alors il faudrait boucher le trou d’OzOne Zero et créer une zone franche, où comme l’on préserve certaines espèces animales de leurs prédateurs, on préserverait un territoire des excès d’humanité. Là, l’électricité, le wifi, la radio, la télévision, la cafetière électrique, la machine à traire les vaches et la boîte de Pétri n’auraient pas droit de cité. Même le regard direct ou médiatisé des humains ne pourrait pas 174 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre l’atteindre de peur que l’observateur ne dénature plus avant l’objet observé. Et on attendrait : les débordements, l’observable exogène, les contaminations de pureté préservée (en conserve), jusqu’à l’oubli du lieu, le refus d’en constituer jusqu’à la mémoire humaine qui pourrait être une forme de contamination rétrospective. Ce territoire nOOne Zero pourrait s’agrandir progressivement selon un processus de croissance automatique qui ignorerait des décisions humaines qui pourraient contredire la rigueur et la perfection du dispositif. Enfin, quelque part, il faudra tenter de préserver un échantillon ou deux de cette espèce vouée à la disparition, comme tous les grands prédateurs, surtout ceux à la griffe binaire insidieusement rétractile, qui se sont laissé pousser la pensée au point qu’elle en masque la vue. Ou alors c’est l’inverse. La meilleure manière de répondre est souvent d’effacer la question. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 175 Spin City66 urban art, light, installation, architecture 13 janvier 2007 Robotic, cars, light ball and cotton yarn Cars are built to move avoiding each other trying to draw circles on the floor. One turns clockwise, and the next one counter-clockwise. In the middle of the room: a ball of light. The bobbins can be on top of the cars or fixed to the ceiling. At the end, the cars are bumper to bumper, and part of the light is hidden by the wires. 66 Toupie Ville Les voitures sont construites pour tourner en s’évitant l’une l’autre, tentant de dessiner des cercles sur le sol. Certaines tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, les autres en sens inverse. Au milieu de la pièce une boule de lumière. Les bobinnes peuvent être au dessus des voitures ou accrochées au plafond. À la fin, les voitures sont pare-choc contre pare-choc et la lumière est grandement masquée par les fils. 176 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre W.T.City67 (Video Game) urban art, video game, not sure, architecture 17 janvier 2007 Players: Thomas Lorenz, Technical University Vienna Austria Reflecting Absence, winner project, Michael Arad and Peter Walker 5200 architects made a proposal for the World Trade Center call. The WTC has been a reference for so many major cities trying to tell the World how big and important they are that all architects thought that to be the one designing the resurrection would be a good way to find a place on the Gotha of the symbols' builders. The idea here is to create a virtual city that would be made up of these 5 200 projects for the WTC resurrection. World Trade City made only up of World Trade Centers. The excellence of trading, in the excellence of cities at the very center of the World. 67 World Trade City 5200 architectes ont concouru pour remplacer le World Trade Center à New York. Le WTC a constitué une telle référence pour les grandes métropoles urbaines qui tentent de dire au monde combien elles sont grandes et importantes que tous les architectes ont pensé qu’être celui qui dessinerait sa résurection serait le meilleur moyen de trouver sa place dans le Gotha des constructeurs de symboles. L’idée ici est de créer une ville virtuelle qui serait faite de ces 5200 projets pour la résurrection du World Trade Center. World Trade City faite uniquement de World Trade Centers. L’excellence du marché dans l’excellence des villes au centre même du monde. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 177 It would be the perfect place for a video game, as if the WTC was the Building with capital "B" in the City with capital "C" in the Country with capital "C", then W.T. City should be the "W.T." of the capital City. What about a City that would gather all the attempts of perfection, of grandeur, of permanence? Like all video games everybody will try to compete and win. Different levels: Cars race between the buildings, (police and gangsters?) Helicopters race, Planes race? Slaloming between the buildings trying to find short cuts. The game play can probably be improved…68 68 Ce serait le lieu idéal pour un jeu vidéo comme si le WTC serait l’Immeuble avec un grand « I » dans la Ville avec un grand « V » du Pays avec un grand « P ». Alors WT City serait le World Trade de la grande VILLE. Que dire d’une ville qui réunirait tous les atouts de perfection, de grandeur et de permanence ? Comme dans tous les jeux vidéo, tout le monde essaiera de jouer et de gagner. Différents niveaux : Course d’hélicoptères, course d’avions ? Slalomer entre les buildings en essayant de trouver des raccourcis. La jouabilité peut probablement être améliorée… 178 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre One Minute of Attention, BA (Balanced Art)69 critical fusion, live performance, body art, theory, questions, not sure, easy art 18 janvier 2007 Players: Erwin Wurm's solo exhibition at the MUMOK, Vienna, Austria If producing art is a kind of gift for the public, then the audience gives it back by dedicating a slice of time life, "paying" attention to the resulting work. In this cultural Potlatch, this exchange should definitely be balanced; otherwise the artist dominates the public. 1- I propose, in front of One Minute Sculptures by Erwin Wurm to give One Minute Attention, and stand quietly in front of each sculpture or photograph. One can use a timer to control visitors' donation. 69 Une minute d’attention (art équilibré) Si produire de l’art est une forme de cadeau fait au public, alors celui-ci répond par le don d’une tranche de son temps de vie, prétant attention au travail produit. Dans ce potlatch culturel, l’échange doit être équilibré, autrement l’artiste domine le public. 1/ Je propose que face aux One Minute Sculptures (Sculptures d’une minute) d’Erwin Wurm d’offrir Une Minute d’Attention et de se tenir tranquile face à chaque sculpture ou photographie. On peut utiliser un chronomètre pour controler l’attention du visiteur. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 179 2- Another possibility is that in the case of EW, the shift in rules is considering that the less you do the stronger you are. Then, the public can avoid artist's domination by passing by the work as fast as possible without any noticeable precipitation.70 70 Une autre possilbité : Dans le cas d’Erwin Wurm, le déplacement des règles s’opère dans le fait de considérer que la force du résultat est inversement proportionnelle à la quantité de travail qui a servit à le produire. Alors le public peut éviter la domination par l’artiste (cf. Mauss) en passant devant l’œuvre aussi vite que possible sans précipitation notable. 180 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Blog For Ever (BLOFE) Net, Dump structure, memory, questions, writing, not sure 20 janvier 2007 Il y aurait, dit-on, un rapport direct entre la qualité de l‘écrit et la durabilité du support. Combien de messages partis sur le Net que l’on rêverait n’avoir jamais envoyés ? L’erreur provenant de la confusion en immédiateté entre le web, le chat et le téléphone. Le Blog est de cet ordre. Il partage avec la chose écrite sur papier dans le quotidien le fait de ne s’adresser à d’autres qu’ailleurs et aujourd’hui, contrairement au livre que la nature destine à durer jusqu’à la satiété des vers. C’est probablement une erreur de penser que la vague de posts suivante viendra recouvrir la précédente et il se pourrait qu’un jour lointain on exhibe des écrits compromettants, produit dans l’instant, et sauvegardés par la pulsion mnémonique maladive de collecteurs insatiables. Il faut retrouver la conscience d’une pérennité masquée par l’immatérialité du support. Chaque mot doit être écrit, même au présent, pour supporter l’épreuve du temps, la mutation des contextes et la dérive des interprétations (Barthes disait qu’il fallait « accepter les surprises du sens »). Je propose donc d’écrire le premier blog gravé sur marbre, puis scanné pour la mise en ligne. La télélithographie est née. Selon les contraintes locales, on peut imaginer de faire la même chose en écrivant à la plume sur parchemin, voire sur papier, mais la pratique est déjà courante. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 181 Récupération : Cloner l’abbé Pierre interactive installation, Augmented Reality, recycling, not sure 22 janvier 2007 L’abbé Pierre vient de mourir à 94 ans. Eu égard à l’action et à l’image du personnage, faut-il : Le canoniser ? Collectionner ses reliques ? Le cloner ? Cette dernière hypothèse, en une période où il devient tendance en politique que de s’élever en faveur des sans abris, paraissant la plus stimulante la question devient : Cloner l’abbé Pierre, serait-ce : 182 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Une œuvre d’art ? Un geste politique ? Une performance scientifique ? Un témoignage d’affection ? Projet : Parce que plus réaliste, je propose d’empailler l’abbé Pierre. La dépense sera raisonnable et par là même, plus en accord avec ses convictions, et ça permettra à tous ceux que son message a laissé indifférents de venir se recueillir sur sa dépouille sans entendre le message. Cependant, le dispositif, baptisé alors générateur de culpabilité inclura un enregistrement qui restituera en boucle les grands moments de ses discours. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 183 Art Buzz, l’art a posteriori. Net, critical fusion, artist career design, questions, not sure, easy art 23 janvier 2007 Deux phénomènes expliquent que beaucoup de projets artistiques ont plus d’impact par ce qu’on en dit que parce ce qu’ils représentent en acte : La difficulté de « mettre en œuvre » des dispositifs complexes qui font appel à des technologies non maîtrisées et la difficulté de faire appel à la contribution du public, encore moins contrôlé. Ceux qui parcourent le monde en quête de révélations esthétiques savent que la réalité est amère et apprécient que les médias sachent en donner une image suffisamment flatteuse pour que le genre ne souffre pas trop de ses avortons conceptuels et autres erreurs de jeunesse. Tirant parti de ces limites comme des bandes d’un billard sphérique de grandes dimensions, je propose un profil de carrière d’artiste entièrement fondé sur l’Art a posteriori. A quoi bon produire de l’échec si la réussite médiatique est possible à l’énoncé du projet, à quoi bon produire, tout simplement, si le vrai travail de l’artiste est d’obtenir qu’on en parle quoiqu’on ait vu. Les médias actuels permettent cette acrobatie qui consiste à alerter, mais un peu tard, d’événements courant la planète que personne ne verra jamais. Là commence le travail véritable de spam ciblé, de relais complaisants –un critique bienveillant qui dira combien c’est beau, en totale méconnaissance de cause- de définition du projet, de la cohérence du 184 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre parcours, des références invérifiables, des localisations improbables mais si crédibles que beaucoup jureront en avoir été, des manifestations si larges qu’on pourrait en avoir manqué des fragments qui sont maintenant ceux dont « on » parle. L’art serait-il une affaire de buzz ? Après le vaporware qui a gonflé les startups de l’Internet, le Vapor Art pourrait gonfler les catalogues de galeries et les bios d’artistes jusqu’au point où une histoire parallèle de l’art s’écrirait sur la base de témoignages apocryphes. N’est-ce pas aussi faire œuvre que de dépeindre l’artiste qu’on aurait pu être, alors que le virtuel autorise un genre de fiction intermédiaire dont l’artiste serait le médium, entre la vie et le roman ? Finalement plus réel que la fiction, puisqu’il s’ancre dans la chair même de l’auteur. En faisant de l’œuvre la fiction d’un artiste physiquement réel, le projet se distingue néanmoins de l’approche brillante de Paul Devautour et Yoon Ja dont la collection, faite d’œuvres authentiques, intègre la fiction de l’artiste comme composante structurelle. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 185 180° Dump structure, artist career design 26 janvier 2007 186 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dildomatic Opera live performance, interactive staging, sex, object, body art, sound and music 26 janvier 2007 Players: Dorkbot, David Steinberg, Joëlle Bitton Découvrant les arcanes nostalgiques du “circuit bending” il m’apparaît immédiatement qu’ici la pulsion sadique se détourne de son objet véritable. La trituration contre nature de jeux d’enfants; la tentative de convertir sons, notes et voix en bégaiements, hurlements, éructations, et autres borborygmes électroniques me fait penser que cet acharnement compulsif ne s’adresse pas à son véritable destinataire. J’ai eu l’occasion de dire que le référent absolu de l’interaction était le dialogue dont les formes extrêmes sont: faire l’amour et faire la guerre. Pour “interesser“ le Jeu, il faut incarner l’interaction. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 187 L’art étant parfois une forme d’onanisme, narcissique et désespéré, je propose une performance qui place le corps au centre de la manipulation. Sur scène, une femme (ou un homme) nue, s’efforce avec l’enthousiasme que donne le plaisir extrême teinté de désespoir, de tirer le maximum d’un godemichet modifié. De l’objet jaillissent des câbles qui suggèrent que la vibration qu’il produit est immédiatement traduite en hauteur et intensité du son qui accompagne les gestes et la progression du sujet. La voix de ce dernier, hésitant entre la cantatrice proche de l’extase et le ténor touchant au but, se mêle aux sonorités instrumentales, puissantes et déroutantes, du godemichet en action. 188 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Choix Multiples object, questions, light 27 janvier 2007 L’art serait une série de choix qui conduit à un assemblage complexe de propositions et de renoncements dont l’équilibre précaire tend à délivrer les sens. Mais pourquoi faudrait-il choisir, pour faire simple, entre la transparence et l’opacité, le lourd et l’aérien, l’ombre et la visibilité, les questions et la réponse… L’idée me venait ce matin de matériaux, candidats à l’existence, dont une personne au moins apprécierait l’usage, et qui pour cette raison méritent d’être inventés s’ils ne le sont déjà. Cherchant un matériau insonorisant et laissant passer la lumière, tout ceci avec une texture et une matérialité riches. Il me paraît alors qu’un feutre transparent remplirait totalement cette fonction. Peut-on feutrer des fibres transparentes ? L’intissé crée bien un voilage à partir de fibres translucides ! Peut-on feutrer de la fibre de verre ? Le matériau serait à la fois translucide et lumineux, transmetteur et émetteur tout en isolant du froid et son. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 189 Le nombre de ces matériaux émergents n’est probablement limité que par le potentiel combinatoire. Certains probablement, ont attendu, pour accéder à l’existence, que l’on soit capable d’en énoncer la nécessité. 190 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Traité de la différence Écrire un « Traité de la Différence ». Qu’est-ce que ça change ? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 191 Le contour de Dieu note, interactive installation, interactive design, questions, writing 30 janvier 2007 Players : Norbert Wiener, Philippe Breton L'objet et le comportement L'hypothèse cybernétique repose sur l'idée que l'objet est susceptible de comportement. Cette hypothèse est probablement acceptable à propos du vivant dont on peut supposer que la logique d'élaboration, d'évolution et de survie répond à une logique d'interrelations qui déterminent le louvoiement des itinéraires évolutionnaires frayant leur chemin dans le brouillard des possibles. C'est encore plus clair pour l'artefact, le résultat de l'action humaine, produit par celui qui se doit de trahir sa nature, tentant de reproduire sa logique de survie à l'échelle de sa création. On peut imaginer que l'ensemble des créations humaines tende vers un niveau de complexité qui, au fur et à mesure que le nombre d’acteurs augmente, s'approche de la complexité humaine. Il se pourrait aussi que, dans cette aspiration digne d'un cauchemar d'éléate, le point culminant de cette tendance rejoigne de façon asymptotique les limites de l'humain. Suivant cette même hypothèse, l'univers, l'homme inclus, témoigne dans ses limites des limites du créateur. Faire l'inventaire des limites du monde qui nous entoure et nous contient c'est définir les limites de Dieu, supposé créateur de ce monde. 192 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dans l'hypothèse probable de l'absence de créateur identifiable, c'est l'ensemble des limites qui constitue la définition de cette entité par défaut. La tâche est d'envergure. Le projet est d’accumuler les indices des limites de l’action humaine sur un serveur conséquent, peut être par analyse systématique sur la toile d’un champ sémantique qui englobe l’ensemble des mots caractérisant l’accomplissement, la limite, la réussite, l’obstacle et de tracer la ligne qui relie dans le sens et le langage les domaines associés. Cette ligne est probablement le seul contour possible de Dieu, défini comme il se doit, à l’image de l’Homme. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 193 The Big Ego Crunch (BEC) note, theory, artist career design, questions 3 février 2007 L’entropie a été imaginée comme la tendance profonde de l’univers à retourner au chaos. Est-ce le Chaos de la Genèse ou celui d’avant le Big Bang ? Dans cette dernière hypothèse l’entropie est la manifestation de la pulsion naturelle de l’univers à redevenir matière indifférenciée, non organisée. N’est-ce pas là, une fois encore, la projection d’un fantasme humain : comme si le monde devait revenir à l’individu qui le pense avant que celui-ci n’ait été capable de le penser. Si « Googol » est le terme inventé par Milton Sirotta, le neveu du mathématicien Edward Kasner en quête d’un mot pour désigner 10100 qui ensuite proposa ‘’Googolplex’’, 10googol, soit la valeur supposée contenir l’ensemble des particules de l’univers, alors il faudrait que cette valeur retourne au stade antérieur à sa formulation, dans la bouche et l’esprit de l’enfant qui l’a pensée; ramenant l’univers avant le Logos qui l’énonce, qui en formule la limite. Il propose propose ainsi la perspective désespérante, qui révèle que s’il nous est difficile de penser l’infini, nous avons toujours un mot pour en recouvrir la virtualité. Sans même avoir une conception solipsiste de l’univers on peut imaginer qu’il a la taille et la limite que chaque individu peut penser et donc, que tout est dit. 194 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Ceci est un projet de carrière d’artiste fondé sur la multiplication d’actions visant à ramener le monde à soi. PS. On me souffle que c’est probablement là la définition la plus actuelle de l’artiste… L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 195 Art Total installation, architecture 4 février 2007 La relation de l’œuvre au cadre et de l’art à ses espaces d’accueil et de légitimation a beaucoup occupé l’artiste du XXème siècle. Dans les multiples acrobaties conceptuelles qui ont conduit Klein à exposer le vide, Armand le plein, Buren à mettre en scène le musée comme contenu de l’œuvre, il reste un créneau pour les tenants de l’Art Total. Il s’agit ici de réaliser une structure gonflable dont la géométrie reprend à l’identique le volume intérieur du lieu d’exposition. Une fois la structure gonflée, la totalité de l’espace est occupé par l’œuvre. Le public est donc soit exclu - poussant jusqu’au bout l’idée que le lieu et l’objet de l’art ne sont jamais si forts que lorsque le public les ignore – soit invité à visiter l’œuvre de l’intérieur faisant pleinement l’expérience d’une peau presque vivante. 196 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Un lieu d’exposition aux parois vitrées ajouterait beaucoup au projet. La relation entre structure architecturale et structure gonflée serait visible de l’extérieur. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 197 L’univers dans une tête d’épingle critical fusion, object 4 février 2007 Puisque tout est dans tout et que la réciproque reste à démontrer, qu’en ces temps de convergence les extrêmes se rejoignent ; le concept en quête de réification peut croire que « small is beautiful » alors faisons entrer l’univers dans une tête d’épingle. Écrire « Googol » à l’échelle nano par réorganisation des particules. Ceci à l’intérieur d’une tête dépingle. L’invisibilité totale du résultat relativise la prétention du verbe à décrire le monde. 198 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le devenir organique du monde photography, theory, questions, architecture 8 février 2007 J’ai toujours cherché à trouver du positif dans les limites. Adolescent, la myopie m’apparaissait comme un excellent moteur de créativité. Elle est encore –plus que jamais- pour moi un handicap béni comparable en cela aux limites d’une mémoire déficiente. Bien voir le présent dans tous ses détails me semble du même ordre que conserver la mémoire intacte d’un fait passé. J’ai appris à reconstruire le souvenir comme à inventer le présent qui m’échappe optiquement. J’associais à ce processus de reconstruction la question du champ de vision, la myopie facilitant une perception syncrétique du monde et, partant, une perception plus globale des phénomènes observés. Je n’ai jamais pu vérifier cette intuition mais j’ai le sentiment de l’avoir vécue en continu. Un peu comme si la profondeur de champ optique était compensée par une largeur de vue. Comme si le manque de profondeur de champ mnémonique était compensé par la recherche de tendances identifiables qui permettraient de déduire d’une perception lacunaire l’information manquante; N’est-ce pas là l’équivalent des solutions techniques employées dans la correction d’erreurs pour les données numériques ? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 199 Inter- et extra-polation. Perception et mémorisation compensées par projection et prospection. Dans le flou de vision, ce n’est pas une réduction d’information qui s’opère mais l’émergence d’informations de substitution, une vision palliative. Le chaotique à l’extrême. Alors que la structure cartésienne du construit semble céder sous la pression et les tensions conjuguées de la pesanteur et de la digestion sociale, l’organique reprend le dessus. Pour la vision déficiente, isoler le détail, ce n’est pas mieux voir ce qui échappe mais, du fait de dissolution des formes qui résulte de l’agrandissement ; mieux percevoir ce que l’acuité perceptive aurait pu masquer par excès de détail. L’entropie sociale serait un retour de l’organique, de la matière organisée pour nier la règle, l’angle droit, l’homogénéité. La culture redevient vivante en laissant l’homme procéder à son propre effacement. Le projet : Traquer les modèles récurrents, en deçà des seuils de la perception, par delà la physique, juste après, d’un juste retour des forces, comme si les limites de nos perceptions donnaient à voir le devenir des choses. Ne prétend-on pas percevoir le lointain passé de l’univers en regardant plus loin le ciel ? Des indices, des preuves, des fragments juxtaposés qui donneraient à lire l’histoire à venir du sensible. 200 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le tiers absent interactive installation, critical fusion, live performance, questions, video 9 février 2007 D’où vient le sentiment d’agression qui envahi la personne à proximité d’un inconnu, au téléphone, dans un lieu public? Ce n’est pas, bien entendu, le niveau sonore, probablement le même que celui de deux personnes qui parlent ensemble dans le même périmètre. La situation nous paraitrait naturelle en ce cas. C’est probablement l’absence physique de l’interlocuteur en ce lieu. Comme si tout d’un coup la règle, la convention était brisée. Dans la liste des statuts acceptables, dans un lieu public, il y a celui de la personne seule, avec ses angoisses, ses regards fuyants ou appuyés, son désir visible de briser la solitude ou au contraire de maintenir la distance; Il y a le couple ou le groupe devisant de manière plus ou moins discrète. Je me souviens d’un soir, il y a quelques années de cela, j’étais attablé à la terrasse d’un restaurant plutôt désert. A deux tables de moi deux hommes parlaient chasse. Il m’était difficile de prétendre ne pas suivre contre mon gré leur conversation. Le niveau du dialogue montrait qu’ils se sentaient comme chez eux et qu’ils ne cherchaient pas à couvrir leur propos d’un quelconque voile de confidentialité. La personne que j’attendais appela alors pour m’expliquer son retard. Il ne fallut pas moins de 20 secondes de conversation pour que mes voisins de table me fassent avec force et conviction remarquer que mon attitude était totalement inconvenante. Sur le coup j’ai été tellement surpris de l’ampleur de leur réaction alors qu’ils ne s’étaient pas un instant soucié de mon confort lorsqu’ils parlaient entre eux que je n’ai pas su comment réagir. Sans me sentir pour autant coupable. Depuis les codes ont pris leur place préconisant d’éviter l’usage public du téléphone sans que pour autant on se soit interrogé sur leur motivation. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 201 Plus récemment, à l’école d’art de Monte Carlo, une étudiante (Leslie, je crois) faisait remarquer à Philippe Baudelot, du Monaco Dance Forum, qu’elle s’était sentie frustrée, exclue d’un spectacle dans lequel le danseur semblait attacher plus d’importance à son impact sur son double-image numérique, issu de sa performance, qu’à la qualité de sa relation au public, tiers exclus d’une relation amoureuse qui privilégie le reflet à l’altérité. C’est peut être là la clef de la frustration. Les relations sociales, conviviales ou spectaculaires, supposent le respect d’une convention relationnelle qui s’accompagne de rôles prédéfinis, de statuts calibrés qui sont la matière d’un marché consenti ou convenu. Sur cette scène du quotidien, l’être physiquement absent fait figure de fiction, et lui accorder plus d’importance qu’à ceux qui dressent le spectacle, implicite ou explicite, de leur présence corporelle, devient une insulte manifeste, ou perçue comme telle. C’est sans doute là l’effet de la complexité de l’application métaphorique des principes de la séduction à des comportements sociaux qui n’en affichent pas ouvertement la finalité. L’être seul et silencieux, le groupe vociférant ou l’harangueur patenté, constituent un locuteur et un spectacle potentiel ou déclaré qui mérite sa chance pour un interlocuteur et un public dont chacun de nous devient un candidat obligé. On ne fuit pas le spectacle de l’autre sans avoir de comptes à rendre, même s’il est gratuit, au risque de le payer cher. 202 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre J’ai souvent dit que le dialogue était le modèle probable du dispositif symbolique interactif plus encore en ses deux extrêmes : faire l’amour et faire la guerre. Mais la relation n’est pas nécessairement duelle et il conviendrait pour en exacerber les limites de jouer du tiers absent. Sur les écrans un visage nous parle, il nous faut un peu de temps pour comprendre que c’est l’autre l’interlocuteur. Les cameras associées sont croisées et c’est à mon voisin (peut être hors de mon champ) que s’adresse la personne en face de moi. Il est possible que pour reprendre le dispositif de Close Encounters ce soit une situation de bar, où chaque écran face à nous parle à l’autre et que l’ensemble des images sur écran soit l’image d’un autre, ici présent, qui ne sait pas à qui parler ni à qui il parle. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 203 Kub’ll object, questions, light, design 15 février 2007 J’avais besoin d’une petite lampe orientable. Pourquoi pas comme ça ? Façon boîte de vitesses modulaire. En fait j’aimerais qu’elle me donne aussi l’heure, donc ce serait un réveil avec une radio intégrée, il faudrait un ou deux haut-parleurs, pourquoi pas une série de cubes, chacun avec sa fonction, qui s’additionneraient selon la combinaison souhaitée. Pourquoi préférer le modulaire au tout en un ? Peut être la dimension ludique, jeu de construction ou bien le sentiment qu’un produit industriel peut donner lieu à un semblant de personnalisation prédéfinie. 204 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Milky Ways live performance, mobile art, questions, video 16 février 2007 Au fur et à mesure que la technologie se perfectionne, tendant vers un idéal que l’on peine encore à définir, l’appropriation artistique des outils emprunte des voies détournées, qui, loin d’échapper aux dernières sirènes n’en pose pas moins des questions troublantes. La fin des années 80 et le début des années 90 annonçaient l’avènement, en télévision, de l’image haute définition. La chose se réalise actuellement sans qu’on y voie une rupture majeure. En revanche la vidéo sur le téléphone mobile crée un engouement inattendu, comme le texte (SMS) l’avait fait à son apparition, contre toute attente. Plus le film et le cinéma tendent vers une finesse de détail, une surenchère supposée qualitative de définition, de nuances et de contraste, plus on est frappé par le succès de films tournés avec des cameras d’amateur par des équipes non professionnelles. C’est probablement que dans l’image l’émotion provient plus de l’usage qui en est fait que des performances de l’équipement ; de la situation que de la mise en scène (vidéo prise à la volée sur son téléphone portable) ; de l’espace de projection laissé à l'imaginaire du spectateur plus qu’à la sur-définition d’un propos qui en est réduit aux limites de celui qui le L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 205 tient. L’image la plus actuelle surfe avec l’imaginaire de celui qui la regarde. Elle augmente son taux de virtualité, l’étirant parfois jusqu’à la limite de lisibilité. Le sous-cadré, sous-défini, sous-exposé... surinvesti par le regardeur. Le projet : Jouer avec cette limite de l’en deçà du perceptible, filmer avec un téléphone portable la voute étoilée, par un ciel clair de printemps. Les étoiles, plus petites que les pixels, la myopie affirmée de la technologie. Le son est du même calibre : je raconte à mon amie, en Australie, le ciel que je lui montre tâchant de percevoir en quoi il m’aurait déterminé. Elle me présente le sien, inversé, tout aussi peu visible à mes yeux s'efforçant d'en déduire sa propre histoire. 206 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Audience and Liminal Art live performance, interactive staging, not sure, easy art 17 février 2007 Players : Couvent des Récollets, Université Européenne de la Recherche, Natan Karczmar, Jean-Pierre Faye, Fred Forest, Sophie Lavaud et tous les présents. Nous avons l’habitude de considérer que c’est le public qui choisit son spectacle et que c’est la qualité de ce spectacle qui définit le public dont la première qualité est le nombre. Je propose d’inverser la proposition après avoir testé les vertus de ce renversement. Dans le droit fil des projets dumpés qui évitent le sujet photographié pour s’intéresser à ce qui se trouve immédiatement à côté (Off Screen, 45° Left), aux propositions qui négligent les concepts énoncés pour s’intéresser à ce qui les relient (The Line In-between ideas), à celles qui floutent ce que l’on regarde pour n'en donner à voir que la périphérie (Pourfendeurs de champs), cette proposition entre dans la catégorie des pratiques liminales qui cherchent, un rien au-delà et en deçà, ce qui pourrait constituer la vraie nature des choses. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 207 Lorsqu’on est invité à parler du Dump, décharge à projets, il convient d’opérer à la mesure de la matière proposée. Le processus de création est le suivant : 1/ N’informer personne de l’événement. 2/ choisir un jour de départ en vacances afin de ne conserver que le public fortement motivé ou momentanément désargenté. 3/ n’accepter que le public arrivé en avance (c’est aussi une preuve de forte motivation) ou arrivé en retard (ce n’est pas un public facile et nous recherchons la difficulté) 4/ Après l’arrivée de la première personne, fermer la porte sans sonnette, sans poignée et sans information sur la nature du lieu et ce qui s’y passe. 5/ N’ouvrir qu’après l’heure prévue pour le commencement de la présentation lorsque que ceux qui n’ont pas été dissuadés se décident à marteler la porte pour affirmer leur désir d’en être, malgré tout. On a alors le public qu’on mérite, certes peu nombreux mais combien respectable. 208 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Obscene Dump Dump structure, theory, questions, writing 18 février 2007 Blake’s palette Il y a la même obscénité dans le fait de donner à voir (à lire) les projets rejetés qu’à montrer la palette de l’artiste peintre. Ce sont bien les couleurs choisies et préparées par le peintre que l’on voit, mais justement celles qui n’ont pas fini sur la toile. Candidate à la consécration, la pâte est en reste, fixée sur un support d’oubli qui est simultanément le tremplin des couches supérieures, celles qui sont là au bon moment au point de convergence du désir de l’artiste et de leur consistance chimique et chromatique. Les couches écartées sont un peu comme les fourmis qui se laissent mourir à la surface du lac à franchir pour que les autres leur passe sur le corps. Mais la peinture non plus n’a pas d’âme. Si la pâte, la matière et le médium ne prennent de sens que dans leur agencement et leur articulation comme les mots en vrac dans un dictionnaire chaotique, alors les projets en vrac du Dump constituent une matière tremplin pour les strates à venir, à leur tour éligibles. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 209 Mais qui, dans l’histoire de la peinture aurait pu donner à voir l’évolution de sa palette comme accomplissement dynamique de l’œuvre sans qu’il y ait quelque obscénité au procédé. Peut-on dire que l’art actuel, au XXIème siècle, intègre l’obscénité, la surexposition comme modalité non seulement acceptable mais quasinécessaire de la mise œuvre ? Du processus en action au processus réifié, candidat précoce à l’appréciation. 210 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Tout est vrai, c’est là l’erreur ! theory, artist career design, questions, titlism 21 février 2007 Player : un mauvais film de Rivette. L’esthétique n’accorde pas au titre le rôle qu’il mérite. Réminiscence d'une époque qui confondait, en peinture, titre et étiquette du négociant. Pourtant le titre dispute souvent au concept le raccourci qui fait, ou bien l’économie de la matière voire du passage à l’acte, ou encore le contrepoint révélateur, comme la dentelle de soie rouge qui dépasse de la jupe un rien trop stricte. Mais là je m’égare. On n’en est plus à réclamer la vérité en peinture, est-ce une erreur? L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 211 L’Art sans gravité interactive installation, theory, artist career design, questions, recycling, Virtually Revisted Art (VRA) 21 février 2007 Même si elles témoignent d’un processus relativement continu bien qu’apparemment chaotique, les mutations telluriques de l’art au 20ème siècle sont marquées par des moments d’irruption dont chacun correspond à la remise en cause plus ou moins radicale d’un ou plusieurs acquis esthétiques. C’est ainsi que se déplacent les frontières d’un espace de liberté que l’artiste semble vouloir élargir, probablement plus par souci d’y trouver un terrain constructible que par revendication corporative. A chacun de ces moments d’émergences correspond un questionnement. Le produit reste en effet souvent au stade de la question/remise en cause, témoignant plutôt que profitant totalement de liberté nouvellement acquise, ce qui sera le privilège des suiveurs qui s’engouffrent promptement dans la brèche. Ce sont en effet les médias de communication de masse, presse, publicité, télévision, qui récupèrent cette liberté, n’en conservant le plus souvent que les traits qui vaudraient ailleurs pour signature, plus que la dimension questionnante voire provocatrice. Picasso, Duchamp, Mondrian, Pollock, Warhol, Buren, Kosuth... Deux questions à l’origine du projet: Que donnerait leur action transposée, formellement, dans un contexte qui change totalement la donne physique, et esthétique ? Quel serait l’équivalent non plus formel mais esthétique de chacun de ces questionnements ? 212 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le Projet : Il consiste à transposer dans l’univers de la réalité virtuelle le travail d’un artiste. Il s’agit en fait d’une double transposition, formelle et esthétique. Ce sera l’occasion d’interroger les propriétés des espaces de substitutions dans leur capacité à absorber ou rejeter le questionnement artistique dans ses variations historiques. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 213 All Over Nothing (VRA) interactive installation, questions, recycling, Virtually Revisited Art (VRA), painting 21 février 2007 Première tentative de Virtually Revisited Art. Je propose de prendre Jackson Pollock comme cas d’école : L’apport de Pollock porte essentiellement sur le rapport à la surface (All Over), l’implication du corps (gestuelle) et la revendication de la matérialité du médium (Dripping). Transposition formelle : Dans le système de réalité virtuelle les mouvements de bras du visiteur laissent une trace imitant les propriétés de la peinture tout autour de lui. Le programme simule l’évolution des goutes et des fils de peinture voire leur racornissement avec le 214 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre séchage. On pourrait avec humour pousser le vice à introduire l’odeur de l’huile de lin et de la térébenthine. Nous sommes dans la simulation. Transposition esthétique : Dans l’espace de la réalité virtuelle, la pesanteur n’est pas une donnée a priori. La surface d’inscription n’est pas de l’ordre de l’écran, et le cadre n’a pas sa place car l’opposition champ/hors champs n’est pas applicable. Si la peinture, comme extension liquide du bras en mouvement doit envahir l’espace pour témoigner, comme l’empreinte dynamique du geste qui la disperse, alors il faut lui appliquer des propriétés liées à l’expression du corps ; laisser les fils de couleur s’éloigner dans l’espace quitte à supposer un commencement de friction pour qu’elles ralentissent leur éloignement dans la durée. Le visiteur-peintre se trouve alors à l’origine du Big Bang d’un univers peint en expansion, qui dit que la limite n’est plus aux bords de la toile écran et que le corps marque le monde par le geste sans en contrôler la trace. Mais comment transposer la rupture ? Quelles propriétés canoniques du virtuel pourraient être remises en cause par ce geste comme le réalisme, la composition, la peinture soigneusement appliquée à la brosse l’ont été par celui de Pollock? Probablement peu de choses, car le medium étant encore jeune, les frontières esthétiques qui bornent l’académisme n’ont pas encore été érigées et la liberté apparente d’agir y constituent encore la norme fragile que les univers réalistes des jeux vidéo ou de Second Life auront tôt fait de consolider. Merci à Miltos Manetas et Michal Migurski pour www.jacksonpollock.org L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 215 L'école du Ready Made ready made, artist career design 25 février 2007 Players: Bernard Marcadé, Marcel Duchamp Duchamp aurait dit : "je n'ai jamais eu envie de faire une école du Ready Made" Duchamp se préoccupait si peu de sa postérité, du moins le pense-t-on, qu'il faudrait prendre en compte le désir caché du maître qui refuse officiellement de faire école. Le message pourrait être: "je ne veux pas (ne peux pas) le faire moimême". Le message dit peut être aussi que l'école, base historique de l'académisme, ne naît pas traditionnellement de l'enseignement du maître, mais de sa consécration comme modèle par ceux qui ne l'ont pas compris. Prenons-le à la lettre: qu'est-ce qu'enseigner le ready made? L'art de reproduire (le geste de Duchamp), l'acte de désigner (l'adoubement de l'objet par son artiste même), l'acte de neutraliser, nier la différence entre artistes, affirmant la valeur esthétique de l'objet industriel, neutraliser la touche du maître cantonné à la signature. Quoi qu'il en soit, l'école du Ready Made ne pourrait être une école de 216 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre l'humour, car soit l'humour du geste -né de la lassitude et du constat affligeant d'un monde de l'art, expression permanente d'une forme aiguë de conformisme: ce qu'on appelle la loi du marché, mais c'est LA Loi (market lex, sed lex)- soit cet humour n'a pas été perçu soit il n'est assimilable que dans sa forme diluée. Le projet, bien à sa place dans le Dump (catégorie ANMA, Already Not Made Art): Créer une école pour produire industriellement des artistes produisant des actes singuliers. Standardiser la production de la différence. En faire une image de marque calibrée jusqu'à sa forme extrême, la plus fine en termes de calibration, où la différence dans l'œuvre est tellement ténue qu'elle lui est extérieure: désignation ou contextualisation, le doigt et le cadre, au point qu'on puisse en oublier l'objet. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 217 Spermission live performance, body art, artist career design, bio art, sex 25 février 2007 Players: Marcel Duchamp, Nicolas Bourriaud, Beaux Arts Magazine Paysage Fautif 1946, sperme sur satin Précurseur s'il en fut, Marcel Duchamp a aussi été un des tout-premiers à produire du bio art. Son Paysage fautif, l'est à plus d'un titre, figurant, à son corps consentant, la carte d'un pays pas sage, témoignage indéniable du processus de création interrompu, sperme sur satin détourné de sa destination première. Deux lectures possibles du "processus de production": Soit ce paysage spermatique correspond à une "pollution nocturne" sévèrement condamnée dans les pensionnats de la fin du 19ème et début du 20ème siècle; Soit il est le témoignage fortuit de la volonté d'émettre hors du sujet pour ne garder de l'acte que le plaisir, probablement supérieur dans des draps de satin. 218 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dans les deux cas le plaisir joue un rôle déterminant traduisant une recherche permanente chez Duchamp. Dilettante affirmé qui délaisse l'art de métier pour une pratique apparemment libérée des normes et des contraintes, pour enfin jouir du plaisir du renouvellement permanent. Plaisir intellectuel de constructions sophistiquées dans lesquelles le coup d'échec jamais n'abolit le hasard du verbe et le plaisir de la chair offerte qui n'a pas de prix. Il est d'autant plus surprenant de constater que les suiveurs/suivistes n'ont pas retenu du maître cette leçon de choses. Dans le milieu autorisé en effet, plus le propos est docte plus le visage fermé, comme si le code en vigueur cherchait le sérieux de l'intention dans l'humour et le plaisir de l'acte. Celui-ci déculpabilisé par sa remise dans le droit chemin d'une fécondité sinon souhaitée, du moins acceptable. De l'autre côté de la planète la lecture est toute autre sur la base des mêmes indices: En 2005, une exposition Duchamp à Tokyo arrachait au commentateur nippon une réflexion agacée sur les délires sans intérêt d'un obsédé sexuel pathétique, rayant d'une phrase la légitimité d'une lignée fécondée sur le satin, certes un peu sec, maintenant. Dans sa trivialité outrée, le geste n'en est pas moins remarquable. Il n'est pas innocent non plus que ce message soit présenté comme un tableau (paysage envoyé à sa maîtresse). Ce n'est pas une lettre parfumée. L'émission de Marcel pour sa belle se présente comme une création. La production de l'artiste qui se refuse de l'être devient littérale: Le sperme de Duchamp et la merde de Manzoni, le projet et le déjet. Chez Duchamp : la promesse définitivement non réalisée, ou plutôt l'affirmation peut être dérisoire de la supériorité de l'artiste sur la nature, qui crée, le monde (le paysage) comme représentation, en refusant de créer à son image. Peut-être plus que Fontaine, réceptacle standard industriel élevé au rang d'œuvre d'art, l'émission jouissive constitue un manifeste du ready selfmade génétiquement vrai, L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 219 abstraction lubrique codée dans la masse, fusion du medium et du message qui replace l'artiste à l'origine absolue de l'œuvre, à la fois magistrale et dérisoire. Le projet : L'alchimie duchampienne et l'alchimie manzonienne sont diamétralement opposées : la réduction du sperme en amour et la mutation de la merde en or supposent un rapport différent au destinataire, à l'instance de validation, au stock exchange des valeurs symboliques convertibles en plaisir ou en dollars. Duchamp fait partie de ces artistes qui ont choisi de fréquenter le monde de l'art comme activité alimentaire pour mieux par ailleurs, et à compte d'auteur, donner de sa personne à vide. Le projet donc est un projet de carrière d'artiste fondé sur le relevé systématique de ses émissions, tout ce qui émane de son corps soigneusement recueilli et répertorié, et non stocké mais envoyé aux instances appropriées: la galerie, la banque, le partenaire amoureux, la famille, l'armée, le laboratoire, le gouvernement. Le revenu s'il y a lieu de la distribution servira à continuer d'alimenter le corps en fluides, solides et stimulations de tous ordres. Une version extrême consisterait pour l'artiste à être alité, de multiples perfusions et cathéters alimentant et prélevant sans discontinuer ce que le corps absorbe et ce qu'il produit. Le corps devient alors l'alambic, à l'image simplifiée que proposent Vaucanson ou Wim Delvoye, de l'alchimie artistique qui réduit l'art à l'exercice de ses fonctions organiques, l'expression la plus rigoureuse de son individualité, et sa pratique connectée au corps social comme ultime processus de survie. 220 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Flower Power fashion 26 février 2007 Devant l'engouement pour l'esthétique du camouflage qui semble réduire la guerre au stade de la banalité urbaine, je suis surpris que les opportunistes en tout genre, produisant, dérision ambiguë, des vêtements d'été en tissu de camouflage rose, n'aient pas encore produit un tissu camouflage vert ponctué de bourgeons et de motifs de fleurs. Se cacher dans le printemps pour traquer le lépidoptère, me paraît de bonne guerre. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 221 Plan 1.0 installation, architecture 3 mars 2007 Le plan, espace à deux dimensions, a longtemps été considéré comme la forme absolue de l'espace de projection. Toutes les autres dimensions sont supposées se révéler dans la compression qui écrase l'univers dans sa représentation bidimensionnelle. Cette projection dans le plan est censée exprimer sinon la substance des choses, disparue dans l'opération, au moins leur essence. L'autre côté du plan, miroir ou fenêtre, constitue l'image virtuelle -au sens de l'optique- issue de la représentation. Le projet est le come back d'un de mes projets post-adolescent maintenant digne du Dump: Dématérialiser le plan de projection serait ne garder que le passage ou ne considérer que la surface dioptrique qui sépare deux espaces apparemment complémentaires et cohérents, mais que la division opérée par le plan désigne comme étrangers. Une ligne sur les cloisons bornant l'espace de présentation marque l'intersection du plan ainsi 222 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre défini et de l'architecture qu'il sectionne. En désignant le plan immatériel plus que la représentation qu'il refuse obstinément de supporter, cette ligne renvoie l'être à l'être et non à son image. Celui qui passe outre le plan qu'elle définit est comme scanné par l'écran invisible que traverse son corps. Le condamné à mort de Visible Human Project71, découpé congelé en fines tranches dignes du meilleur charcutier, est probablement le premier (corps) à avoir vécu physiquement ce passage qui a converti, chose rare, les tranches de sa chair en image, sa matérialité en objet numérique total. Une représentation qui n'épargne pas l'objet représenté. C'est probablement le premier cas d'une conversion substantielle, littérale sans passer par la lettre; une transsubstantiation du corps en image, irréversible. Si l'on exclue de la réversibilité la conversion de l'image en pâtée pour chien alimentant en cela le cycle de la nature. Encore un accéléré technologique qui ne fait pas le détail. 71 Projet de Michael J.Ackerman pour la National Library of Medecine des États-Unis qui a consisté en 1994 à découper tranche par tranche un condamné à mort consentant afin de créer la première base de données tridimenstionnelle du corps humain fondée sur une observation directe. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 223 From Scratch 0.0 Dump structure, writing 3 mars 2007 Je mentionne le plus souvent les sources ou le contexte qui contribuent à l'émergence des concepts. Il est bien évident que beaucoup d'autres références pourraient être évoquées, que j'en ai eu connaissance ou non. Cela me parait nécessaire, quand la chose me vient à l'esprit, dans la mesure où rien dans ce processus ne me semble relever d'une création ex nihilo. Néanmoins voici un projet de carrière d'artiste qui est vraiment le projet d'une vie: Chercher, en les éliminant les candidats au fur et à mesure que les référents apparaissent, un projet sans source, sans précédent, sans origine. Un projet dont l'auteur serait l'origine unique, absolue et définitive. 224 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre I've heard of it!72 Net, artist career design. 3 mars 2007 Une des formes absolues de l'art possible est la rumeur. La valeur d'une œuvre est maintenant plus déterminée par ce que l'on en dit, par l'image mentale construite sur ce qu'en véhiculent les autres. Combien d'opinions et de jugements sont fondés sur une connaissance de seconde main de l'objet? Une grande réussite artistique serait de créer la rumeur, forme définitive de l'œuvre, dont la propagation sera grandement facilitée par les réseaux. L'œuvre dont on parle, sans autre existence que sa diffusion médiatique, sera reprise par les blogs, commentée dans les listes, jugée par contumace, interprétée, glosée, sur la base des commentaires et jamais de sa représentation encore moins de sa présentation. Que saurions nous des Raisins de Zeuxis et de l'œuvre de Parrhasios sans Pline qui les a bien entendu relayés voire inventés? On en parle encore… Pour une oeuvre improbable, "Cast in Sigh"73, quelques phrases à glisser sur les blogs et les listes, ou dans des versions modifiées de textes émanant de critiques célèbres cités fort à propos, une partie du texte original étant conservée: "Il en va tout autrement de "Cast In Sigh" qui dépasse l'entendement." "En revanche, "Cast in Sigh" donne une interprétation toute différente du sujet qu'il serait difficile de restituer sans une confrontation directe à 72 73 J’en ai entendu parler ! Coulé en soupir (sur Cast in Brass: Coulé en bronze) L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 225 l'œuvre." ; "Une seule pièce surnage : "Cast in Sigh" ; "Une occasion unique de découvrir "Cast in Sigh" ; "Le musée n'ayant pu payer le montant exorbitant de l'assurance "Cast in Sigh" ne figurera pas dans l'exposition" ; "Pour "Cast in Sigh" il faudrait plutôt parler de Ready Trade tant l'évolution de la cote de cette pièce exemplaire dépasse l'entendement" ; "Peu d'œuvres etc.". 226 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Sticky Liquid Architecture sound and music, architecture 3 mars 2007 La musique se colle aux murs comme la poussière d'un été andalou. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 227 L’essence de l’Art Contemporain art-merchandising, Augmented Reality, theory 8 mars 2007 Players : Delphine Fabbri-Lawson Les esprits les plus sensés ont compris depuis longtemps qu’il importe peu de produire une œuvre significative, voire d’explorer des sentiers en friche, il est en revanche primordial de « faire art contemporain » comme le rappelait fort à propos un commissaire du Centre Pompidou. On ne mesure jamais assez la portée de cette réflexion. La reconnaissance est la base de l’acceptation par le milieu, elle passe donc par la production des signes minima de respect de la norme implicite. Inutile alors de s’étonner de réactions de rejet qui relèvent non du rationnel mais de la nécessité de protéger tout ou partie des règles 228 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre qui définissent le cadre institué dans lequel l’art peut se mouvoir en toute quiétude. Il importe alors d’identifier les propriétés limites de ces signes extérieurs de contemporanéité qui font qu’immédiatement un critique, un commissaire ou un collectionneur se sente en terrain connu avec juste ce qu’il faut de frisson pour entrevoir un danger possible, certes existant mais qui ne saurait atteindre ni le corps ni l’esprit de celui qui le pressent. Parmi ces attributs légitimant, certains traits constituent une forme de permanence qui leur octroie une pertinence durable. L’usage en agroalimentaire des aromes, qui conforte le consommateur dans l’idée que ce qu’il mange contient de la fraise authentique, fraîchement cueillie avec cet indéniable goût de terroir qui caractérise le produit de culture biologique de bon aloi. Je propose de rechercher l’équivalent artistique et d’en faire l’œuvre, d’atteindre ainsi l’essence de l’art contemporain. Parmi les huiles essentielles de l’art contemporain, j’écarte d’emblée le parfum de l’huile de lin. Avec la térébenthine il marque trop l’exposition des années cinquante pour donner ce fumet actuel qui doit affecter toute tradition durable. L’odeur de peinture vinylique qui caractérise la white box fraichement rénovée est plus discrète et plus indéniablement présente dans les vernissages de bon ton. L'huile essentielle "Art Contemporain", pourra être distribuée en flacon de petite taille, au design ascétique, dans les boutiques des musées, ou mieux, chez les revendeurs de fournitures pour artistes. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 229 Art after Technology74 writing 9 mars 2007 Write a book about art after technology. Technologies have become part of our daily life. Nothing new anymore! The relation to our environment, communication, consumerism, entertainment, stockexchange, writing, painting, loving… everything has been altered in a way that will take time to figure out. 74 L’Art après la technlogie Écrire un ouvrage sur l’Art après la technologie. Les technologies font maitnenant partie de notre quotidien. Plus rien de nouveau ! La relation à notre environement, communication, consommation, loisirs, bourse, écriture, peinture, l’amour…. Tout a été affecté d’une manière que nous n’avons pas fini de comprendre. 230 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre And now what?75 Artists can use or not, take into account or avoid, talk about or superbly ignore the digital flooding but they all will be wet for ever. And, even if the neo-luddite next generation decides to opt for a digitfree world, it will smell a little bit. 75 Et maintenant ? Les artistes peuvent utiliser ou éviter, en parler ou ignorer superbement la submersion numérique mais ils resteront mouillés à jamais. Et même si une nouvelle génération anti-technologique (neo-Luddite) se décide un jour pour un monde sans numérique, il sentira toujours un peu. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 231 Inside Out urban art, critical fusion, fan art, architecture 11 mars 2007 Dans la texture urbaine, les zones de passage entre public et privé, individuel et collectif, intérieur et extérieur sont rarement dénuées d’ambiguïté. La ville est le résultat de cet équilibre instable. Le projet consiste à matérialiser ces débordements en un territoire à la texture fluide. Partant de l’encadrement des fenêtres d’un immeuble, des tubes textiles rectangulaires prolongent dans la rue les volumes supposés intérieurs. Ces tubes sont maintenus en suspension dans l’espace urbain par la pression de souffleries puissantes. Ils vibrent à ce vent de synthèse comme soumis au vertige d’un statut illégitime, usurpation insouciante de l’espace public. 232 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Épargne Retraite note, Dump structure 17 mars 2007 De nombreuses études (que bien entendu je n’ai pas lues) tentent d’établir des courbes de la créativité. On y observe que celle-ci se réduit avec l’âge. Faut-il considérer le Dump et toute pratique équivalente comme une épargne retraite de la créativité? Toujours ça qui échappera aux fonds de pension. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 233 Eleate painting (Liminal Art) interactive image, video, painting, liminal art 17 mars 2007 Que serait une forme qui n’en finirait pas de tenter d’émerger de l’indéterminé ? Une matière, une image dont les contours, en perpétuelle quête d’apparition, resteraient toujours un pas en deçà de l’identifiable et du reconnaissable. De l’in-formation inachevée, de la virtualité en mal d’actualisation. La mise en scène du devenir dans son perpétuel inaccomplissement. Une œuvre qui refuse perpétuellement de se donner, en restant au stade de la promesse, ne peut qu'exploiter la frustration comme stratégie de séduction. Le projet contiendrait par nature un véritable pouvoir de fascination. Le cerveau tout près de l’intelligible ne peut se résoudre à renoncer de renouer les fils mouvants du sens. 234 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Eleate Music (Liminal Art) sound and music, liminal art 17 mars 2007 Le Liminal n’est pas le propre des arts visuels. Le même projet (Eleate Painting) est applicable à la musique, dont la texture (cf. Granular Synthesis) peut laisser supposer l’émergence de formes qui tardent à s’offrir, comme un éternel renoncement à se laisser appréhender, un jeu de cache-cache entre le récepteur et la matière sonore laissant le cerveau faire le guet en vain à la porte définitivement entrouverte du discernement. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 235 Pense Petit theory, artist career design 17 mars 2007 Le "pense petit" est à la création et à l’œuvre de l’esprit en général ce que le "gagne petit" est à l’économie. Il ne faut pas confondre le gagne petit et le miséreux. Le "gagne petit" attache plus d’importance au fait de gagner qu’à ce qu’il gagne. Le gagne petit peut être riche s’il pratique souvent. Le pense petit peut écrire ou produire beaucoup s’il s’y attèle avec persévérance. On dit alors qu’il est laborieux. Une tendance récente dans l’histoire de l’art attache une importance inattendue à la pratique qui consiste à réduire l’ambition du projet très en deçà des limites de l’aisément atteignable. Là où personne avant n’avait pensé à placer la barre : tellement bas qu’on ne peut, en passant dessous, la franchir qu’en rampant. Ceci est donc un projet de carrière d’artiste : Placer la barre le plus bas possible (au propre comme au figuré) de manière à pouvoir la franchir par en dessous sans la toucher, et toucher alors un public avide de performances vaines. Suivre un régime strict qui permette d’améliorer constamment sa performance. 236 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Hyper Potlatch art-merchandising, urban art, critical fusion, object, installation, architecture 17 mars 2007 Réaliser, pour achever le projet nouveau réaliste et le transcender dans sa dimension urbaine et sociale, la compression d’un hypermarché. L’hypermarché Carrefour de Garges-Lès-Gonesse qui alimenta la poésie de mon adolescence transformé en une galette recouverte d’une épaisse couche vitrifiante. La surface résultante, d’une transparence et d’une brillance parfaite conservera pour les temps futurs le témoignage d’une abondance au détail. Vu la surface ainsi dégagée il conviendrait de lui donner une fonction: Une patinoire pour les enfants du quartier. Une variante pourrait être d’inviter les enfants des pays pauvres (”émergents”, en “accession à la richesse”) à venir patiner gratuitement. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 237 Shouldn’t Be Made Art (SNBM Art)76 Dump structure, theory, writing, not sure 18 mars 2007 Évoquant la variante d’Hyper Potlatch, Florence Benayoun me dit : c’est horrible ! Cela met en évidence une des propriétés du concept art : Il est une différence significative, au niveau du concept, entre écrire un projet et le réaliser ; ou plutôt entre concevoir un projet qui se réalise dans sa description et le concevoir en vue de sa réalisation physique. Au-delà de la difficulté de mise en œuvre, les moteurs symboliques dans les deux cas sont d’un ordre différent. Le "concept project" n’implique pas nécessairement, en l’absence de réalisation, l’expérience physique de l’œuvre. Il y a une différence entre proposer d’inviter les enfants du tiers monde à patiner sur la compression d’un hypermarché et de le faire vraiment. L’intérêt critique de la proposition s’efface devant sa réalisation. Ainsi, le passage à l’acte, mise en œuvre littérale du concept, pourrait être la meilleure manière d’annuler le potentiel critique d’un projet comme le cynisme est neutralisé par son application politique. Le projet : Faire un catalogue d’œuvres qui dans l’histoire de l’art auraient gagné en intensité à rester au stade du concept, voire qui ont été dénaturées par la mise en œuvre. PS : Ceci n’enlève rien à l’intérêt de la compression d’hypermarché… 76 L’Art à ne pas faire 238 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Création délayée Dump structure, memory 22 mai 2007 Quand, sous la pression du quotidien, je n’ai pas le temps de mettre en ligne les nouveaux projets, je jette les notes manuscrites sur le papier. Quand je reprends ces notes, le plus souvent réduites à un ou deux mots, je ne me souviens plus de l’intention. Je construis donc un nouveau projet dont la note est l’embrayeur créatif. Je ne sais pas si l’oubli fait le tri entre les projets acceptables et les projets médiocres ou s’il écarte les projets les plus dérangeants au risque de ne conserver que ce qui est tellement acceptable qu’il en est sans surprise. La mémoire nous trahit. Si je pousse l’idée à l’extrême pour en vérifier l’impact sur le processus en cours, il faudrait que je diffère la mise en ligne, créant de nouvelles notes à partir des notes existantes. Un cas particulier ferait que la dernière note serait identique à la première sans que les deux projets n’aient quoi que ce soit en commun. Plus le téléphone arabe de la création que l’écriture automatique. Ce n’est pas le mot qui est changé mais le concept qu’il véhicule. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 239 Discrimination positive ready made, No Comment (NoCA), titlism 6 juin 2007 240 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Constellation, Concentration recycling, No Comment (NoCA), titlism 6 juin 2007 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 241 I Want You ! recycling, No Comment (NoCA), titlism 6 juin 2007 242 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Missing the Point recycling, No Comment (NoCA), titlism 6 juin 2007 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 243 Sans titre ready made, No Comment (NoCA), easy art, titlism 6 juin 2007 244 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Titlism (Titrisme) writing, titlism 6 juin 2007 Peut-on imaginer une œuvre qui errerait en quête de sens par le fait même qu'il deviendrait impossible de lui attribuer un titre définitif ? Chaque proposition tirerait l’image dans une direction différente sans qu’aucune n’exalte totalement son potentiel, et sans pour autant que l’absence de titre (Sans titre) ne suffise à lui octroyer le statut précaire de candidat à l’appréciation ? Le Titrisme, carrière d’artiste probable dans sa forme radicale, relève de cet art consommé (et surtout consommable) de transfiguration du banal par la dénomination. J’évoquais la chose à propos de Tout est vrai, c’est là l’erreur ! L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 245 Genomic Archaeology architecture, bio art 21 août 2007 Players: Naut Humon, Recombinant Media Lab, San Francisco, USA En proposant, en 2000, d'archiver un an du New York Times transcrit dans l'ADN des cafards afin que le contenu puisse survivre aux "pires scénarios imaginables" (sic) Jaron Lanier ouvre de nouvelles perspectives à l'architecture et à la conservation, indépendamment du possible lecteur de ces données dans un futur qu'il nous est difficile d'imaginer. Détacher dans l'architecture (une bibliothèque) la fonction (conserver - consulter) de la matérialité (béton, pierre, bois) pour envisager une prise en charge par le vivant de la transmission d'un message aux lecteurs futurs témoigne d'une souplesse conceptuelle largement facilitée par les hypothèses scientifiques et artistiques (Kac) de ces dernières années. Si nous avons été capables de le penser, d'autres avant nous sont probablement arrivés aux mêmes conclusions. Ce projet s'inscrit dans la série des "spotters", observant désespérément le monde dans le but d'y découvrir des signes intelligibles ou le témoignage d'une 246 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre intelligence; soit que celle-ci cherche à se faire connaître ou bien que son anonymat ait été trahi par des témoignages discrets d'existence. Il s'agit de tenter de décoder l'ADN d'un cafard pour vérifier si des messages abandonnés par une civilisation qui nous aurait précédés n'y seraient pas cachés. Le programme d'analyse des séquences de l'ADN pourrait s'inspirer des programmes utilisés dans le décryptage des signaux de l'espace (SETI). La transposition graphique des composants CMGT en RVBA permet la production d'une séquence graphique enchaînant les couleurs résultantes. Le défilement séquentiel, temporel ou spatial de ces couleurs permettrait d'offrir au public l'occasion de participer au décodage, misant sur le potentiel de l'"human computation" (Luis von Ahn, 2006) dont on connaît la complémentarité avec le calcul informatique. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 247 Falling Pixels photography, video, liminal art 4 septembre 2007 Difficile de regarder l’homme qui tombe du World Trade Center sans traquer l’évidence qui oscille entre l’indicible et l’impensable. Au-delà de la symbolique de l’événement, cet instant touche une autre de nos terreurs. Notre capacité de projection est prise en défaut car elle se heurte à la dernière barrière de notre système de survie, celle qui nous retient de penser : pourquoi vivre plutôt que rien ? Dans la photographie, la question reste définitivement en suspend. La précision de l’image semble neutraliser la puissance tragique du sujet. Trop net pour être vrai. La structure régulière de la façade accentue la dimension formelle de l’image. 248 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Que se passe-t-il quand on vide progressivement l’image du détail, quand la pixellisation à outrance ne laisse plus entrevoir que trois pixels qui bougent imperceptiblement forçant notre esprit à imaginer l’horreur, franchisant décisivement la barrière de la distanciation, chauffant à blanc le médium aurait dit McLuhan. On se demandait ce qu’on pouvait enlever à l’homme pour qu’il cesse d’être homme, il faut se demander ce qu’on peut enlever à la représentation pour qu’elle cesse de représenter pour mieux toucher. Comme résultat de cette gestalt dynamique, la force émotionnelle est ici d’autant plus forte que la vidéo, en boucle, anime les pixels avec la lenteur paisible de l’inéluctable. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 249 Projet de carrière d’artiste : commissaire note, critical fusion, theory, artist career design 30 septembre 2007 Players ; Daniel Buren, André Rouillé (paris-art.com) et bien d’autres André Rouillé en veut à Buren de redire combien le glissement du rôle du commissaire vers celui de l’artiste lui semble une usurpation de fonction. Seule l’artiste aurait la capacité d’endosser la fonction de commissaire car elle lui revient de droit. C’est dans son cœur de métier. AR voit là une prétention extraordinaire de l’artiste qui ne voit pas la spécificité de l’art curatorial (au moins l’anglicisme permet d’échapper à la répétition en offrant une alternative mélodique sans connotation policière, néanmoins un rien chirurgicale). Il me semble clair que les deux ont raison : Buren pour avoir perçu et dénoncé la mutation, Rouillé pour dire qu’il faut en apprécier la portée. S’il y a débat c’est qu’en fait la conciliation des deux positions suppose l’appréhension d’un phénomène qui relève de ce que l’on pourrait appeler la "mutologie" quotidienne, l’observation de la dérive des plaques dont l’étude sémiotique s’impose. Risquons des hypothèses qui faute d’être nouvelles méritent d’être énoncées : Causes et effets : il faudrait se demander si c’est la gangue curatoriale en pleine compulsion créatrice qui contiendrait, telle la chape de confinement du réacteur de Tchernobyl, la production artistique dans l’insignifiance ; ou bien est-ce l’inconsistance de la production -dont se dégagent difficilement des tendances dignes des avant-gardes historiques- qui invite ou oblige les commissaires à chercher le sens audelà de l’œuvre, à construire du discours sur de la matière inerte, à chercher la forme dans la glaise de la création de masse. 250 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre L’inconsistance de l’art et son atomisation donnerait à la matière artistique la plasticité qui fait les grands mediums. En fait, il est simplement difficile d’admettre que parfois, quand il devient auteur d’un discours qui dépasse la somme des parties, le commissaire est un artiste comme les autres. Que son medium est l’art, qu’il soit fait sous son impulsion – et l’on constatera que le plus souvent ce type d’exposition/installation regroupe des pièces produites pour l’occasion, sur commande- soit sous sa direction ou sa bénédiction. Il agit en cela à l’image du producteur hollywoodien vis-à-vis des scénaristes, des acteurs et du réalisateurtechnicien (c’est l’appellation officielle du CNC par opposition à réalisateur-auteur). En se révoltant, Buren défend la politique des auteurs, alors qu’il devrait applaudir à la naissance d’une nouvelle catégorie artistique. D’un autre côté, le commissaire-auteur devrait totalement assumer son rôle qui le ramène, dans la hiérarchie du pouvoir propre à la sphère artistique, au niveau des artistes. On assiste actuellement à la valse des étiquettes qui met en scène le débat : récemment Sophie Calle invite Buren comme commissaire à la Biennale de Venise, et là le paradoxe ce n’est pas qu’un artiste devienne commissaire mais bien que ce soit un autre artiste qui le désigne comme tel. Peu après, risquant la confusion avec l’institution, Hans-Ulrich Obrist et Stéphanie Moisdon exposent à leur tour, à la biennale de Lyon, non des artistes mais des commissaires. Le commissaire est un medium comme les autres. « Commissaire de commissaires» est probablement le sommet de la hiérarchie dans le questionnement sur le medium qui reprend soudain L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 251 de l’actualité. Le médiateur médiatisé par son médiateur même. Délégation, distanciation, renonciation, indétermination, surdétermination, on en finira plus de gloser sur ce qui trahit plus une mutation esthétique qu’une incapacité à traiter le sujet. On imagine bien néanmoins qu’il sera difficile d’aller plus loin dans cette direction au risque de faire disparaître, à force de la faire glisser, la raison même de toute cette agitation autoréflexive : l’œuvre (n’ayons pas peur des mots). Et l’exposition, telle le couteau sans manche auquel il manque la lame, présentera un groupe de commissaires nus errant, coupe à la main, dans un cocktail interminable d’un vernissage-exposition visité par un public de commissaires en plein casting. Une lame de fond vient de plus loin encore celle qui considère que le matériau de la production, artistique, télévisuelle, médiatique n’est plus totalement contrôlé par l’auteur mais activé dans une situation écrite. La confusion vient de la fusion entre catégories, artiste/œuvre, commissaire/artiste dont on ne peut que se réjouir comme de toute transgression nouvelle pour peu que le jeu soit clair. L’expression la plus médiatique de cette évolution est fournie par la téléréalité qui nous entretient dans l’idée que les spectateurs sont des acteurs d’une nature différente, à la fois meilleurs et bien pires, à l’autonomie certes souvent incontrôlable mais pas totalement imprévisible. Les auteurs créent du contexte, font de la programmation, définissent les règles, le cadre. Les exemples se multiplient de l’effacement orchestré des frontières entre fiction et réalité dépassant les prophéties situationnistes les plus alarmistes. La fiction est construite sur la base d’un réel en kit auquel il manquerait des pièces, la guerre est un spectacle de news aux titres 3D virevoltants, les 252 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre messages frappent les tours et les esprits au vingt heure et l’audimat se compte en cadavres. Si les medias exacerbés par l’explosion des technologies de communication ont facilité les mutations et les permutations, c’est qu’il y a une attente derrière ce glissement. Si l’artiste ne peut plus se contenter de produire un objet achevé offert à l’appréciation de l’humanité pour l’éternité, il peut exposer le sujet en situation en croyant à la dimension éclairante de la mise en scène. Ce que je nomme parfois la fusion critique77. 77 Cf. infra L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 253 Transport de cerveau disponible Transposition spatiotemporelle critical fusion, light, architecture, Business Model 4 octobre 2007 Players : métro, ligne 1, Paris Je ne dois pas prendre suffisamment le métro car j’ai découvert hier, et ce n’est peut être pas une première, les stations entièrement habillées par la publicité. Une seule marque, une station. La fenêtre de wagon se déplaçant dans l’espace comme celle de la télévision se déplace dans le temps on ne peut s’empêcher de penser à Patrick Le Lay, précisant que ce qu’il vendait à Coca Cola c’était "de la minute de cerveau humain disponible" s'exposant ainsi à devenir le directeur de chaine de télévision le plus cité dans les décennies à venir. Un cerveau humain totalement disponible est un cerveau mort. On se rappelle que la publicité est entrée à la télévision pour aider à en financer les programmes et réduire le coût des abonnements. Nous avons assisté à l’inversion de ce projet qui a fait progressivement du programme la bande annonce et le support de la publicité, maintenant l’attente et l’attention du spectateur, augmentant sa réceptivité. On a oublié la première partie de la sortie de Patrick Le Lay : " pour qu’un message publicitaire soit perçu il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages "78. 78 Patrick le Lay, PDG de la chaîne de télévision TF1, publié dans Les dirigeants face au changement (Ed. Huitième jour) et cité par l’AFP le 9 juillet 2004. 254 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La RATP a-t-elle saisi toute la portée de cette phrase ? Pour que le cerveau soit disponible il ne suffit pas de le maintenir bloqué devant l’image – contraint par l’habitacle- il faut aussi qu’il y soit ouvert et détendu. Avant le message il faut le massage. Dans la séquence d’événements qui caractérise le parcours d’une « ligne » de métro, les plans s’enchaînent avec un long fondu au noir. La station fait événement, donc sensation, donc impression. Mais le cerveau est-il suffisamment préparé ? Je propose de s’inspirer de la chute du film Soleil Vert (Richard Fleischer, 73) où le moment d’extase attendu par tous les humains, s’avère être une préparation en douceur à l’euthanasie nécessaire à la mise en œuvre de l’eucharistie généralisée, chacun devenant, dans une ultime transsubstantiation fonctionnelle, la nourriture de l’autre. Dans La citation complète de le Lay " Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider CocaCola, par exemple, à vendre son produit (...). Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...). Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. " (source : acrimed.org) L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 255 cette scène l’impétrant est baigné dans l’image et la lumière dont les propriétés lénifiantes accompagnent l’effet du poison. Une promesse paradisiaque réalisée enfin, pour solde de tout compte. Entre deux stations, l’intermède fonctionnel de l’inter-station s’interpose entre les intermèdes fictionnels des stations. Il reste à exploiter ce moment d’absence de sollicitation externe -susceptible de ramener le passager/spectateur à l’observation de ses semblables, réalité sans show- en travaillant la lumière extérieure de façon à ce que le regard soit comme hypnotisé, mettant le cerveau dans l‘incapacité de commander au cou un quelconque mouvement d’esquive. Une ambiance d’un bleu profond animé par une pulsation lente dans lequel le regard pourrait se perdre. Une rame : 80m de cerveau vraiment disponible. 256 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre L’œuvre du moi not sure 4 décembre 2007 Players : observatoire-critique.org Autoréflexivité et onanisme réticulaire. S’appuyer sur une publication en ligne et renvoyer à l’émetteur le lien pointant vers sa page de manière à créer un effet de feed back menant de click en click à un clignotement dont les vertus hypnotiques devraient convaincre le visiteur de la vanité d’un contenu qui refuse, avec obscénité, de se donner à voir. Augmenter ainsi de manière significative le taux de fréquentation du site ce qui semble être devenu l’ultime critère de qualité. Déconseillé aux épileptiques. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 257 Dump by the Metre art-merchandising, critical fusion, Dump structure, object, wallpaper, installation, product placement, recycling 16 décembre 2007 Le programme de flux en télévision est fait pour une consommation mesurée. Valorisée dans la quantité, la qualité supposée du programme est une fonction du temps de vie que le public-moyen est prêt à consacrer à sa découverte. La création de flux, blogs et autres décharges en temps réel, est soumise à ces mêmes critères d’évaluation. Que dire de la version imprimée d’un blog sinon qu’elle apparaît contre-nature : renversant la chronologie, rétablissant l’hyperlien naturel du parcours erratique et compulsif du regard qui se substitue à l’hyperlien technologique, par essence préconstruit et en attente d’une activation anticipée. La transposition imprimée du blog doit transposer dans l’ordre de l’observation de l’objet ce qu’est la temporalité dans la découverte de la version en ligne. 258 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Je propose d’imprimer sur un rouleau dont la longueur extensible sera celle du texte en ligne. Un usage s’impose le papier peint. Le blog devient surface qui s’usera avec le temps. La lumière nécessaire à l’affichage sur écran contribuera à sa dégradation. La fonction « décorative » du papier peint -qui répète à l’infini des motifs inanimés, oiseaux, fleurs, motifs géométriques inspirés ou non de la nature- est portée par la succession rythmée des lignes, le graphisme austère des colonnes de blog, l’irruption chaotique des images. Dump by the Metre, typique de la production d’un papier peintre, porte en elle son modèle économique : le papier peint est ici vendu au mètre, unité de consommation acceptable en l’espèce. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 259 Instances Dump structure, done 16 décembre 2007 Players : Delphine Fabbri-Lawson, Jean-Jacques Gay Dans la logique du Dump il est inévitable que certains projets passent du concept à l’acte, soit qu’un visiteur s’approprie, comme le projet l’encourage à le faire, sa trouvaille du jour, soit qu’un curateur bien intentionné souhaite voir la chose matérialisée. Le changement d’état que suppose la réalisation d’un projet voué par son placement à la décomposition, lente et fertile, pose la question de l’interprétation (au sens que l’on donne au terme en musique), de la duplication, de la multiplication (le multiple à l’ère de l’hyperconnectivité), de la signature, de la désignation etc. bref tout ce à quoi le Dump cherche de manière un peu lâche il est vrai, à échapper. Il convient donc, avec des demandes qui se multiplient, de traiter la question. Je propose trois cadres aux bords flous pour définir la relation entre l’interprète, l’interprétation et le Dump. Un visiteur interpelé par un concept se propose de faire un travail inspiré ou démarqué du projet initial et ce faisant de l’intégrer totalement à sa pratique : Dans ce cas, aucune mention particulière n’est requise et le dit visiteur est totalement libre de son action qu’il peut signer à loisir. C’est bien le destin de tout objet abandonné à la décharge. Un artiste souhaite produire et réaliser une interprétation d’un projet du Dump en intégrant l’origine du projet dans son acte : 260 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Je propose que dans ce cas le titre soit toujours construit de la même manière : Titre du projet Dump #XXX Instance XXX Le numéro de l’instance est fixé arbitrairement vu qu’il est difficile de dénombrer celles qui sont déjà réalisées ou en cours de réalisation. L’artiste interprète signe le résultat. Un commissaire d’exposition demande à l’auteur de réaliser un des projets chinés dans le Dump. Le titrage suit la même logique que dans le cas 2. L’auteur signe le résultat. (Je précise « l’auteur » car cette règle est applicable à l’Opendump.org où les auteurs sont multiples) Le cartel contient le détail de la page du Dump constituant le concept original. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 261 Falling Pixels dump #159 instance 1 installation, video, done 16 décembre 2007 Players : Delphine Fabbri-Lawson, Florent di Bartolo Premier projet du Dump réalisé et exposé. La question reste de savoir si, avec la concrétisation de cette Instance, Falling Pixels peut rester dans le Dump. Une réponse peut être que c’est justement ce qui permet de continuer à le décliner. Exposé du 24 octobre au 3 novembre Ancien Musée de peinture, Grenoble, France Manifestation Zone IP Commissaire : Delphine Fabbri-Lawson Montage : Florent di Bartolo 262 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dump by the Metre dump 163 # instance 1 art-merchandising, wallpaper, installation, Business Model, done 16 décembre 2007 Players: Jean-Jacques Gay, Vincent Allain, Eesi Réalisation et exposition de l’instance 1 de Dump by the Metre dans le cadre de l’exposition : Des Grandes Questions à la Décharge (from the Big Questions to thedump.net) 10 janvier – 8 février 2008 Ecole Européenne Supérieure de l’Image L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 263 Saint Georges terrassant le présent Architecture, motto, heritage 8 mars 2008 Les expériences récentes, passant par l’Abbaye de Fontevraud dont je réalisais en 2000 le parcours multimédia, et l’Arc de Triomphe, dont nous venons avec Christophe Girault, de réaliser l’installation permanente, m’ont permis de découvrir la puissance des forces de conservation où intelligence et savoir faire se concentrent sur la négation du devenir, et la préservation de la pierre de toute présence organique réputée néfaste à la Mission. La pierre prime sur la fonction, la lettre sur l’esprit, la matérialité sur la spiritualité alors on préfère décaper à ressusciter, figer à adapter, rétablir à construire sans penser qu’il n’y a pas là nécessairement un 264 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre antagonisme simpliste (passé/futur) mais complémentarité et confusion de matière : faut-il conserver d’une époque son dynamisme intellectuel ou sa pierre taillée ? La question n’est pas de la nécessité de préserver les traces d’un passé glorieux mais de le faire sans oublier que c’est la dynamique, c'est-à-dire la propriété de ce passé à évoluer pour construire les fragments de gloire dont on s’enorgueillit maintenant sans mérite et si possible sans futur, qui nous a conduit à penser la nécessité de sa conservation. C’est ainsi que Paris s’englue dans son histoire et confond préservation et capitalisation, oubliant au passage de construire ce qui sera son patrimoine de demain, mettant son énergie dans la quête infinie d’un passé qui n’a de valeur que par le présent qu’il engendre. On conserve la pierre comme les reliques des saints. Fragments d’os en décomposition dont on présume qu’ils contiennent encore quelque chose de la valeur des hommes qui les animaient. Quand on cherche à arrêter le temps parce que vivre c’est détruire on envisage sans honte mais non sans rage de geler le bébé avec l’eau du bain. L’Extrême Orient nous apporte pour ce que nous critiquons le plus. Car en Chine, au Japon, détruire pour reconstruire un temple, c’est préserver la forme et la fonction au-delà de l’entropie propre aux matériaux de construction, substrats provisoires d’édifices définitivement temporels. Le projet est ici une proposition d’armoiries pour les services français du patrimoine. L’image de Saint Georges terrassant le dragon surmontant une devise : L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 265 Qu’importe que la bête meure, nous blanchirons ses os Citons en passant cet extrait de l’excellent livre de Bruno Latour et Emilie Hermant : « N’est-il pas étrange que tous ces révolutionnaires enfiévrés, ces édiles en mal de voie sur berge, ces architectes fous qui voulaient raser Paris pour en faire un parking aient fait tous ces rêves d’utopie dans l’une des plus vieilles, des plus encombrées, des plus tortueuses, des plus sédimentées de toutes les villes millénaires ? Aujourd’hui, hélas ! la balance de l’histoire a viré vers l’autre extrême. Après avoir voulu priver Paris de son passé, voici que des armées d’historiographes, de restaurateurs, de muséologues et de gardiens de cimetière veulent maintenant priver Paris de son avenir. » Paris Ville invisible, éd. La Découverte 1998 266 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre L’autisme de l’auteur architecture, motto, heritage 8 mars 2008 Pour le préserver des rigueurs de conservateurs du patrimoine par trop zélés, je suggérais récemment à un responsable du Centre des Monuments Nationaux de faire inscrire au fronton de l’Hôtel de Sully, siège du CMN, la devise suivante : Le CONSERVATISME est au CONSERVATEUR ce que l’AUTISME est à l’AUTEUR Comme il est peu probable qu’il passe à l’acte, et même que la démarche ait un effet quelconque sur ceux qui ne sauraient se sentir concernés, ce petit projet de devise finit au Dump, comme il se doit. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 267 Arc des Fêtes urban art, critical fusion, architecture 16 mars 2008 Players: Lola Duval A s’interroger sur la valeur et la pertinence symbolique d’un monument construit en une période historique particulièrement guerrière, on en vient à peser le rapport entre la masse et le symbole, le triomphe à la tonne. Il importe de ne pas occulter les témoignages de l’histoire pour la rendre plus lisible mais aussi pour donner à comprendre les renversements qui font que la planète (touristes du monde, plus que citoyens) piétine d’aise les retours militaires triomphants, devenus fort heureusement un hommage définitif aux victimes anonymes car on l’avait compris, on ne triomphe pas d’une guerre, on y survit. Le projet est ici de créer un Arc des Fêtes, loin de la porte sans mur et sans battant que l’on franchit la tête haute, celui-ci ne serait en rien un 268 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre obstacle au regard, le contraire d’un lieu phare, Landmark qui identifie fièrement les carrefours urbains, plutôt une absence, un monument en creux, peut-être pour rendre hommage aux absents anonymes et involontaires, qui pour n’avoir pas été de ceux qui partaient défendre la révolution en 1792 sur les pas de la Marseillaise de Rude, n’en sont pas moins morts, par défaut ou par hasard, qui restent la majorité anonyme et définitivement silencieuse des guerres passées présentes et à venir.Le lieu se veut festif, car tout moment que l’on passe à faire la fête est un moment que l’on ne passe pas en guerre. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 269 WAR PAIX Concorde urban art, critical fusion, architecture 16 mars 2008 Plus que jamais la communication autour de la chose apparait comme la clef de lecture du projet. L’affiche de lancement de la nouvelle scénographie de l’Arc de Triomphe se devait de permettre une lecture rapide de l’enjeu : questionner le symbole, faire pencher une symbolique oscillante de sa polarité militaire vers son potentiel pacifique. C’était tout l’objet de l’installation permanente : traiter du monument comme sujet en interrogeant sa monumentalité, ses références, son origine, ses stases symboliques, mais aussi sa fonction, rare, de monument exclusivement symbolique : un monument national, représentant la nation, mais au travers du filtre de la guerre. Et de là, confronter le monument à la réalité d’une période, la nôtre, qui privilégie les valeurs de paix pour en avoir fait son écosystème pendant maintenant plus de soixante ans. 270 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Quand j’ai su qu’il était question d’envahir par l’affiche la Concorde, l’occasion était trop belle et j’ai proposé, outrepassant mon rôle en touchant à la communication, deux affiches dont j’imaginais qu’elles se feraient face, séparés par les rails, sur les quais opposés de la station « Concorde », ligne 1. Bien entendu l’histoire en a décidé autrement, l’anglais pour « WAR » faisait problème, m’a-t-on dit. Mais il reste le thème qui hantera désormais le monument et sa communication, témoin d’un doute qui n’était pas dans l’intention, mais qui transpire désormais dans les aléas de la mission du monument national: « entre guerre et paix ». L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 271 L’EAU RARE space art, liminal art 19 mars 2008 Players : Raymonde Moulin, Le Marché de l’art La sauvegarde de la rareté est, selon Raymonde Moulin, la condition nécessaire de l’acceptation par le marché de l’art. Il est en effet remarquable de voir comment la conscience de la rareté affecte le regard autant que le marché. Afin de débarrasser le sujet de toute dimension symbolique choisissons un matériau avant qu’il ne s’informe et non un objet. Prenons le plus banal. Débarrassons-le des propriétés qui le rendent nécessaire à notre survie. Oublions qu’il constitue plus de 80% de notre corps. Bref intéressons nous uniquement à ses propriétés esthétiques. L’eau constitue le parfait candidat. Imaginons l’eau sans soif, l’eau affectée de la rareté du diamant. On redécouvre alors sa transparence, sa pureté, plus ou moins grande, ses propriétés dynamiques exceptionnelles. Ses propriétés optiques étonnantes, diffraction et réfraction qui créent reflets et distorsions, font de l’eau à l’état aqueux 272 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre un non-objet à la plasticité paradoxale, qui prend la forme de tous les contenants mais ne la conserve qu’avec la complicité de la pesanteur. On se rend compte aussi que l’eau ne séduit pas par elle-même mais par la façon dont elle altère ou réfléchit l’image du monde. C’est parce que la transparence n’est pas totale que nous percevons, sans la toucher, la présence de l’eau. C’est grâce à son reflet que les premiers hommes, dit-on, prirent conscience de leur image. Voici une matière qui n’est pas belle en soi mais à travers soi. Une matière médium, ou plutôt une matière média qui prend une toute autre valeur quand on s’intéresse de façon métaphorique à la fluidité de l'information numérique, non soupçonnable de transparence excessive, ou à la liquidité monétaire sublimée par le réseau. Finalement l’eau n’est-elle pas une des substances les plus rares de l’univers ? Sa distribution inégale dans la galaxie explique notre difficulté à se sentir moins seuls dans l’univers. L’autre composante de la vie c’est le carbone, dont la forme la plus pure est le diamant. Deux transparences s’affrontent : la transparence cristalline à la stabilité remarquable mais qui part aisément en fumée, la transparence fluide à la souplesse exceptionnelle qui éteint le feu. Deux états des matières, deux états de l’absence, deux expériences esthétiques qui s’apprécient hors marché et dont l’existence justifie à elle seule notre présence dans l’univers. Par sa plasticité dynamique, l’eau représente peut être la forme la plus proche de la création contemporaine qui se satisfait moins de forme absolue, figée pour l’éternité, que de processus activé à l’occasion d’une rencontre avec l’obstacle, qu’il soit objet ou humain. S’il fallait pousser la métaphore jusqu’à notre difficulté à penser les mutations esthétiques et artistiques les plus récentes, les médias numériques sont L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 273 dans le fluide, alors que les médias traditionnels sont dans le solide, la pensée réifiée. Le projet pourrait être une situation de gravité 0 où la sculpture dynamique serait la forme d’un litre d’eau flottant dans l’espace indépendamment de tout contenant. Il en résulterait la forme-étalon celle qui naitrait de la capacité des molécules à maintenir une cohérence relative à la limite de la dispersion. La réalisation la plus parfaite de ce projet aurait redistribué les atomes d’hydrogène et d’oxygène sur la terre de manière à ce que ce litre d’eau soit le dernier, ou l’unique. 274 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Aesthetic Impact, 3D Emotional Crash Dummy critical fusion, body art 28 mars 2008 Players : Abaqus BioRID II Un mannequin de synthèse pour simuler les tests d’impact dans un accident automobile produit par le "Global Human Body Model Consortium". Le simulacre d'un substitut. Le mannequin physique permet d’effectuer la même opération supposant qu’en situation d’accident, le libre arbitre est neutralisé. Dans une telle situation la présence d’un cerveau dans le corps et la capacité de commander des fonctions musculaires sont réputées indifférentes. Il serait excessif d’en déduire que le cerveau nous est inutile dans une situation qui met en cause la survie en ébranlant nos capacités de décision par surcharge cinétique ou émotionnelle. Quand verrons-nous un mannequin de synthèse simuler l’émotion esthétique? Imaginons-le déambulant dans un grand musée, le comportement et la gestuelle perturbés d’une manière variant en fonction du tableau ou de l’objet artistique livrés à son appréciation. Deux indices comportementaux trahiraient cette affection : l’expression faciale et la posture corporelle. Le mannequin de synthèse serait ainsi soit distordu par le douloureux plaisir d’une émotion intense soit littéralement projeté sur la toile occupant la cimaise opposée, imprimant l’empreinte de son L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 275 corps, soudainement affecté de propriétés que l’on nomme en termes techniques « détection de collision ». L’impact émotionnel qui affecte l’intérieur neutralisé du spectateur virtuel serait alors confronté à l’impact physique du corps sur une toile dont le seul tort serait de partager l’espace avec une œuvre (trop) forte, voire d’accepter passivement la confrontation littérale, même si pour l’œuvre ainsi déformée, il est clair que l’expression débordante du corps du visiteur est un moindre mal comparé à l’indifférence de sa pensée, même si par l’absence d’impact cette dernière laisse au moins la place au doute. 276 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Memento Mori critical fusion, memory, titlism, motto 2 juin 2008 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 277 The Ad art-merchandising, critical fusion, easy art, titlism, motto 2 juin 2008 278 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre That’s the Question! questions, easy art, titlism, motto 2 juin 2008 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 279 Last Life (reminder) urban art, Net, critical fusion, video game, locative 4 juin 2008 Un jeu en ligne, reality game, pour gagner sa vie : Alors que les metaverse persistent à nous proposer des substituts colorés à la grisaille de notre quotidien, que les jeux vidéo nous offrent un nombre de vies égal à notre capacité à réduire celle des autres, il me paraît urgent de rappeler que le temps réel que l’on passe à se forger une vie 3D, on ne le passe pas à reconstruire la nôtre à l’image de nos rêves. Le Reality Show appliqué au jeu vidéo en ligne LAST LIFE ! Enjoy It Si les autres préfèrent votre réalité à la leur, vous avez gagné ! Chacun met en ligne une webcam qui filme une partie de sa vie, de son environnement ou du monde réel alentours. Un modèle blanc de la ville constitue la surface d’affichage de ces cadres de vies qui sont placés dans l’espace tridimensionnel à la place équivalente à celle qu’il occupe dans le monde réel. 280 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le temps que d’autres passent à observer cette fenêtre sur notre vie, est du temps de leur vie qu’ils dédient à la nôtre. Ça fait autant de points d’intérêt à notre actif. Le gagnant n’est pas celui qui fait le plus de points d’intérêt mais celui qui atteint l’objectif de visibilité qu’il s’est fixé. On peut, par exemple, faire le pari de n’intéresser personne et, bien que présent dans l’espace « public » ne faire l’objet d’aucune attention. Le jeu peut distinguer les participants des visiteurs. Les visiteurs ne peuvent qu’ajouter des points d’attention. Les participants perdent des points équivalant au temps qu’ils passent à regarder les autres plutôt qu’à agir sur le réel pour atteindre leur objectif. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 281 SYMPa-thétique critical fusion, change the world 18 juin 2008 Players: les Inrocks 17-23 juin 2008 : «Plus d’argent pour les facs « performantes » et moins pour celles qui privilégient les sciences humaines. SYMPA, ou « SYstème de répartition des Moyens à la Performance et l’Activité », est le nouveau projet de financement des universités par l’État présenté dans un rapport rendu le 11 juin (2008) par six sénateurs. Son objectif : « restaurer une plus grande équité entre les universités, tout en incitant à davantage d’efficience dans l’utilisation des moyens » Le projet est ici d’appliquer l’extraordinaire projet « SYMPA » aux activités urbaines et humaines. Fonder les décisions d’urbanisme et de développement urbain sur le retour sur investissement immédiat, seul critère intelligible pour le sénateur moyen. Privilégier la performance et la productivité cela signifie, une fois transposé à l’espace urbain : supprimer les musées, les manèges, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, les jardins, les boulangeries, les cinémas de quartier, les trottoirs surbaissés pour les handicapés, les trottoirs surélevés pour protéger les piétons des imbibés du samedi soir, supprimer la police, les clowns, les professeurs, la sexualité, le plaisir et le sourire. Il s’agit donc d’un projet urbanistique qui ne conserverait que la place de la Bourse, propre et nette. Mais il faudrait aussi et surtout appliquer ce programme d’optimisation du rendement à ceux qui économisent l’usage de neurones dramatiquement raréfiés en produisant des lois ineptes qui ne sauraient au mieux qu’inspirer la compassion. Les sénateurs se mêlent de créer les lois. Pétain, Mussolini, Hitler, Goering, Goebbels, Staline, sortez de ces corps ! 282 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre LAB-IP critical fusion, change the world 18 juin 2008 Le sentiment d’impuissance face à la dissolution des idéologies et des systèmes de valeur pousse trop souvent à la consommation immodérée de substances prohibées ou fortement surtaxées, ou encore à la recherche d’issues qui auraient jusqu’alors échappé à la vigilance des plus désespérés d’entre nous. Créer un LABoratoire d’Innovation Politique pour redonner envie de penser le monde, d’imaginer un futur qui ne soit pas qu’une caricature du présent, pour montrer qu’on peut être actif et décrispé, jubilatoire et vigilant, responsable et imaginatif, bref que le futur reste à inventer par ceux qui s’ennuient de la répétition des grands soirs, des petits matins et des lendemains qui déchantent quand la dérive gagne le monde en douce. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 283 Changer le monde critical fusion, change the world 18 juin 2008 Y a-t-il un autre projet possible pour l’artiste que de changer le monde ? Ne serait-ce qu’un peu ! Au moins de le changer dans le regard des autres, dans notre perception, dans son intelligibilité. En cela le projet artistique se rapproche du projet scientifique et du projet politique. Les réseaux ont étendu la portée de l’activisme du politique au symbolique. Pourtant on ne peut que s’interroger sur l’impact de gestes souvent dérisoires, dont la portée ne dépasse pas le jardin de ses pairs. Le label « hacktivisme », copulation de hacker et d’activiste, apparait de plus en plus là où on ne l’attend pas : sur des objets gentiment anticonformistes, comme un blouson clouté pour cacher la cravate. La prétention politique constitue parfois un mince palliatif à l’inconsistance symbolique. La réussite en la matière provient plus souvent de l’impact médiatique, les médias constituant en fait la cible véritable d’une partie significative de projets labélisés « hactivistes ». Pour d’autres il s’agit aussi de confirmer son appartenance à une communauté qui affirme sa vigilance face aux media numériques et à ceux qui les contrôlent. 284 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La frontière est ténue entre l’action sociale, l’exercice de sociologie amusante, et le projet artistique. C’est bien souvent l’espace de divulgation qui traditionnellement localise le projet d’un côté ou de l’autre des champs de l’action. Le critique d’art mentionnant une action sur le Net la tire vers la pratique artistique alors que le sociologue noterait le phénomène comme témoin d’un processus à l’œuvre. La chose on le sait n’est pas propre aux pratiques numériques, mais c’est là le lieu où se développent les pratiques hybrides, tout aussi ambigües dans leur forme que dans leur intention. Le projet est ici de traquer, dans notre environnement ce qui aura été modifié par notre pratique. Le noter, en recueillir des témoignages, en faire un catalogue dont la minceur inéluctable sera là pour confirmer qu’il est plus difficile de marquer les esprits que la surface des choses. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 285 La Grève (Oil on Strike) critical fusion, change the world 29 juin 2008 Nous sommes dans une période étrange où l’épuisement des ersatz idéologiques ne parvient pas à apporter de réponse satisfaisante en termes d'action face à un libéralisme triomphant ; c'est dans sa nature! Rares sont ceux qui se disent encore révolutionnaires et pourtant la nécessité du changement est patente tant les signes de crash potentiel se multiplient : écologiques, économiques, religieux, culturels, militaires... Les modalités d'action traditionnelles –manifestation, grève…peuvent avoir un impact local, voire corporatiste (augmentation de salaire, maintien de l'emploi…) mais peu d'impact sur les enjeux à l'échelle nationale ou planétaire. Il reste à inventer des formes d'action, d’inflexion des tendances, adaptées à notre époque. La crise du pétrole se trouve être à l'image des valeurs en vigueur: spéculation intensive (dissociation du prix et du marché), consommation excessive d'un capital limité : épuisement des énergies fossiles. Les pratiques hors d’usage : 286 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La révolution comme son nom l’indique n’évoque que l’éternel retour de certitudes de substitutions supposées remplacer avantageusement les valeurs dominantes. Et l’heure n’est plus aux certitudes mais à l’évaluation de leur crise et de leurs conséquences. Seules les grandes religions continuent de maintenir l’illusion de certitudes inébranlables qui n’apparaissent en rien une réponse acceptable (et moins encore souhaitable) à la crise du village planétaire. La grève touche souvent ceux qui ne sont pas à l'origine du préjudice subi. Le boycott, lui, devient rapidement intenable pour ceux qui le pratiquent comme pour ceux qui le subissent. Comme dans toutes les formes aggravées d’addiction, la responsabilité entre producteur, fournisseur et consommateur est partagée et il ne s’agit pas de punir mais de guérir. Le projet est ici de programmer, DANS UN AN, LA GREVE DU PETROLE. Il s'agit bien d'une action collective, qui se limite à une seule cible : la consommation immodérée du pétrole. L'annonce largement anticipée permet de se préparer à l’événement. Et c'est la préparation qui constitue la véritable action. Les étapes : 1/ L’annonce Annoncer la date 1 juin 2009. En plein printemps, la consommation d’énergie est naturellement limitée, un démarrage hivernal serait plus difficile à mettre en place. 2/ préparer la population à relever le défi L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 287 3/ pour cela multiplier les supports de réflexion, d'échange et de dialogue, les forums, les débats. Bref favoriser l'analyse des conséquences et se préparer à tenir le siège. 4/ créer un site de référence où sont compilées toutes les informations sur l'action en cours et les hypothèses pour sa réussite. 5/ Les champs de dépendance : définir les domaines sensible et les traiter de façon méthodique. Ne pas négliger ce qui fait appel aux dérivés du pétrole: matières plastiques, macadam… 6/ Distinguer l’existant de l’avenir. Inutile de détruire un objet en plastique. Le remède est pire que le mal qui est déjà fait. 7/ Les patches : l'idée n'est pas de paralyser le pays mais bien au contraire de faire la démonstration qu'il est possible progressivement de se défaire d'un produit dont nous sommes devenus dépendants sans pénaliser la partie de la population qui lui doit sa survie. Compiler les propositions pour résoudre les questions immédiates, solutions alternatives de transport, organisation du covoiturage, mise en place rapide d'énergies alternatives opérationnelles et économiques, création de clubs de discussion de proximité pour résoudre les problèmes spécifiques. 8/ tenter d'identifier les implications secondaires et leurs conséquences : ex. chute du prix des voitures d'occasion, emploi des pompistes, crise économique des stations service (leur proposer une activité alternative liée à la GREVE) 9/ Le partenariat médiatique : organiser un partenariat avec un quotidien (1 page par semaine, pour commencer, à adapter si le mouvement se développe), un hebdomadaire et un mensuel, 288 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre 10/ activer un débat permanent sur les solutions, non sur les solutions alternatives pour le long terme mais comme dans toute addiction tout ce qui peut contribuer à tenir un jour de plus… L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 289 Art after Technology Dump#141 Instance 1 theory, done 21 juin 2008 La revue du MIT, Technology Review me demande pour son édition française, la rédaction d’un article sur LE FUTUR DE L’ART. L’occasion est trop belle pour ne pas passer à l’acte et rédiger une première version résumée du projet « dumpé » Art After Technology. Publié en version tronquée dans le numéro 7 de juin 2008 de la revue qui ne sera pas distribué pour des raisons économiques. Voici un passage à l’acte qui retombe dans le compost du Dump. 290 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre L’art après la technologie Texte intégral de la version partielle publie dans La revue du MIT, Technology Review #7 édition française. Définir le futur de l’art Voici la question à laquelle aucun artiste sensé ne souhaiterait avoir à répondre. Peut-être parce que le même artiste a, en général, le sentiment d’y répondre par sa pratique. Penser le contraire serait pressentir d’avoir fait les mauvais choix : qui caresserait le souhait d’être considéré comme un artiste du passé ? Le présent passe si vite. Définir le futur de l’art devient un projet excitant si on le pense par la négative. Si l’on admet que l’art ne fait jamais où on lui dit de faire (ou du moins le prétend-il), cette tentative de définition revient à délimiter les territoires qui ne seront pas, dans les années à venir, ceux occupés par des pratiques sans cesse en déplacement. Un obstacle s’élève malgré tout face à un tel projet, la mort du futur, enterré avec la modernité. Nous serions condamnés à revivre éternellement les fulgurances, les facéties et les accidents du passé. L’art du futur sonne comme le titre d’un mauvais film de science fiction qui garderait un fumet sixties, technophile et optimiste, certes délicatement nostalgique mais un rien pitoyable. Définir le futur de l’art pourrait ressembler à un enterrement en règle de l’Art du Futur. Le projet n’est pas très festif mais la chose mérite d’être tentée pour que d’autres puissent se gausser d’en lister les failles et les contradictions. De la méthode : traquer dans le présent les indices de tendances haussières touchant aux signes d’artisticité. Il se pourrait qu’on y découvre que les grandes mutations technologiques ont souvent un L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 291 impact qui ne produit pas nécessairement de la technologie mais une autre lecture du monde. L’art après la technologie Il y a un an de cela je mettais à la décharge* le projet d’écrire un ouvrage de fond dont le titre serait : Art After Technology. Le sujet prend une actualité sans cesse renouvelée. La question du futur de l’art pourrait se trouver contaminée par ce qui n’est pour beaucoup qu’un épiphénomène auquel les invariants artistiques resteraient éternellement insensibles : la technologie. Il semblerait bien que nombre de mutations significatives dans l’art de ces dernières décennies soient moins le fait de l’évolution des tendances du marché de l’art, marquée sur le court terme par les tactiques promotionnelles mises en œuvre par ceux qui construisent la cote, qu’elles ne soient liées à l’irruption capillaire des technologies de la communication et de l’information dans l’ensemble des champs de l’activité humaine. Ce n’est pas une surprise mais cela nous suggère une série d’hypothèses en creux directement déduites des indices du présent. Émettons l’hypothèse que l’histoire de l’art ne saurait se satisfaire d’un éternel recommencement comme de l’épuisement de son sujet. Que ses pages s’écrivent à l’encre sympathique pour ne devenir lisibles qu’un peu plus tard. L’art au futur serait avant tout celui du présent que l’on finirait par comprendre. Non dans l’idée d’un retour à la vision romantique de l’artiste maudit magistralement incarné par Vincent van Gogh, mais parce que les pratiques les plus actuelles ne relèvent pas du régime de reconnaissance qui prévaut dans le champ artistique, qu’elles ne répondent pas aux signes extérieurs d’artisticité répertoriés. Si ce n’est pas une pipe, qu’est-ce que c’est ? 292 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre L’affirmation de Magritte résonne encore dans la tête de ceux qui se posent la question de l’art en termes de représentation. En écrivant sur la Trahison des images « ceci n’est pas une pipe », c’est par la négative que Magritte nous rappelle que face à une toile c’est une image que l’on voit. Ce n’est que plus tard qu’on rappellera que face à l’image c’est aussi de la peinture, face à la peinture c’est aussi de l’idéologie, face à l’idéologie c’est aussi un spectateur, face au spectateur c’est l’histoire qui se déroule et qu’il ne contrôle pas… Ceci n’est pas une image On n’a pas fini de mesurer l’impact du temps réel -la possibilité de recevoir le signe à l’instant même où il est produit- sur l’émergence des nouvelles formes symboliques. L’image n’est plus l’accomplissement du geste artistique, elle est un moment de son apparition. Elle est un moment d’un processus dont la définition devient le véritable travail d’auteur. Ceci n’est pas une fenêtre L’image n’est plus un simple trou dans le mur; la fenêtre qui dévoile tout en séparant l’espace d’observation de l’espace de représentation, qui maintient à distance l’objet du délit iconique. On a pu dire que si la peinture ouvre une fenêtre sur le monde, la réalité virtuelle en ouvre la porte. Ceci n’est pas dehors L’extériorité du spectacle n’est plus un impératif de la représentation. L’immersion, comme la capacité d’un système de représentation d’accueillir le spectateur d’une manière qui autorise un comportement équivalent à celui qu’il a dans l’espace physique, devient une caractéristique possible du régime spectaculaire. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 293 Ceci n’est pas le monde L’inquiétude monte en pensant que les créations dites immersives, plongeant le spectateur à l’intérieur même de la représentation, pourraient neutraliser la distanciation, cette faculté inaliénable d’exercer sa liberté de pensée face à l’illusion spectaculaire. La création immersive contribuerait à la spectacularisation du monde, à sa déréalisation. La dénonciation situationniste de la société du spectacle se retrouverait confirmée. Si l’inquiétude était fondée, comment concevoir alors, qu’immergés comme nous le somme dans le monde physique, nous soyons capables de le penser librement ? Ceci n’est plus un spectateur Le temps réel permet l’interaction, la prise en compte par l’œuvre de l’existence du spectateur, l’inscription du spectateur dans un univers de signes qui se donne à lire par la visite, qui se donne à vivre. L’immersion permet la création de situations symboliques, c’est la définition et l’activation de ses situations qui fait œuvre. Le spectateur s’est transformé en visiteur éprouvant le monde symbolique plus qu’en « interacteur » contrôlant la représentation. Ceci n’est pas interactif L’interactivité est une propriété intrinsèque de notre relation au monde, c’est la composante nécessaire de son intelligibilité. Celui-ci se donne à comprendre par le dialogue qui jusque dans ses extrêmes, faire l’amour et faire la guerre, constitue le référent ultime de l’interaction. Cependant cette interactivité n’est pas nécessairement déclarative. Au-delà d’une simple causalité, la prise en compte de son témoin par l’œuvre peut résulter de l’observation de son comportement, de l’interprétation, ou de facteurs extérieurs qui ne seraient pas déterminés par l’humain. On dit 294 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre que ces œuvres sont « adaptives » et plus encore « responsives » puisque la « réponse » est bien un moment du dialogue. Les œuvres génératives ne sont pas nécessairement interactives, l’art après la technologie ne refuse pas l’image, ne refuse pas l’objet, ne refuse pas le plaisir et encore moins sa déception. Ceci n’est pas un objet Il est pourtant plus souvent flux qu’objet. La matière symbolique s’est fluidifiée, elle a augmenté sa plasticité même s’il devient de plus en plus difficile de lui faire garder la forme qu’on tenterait de lui imposer. Le processus prend le pas sur la trace, le tracking (pistage, capture) sur l’empreinte. Pollock qui avait compris que l’œuvre pouvait être la rencontre du geste et de la surface serait surpris de voir la peinture projetée poursuivre sa trajectoire au delà de la toile. Amené à apprécier non l’objet toile transmuté par l’alchimie picturale mais le geste en suspend se déployant pour toujours dans l’espace, ou encore maculant le paysage à des lieux à la ronde. Changer le monde, au-delà de l’image. Ceci n’est pas immatériel L’immatérialité est loin d’être la sublimation de la pensée humaine, car a contrario, c’est parfois la projection de la pensée sur la matière qui donne cette intensité singulière, et que l’on s’attachera à (re)trouver. La réification du flux, de la pensée en action peut devenir une forme extrême de son affirmation, comme elle l’a été par le passé, mais en conscience, comme un choix assumé d’arrêter le temps pour pointer l’empreinte. Et l’on continuera d’opposer les deux faces de la même la même pièce : dématérialisation du sensible et réification de l’intelligible. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 295 Ceci n’est pas un lieu La création d’après la technologie n’a que faire de la démonstration, elle est l’utopie réalisée dans sa forme la plus pragmatique. Un non-lieu pour un procès à perpétuité, hors cadre. Ceci n’est pas ici La localisation de l’œuvre en réseau, multiplie instances, avatars, et formes d’apparition. Le code source est ailleurs, souvent dupliqué, copié, remanié. La localisation devient un enjeu d’écriture dans l’espace (locative art) mais pas une contrainte liée à la nature physique de l’objet artistique. Ceci n’est pas là La virtualité, cette propriété du monde physique dont la présence dans ce qui nous entoure n’attend qu’un prétexte d’actualisation, contamine la représentation. Le temps réel permet de l’appliquer aux formes symboliques. La conséquence en est que l’œuvre est moins dans ce que l’on perçoit que dans ce qu’il en adviendra. C’est en cela que l’image n’est plus que le témoignage du processus et non son achèvement. Ceci n’est pas une nature morte Adaptativité, réactivité et générativité suggèrent des productions qui travaillent le devenir comme matériau, au-delà des supports. L’œuvre est constituée tant qu’elle bouge encore. Le développement des biotechnologies offre un nouvel espace d’investigation pour un nombre croissant d’artistes qui travaillent le vivant comme matériau dont on commencerait à maîtriser l’écriture. Que l’ADN (Kac en acte… Lanier en intention) devienne le texte que l’on contribue à écrire, à la limite incertaine qui sépare le possible du souhaitable. 296 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Ceci n’est pas nouveau Si les technologies ont facilité le renouvellement, la surenchère devrait réduire la motivation pour le nouveau. La banalisation du spectaculaire en attente de transfiguration. Ceci n’est pas unique Après le numérique, l’œuvre unique constitue un vrai choix. Ceci n’est pas reproductible Mais si l’on a pu s’interroger sur la reproductibilité technique et son impact sur la nature de l’œuvre (W ; Benjamin), c’est maintenant sa non-reproductibilité résultant de sa fluidité, de sa mouvance et de son caractère insaisissable qui fait question. Ceci n’est pas possible La virtualité s’intéresse au possible mais ne saurait s’en contenter, la quête de la diversité s’épuise parfois dans l’aléatoire, variante amnésique de la complexité. C’est pourtant souvent dans la définition du possible de l’œuvre que se glisse la liberté d’écriture. Ceci n’est pas rare Le savoir, le savoir faire et la possession de l’œuvre sont de plus en plus communément partagés. Il n’est pas rare pour certains de s’en inquiéter. Ceci n’est pas à vendre Il en résulte que plus l’œuvre est partout, moins elle est matérielle, plus sa détention est difficile avec les conséquences innombrables pour la marchandisation de l’œuvre. Si la rareté fait partie de la définition institutionnelle de l’œuvre, c’est l’œuvre qui devrait s’évanouit avec sa L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 297 dilution interstitielle entre espace physique et espace numérique. Mais elle survit à l’épreuve, c’est la définition de l’art qui aura glissé. Ceci n’est pas ce que vous voyez L’essentiel du processus est invisible, en amont du sensible, l’image, le son, c’est lui qui donne le sens, mais il ne suffit pas à le manifester. Ceci n’est pas coupé du monde Les mêmes technologies qui ont permis l’immersion du visiteur permettent aussi la fusion entre fiction et réalité. Après l’irruption de la réalité dans la fiction (téléréalité, info-spectacle, docu-drama…) c’est la fiction qui s’insinue dans la réalité. Au-delà de la dérive spectaculaire, de la téléréalité, de l’événementiel à outrance, l’espace physique, souvent en ville, constitue un support/medium qui se travaille en profondeur. Les pratiques mixtes, réalité augmentée, géolocalisation, action urbaine deviennent des terrains de jeu artistiques à une autre échelle. Ceci n’est pas qu’un jeu Pour déjouer la spectacularisation de la société, la pratique de la fusion doit être critique, elle déborde de l’espace urbain vers l’espace politique et social. Deux tendances s’esquissent l’une plus documentaire dont on pourrait se demander si elle s’exprime sur le bon terrain, l’autre militante qui tente d’infléchir la compréhension par l’action souvent intrusive, parfois violente. Ceci n’est pas politiquement correct Lassée par l’injonction éthique, une tendance pourrait se développer qui serait foncièrement politiquement incorrecte au nom de la libre expression et de l’exploration des limites. 298 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Ceci n’est pas technologique Un des plus grands impacts de la technologie sur l’art sera probablement son refus catégorique par le milieu, et les projets fleurissent déjà nombreux de créations low tech et déconnectées (unplugged) dont on peut difficilement ignorer que la technologie y est trop visiblement rejetée pour qu’elle n’en soit pas le véritable sujet. Ceci n’est pas mince Prenant comme un dogme l’humour duchampien, traquer l’infra-mince reste le mot d’ordre de ceux qui croient qu’il s’oppose au spectaculaire alors que le plus souvent, brandit comme un label, il devient synonyme d’inconsistant. Ceci, ce n’est pas moi qui l’ai fait ! La création participative, la production collective, l’anonymat, les identités multiples, le sampling, les ready made, l’open source, le copyleft et le creative commons contribuent à brouiller la notion d’auteur unique sans pour autant affecter la revendication, l’appropriation et les processus de validation. Ceci n’est pas fini L’œuvre est en devenir, mais non en chantier. L’aboutissement d’un processus de production n’est pas nécessairement un objet achevé (inanimé) dont les composantes formelles soigneusement assemblées auraient atteint une forme de perfection. Mais on pourrait probablement retrouver d’autres formes de complétude dans les processus symboliques émergeants. La réflexion sur le sujet, elle aussi, ne peut qu’assumer son caractère transitoire, performatif, inachevé, et pour cela, parfois, accepter de parler du présent au futur. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 299 Reverse Time, Reverse Money urban art, critical fusion, Business Model 29 juin 2008 Players: Olafur Eliasson, Michael Bloomberg Le Public Art Fund annonce le financement d’un nouveau projet urbain d’Olafur Eliason: The New York City Waterfalls. La rencontre la plus surprenante n’est probablement pas la présence de chutes d’eau dans New York mais la franchise du maire de la ville ; Michael Bloomberg, qui en toute honnêteté précise : "Not only does public art excite and inspire New Yorkers, it helps draw visitors and adds millions of dollars into our economy” * L’acceptation de l’art dans ses formes les plus extrêmes par les esprits les plus conservateurs a toujours été favorisée par leur plus petit dénominateur commun : l’argent, le retour sur investissement. La convertibilité du supplément d’âme en plus value financière constitue un moteur de fait de la production artistique et l’énormité des lieux d’art récemment construits dans les grandes villes de la planète répond bien à la même logique quand leurs commanditaires précisent off the record qu’il s’agit pour eux de reproduire l’effet Bilbao sous entendu la plus 300 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre value touristique d’un édifice spectaculaire largement médiatisé. La question est alors de savoir dans quelle mesure un projet artistique trouve ses moyens dans sa médiatisation indépendamment de son propos ou bien s'il se dissout dans la logique de son financement ne véhiculant plus d’autre message. Le projet serait, dans l’ordre du spectaculaire de prendre à la lettre l’expression Time is money et de vérifier qu’en inversant le temps on continue de produire de l’argent. Projeter sur la surface d’un immeuble (Time Square ?) une cascade inversée (Tribute to NoSail), l’eau remonterait le temps et la façade indéfiniment. Utiliser tous les écrans complices pour passer leur contenu en sens inverse, implanter de nouvelles horloges dans la ville ou inverser le sens des aiguilles d’une horloge remarquable (Grand Central ?). Multiplier les indices d’inversion du temps dans la ville. Surveiller simultanément la croissance du PIB municipal. *« Non seulement l’art public intéresse et inspire les newyorkais, il attire les visiteurs et apporte des millions de dollars à notre économie. » Source : http://publicartfund.org/pafweb/projects/08/eliasson/eliasson-08.html L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 301 Silence ! (2) interactive installation, come back, interactive image, painting, liminal art 29 juin 2008 Une image, un tableau dans un espace public qui ne devient visible que lorsque personne ne parle proximité. Il s'efface lorsqu'une voix s'élève. Il énonce par son comportement les conditions de son appréciation. La visibilité de l'image est inversement proportionnelle au bruit environnant. Appliqué à la publicité urbaine le principe contredit la stratégie du phatique. L'interpellation n'est plus le moyen d'imposer l'image au regard du passant. Celui-ci, dans le doute, se verra obligé d'interrompre le cours de sa vie pour prendre connaissance d'un message dont il décidera s'il en est ou non le destinataire. La structuration de certains réseaux de communication est fondée sur ce modèle : chacun émet pour tous, seul le vrai destinataire "écoute". 302 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Un Musée de commissaires (Museum of Curators) critical fusion, architecture, curating 2 juillet 2008 La fin du vingtième siècle a consacré le commissaire en le plaçant au sommet de la pyramide artistique. Si le glissement de statut l'a progressivement transformé en auteur, puis en artiste, je propose d'aller jusqu'au bout de la logique historique et de créer, au vingt-et-unième siècle, le premier musée de commissaires. C'est là que l'on pourra découvrir une collection complète des actes curatoriaux majeurs de ces 30 dernières années sous forme de documentation, mais aussi parfois de reconstruction à l'identique ou encore de maquette d'expositions qui ont marqué l'histoire de l'art contemporain. Une variante de ce projet pourrait faciliter la reconstitution en supprimant de l'exposition tous les éléments potentiellement revendiqués par des artistes (toiles, sculptures, installations, vidéos, et.) en ne conservant de leur présence dans le dispositif originel que le cadre de poussière laissée sur le mur, le ronronnement du projecteur vidéo, la trace au sol de la sculpture en fonte écrasant la moquette. Cette approche présenterait le double avantage de réduire les frais de L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 303 présentation (assurances, transport, location d'œuvre) et de ne donner à voir que la matérialité de ce qui fait le geste curatorial: le fil sémantique et spatial qui relie des fragments de sens en déshérence. 304 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Écrire une thèse No Comment (NoCA) 2 juillet 2008 Projet dumpé en 1985 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 305 Générateur de bibliographies theory, writing 2 juillet 2008 Le cas est fréquent: l'Auteur doit fournir une bibliographie. On sait combien l'exercice est fastidieux non pour le fait d'avoir à rendre hommage aux ouvrages qu'avec plaisir ou intérêt on aura consulté et que l'on recommande vivement à tous ceux qui s'engageraient sur les même voies, mais pour avoir à en établir la liste académique avec son appareil de références. Certains, on le sait, vont jusqu'à copier les bibliographies disponibles en ligne plutôt que d'avoir à sacrifier un temps précieux à l'exercice. D'où l'idée simple mais productive de créer un générateur de bibliographies : on entre le sujet, les thèmes, les mots-clefs… et on obtient la précieuse liste. Fondé sur la fouille de données, le moteur analyse la récurrence des références liées à un sujet prenant en compte titre/résumé/édition. Les références seront hiérarchisées en fonction de leur fréquence de citation dans des revues et publications répertoriées par les instances d'évaluation de la recherche. Une version plus élaborée ne se substitue pas à l'Auteur mais apprend à le servir en observant sa pratique et ses rituels. Le générateur fournit une liste structurée, limitée au nombre de références requis par le commanditaire en ne conservant que les titres et les auteurs les mieux "classés" parmi ceux mentionnés dans le texte que la bibliographie accompagne. Apparaîtrait en gras ceux que le commanditaire aura effectivement consultés. Afin de personnaliser la 306 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre sélection, un système rudimentaire d'apprentissage retiendra les auteurs valorisés par l'Auteur par citation, pointage, confirmation, suppression définitive de la liste. Une liste noire pourrait contenir les noms à ne jamais mentionner. Une liste blanche : ceux qu'il ne faut pas oublier : références incontestables ou simplement incontournables, auteurs à la notoriété grandissante, écrits des membres du jury pour un mémoire ou une thèse. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 307 Contre sens ou sens interdit ? Dump structure, theory, writing 2 juillet 2008 Le blog tient de la série télévisée. Non par la nécessaire qualité de son potentiel attractif (il en est d'excellentes) mais par l'exigence singulière que suppose sa structure fragmentée, elliptique, épisodique. Quelques propriétés de l’exploration d’un blog qui méritent d’être rappelées : Chaque nouvel article doit pouvoir être lu séparément de l'ensemble et conserver tout son intérêt hors contexte. Dans l'ordre du narratif, c'est une propriété qui distingue la série du feuilleton. La régularité de la production est déterminante pour conserver un lectorat assidu. La longueur doit être compatible avec la lecture sur écran très différente en cela de la lecture de la chose imprimée. Il faut aussi prendre en compte cette particularité du blog dont la découverte est nécessairement chronologique et dont on n'embrasse l'ensemble du propos, quand on l'a découvert tardivement, qu'en remontant le flux, de post en post, assumant l'acrobatie temporelle qui en résulte mettant à l'épreuve nos capacité cognitives. 308 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Écrit au jour le jour le blog pourrait être incompatible avec un propos structuré, avec une construction académique, avec une pensée qui suit le chapelet d’un discours maîtrisé. Le blog est plus dans le débordement, dans la dérive, surtout quand celle-ci assume la fonction désinhibitrice du genre, peu enclin à sacrifier à la règle. Est-ce à penser que cette forme interdit le propos cohérent comme on aurait pu le dire des Lettres persanes qui suivaient le fil épistolaire comme d’autres leurs pensées ? Quel sens donner alors au blog imprimé, dérogeant de son ordre, perdant la dynamique du flux et du commentaire, de l’humeur et du repentir. Le blog imprimé, réification contre nature, peut pourtant s’avérer le meilleur moyen de redécouvrir a posteriori la cohérence derrière les chaos du jour. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 309 Museum of Post-Contemporary Art (MuPCA) architecture, curating 6 juillet 2008 Paris est une ville qui semble croire à un déterminisme calendaire qui affecterait l’histoire de l’art et plus encore l’architecture de sa conservation. Orsay: un musée du XIXème siècle, le Centre Pompidou: un Musée du XXème siècle consacré au modernisme et au postmodernisme. On comprend alors que ce découpage cristallise une vision segmentée de l’histoire de l’art qui trancherait par siècle. L’évidence s’impose de la nécessité d’un lieu dédié à la monstration et la conservation du post-contemporain que par facilité nous appellerons le Musée du XXIème siècle. Entre temps la question de la conservation de la création faisant appel aux nouveaux médias, réputée dématérialisée mais profondément techno-dépendante, résolument résistante à la réification -et donc aux transactions financières - mais dont on sait, et ce projet tente d’anticiper le phénomène, qu’à l’image de celle qui l'a précédée, elle sera absorbée par l’histoire de l'art qui ne refuse aucun objet quelle qu'en soit la forme, la cause ou l'effet, pour peu qu'il fasse école. Ce n'est plus à démontrer. 310 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Vider le grenier come back, Dump structure, memory 8 juillet 2008 C’est l’été, il faut respecter les traditions et en profiter pour vider le grenier. Accepter enfin de mettre les projets délaissés, inachevés, rejetés, non-financés, à la décharge. Accepter d’en faire le deuil. C’était là la fonction initiale du Dump et pourtant j’ai tardé à faire ce nécessaire dégraissage. Un projet archivé encombre inutilement la mémoire, déchargé, il pourrait alimenter l’imaginaire des autres. Il se pourrait même que certains d’entre eux reprennent vie à l’air libre. Il faudrait s’interroger sur le fait d’éternellement différer le geste. Il en est des concepts de création comme des vieux meubles : un équilibre entre encombrement et attachement les maintient en suspend jusqu’au jour où l’on prend conscience du fait qu’ils plombent notre envol, qu’ils constituent une masse inerte qui nous ramène constamment à un état antérieur de la pensée conditionnant en retour le projet à venir. Il ne faut pas confondre la sédimentation des expériences, profondément fertile, et le ressassement des intentions en mal d’actualisation. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 311 Vedute interactive installation, urban art, critical fusion, architecture 8 juillet 2008 Players, Oleksandra Yaromova, Jean-Jacques Gay, Eesi, TAP Poitiers Un projet pour la façade translucide et vidéo de la scène nationale de Poitiers. Le projet n’a pas été retenu. Dans le droit fil de Watch Out ! Vedute convertit le regard des passants en un œil géant découvrant le monde alentour. Le Théâtre devient la scène sur laquelle le monde se réfléchit ; tout d’abord flou, en attente de l’observateur. L’image du monde bouge alors sur la peau de l’édifice à la manière des jeux d’ombre de la caverne platonicienne. Parfois un visage s’approche de la « Porte », boîte percée d’un trou qui invite le regard. C’est lui que l’on voit alors sur la façade jusqu’à ce que l’œil intrigué contemple un temps le monde avant de se lasser. Le lieu de spectacle devient l’origine d’où l’on perçoit le spectacle de la vraie vie. Le titre Vedute reparaît sans que le lien entre les projets soit totalement évident, quoique... 312 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Quarxs movie movie, fiction, vider le grenier 10 juillet 2008 Players: François Schuiten Au début des années 90 je réalisais avec la complicité de François Schuiten et Benoît Peeters une des toutes premières séries en images de synthèse 3D : les Quarxs. Après une première série de 12 épisodes largement récompensée sur le plan international et diffusée sur France 3 et Canal + en prime time, la seconde série n’a pu se faire. A l’époque la directrice des programmes jeunesse de France 3, particulièrement visionnaire, avait décidé que l’image de synthèse n’arriverait jamais à toucher le jeune public et qu’en conséquence elle ne donnait pas suite. La série s’est donc arrêtée là. Après un projet inabouti de jeu vidéo (1994) nous nous sommes lancés avec François Schuiten dans la conception d’une version long métrage. Entièrement défini dans sa trame narrative et son approche stylistique, le scénario est resté inachevé. Peut être parce que la mutation dans l’imaginaire collectif du concept d’accident opérée par le 11 septembre fragilisait la symbolique du projet. Résumé des épisodes précédents : Un chercheur en crypto-biologie comparée à découvert, du moins le croit-on au vu des documents qu’il transmet aux médias, une espèce vivante, invisible et omniprésente, qui défie les lois de la nature. En référence aux ‘’quarks’’ de la physique, L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 313 hypothèses difficilement observables et localisables, il décide d’appeler « Quarxs » ces êtres qui remettent en cause les principes établis de la physique, de la biologie, de l’optique. Ainsi apparaissent le spatio striata (qui n’existe qu’un centimètre sur deux, le partioscopa Dextra (visible qu’à droite), le polymorpho proximens (qui prend la forme des objets qu’il approche) et autre reverso chronocycli (qui inverse le temps) qui selon ces documents, partageraient avec nous l’espace vital sans que nous ne les ayons jamais rencontrés. Pire encore ! Les Quarxs constitueraient la seule explication définitive de l’imperfection du monde. La première phrase du synopsis n’était-elle pas : « Au commencement… Dieu s’est trompé ! ». La série étant entièrement réalisée en images de synthèse 3D il me paraissait pertinent de situer différemment le long métrage. Pour celuici, en mélangeant prise de vue réelle et effets spéciaux, nous entrons dans une écriture narrative proche de celle du film d’action : disparition d’Arnold Troefek, brillant chercheur en crypto-biologie comparée accusé d’avoir mystifié la planète en communiquant des documents douteux sur des créatures probablement imaginaires. Sa fille, jeune archéologue élevée loin de ses parents, part à la recherche de son père. Après de nombreuses péripéties qui la conduisent en compagnie d’un jeune chercheur américain, de Londres au Tibet, de la Sibérie au Pérou, elle finit par retrouver sa trace. Il est poursuivit par les géants des télécoms qui semblent s’intéresser à ses dernières découvertes. Les catastrophes se multiplient sur la planète et lui seul paraît connaître l’explication du phénomène. Le film est étrange dans sa matière même: l’image se dégrade parfois sans qu’on puisse se l’expliquer. A moins que le dispositif d’observation des scènes soit autre chose qu’une simple camera… 314 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Dialogue House interactive installation, architecture, change the world, vider le grenier, Lab I.P 10 juillet 2008 Players: Evelin Gerda Lindner A la fin des années 90, Evelin Gerda Lindner, fondatrice du réseau Human Dignity and Humiliation Studies de Columbia University New York, venait me voir pour me demander de concevoir un dispositif pour permettre le dialogue entre personnes de communautés antagonistes. Il s’agissait de permettre l’échange, progressivement de réduire la tension entres communautés et d’amener les deux interlocuteurs à se parler plus directement. Elle avait été émue du potentiel du Tunnel sous l’Atlantique et imaginait que l’on pourrait concevoir un dispositif qui permettrait le rapprochement entre communautés rivales. J’ai immédiatement proposé cette forme. On entre des deux côtés sans se croiser. Au bout d’un premier couloir : le dispositif de dialogue. Après un temps, prenant le chemin du retour, les interlocuteurs peuvent choisir entre quitter le lieu ou accéder à la partie centrale qui permet de se rencontrer de manière assez confortable et de parler enfin en direct. La symétrie du dispositif équilibre la rencontre. A tout moment la bifurcation est possible. C’était là une situation très concrète renvoyant aux situations que je développais dans les dispositifs interactifs mais avec un niveau d’implication sur le réel qui fait la valeur du projet. Celuici n’a pas été réalisé sans pour autant que son actualité et sa pertinence en soient amoindries. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 315 Bidons critical fusion, installation, recycling, curating 23 juillet 2008 Dans une ancienne décharge, une carrière, des bidons comme stockés là clandestinement. À l’abri des regards et loin de tout lieu habité. Dessus : « CONTEM-PORARY ART » et le pictogramme « BIO HAZARD ». 316 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Etre ou faire œuvre come back, critical fusion, architecture 2 septembre 2008 Je retrouve cette image prise durant l'exposition Air de Paris. Beaucoup furent troublés par cette intrusion franche et inespérée de l'extérieur dans l'espace préservé de l’exposition. Où l'on vérifie, et on se plaît à croire, qu’il était dans l'intention des auteurs de confronter espace de vie et espace de monstration. L’effet produit interroge tout autant sur la force des propos artistiques comparée à l'évidente puissance définitive du réel qui s'obstine à faire œuvre malgré lui, pour peu que le cadre de la fenêtre nous conduise à chercher le cartel là où l’on ne devrait trouver que la lumière. Cette bouffée d’air de Paris, dans la tiédeur confinée du monde de l’art est réveillée (révélée), par l’entremise d’une silhouette, coupant net le champ pour une mise en abîme radicale de notre propre regard. Et c’est le vide de la ville en bas qui nous aspire quand la structure tubulaire de l’architecture semble garder le corps du délit, dedans, et le sujet dehors. Quand Nouvel fend le Quai Branly pour révéler la Tour Eiffel, il cadre le cliché, quand James Turrel ouvre le toit sur le ciel (Skyspaces), il laisse le monochrome dynamique se trahir par ses faiblesses sous forme de condensation nuageuse, quand Peter Greenaway cadre la ville (Stairs L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 317 Genève, 1994) il fait de la photographie sans support, quand la ville se dévoile à l’occasion d’une faille scénographique, elle répond. C’est le réel qui prend sa revanche sur l’exposition. Il faudrait travailler un dispositif qui, pour paraphraser Filliou, n’aurait d’autre fonction, par l’occultation plus que par ses ouvertures, que, de rendre la ville plus belle que l’art. 318 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Stylus interactive installation, urban art, light, vider le grenier 3 septembre 2008 Les J .O. se sont achevés à Pékin. Il me revient que lors de la candidature de Paris pour les J.O. Xavier Luccioni m’a proposé de participer à un concours pour le « signal ». Cet objet, sculpture ou architecture, devait signifier et signaler la présence de l’idéal olympique sur le territoire parisien. Nous avons proposé une sculpture dont la forme élancée semblait, telle une rémanence balistique, achever le mouvement d’un pro-jet de Pekin à Paris. Plantés dans le sol du site choisi, 5 stylets en fibre de carbone, permettaient à tous, champions ou spectateurs, sur place ou en ligne, d’écrire sur le ciel de Paris. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 319 Le jeu de câbles commandés à distance permettait de guider la pointe lumineuse dont la rémanence laissait sur la camera une trace certes éphémère mais lisible. Réinjecter le mot dans l’épreuve qui n’a conservé qu’un simulacre médiatique des idéaux pragmatiques de nos ancêtres (notamment que tout combat cesse durant les jeux, du Tibet à l’Ossétie), semble maintenant un geste dérisoire, mais l’idée que les mots continuent de s’envoler permet au projet de survivre à sa fonction initiale. 320 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre FUSION CRITIQUE (Handle with care!) critical fusion, theory, writing, change the world 13 septembre 2008 Confronté à la difficulté de nommer une évolution significative des pratiques dans lesquelles mon travail s’inscrit, j’ai compris qu’il faudrait que j’explicite le concept métaphorique auquel je suis parvenu : La Fusion Critique. Pour que ce concept soit compris, il n’y a d’autre solution que d’en rédiger le manifeste ou plutôt d’en manifester la rédaction. Or s’il est un terrain où la réalisation m’est difficile, c’est celui qui fait passer l’écrit avant l’acte, quelque laconique que soit le premier et quelque fugace que puisse être le second. Il faut donc que je me résigne à soumettre au Dump ce projet d’ouvrage théorique qui ne m’en paraît pas moins essentiel. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 321 Le point de départ de la réflexion venait de la difficulté que j’éprouvais à définir le point de rencontre entre mon travail sur l’immersion, rendue possible par la réalité virtuelle, et mon intérêt pour agir sur le monde réel, l’espace physique et social. La frontière commune entre ces deux pratiques n’avait bien entendu rien à voir avec la technologie qui semblait les séparer mais probablement plus avec le concept de situation que les deux mettent en œuvre. Quand ils ne se satisfont pas de la simulation, les environnements virtuels rendent possible la mise en situation symbolique (World Skin, le Tunnel sous l‘Atlantique, Crossing Talks, les Grandes Questions…). Dans les années 80, la vidéo me permettait de mettre mes interlocuteurs (B. Lavier, J.-M. Alberola, J. Le Gac, Takis, B. Woodrow, M. Raysse, J.-L. Vilmouth, etc.) dans des situations qui créaient la même incertitude, la même indétermination relative que les mondes virtuels sur le devenir scénaristique du résultat. Plus tard, c’est curieusement la réalité virtuelle qui a réveillé en moi le désir de réactiver cette capacité qu’a le monde réel de révéler ses limites à l’occasion de la rencontre non fortuite avec un catalyseur symbolique. Le virtuel n’existe que par la définition des règles qui le régissent. Les fictions se multiplient qui substituent au scénario pré-écrit, vestiges adulés d’un déterminisme historique, un ensemble de règles regroupées dans " la Bible " (c’est bien ainsi que l’on nomme en animation, l’ensemble des règles graphiques, comportementales et scénaristiques, qui donnent au film ou à la série d’animation sa cohérence). Les reality shows sont de cet ordre qui lâchent les volontaires motivés tels des souris de laboratoire dans des univers précontraints. Je nomme FUSION l’introduction de la fiction dans la matière même du réel. L’immersion permet l’irruption du spectateur/réel dans la fiction, la 322 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre fusion inverse le processus en introduisant la fiction dans la réalité. La téléréalité relève de la fusion. On comprend aussi que les titres tournoyant en 3D de CNN annonçant les derniers épisodes de la guerre du Golfe contribuaient à créer la confusion dans ce mixage souvent discutable entre les deux registres de la fiction et de l’information. La société du spectacle commence probablement là où notre capacité de discernement se trouve prise en défaut. Pourtant les indices nous portent à croire que l’acculturation empirique des habitants de la planète informationnelle leur permet d’imaginer, à la première vision, que les images d’avions s’écrasant sur les tours du World Trade Center sont probablement extraites du dernier film d’action hollywoodien. Il est probablement bon signe que nous activions naturellement notre incrédulité là où les générations précédentes auraient, en complices consommés du spectacle triomphant, appliqué la nécessaire mais vulnérable « suspension of disbelief ». Il est tout aussi rassurant que nous puissions ensuite nous rendre à l’évidence : au-delà de l’enjeu et des conséquences humaines et historiques, le 11 septembre marque le point culminant d’un phénomène dont il faudra prendre la mesure : la possibilité généralisée d’une écriture symbolique dans la matière même du monde. Que le point d’appui soit des tours jumelles et le levier la puissance des médias internationaux n’enlève rien à la réalité du geste qui soulève le monde. Plus que la chair, ce sont les esprits qui sont frappés et c’est l’époque qui rend la chose possible. Dans le champ artistique les exemples se multiplient à la vitesse du réseau, condition parfois nécessaire mais rarement suffisante de la pratique de la fusion critique. Des Yes Men à Stelarc, des hackers à Banksi, les formes et les terrains sont ouverts. De l’espace public à l’intérieur du corps, de la façade des immeubles aux ramifications du réseau… ils couvrent le champ de l’activité humaine et de l’espace social introduisant des indices, des clefs de décryptage, des moments L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 323 de doute et de questionnement. La Fusion Critique se distingue dans l’intention des pratiques illusionnistes et formelles qui se satisferaient du spectaculaire ou du ludique sans en tirer parti pour donner à lire le monde. Pour les mêmes raisons, dans l’idée d’agir sur le monde à son échelle, l’artiste n’exclut aucune de ces dimensions de sa panoplie de crise. A la différence de la FUSION qui trahit l’effet par l’intention, la FUSION CRITIQUE - contraction métaphorique de la masse CRITIQUE qui fragilise l’équilibre atomique et de la fusion de l’atome susceptible d’apporter une puissance énergétique, certes dévastatrice, mais incomparable – traduit une action symbolique fondée sur l’intrusion de la fiction dans le réel à des fins critiques. C’est la finalité qui fait la différence. En substituant la révélation (décryptage) à la distraction (Entertainment), la FUSION CRITIQUE apporte à la notion de situation un contexte d’application hautement réaliste. 324 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La Station Bleue light, architecture, curating, vider le grenier 13 septembre 2008 Paris, métro ligne 1. La station Franklin Roosevelt est en travaux sous les Champs Élysées. Considérée par beaucoup, lors de sa rénovation dans les années cinquante, comme la plus belle station du monde, elle était avec le temps devenue le témoignage le plus authentique de la capacité de la modernité à atteindre la désuétude la plus accomplie. En 1999, avec Jean Nouvel, nous avions gagné le concours architectural pour sa renaissance. A l’époque nous avons conçu la Station Bleue. La station entière transformée en un monochrome IKB. Tout était bleu, y compris le carrelage « métro », le sol, le mobilier mais aussi la lumière éclairant la voie, le cœur mal-aimé des stations. Le projet opérait une double alchimie : Il donnait la vie à la station convertissant - dans l’esprit de ce que j’appelais ensuite le design comportemental - un lieu de vie statique dans son architecture en entité vivante animée par sa fonction. Tout, dans le son, l’image et la lumière, donnait à vivre le temps réduit de L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 325 notre présence comme un moment rare. En refusant de chercher à s’effacer devant l’usager, défiant ainsi la lassitude née de l’inexorable répétition des fonctions quotidiennes, le projet magnifiait ces dernières. Attente, arrivée, départ… En image, en lumière ou en son le volume animé de la station reprenait vie à chaque apparition de la rame. Une autre mutation inattendue : la station devenait un lieu de culture avec ses commissaires, désignés annuellement par un comité éditorial, qui invitaient les artistes à orienter la manière d’être de la station, la symbolique des rames, les irruptions synchrones de l’image qui leur léchait les flancs sur toute la longueur des quais. On nous avait bien dit que supprimer l’affichage publicitaire et surtout (!) la boutique de vêtements Pekka qui occupait petitement le centre du quai pourrait poser un problème pour l’équilibre économique au projet. On nous disait aussi que ces espaces publics, dédiés à l’attente et au transit, sont en quête d’une nouvelle légitimité qui sublimerait leur fonction initiale. Pour mémoire : Le métro symbolisait dans l’imaginaire des années 60 le commencement du cycle de l’aliénation (métro-boulotdodo). Aujourd’hui, la consommation en sous sol du prêt à porter bas de gamme légitimerait, au denier prés, la tectonique des strates sociales laissant le luxe se déployer allègrement à l’air libre. L’histoire voulut que ce concept qui fête bientôt ses dix ans ne voie pas le jour. C’est ce qui me donne l’opportunité de livrer un projet, utopique par construction, à la Décharge qu’il n’aurait jamais su quitter. 326 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Emotional Dripping (OVNI) interactive installation, sound and music, not sure, motto 13 septembre 2008 Players : Anne Dreyfus, Delphine Fabbri-Lawson Still Moving, sculpture dynamique géante de la série de la Mécanique des émotions, sera présentée devant l’entrée principale du Grand Palais à Paris avant d’être exposée au Générateur. Nous évoquons la difficulté à communiquer sur les pièces complexes dans leur logique plus que dans leur fréquentation. Comment soutenir les médiateurs culturels en leur proposant des formules simples pour la communiquer sur un objet de 3,5m de diamètre qui peut évoquer, dans sa forme finale, une soucoupe volante molle, et dont le propos est lié aux émotions de la planète ? Une proposition de sous-titre qu’il paraît difficile d’utiliser sans modifier sensiblement la perception de l’objet : OVNI : Objet Vibrant Non Intrusif De la série des Emotional Drippings Un projet qui trouve plus facilement sa place dans le Dump que dans la communication grand public. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 327 Red Light Spotters79 interactive installation, urban art, sound and music, spotters 20 septembre 2008 Players: Philippe Codognet, Sir Alice Visiting the Mori Tower in Tokyo (Summer 2005) with Philippe Codognet, the evidence of red lights blinking at night came to my mind as the stubborn will of the City that says something to any open intelligence. I was facing this absurd but recursive artist’s mission: try to make the world understandable, even if it is definitely obscure to you. If you fail: make the failure visible enough to make the evidence of the aporia talk out loud. 79 Les traqueurs de lumières rouges Visitant la tour Mori à Tokyo (été 2005) en compagnie de Philippe Codognet, l’évidence des lumières rouges, clignotant la nuit, m’apparut comme la volonté obstinée de la ville de dire quelque chose à l’intention de toute forme d’intelligence attentive. Je me retrouvais confronté à cette mission absurde et récurrente de l’artiste : tenter de rendre le monde intelligible même quand il nous paraît définitivement obscure. Si vous échouez : rendez visible l’échec pour que l’évidence de l’aporie s’exprime à voix haute. 328 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre That was the resulting project80: Cities are emitting obscure messages that cannot easily been deciphered: sounds, lights, smells… Through thousands of red lights blinking in the night, Tokyo city whispers. This obsessing blinking should be translatable. The apparent synchronicity cannot only be a randomised process. The absence of synchronicity can also be interpreted as an obscure language. Is the city trying to say something? Are invisible entities communicating in front of us, as we don’t even know what, why and how? Would it be a kind of hidden speech that would remain secret for being so obvious? Whatever the interpretation we try to put on these signs, one cannot stay without trying to understand what’s going on around us. 80 Voici le projet qui en résulte : Les villes émettent des messages difficiles à interpréter : sons, lumières, odeurs… Par ses milliers de signaux rouges, la ville de Tokyo murmure. On devrait pouvoir traduire ce clignotement obsédant. La synchronicité apparente ne peut pas être le fruit d’un processus aléatoire. L’absence de synchronisation peut aussi être interprétée comme un obscur langage. La ville essaierait-elle de nous dire quelque chose ? Des entités invisibles communiqueraient-elles sous nos yeux sans que nous sachions quoi, pourquoi, comment ? Serait-ce une sorte de discours masqué qui se cacherait en se rendant trop évident ? Quelque soit l’interprétation que nous essaierions de plaquer sur ces signes, on ne peut rester sans tenter de comprendre ce qui se passe autour de nous. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 329 In this obsessive compulsion of interpretation, people can spend hours watching without understanding, and this impossibility to understand is balanced by the fascination for this almost hypnotic phenomenon. 81 Roppongi Hills, offering a full panoramic view, is the best place to attend this amazing mute conversation. Like very patient watchers, the Red Light Spotters (RLS) stand all day desperately attempting to decode the hidden message. To achieve their mission, RLS convert the light blinking into sound. The resulting music is synchronised by the blending of the fields crossing over each other. On a series of windows, the Red Light Spotters are stuck to the glass like gecko lizards staring away. Each camera has different view on the City, therefore each windows create different sounds. Thanks to transducers, the window itself weeps the sound of the city. When the visitors move along the windows the sound evolve from one to the other, reflecting the changes on the city panorama. 81 Dans cette compulsion d’interpréation obsédante, on peut passer des heures à regarder sans comprendre, et cette incapacité à comprendre est compensée par la fascination exercée par ce phénomène quasi-hypnotique. En offrant une vue panoramique Roppongi Hills (où se trouve la tour Mori) est le meilleur lieu pour observer cette impressionante conversation muette. Tels des observateurs très patients, les Red Light Spotters (RLS) passe la journée à tenter désespéremment de déchiffrer les messages cachés. Pour accomplir leur mission, les RLS convertissent les lumières clignotantes en son. La musique qui résulte de l’opération est synchronisée par le chevauchement des champs observés par les différents RLS. Sur une série de fenêtre contigues,les RLS sont collés au vitrage comme de geckos guettant leur proie. Chaque camera, au centre du dispositif observe un champ légèrement différent de celle qui la jouxte. Chaque RLS produit donc un son différent. Grace à de transducteurs, ce sont les vitres elles-mêmes qui murmurent le son de la ville. Quand le visteur longe le vitrage, le son évolue d’une vitre à l’autre balayant le paysage urbain. Chaque RLS est composé d’une camera et de deux transducteurs. La camera est fixée à la vitre par quatre ventouses et des cables d’acier. C’est alors au public de déchiffrer ce message sonore non moins énigmatique. 330 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Each RLS is made of a camera, a PC unit, two sound transducers. The camera itself is stuck thanks to 4 suckers and steel wires. Then, it is up to the audience to decipher this fascinating sound message. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 331 Spotters urban art, critical fusion, Augmented Reality, spotters 21 septembre 2008 Le spotting, qui constitue une activité à la motivation mystérieuse réunit aussi bien ceux qui comptabilisent les passages de trains ou les décollages d’avion, que ceux qui, engageant des programmes d’envergure planétaire, tentent d’identifier des signes d’intelligence extraterrestre dans les signaux en provenance de l’espace (SETI). Traquer dans la récurrence ou dans les infimes variations des signes du quotidien ou de l’espace ce qui nous permettrait de mieux comprendre le monde, l’univers ou la logique de la SNCF relève d’une obstination qui ne cesse de nous émerveiller. Que l’objectif soit de découvrir une explication, la confirmation d’un doute ou d’une certitude, ou l’évidence d’un complot, il y a dans la compulsion "spottique" quelque chose qui relève du questionnement métaphysique. La série des Spotters, inspirée du projet Red Light Spotters, vise à généraliser le principe d’Observation Systématique Obstinée (OSO, – – – · · · – – –) appliqué au monde construit par l’homme, en le couplant à la tentative, désespérée, de traduire l’information résultante sous forme de son, de lumière, de vibration… susceptibles d’apporter des éléments d’intelligibilité dans la masse des artefacts et des comportements humains. 332 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La sirène du métro critical fusion, live performance, change the world 21 septembre 2008 Les statistiques montrent que les français, quelque soit leur situation, anticipent la possibilité de se trouver un jour sans logis et sans moyens. Dans ce contexte, chacun se demande ce que serait sa position, comment survivre, comment exprimer son besoin sans perdre la face, comment jouer le jeu à pile ou face quand c’est de survivre au quotidien qu’il s’agit ? Le métro est la scène où s’exprime le plus clairement la situation de crise : la non appartenance aux deux extrêmes du voyage : le boulot, le dodo. Il est impressionnant de voir ce que certains décident de produire pour crier l’incapacité à quitter cet entre-deux qui devient à leur corps défendant le boulot/dodo de transit. Produire de la musique, du spectacle, rendre acceptable aux autres ce moment nécessaire de passage. Les passants passent et le quémandeur reste. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 333 Le projet consiste à se demander si les pratiques lénifiantes qui annulent par le spectacle le sentiment latent de culpabilité pour faciliter le geste salvateur qui consiste à mettre la main à la poche, non parce que l’on se sent coupable mais parce que l’on remercie l’autre d’atténuer sa peine, la notre, par quelques notes, ou en signifiant haut et fort, que dans la misère humaine il est possible de toucher d’autres fonds, que l’on pourrait abonder à moindre frais. Et si le cri était plus clair, si l’accordéon, le violon ou l’ampli faisait place à la sirène, l’alarme, qui n’aurait d’autre message que de dire l’urgence, est-ce qu’alors le geste salvateur s’exprimerait de la même manière, sans faux semblant, sans faux échange et sans culpabilité ? Dans le couloir du métro, l’attente du geste salutaire n’a d’autre accompagnement sonore que la sirène lancinante, qui dit l’urgence, que le gyrophare confirme, inlassablement. 334 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Recycled Art interactive installation, urban art, recycling, Business Model, done 22 septembre 2008 Cosmopolis est probablement une des plus grandes installations interactives jamais réalisées. Ce dispositif de 25m de diamètre sur le développement urbain à fait le tour de Chine et a atteint jusqu’à 10 700 visiteurs par jours à Shanghai. Devant l’opportunité de présenter cette pièce de taille au Grand Palais, à Paris, je demandais à l‘entreprise qui la stockait d’évaluer la difficulté de la réinstaller. Il me fallut deux mois pour obtenir une réponse : Cosmopolis était parti à la décharge ! Les douze télescopes de réalité virtuelle conçus et construit pour cette installation ainsi que l’ensemble de la structure incluant ses douze écrans de 4 x 3 m se sont retrouvés naturellement « dumpés ». Bien entendu l’électronique, les écrans plasma et les PC ont été soigneusement récupérés. Je suppose, et les auteurs de cet acte courageux et symbolique ne se sont pas étendus sur le sujet, qu’il s’agissait de matière encombrante qui ne pouvait que freiner le retour des choses à la vie, autrement dit des équipements à une activité plus L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 335 lucrative. Passablement agacé par l’épisode je dû me rendre à l’évidence, seuls les chinois auront contribué à construire un paysage urbain dynamique, mixant 12 villes de la planète par le simple exercice du regard. Seuls les habitants de ChongQing, Chengdu, Pekin et Shanghai ont pu laisser la trace mémorielle de leurs déambulations scopiques sur la « mémoire rétinienne collective » dont il me reste pour tout viatique quelques instantanés Je ne pensais pas que la fréquentation régulière de la décharge à concepts entrainerait vers la décharge les projets réalisés, qui plus est quand ils atteignent une telle envergure. Cela conduit à une relativisation de la chose artistique, qui porte à penser qu’il en est des œuvres de l’esprit comme des individus, lorsque l’on sépare l’esprit de du corps, quand on les « désactive » pour les pièces interactives, elles redeviennent une masse de matière inerte et donc sans valeur, ni marchande, ni spirituelle. L’équivalent en peinture reviendrait à récupérer la toile de lin en la débarrassant de toute cette matière encombrante et racornie qui lui confère une rigidité déplacée. Je propose donc que dans l’évaluation de l’art on associe toujours à la valeur marchande de la pièce (VM), sa valeur résiduelle (VR), celle qui résulte du recyclage de ses composants. On considèrera que sur le plan financier, la valeur artistique d’une œuvre est la différence des deux montants VA = VM – VR. Je me souviens alors d’une discussion avec Judith Benhamou-Huet, éminente spécialiste du marché de l’art, qui m’expliquait qu’il arrive même que la VA soit négative. C’est à dire que la valeur marchande de l’œuvre soit inférieure à sa valeur résiduelle, si par exemple le transport à la décharge du matériau 336 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre résultant avait un coût supérieur à sa valeur de reprise. Si les transports à la décharge sont au cœur de mes préoccupations, il est probable que je tente dorénavant de maintenir la VA dans le positif, et ceci afin de rester en bons termes avec mon banquier et ma conscience. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 337 Hole in Memory 26 septembre 2008 Players: Libération, Maria-Grazia Mattei, Triennale de Milan Le site de Liberation, image de l’installation Telectroscope de Paul St Georges Un article 28 mai 2008 du quotidien Libération titrait « Un Tunnel sous l'Atlantique », une œuvre spectaculaire qui permettait aux citoyens Londoniens de communiquer avec leurs homologues américains. L’article était ainsi libellé : « Un tunnel sous l’Atlantique Un tunnel entre New York et Londres, qui «permet aux gens de se voir à travers la Terre, de manière miraculeuse», selon l’artiste anglais Paul St George, auteur de cette installation vidéo…» 338 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Mon premier réflexe fut d'envoyer à la rédaction de Libération la copie de l'article qu'ils publiaient le 24 septembre 1995 « Paris-Montréal : le Tunnel assure la liaison permanente » qui présentait « Le Tunnel sous l’Atlantique, un « événement télévirtuel » conçu par l’artiste français Maurice Benayoun ». Article de Libération du 24 septembre 1995, de Miriam Rosen sur le Tunnel Sous l’Atlantique de M.B. Cet envoi était un geste d'humeur qui ne révélait en rien la vraie nature de l'événement. Si l'inculture dans le champ de la création faisant appel aux nouveaux médias est grande, et que les pièces historiques sont souvent mal connues des commentateurs, c’est principalement en raison de leur diffusion souvent confidentielle et de la difficulté de reconstituer les pièces du fait de l'obsolescence des technologies mises en œuvre. Hors cette obsolescence est directement liée à l'émergence de ces mêmes technologies qui dans des phases pré-matures sont loin d'atteindre le seuil de la standardisation nécessaire à en garantir la pérennité. Bien entendu, l'installation de Londres n'a rien à voir dans son concept et sa mise en œuvre avec le Tunnel sous l'Atlantique de 95 qui ne se limitait pas à une expérience de télé-vision urbaine, en revanche de façon plus commerciale, elle reprend presque littéralement L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 339 Hole in Space (1980) qu’Alex Galloway et Sherrie Rabinovitz avaient réalisé entre New York et Los Angeles. Hole in Space (« Trou dans l’espace », permettait aux piétons des deux villes de se rencontrer à travers une vitrine de magasin. La visioconférence incrustée dans l'espace urbain avait ici une pertinence d'autant plus grande qu'elle conduisait les visiteurs à s'interroger sur la localisation des interlocuteurs et la perturbation de la logique de l'espace. Si, bien qu’enseignant en école d’Art, Paul St Georges semble ignorer ces deux installations si semblables, sinon dans l’intention, du moins dans le commentaire qu’en font les médias, c’est qu’il ne les a probablement pas vues. Le Tunnel sous l’Atlantique de M.B. au centre Pompidou en septembre 1995 Si l’histoire de l’art nous permet d’appréhender les œuvres-images à distance (temporelle et spatiale) grâce à leur représentation imprimée, il en va différemment des dispositifs qui supposent une certaine forme d’interaction. Et ceci même si la vidéo aide parfois à en deviner la portée. Il est aussi difficile d’en rendre compte par écrit que d’en donner 340 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre en catalogue une représentation acceptable. Maintenant que ces technologies plus largement rependues permettent aisément de restituer l’œuvre originale, il est temps de constituer les collections qui permettront de découvrir les formes dynamiques de création et ainsi de construire la mémoire du media art comme on a pu se forger une culture des pratiques qui l’ont précédé. Une mission toute trouvée pour Le musée du XXIème siècle précédemment dumpé. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 341 L’Inconclusion Quand dans sa Lettre à Chanteloup, Poussin souligne l’importance du cadre destiné à séparer la forme symbolique du tableau de l’espace physique environnant, il exprime clairement la nécessité de refermer la forme sur elle-même quand elle s’exprime dans un registre de représentation fondé sur la permanence de la trace, afin de l’isoler du monde dans lequel elle se présente. Je me trouvais, il y a quelques années de cela, assister à un débat qui réunissait Régis Debray, Karine Douplitzky, Bernard Stiegler…82 La question portait sur la possibilité d’échapper à la double-injonction, introductive et conclusive dans le récit interactif. Et les intervenants de rappeler que le modèle romanesque, largement repris et amplifié par le cinéma, exemplifiait la nécessité d’un début et d’une fin dans le récit. Bouillonnant d’impatience, percevant bien que la prégnance des modèles de référence occultait l’essence même de la mutation en jeu dans les nouvelles formes d’écriture, j’intervins pour poser quelques hypothèses : Le référent formel des mondes persistants, des univers interactifs, de l’écrit en ligne à la réalité virtuelle, n’est en rien le roman. Un univers virtuel ne répond pas à la tentative maladroite d’immerger le spectateur dans le film comme le film serait une tentative pitoyable de donner de l’image et du son au roman, ou encore de la mémoire au 82 Etats Généraux de l’écriture interactive, Forum des images, Art 3000, 1999 342 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre théâtre. Pour les systèmes narratifs fondés sur la « visite83 » d’un concept ou d’un espace, réaliste et/ou symbolique, le référent est bien le monde dans lequel nous évoluons, qui nous précède et nous survit. Si une vie ressemble à une tranche coupée dans cet espace-temps, d’autres en parallèle se déroulent avec d’autres conséquences et une autre temporalité. Il est probable que l’on entre dans le flux de la représentation dynamique comme dans celui du fleuve sans que le devenir-sens de ce fluide à la mémoire délibérément active ne soit entravé. Œuvre ouverte par construction, immergé dans la vie qui le nourrit au quotidien, le blog entre dans ce cadre. Seule la lassitude ou la disparition imposent son interruption ; ce qui ne serait pas encore une conclusion. Je propose donc de théoriser la non-conclusion, comme Borges avait su inventer le Livre de sable rejoignant dans l’image le concept d’œuvre ouverte d’Umberto Eco. Il ne faudrait pas confondre inconclusion et « inachèvement », c’est tout au contraire la propriété de l’achèvement en action, faute de l’être en acte. L’Inconclusion est probablement la seule réponse possible à un questionnement nécessairement ouvert sur la pertinence d’une production et d’une analyse processuelles dont l’enjeu relèverait de l’intention, en tant que notion ou qu’action. Fuyant la fin désespérément, il s’agirait, page à page, d’intenter l’impossible sans se faire arrêter. 83 J’oppose habituellement le « visiteur » des univers interactifs au « spectateur » du cinéma. Comme dans la vie, le visiteur de la réalité virtuelle est pris en compte par le spectacle. Au-delà de ses propres choix, c’est sa présence qui est une nouvelle donne de la représentation. Il joue un rôle de catalyseur et c’est à l’occasion de son apparition que le sens se révèle par l’activation des lois du lieu. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 343 L’intention artistique à l’œuvre Bibliographie Adorno, Theodor W., Théorie esthétique, Klincksieck, Paris, 1995 Alberti, Leon Battista, De la peinture, Macula, Paris, 1992 Ardenne, Paul, Extrême esthétiques de la limite dépassée, Flammarion, France, 2006 Arendt, Hannah, La Crise de la culture, Gallimard, Paris, 1992 Arman, Yves, Marcel Duchamp plays and wins, Marval, Paris, 1984 Bachelard, Gaston, La philosophie du non, PUF, Paris, 2005 Bachelard, Gaston, La dialectique de la durée, PUF, Paris, 2006 Bachelard, Gaston, L'eau et les rêves, Librairie José Corti, France, 2007 Bachelard, Gaston, L'intuition de l'instant, Gonthier, France, 1979 Bachelard, Gaston, La poétique de l’espace, Quadrige/PUF, Paris, 1984 Bachelard, Gaston, La psychanalyse du feu, Gallimard, Paris, 1978 Badiou, Alain, Logiques des mondes, Seuil, Paris, 2006 Banksy, Banksy, Wall and Piece, Century, London, 2006 Baqué, Dominique, Pour un nouvel art politique : De l'art contemporain au documentaire, Flammarion, Paris, 2004 Barral, Etienne, Otaku Les enfants du virtuel, Denoël, Paris, 1999 Barthes, Roland, La chambre claire, Gallimard/Le Seuil, Paris, 1980 Baudrillard, Jean, De la séduction, Denoël/Gonthier, Paris, 1979 Baudrillard, Jean, Le complot de l'art, Sens & Tonka, éditeurs, France, 1997 Baudrillard, Jean, Illusion, désillusion esthétiques, Sens & Tonka, éditeurs, France, 1997 Baudrillard, Jean, Entrevues à propos du "complot de l'art", Sens & Tonka, éditeurs, France, 1997 Baudrillard, Jean, La conjuration des imbéciles, Sens & Tonka, éditeurs, France, 1998 Baudrillard, Jean, Le crime parfait, Galilée, Paris, 1995 Baudrillard, Jean, Morin, Edgar, La violence du monde, Éditions du Félin, Paris, 2003 Bayard, Pierre, Comment parler des livres que l'on n'a pas lus?, Les Éditions de Minuit, Paris, 2007 Bellour, Raymond, Duguet, Anne-Marie, Communications Vidéo, Seuil, Paris, 1988 Bey, Hakim, Zone autonome temporaire, l'Éclat, France, 1997 Bey, Hakim, L'art du chaos Stratégie du plaisir subjectif, Nautilus, Paris, 2000 Borges, Jorge Luis, Le Livre de sable, Gallimard/Folio, Paris, 1983 Borges, Jorge Luis, Œuvres complètes, La Pléiade, Gallimard, Paris, 1993 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 345 Borillo, Mario, Sauvageot, Anne, Les cinq sens de la création, Champs Vallon, Seyssel, 1996 Bourdieu, Pierre, La distinction, critique sociale du jugement, Les Éditions de Minuit, Paris, 1979 Bourdieu, Pierre, Sur la télévision, Liber, Paris, 1996 Bourriaud, Nicolas, Esthétique relationnelle, Les presses du réel, France, 1998 Brau, Eliane, Le situationnisme ou la nouvelle internationale, Nouvelles Editions Debresse, Paris, 1968 Breton, Philippe, A l'image de l'Homme, Seuil, Paris, 1995 Elisabeth, Bronfen, Cindy Sherman: Photographic Work 1975-1995, SCHIRMER ART BOOKS, New York, 1996 Buci-Glucksman, Christine, L'esthétique du temps au Japon, Galilée, Paris, 2001 Buci-Glucksmann, Christine, L'art à l'époque du virtuel, L'Harmattan, Paris, 2003 Bureaud, Annick, Magnan, Nathalie, Connexions Paris, 2002 Art réseaux media, ENSBA, Buren, Daniel, Points de vue, ARC, Paris, 1983 Buren, Daniel, Mot à mot, Xavier Barral/La Martinière, Paris, 2002 Caillet, Aline, Quelle critique artiste? 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L’Harmattan, 1999 Welger-Barboza, Corinne, De la communication à la communion in Du musée virtuel au musée médiathèque : le patrimoine à l’ère du document numérique p. 259, 268, éd. L'Harmattan, 2001 Wilson, Stephen, Information Arts, Intersections of Art, Science and Technology, p. 705-706, éd. MIT Press, 2002 Collectif, L'Architecture d'aujourd'hui, p. 38, 2002 (Articles de presse, cf. annexes) L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 357 Annexes Le fond du Dump Éléments biographiques Index général Table des matières 358 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Le fond du Dump En tant que blog « ordinaire » le Dump utilise l’évaluation des lecteurs comme mode de sélection et surtout de discrimination des projets (qualifié ailleurs de « tri sélectif »). Le double tribunal des choix de l’artiste et de la réception du public préside à la conservation, l’émergence ou l’élimination des projets. Dans une première version, c’était en votant de 1 à 5 étoiles que les visiteurs du Dump manifestaient leur enthousiasme ou leur désapprobation, déterminant ainsi un surcroit de visibilité et donc de chance de survie, aux projets classés « 5 étoiles » ou leur disparition pure et simple dans le tréfonds de la décharge. Ainsi, du fait de ces choix (les étoiles ont depuis été converties en « carrés gris », moins star system et plus discrets sur l’affichage), ou de décisions plus tardives résultant de la relecture, de la réflexion ou la discussion, certains projets se retrouvent disqualifiés, écartés pour un temps ou pour toujours. Ils ne pouvaient totalement disparaitre sous peine de discréditer le projet global. Ils sont ici, en annexe, comme pour témoigner de l’importance du choix qui a posteriori consolide les décisions de l’histoire, renforçant l’oubli et consacrant les candidats les plus sérieux à la réalisation. Il aurait été par ailleurs discutable de masquer ici ces décisions qui, comme celles plus positives qui conduisent à l’aboutissement de spéculations esthétiques, contribuent à orienter la pratique et la définition de l’art qu’elle trace en filigrane. I Was There Miroir, leds vapeur d’eau interactive installation, interactive design 19 octobre 2006 Lorsque l’on quitte la salle de bain après une douche bien chaude, la buée qui se constitue à l’ouverture de la porte sur le miroir trahit les reliefs et les différences de température du mur sur lequel il est fixé. Dispositif pour toilettes publiques. Quand on se regarde dans le miroir, une camera discrète saisi notre image/silhouette un nuage de vapeur vient se fixer sur le miroir et notre silhouette apparaît en réserve comme si le miroir avait gardé quelque chose de notre passage. Derrière le miroir un écran de LEDs modifie localement la température en fonction de l’image de la caméra. Le miroir peut être légèrement réfrigéré (récupération d’un dispositif de réfrigérateur). Un pulvérisateur de vapeur d’eau du type de ceux qui sont associés aux ventilateurs, reconstitue la différence de température/humidité de l’air. La buée se concentrera sur les zones froides du miroir. Watch Out Immersive interactive installation, urban art, critical fusion 20 octobre 2006 2 boxes in the street. Painted with yellow and black stripes like a street signal. The boxes are close to each other. On the first box, 2,50m x 1,50 x 1,50, on each side a hole at the passer by's eye level. Inside the box the Watch Out thing: in front of each…. The other box, 1m tall x 1.5m x 1.5 with the hole on the top The immersive room (the CAVE finally) 362 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Vox Populi Vox Arty note 20 octobre 2006 Players : Christophe Leclercq Injonction populaire, un art populiste Ne jugez pas le résultat jugez le projet Et faites confiance Take the risk Mari-age de diamant note 21 octobre 2006 J'aime l'idée de Chuck Palahniuk, qui dans À l'estomac (Haunted) parle de cette dame qui porte les cendres de son mari en bague, converties en diamant pur l'éternité (c'est possible?). Touristic Democrazy critical fusion, mobile art, locative, Augmented Reality 25 octobre 2006 Des lunettes d’observation du type de celles que l’on trouve sur les lieux touristiques pour observer le paysage. (Adaptation des lunettes de Cosmopolis : www.cosmopolis.info). Un peu comme celle que nous implanterons sur l’Arc de Triomphe à Paris. A partir des données provenant des réseaux téléphoniques sans fil (variante GPS). Chacun déclare son numéro comme étant OUI ou NON. Selon sa localisation dans les cellules du réseau, un cercle recouvrira une partie du territoire correspondant observable depuis les lunettes. OUI en bleu et NON en rouge. On voit au long du jour les L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 363 surfaces colorées augmenter et recouvrir progressivement le territoire. OUI et NON peuvent être remplacés par toute alternative binaire. Note 19 : L’art du lendemain Les angoisses du bloggeur note 11 novembre 2006 L’art du lendemain est celui qu’on ne regrette pas d’avoir produit la veille. Soul Sucker (Black Hole evolution) interactive installation, interactive image, fan art 12 novembre 2006 Dans le projet Black Hole la surface noire aspire physiquement le spectateur. Dans Soul Sucker Une seconde ouverture juxtaposée, de même dimension, nous donne à voir notre image devenue particules de poussières aspirées par l’image absente. 364 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Core Dump note 30 novembre 2006 Players : Daniel Miller Selon Daniel : « Core Dump », c’est la dernière chose qu’on fait dans un moment extrême avant de mettre les pattes en l’air. Video Reality Switch (VR Switch) interactive installation, interactive image, installation, video 23 novembre 2006 Players: Jean-Paul Fargier They are videos made with no specific beginnings or endings. Why not use the Reality Switch to commute from one another; seeing them on different walls of the dynamic white box? Kill ME! Love ME! interactive installation, Net, photography, easy art 3 décembre 2006 I found this project again lost in my computer: Coming from Google, thousands of pictures of people found with the keyword “ME”. Love ME print them one after the other. Kill ME erase it from the hard drive. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 365 On the web site, visitors can vote if “ME” (“I”?) should be killed or loved, erased or printed out. By acting, the visitor ends their virtuality or actualises it. Gai Net, ready made, recycling, No Comment (NoCA) 5 décembre 2006 Je me suis dit : "il est temps que je mette une image, ça serait plus gai." Trouvée sur Google en demandant "gai": Il est bon parfois de s'en remettre à la machine pour faire des choix, sinon pertinents, du moins irresponsables. 366 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Harry Green: Give me ur ideas/thoughts (sic) (NoCA) Author and subject of today’s SPAM ready made, No Comment (NoCA) 13 décembre 2006 Numeris Cola (NoCA) No Comment (NoCA) 15 décembre 2006 Players : Upgrade Paris et la galerie Numeris Causa Trouvé sur les Pages Jaunes : L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 367 sans trucage Collusion object 26 décembre 2006 Comme les petits chevaux sur une piste circulaire d'un jeu motorisé, les fragments de deux modèles réduits de voiture, découpés chacun en trois pièces qui s'emboîtent parfaitement, poursuivent leur course effrénée sans but et sans fin. Seule la coïncidence des pièces intervenant "fatalement" semble donner un semblant de raison d'être à cette farce cyclique. 368 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Inflexions / Réflexions interactive installation, urban art, critical fusion, architecture 10 janvier 2007 Le miroir et le rebond Reflet et réflexion L’interprétation et l’inflexion L’esthétique du doute et de l’oscillation L’arc du Doute et l’Arc des Certitudes Infime variations Transmission Passage de relai Le partage de la lumière La lumière noire Le côté obscure : deux arcs pour un cercle La carte des inflexions La sémantique construction d’un message par l’interconnexion des flux Relai-Inserts interactive installation, urban art, critical fusion, architecture 10 janvier 2007 Dispositif de transmission introduisant une altération du message Altération sémantique (inflexion) L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 369 Altération organique Changement de l’orientation D’autres parcours Jusqu’où porter la lumière visible Relai amplificateur de signal Close encounters interactive installation, critical fusion, live performance 9 février 2007 A Bar. Tables and chairs. One table. One chair. One screen. Of course, we usually go to the bar to have a friendly moment. Here, there is already somebody sitting at the table. On the screen! He or She talks… We start talking, reacting, replying. Feeling like having a date. Like the main character in Morel’s Invention, by Adolfo Bioy Casares, trying to become part of a pre-recorded scene, which he knows to be such, and that will be played and replayed for ever. After their conversation, the newly-recorded people are now the new face we meet on the screen; with this very ambiguous way to talk. One has to try and find the words which fit in a talk and that one was not suppose to hear. Auto-Bio writing 10 février 2007 One can invite Auto Bio, a friendly spyware that hacks all the messages one sends and write the story of one’s life out of that. The text generator 370 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre created by Jean-Pierre Balpe for Labylogue, the VR installation we did in 2000 with Jean-Baptiste Barrière, that wrote the text in the labyrinth as an interpretation of the dialogue between people from different locations was doing something like that. By interpolating recognised words from our daily e-mails, Auto Bio writes only for us the main lines of the story of our life. Ministère de l'Art critical fusion, painting 3 mars 2007 Peindre une série de natures mortes. Hint 2637 critical fusion, photography, No Comment (NoCA) 5 mars 2007 Chercher des preuves. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 371 WAR HOLE recycling, easy art 21 août 2007 A mi-chemin entre Nikki de Saint Phalle et Lucio Fontana, le percement dévoile un autre côté du miroir pictural témoignant plus souvent d'une tentative de liquidation déterminée - quoique infructueuse - de l'œuvre plus que d'un questionnement sur le support. D'autres, à l'instar de Warhol, ont su jouer de la série pour proposer un nouveau modèle économique à l'art victime de la concurrence des médias de communication. Le projet est ici de valider la résistance du support à l'agression. Différents matériaux tendus sur châssis, de la toile de peintre à la peau humaine véritable issue de culture, en passant par la tôle et le latex sur lequel on tire à l'arme véritable de gros calibre. La forme de l'impact, le systématisme de la mise en œuvre, froide et déterminée, l'indifférenciation des cibles, le caractère systématique de la procédure, font de la série de pièces ainsi produite aussi bien un catalogue d'œuvres qu'un argumentaire documenté pour marchand d'armes. 372 Que le même objet puisse assumer des fonctions L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre apparemment opposées pose question, sans pour autant apporter de réponse satisfaisante. Obtenir le partenariat d'un fabricant d'armes dans ce cadre renforce l'ambivalence et l'ambiguïté du projet. À titre promotionnel, le nom exact de l'arme utilisée sera intégré au titre de chaque pièce. Organic Counterattack art-merchandising, critical fusion, product placement, not sure 21 août 2007 Players: Michael Kurcfeld Il est difficile de ne pas trouver suspecte l'explosion de nouveaux argumentaires consuméristes fondés sur l'idée que la nature serait plus favorable à l'humanité que le produit des alchimies humaines. Présentation d'une série importante de produits 100% naturels, n'ayant fait l'objet d'aucune manipulation chimique, mais dont la dangerosité est manifeste : Amanite phalloïde, venin de mygale, ciguë, datura, fugu, huître contaminée par une algue toxique, bactéries en tous genres… Michael: "This is a one-line-point!" Right, to The Dump… Mais je ne peux m'empêcher de dériver: Création d'un élixir constitué d'un amalgame de quelques un de ces produits dont la toxicité est indiscutable. Étiquette: BIO (ORGANIC) 100% NATUREL. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 373 Ce produit est garanti 100% naturel. L'homme ne peut être tenu pour responsable des conséquences de son ingestion. Proposer l’obligation sur tout produit commercialisé de faire figurer un coefficient de dangerosité fondé sur une charte établie par les scientifiques du monde entier. Ex. : DANGER:17% pour le chocolat, pourcentage variant en fonction du taux de graisses animales, pourcentage de glucose, potentiel allergénique. Eyegrapher urban art, critical fusion, painting. 29 juin 2008 On sait combien le graffitiste doit lutter avec la pesanteur pour accéder à des surfaces dignes d’être taguées. Ce sont des surfaces réputées inaccessibles, donc moins bien protégées, et visibles de loin comme tous les objets élevés dans le paysage urbain. Il suffit de détacher l’outil de la main pour ne pas avoir à déplacer le corps. Le dirigeable aisément bricolé à partir de composants du commerce, peut véhiculer la peinture et une version améliorée de l’aérographe. Le manipulateur expérimenté pourra ainsi, à distance et 374 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre en toute impunité, signer le monde pour échapper au néant qu’entretiennent la pesanteur et la multiplicité des corps pensants. Une variante amusante, dans la droite ligne de la Mémoire rétinienne collective (Art Impact, So.So.So.) me pousserait à imaginer que la chose volante puisse fonctionner comme un système de surveillance et de projection. Une micro caméra sur le dirigeable prélèverait un fragment de l’image du monde pour le projeter en quadrichromie sur la surface disponible. Juste retour du monde à la surface des choses en guise de mémoire redistribuée. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 375 Éléments biographiques Publications Conférences Sélections et prix, compétitions internationales Liste des travaux Filmographie Expositions Catalogues Articles de presse Publications Benayoun, Maurice - Maria Roussou (co-editors), Immersive Virtual, Mixed, or Augmented Reality Art, The International Journal of Arts and Technology, Inderscience Publishers, 2009 (en cours de publication) Benayoun, Maurice, Les Paradoxes du corps numérique, in Virtual / Physical Bodies, éd. CDA, Enghien les Bains, 2008. Benayoun, Maurice, So.So.So. Somebody, Somewhere, Some Time, Theories and Documents of Contemporary Art, Kristine Stiles and Peter Selz, University of California Press, 2008. Benayoun, Maurice, Mettre en scène le sujet. Pour une scénographie d’auteur, Revue du centre de recherche de l’ESAMM, Sally Bonn, ENSAMM, 2008. Benayoun, Maurice, Création Numérique, Musiques et cultures Digitales, Pearson, septembre 2008. 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Architecture as a Social Dialogue, Workshop, Université Polytechnique de Vienne, Vienne, Autriche, janvier 2006 2006 L’action se déroule au fond de l’image à gauche, Heure Exquise, Musée des Beaux Arts, Lille, novembre 2006 Immersion Situation: Metaphysics of Games, Mechanics of Human Dialogue, Rotterdam, Pays Bas, octobre 2006 Short Cuts : c’est pas du cinéma, Festival du cinéma Méditerranéen, Montpellier, France, octobre 2006 Dérives singulières de la photographie, Rencontres photographiques, Arles, France, juillet 2006 Abusage des interfaces, Interfaces, Université Paris 8, Saint-Denis, France, juin 2006 Proxima, Château Karoly, Fehervarcsurgo, Hongrie, juin 2006 Trafiquant d’émotions : le jeu dans l’art numérique, Ecole des Beaux Arts de Poitiers, France, juin 2006 La cartographie émotionnelle de la planète, Festival de la 4ème dimension, Nice, Sophia Antipolis, France, juin 2006 La classe électrique et la disparition de l’ordinateur, Colloque CIUEN, l’Université à l’ère numérique, Cité des Sciences de la Villette, Paris, France, mai 2006 Art Situations and Critical Fusion, Modern Museum, Stockholm, Suède, avril 2006 Situations et fusion critique, Observatoire des politiques Culturelles, Grenoble, France, mai 2006 Education, Création, Révélation, Transmission, Mediare la Scuola, Indire, Florence, Italie, mars 2006 La Mécanique des émotions, Institut Français de Berlin, Allemagne, février 2006 L’Art immersif et ses débordements, rencontre avec Maurice Benayoun et ses invités, Le Cube, Issy les Moulineaux, janvier 2006 Internet, les artistes et le Peer to Peer, Rencontres d’Autrans, France, janvier 2006 2005 IN-OUT, la création transactionnelle, H2PTM, IN-OUT, Université Paris 8, Saint Denis, novembre 2005 384 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Proxima, closer to experience, Schloss Bröllin, ACCR, Allemagne, novembre 2005 La muséographique en acte, ICHIM 05, Bibliothèque Nationale de France, Paris, septembre 2005 Escape Virtuality, VR Futures, Salford University, Manchester, Royaume Uni, 2005 Cosmopolis, VR, Museography: Unshaping the City and the Emotions, Université de Tongi, Shanghai, Chine, mai 2005 Digital Image : Just Dig It!, Université de Santa Barbara (UCSB), Etats Unis, mars 2005 Back to Reality, from Immersion to Critical Fusion, UCLA, Los Angeles, Etats Unis, mars 2005 Media Art, Early and Recent Works, UCSD, San Diego, Etats Unis, mars 2005 CITU, excenter for new media art, Transmediale Berlin, février 2005 Multimédia et scénographie, table ronde, SITEM, Paris, février 2005 Quelques dispositifs interactifs et autres pratiques récréatives de survie, Workshop Paysage Réel Virtuel, École des Beaux Arts, Île de la Réunion, janvier 2005 Le passage à l’acte : de l’immersion à la fusion critique, Ecole polytechnique d’Annecy, janvier 2005 2004 Workshop Immersion, Ars Numerica, Montbéliard, France, décembre 2004 Immersion et fusion critique, Colloque, Immersion et performance, Nicéphore Days, Chalon sur Saône, France, novembre 2004 Recherche artistique et création technologique, table ronde, Nicéphore Days, Chalon sur Saône, France, novembre 2004 Parcours numériques, Université du Val de Marne, France, novembre 2004 Immersion, Situation and Critical Fusion, DEAF 04, Rotterdam, Pays Bas, nov. 2004 Work and research, conférence, Université de Pékin, Chine, novembre 2004 Dynamic Architectures of Communication, from Immersion to Critical Fusion, Summit Internet and Multimedia, Pékin, Chine, octobre 2004 Entretiens Jacques Cartier, SAT, Montréal, Canada, octobre 2004 Création / Recherche, clôture journées Villette Numérique, Cyberbase, Cité des sciences et de l'industrie Paris, septembre 2004 From Television to Immersion, Royal University College of Fine Art, Stockholm, Suède, septembre 2004 De L'immersion à la fusion, le virtuel en situations, Colloque de Cerisy, France, juil. 04 Dimension artistique et socio-économique de la création numérique, Université de Rouen, UFR de psychologie, sociologie, sciences de l'éducation, juin 2004 Recherche et création dans le champ "innommable" des médias émergents, Rencontres art et multimédia, Institut Finlandais, Paris, juin 2004 Le virtuel à l'oeuvre dans le paysage numérique, Ecole des Beaux Arts de la Réunion, île de la Réunion, juin 2004 From Immersion to Critical Fusion, Digital Avant Garde, Austrian Cultural Forum, New York, NY, Etats Unis, mai 2004 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 385 Art en échange, Nord Sud Est Ouest, École des Beaux Arts de Metz, France, mai 2004 Nouvelles formes de la création numérique, Observatoire des politiques culturelles, Grenoble, mai 2004 Dispositifs interactifs et autres pratiques récréatives de survie, UCOI, île de la Réunion, avril 2004 Enjeux esthétiques et politiques du numérique, UCOI, Université de la Communication de l'Océan Indien, île de la Réunion, avril 2004 Qu'est-ce que le contemporain?, Ecole d'architecture de Normandie, Rouen, avril 2004 De la synthèse à la fusion critique, Institut National Polytechnique de Grenoble, fév. 04 2003 Création numérique et art contemporain, Observatoire des politiques culturelles, Grenoble, décembre 2003 Enjeux esthétiques du numérique, Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts, Paris, novembre 2003 CITU et création interactive, Maison Européenne de la Photographie, Paris, 27 septembre 2003 Transdisciplinarité virtuelle, con-fusion et sens dessus dessous, H2PTM, Créer du sens à l'ère du numérique, Université Paris 8, 26 septembre, 2003 CITU et art numérique, FRAAP, Paris, septembre 2003 L'Art immersif et après..., Digital Art, ICHIM, International Cultural Heritage Informatics Meeting, septembre 2003 Deconversation, performance avec Steve Mann, Pierre Levy et Derrick de Kerckhove, Deconism Gallery, Toronto, Canada, août 2003 Carbon vs silicon, Banff Centre, Alberta, Canada, août 2003 Art virtuel et muséographie, Ingenirium, Laval, France, juin 2003 References Virtuelles, Remix conference, IRCAM, Paris, 2003 Générateur de failles psychologiques intégré, 2013, conférence-fiction, RIAM, La Belle de Mai, Marseille, avril 2003 Art numérique, exposition Et Voilà le Travail, Montreuil, France, Mars 2003 Patrimoine et Multimédia, Abbaye de Fontevraud, France, mars 2003 Art interactif et réalité virtuelle, Ecole Nationale Supérieure des Telecoms, février 2003 Architecture organique, Prospective 2100, CNRS, février 2003 Oeuvres interactives, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, janvier 2003 Art virtuel, Ecole des Beaux Arts, Ile de la Réunion, janvier 2003 Création numérique et réalité virtuelle, ILOI, Ile de la Réunion, janvier 2003 2002 Représentation/situation, fluidité et rugosité du virtuel, Artmedia 8, CFCE, Paris, novembre 2002 386 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Le jardin virtuel et autres dérives de la nature, colloque Le virtuel et le lierre, Abbaye de Fontevraud, octobre 2002 Net Lecture, EVL, Electronic Visualisation Lab, University of Illinois, Chicago, Etats Unis, septembre 2002 Artistic F[r]ictions: Roughing Up Digital Space, Digital Terror, CTheory Multimedia, Tim Murray, Cornell University, Ithaca, Etats Unis, septembre 2002 Maurice Benayoun’s Works, School for Visual Arts, Kathy Brew seminar, New York, Etats Unis, septembre 2002 Watch-Out! Wireless and recent works, Université de Séoul, Corée du sud, sept. 2002 Projet de station de métro interactive à Paris, Alliance française, Salvador da Bahia, Bresil, août 2002 Installations 3D et environnements interactifs, Goethe institut, Salvador da Bahia, Bresil, août 2002 Why history of art will probably forget Maurice Benayoun's Art Work ?, Emoçao Artificial, Itau Cultural, São Paulo, Brésil, août 2002 De l'art de la situation à la scénographie organique, Colloque Poliéri, Bibliothèque Nationale de France, juin 2002 De l'art virtuel, le quotidien augmenté, La nouvelle interaction homme environnement, Séminaire X Aristote, Ecole Polytechnique, juin 2002 Réalité Virtuelle et Patrimoine, Abbaye de Fontevraud, mai 2002 Parcours d’artiste, conférence, Ecole des Beaux Arts de Poitiers, France, avril 2002 La rencontre, conférence, Abbaye de Royaumont, France avril 2002 Art et cognition dans une perspective évolutionnaire, conférence, Ecole Normale Supérieure (ENS Ulm), Paris, avril 2002 European Workshop on Culture and Technology, IST, Pistoia, Italie, mars 2002 Création artistique et intelligence artificielle, conférence, Ecole Nationale Supérieure des Telecom (ENST), mars 2002 Festival du Film de Bruxelles, Conférence, ANIMA, Belgique, février 2002 Parcours d’artiste, Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris, janvier 2002 L’auteur en question, colloque France Culture/SCAM, Centre Pompidou, Paris, janv. 02 2001 Travaux récents, Conférence Sorbonne, Paris, décembre 2001 Le réseau et la création, séminaire Transfert, Paris, décembre 2001 The Ultimate Audio-visual Experience, IST, Dusseldorf, Allemagne, décembre 2001 Media Space, WAND 5, Stuttgart, novembre 2001 From virtual to public space, conférence CAST 01, Franhaufer Institute, Bonn, Allemagne, septembre 2001 Behind the scene, Ars Electronica Festival, Linz, Autriche septembre 200 Dynamic Space and Interactive practices, conférence et workshop, Université de Stuttgart, Allemagne, juillet 2001 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 387 Master class, Television Festival, Banff, Canada, juin 2001 Cyberpitch, table ronde et jury, Television Festival, Banff, Canada, juin 2001 États de la recherche, ECM, Maison Populaire de Montreuil, juin 2001 Le virtuel dans l’art, ASTI, Cité des Sciences de la Villette, avril 2001 Art et virtuel, Musée de Corte, France, février 2001 Art et multimédia, Journées de l'enseignement multimédia, Académie de Versailles, CNIT, la Défense, France, février 2001 Créations Interactives, Carrefour de l'image de l'Océan Indien, L'ILOI, Le Port, Ile de la Réunion, février 2001 2000 L'art numérique est-il contemporain? Table ronde, ISEA 2000, Forum des images, Paris, décembre 2000 Pratiques artistiques, recherches actuelles, la Sorbonne, ISEA 2000, Paris, 9 décembre 2000 Architecture+Media : explorer l'architecture, d'Architecture, Paris, décembre 2000 table ronde, Institut Français Art, Design et interactivité, ISEA 2000, Forum des Images, Paris, 8 décembre 2000 Rencontres européennes de la jeune Valenciennes, France, novembre 2000 création numérique, portrait d'auteur, Les protos et l'art numérique, SAT, Festival du Cinéma et des Nouveaux Médias, Montréal, Canada, octobre 2000 Interactive and VR creations, World@rt, VRCenter Nord, Ålborg, Danemark, oct. 2000 Methodology in VR concept development, World@rt, VRCenter Nord, Aalborg, Danemark, octobre 2000 Voila, La mémoire, Musée d'art moderne de la ville de Paris, Paris, septembre 2000 Velocity in Cultural Development, Culture on the Move, Hanovre, Allemagne, septembre 2000 Vision interactive, des Quarxs à Art Impact, Prix Italia, Bologne, Italie, septembre 2000 L'esthétique du Virtuel, Prix Italia, Bologne, Italie, septembre 2000 Art Outsiders, Le virtuel, Passage à l'art, Maison Européenne de la photographie, septembre 2000 Etat des arts de la réalité virtuelle, Table ronde Laval Virtual, Laval, France, mai 2000 Créations interactives et réalité virtuelle, Observatoire des politiques culturelles, Le Magasin, Grenoble, 16 mai 2000 Utopie et création interactive, Utopi@, le Grand Hornu, Belgique, 24 mars 2000 Créations interactives, IIème symposium mondial des technologies de l'information (FWS), Futuroscope, Poitiers, mars 2000 Nouveaux systèmes d'imagerie en 3 dimensions, applications développements et perspectives, IIème symposium mondial des technologies de l'information (FWS), Futuroscope, Poitiers, février 2000 388 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Situations en question. Pratiques interrogatives, de la vidéo au virtuel, CRECA, Université de Paris 1, 24 février 2000 Emotion et interactivité, table ronde, IMAGINA, Paris, février 2000 Crossing Talks, Communication Rafting, conférence: Interactivité+Immersion=la nouvelle dimension, IMAGINA, Monte Carlo, févévrier 2000 L'attente des artistes face aux technologies, Table ronde PRIAMM, IMAGINA, Monte Carlo, février 2000 1999 Virtual Reality and Art, Virtual Reality Software and Technology (VRST), University College London, Londres, 22 décembre 1999 Un art coupable mais toujours libre, Pendulum Symposium, Mediaterra, Athènes décembre 1999 Le ZA Profiler en action dans le Tunnel, ReViCo (Réalité Virtuelle et Cognition), ENST, Paris, 15 décembre 1999 Crossing Talks, Institut français de Tokyo, Tokyo, Japon, octobre 1999 L'éthique otaku : tous seuls ensemble, la crise de contact et autres troubles des sens, colloque OTAKU, Maison de la Culture du Japon, Paris, 17 septembre 1999 Siggraph 99, Experiential Computer Art, Los Angeles, Etats Uni, 12 Août 99 Intelligence connective, Workshop, FWS Sympsium, Futuroscope, Poitiers, mars 1999 Connective Intelligence, Workshop, Mediartech '99, San Miniato, Italie, janvier 1999 Metaphorical architecture for virtual worlds, Back to the CAVE, Stuttgarter Filmwinter Festival, 16 janvier 1999 1998 Art and VR, conference, Keio University, Tokyo, Japon, décembre 1998 Art and Science symposium, Hakone, Japon, novembre-décembre 1998 World Skin, Ars Electronica, Linz, septembre 1998 Communicating Culture, Getty Center, Los Angeles, Etats Unis, octobre 1998 Artist talk, Siggraph '98, Orlando, Etats Unis, août 1998 Crossing Talks, Pour une écologie des médias, 3ème rencontres internationales artcinema-vidéo-ordinateur, Paris, avril 1998 Nouvelles technologies, image et réseaux, journées AMCSTI, Cité des Sciences de la Villette, Paris, avril 1998 Fête de l'Internet, conférence, Centre culturel canadien, Paris, mars 1998 Virtual Communities, Madeira Technopolo, Madeire février 1998 Rencontres ville, architecture et nouvelles technologies, Arc en Rêve, Bordeaux, janvier 1998 1997 Un safari photo au pays de la guerre, Opéra Totale, Venise, Italie, novembre 1997 Art : nouvelles pratiques numériques. 1er forum de l'an 2000, Lyon, octobre 1997 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 389 L’œuvre est au fond de l'image à gauche, ICHIM 97, le Louvre, Paris septembre 1997 Computer Construction of World Laws, Art as World Construction, Université d'Aalborg, Danemark, mai 1997 Art as World Construction, Université d'Odense, Danemark, mai 1997 L'oeuvre d'art et sa reproduction à l'ère des médias interactifs, Musée virtuel, CRI/Louvre/Sorbonne, avril 1997 Corps et pratique artistique, Cergy, avril 1997 Décor et nouvelles technologies de l'image, FEMIS, Paris, mars 1997 1996 Espaces Virtuels métaphoriques, CAD Forum, Zagreb, Croatie, novembre 1996 Quand l'homme de l'ère numérique finira-t-il de descendre de l'arbre ? Cyber@rt, Valence, Espagne, novembre 1996 Le Diable est-il Courbe ? et l'Ecriture Interactive, Table ronde : Univers virtuels et comportements autonomes, Etats Généraux de l'Ecriture Interactive, Videothèque de Paris, octobre 1996 Les Métamorphoses de l'œuvre, Table ronde F.A.U.S.T., Parc des Expositions de Toulouse, France, octobre 1996 Mediartec '96, Florence, Italie, mai 1996 Révélations virtuelles : les avatars de la vérité, La Musique et l'Image : vers de nouvelles interactions? IRCAM, Paris, juin 1996. Un printemps d'artistes, Ars Multimédia, Maison de la Culture de Metz, mars 1996 2005 l'Odyssée du Multimédia, conférence cybermédia, Paris, janvier 1996 Les mutations de l'écriture interactive, Conservatoire européen d'écriture audiovisuelle, Paris, janvier 1996 1995 The Quarxs, Advanced Animation Conference, New York, mai 1995 Techniques, French American Animation La Genèse du réalisme interactif, L'art du virtuel, Imagina, Monte Carlo, février 1995 1994 Adam et Eve chassés du virtuel, réalités de la dimension interactive, le Vivant et le Virtuel, Théâtre 95, Cergy-Pontoise décembre 1994 L'A.M.E. et la réalité virtuelle, Assises du Métafort, Aubervilliers, octobre 1994 Cinéma et images de synthèse, Université d'été, Enseigner le cinéma, pratique et enjeux, Université de Lyon, juillet 1994 Les Quarxs, Ars Electronica, Linz, Autriche, juin 1994 Les Quarxs, Médiascape 2 Symposium for the Media, Art and Culture, Zagreb, Croatie, juin 1994 Représentation tridimensionnelle et création multimédia, TiConUno, La Cultura dell'Interattività, Milan, Italie, juin 1994 390 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Les Quarxs, Digimedia, La télévision rencontre le multimédia, Genève, Suisse, mai 94 Nouvelles techniques, création et théorie, Les états de la création, Colloque international, Université de Lyon2, janvier 1994 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 391 Sélections et prix, compétitions internationales e-Toile d'Or, Net Art, Paris, janvier 2005 Sélection officielle, Festival International du Film d'Animation et d'architecture, Baden, Suisse, sept. 2003 Meilleur Projet Multimédia, Grotte Chauvet, France 2001 Lauréat avec Jean Nouvel du concours d'architecture pour la station de Métro Franklin Roosevelt, Paris 2000 Sélection officielle, Festival de Creacion Audioviual de Navarra, Espagne, 1999 Sélection officielle, Biennale do Mercosul, Brésil, nov. 1999 Sélection officielle, ICC BIENNALE, Tokyo, Japon, oct.-nov. 1999 Sélection officielle, ART SHOW, SIGGRAPH '98, Orlando, USA, août 1998 Golden Nica, catégorie art interactif, ARS ELECTRONICA, juin 1998 e 2 Prix, IMAGES DU FUTUR '96, catégorie génériques, Montréal 1996 e 2 Prix, IMAGINA 1996, catégorie génériques, Monte-Carlo fév.1996 Finaliste Best Achievment, International Monitor Award, catégorie génériques, Los Angeles, oct. 1995 Sélection officielle, ANIMA MUNDI, Rio de Janeiro, BRÉSIL, août 1995 Sélection officielle, FILM WEST, Sydney, Australie, juillet 1995 Honorary Mention, ARS ELECTRONICA Linz, Autriche, avril 1995 Sélection officielle, VIDEO FEST, Berlin, Allemagne, février 1995 Prix José Abel, CINANIMA, Espinho, Portugal, octobre 1994 Trophée d’argent, Espace Création, F.A.U.S.T., Toulouse, novembre 1994 Sélection officielle, Electronic Theater, 5 th International Symposium on Electronic Art 94, Helsinki, Finlande, août 1994 Sélections officielles SIGGRAPH: Siggraph Electronic Theater, Orlando, juillet 1994 Siggraph Screening Room, Orlando, juillet 1994 Siggraph Art and Design Show, Orlando, USA, juillet 1994 Distinction (2ème prix), ARS ELECTRONICA Linz, Autriche, juin 1994 3e prix, catégorie Fiction, IMAGINA 94 Monte-Carlo, février 1994 International Monitor Awards 93, Los Angeles, juillet 1993 International Monitor Award, catégorie Best Electronic Special Effects International Monitor Award, catégorie Best Video Paint Design International Monitor Award, nomination, catégorie Best Computer Animation, 1er prix, catégorie génériques, IMAGINA 93 Monte-Carlo, février 1993 e 3 prix, catégorie fiction, IMAGINA 93 Monte-Carlo, février 1993 Sélection officielle, 5éme FESTIVAL DU FILM PAR ORDINATEUR Genève, mai 1992 Prix Troisième dimension, SCAM Paris, novembre 1991 Prix du meilleur scénario, PARIS CITE 91 Paris, octobre 1991 Honorary Mention, ARS ELECTRONICA Linz, Autriche, septembre 1991 Sélection officielle, IMAGES DU FUTUR Montréal, septembre 1991 er 1 Prix, catégorie Artistic Animation Truevision Videographic, SIGGRAPH, Las Vegas, États Unis, juillet 1991 Prix Image fixe, PARIS CITE Paris, 1990 ère Sélection officielle, 1 BIENNALE INTERNATIONALE DU FILM SUR L'ART, Paris, centre Pompidou, Paris, France, 1987 Sélection officielle, FESTIVAL DU FILM D'ART ROTTERDAM, 1987 Sélection officielle, RENCONTRES INTERNATIONALES DE VIDEO Montbéliard 1986 394 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Liste des travaux 2008 IN OUT Architecture et conception du premier réseau de création connective pair à pair (Peer to Peer). Citu. eMoving Stills Tirages numériques. Scéquences photographique narrative sur la Mécanique des émotions. Still Moving Sculpture interactive géante, infrasons et vidéo projection. Installation physique et virtuelle, acte 14 de la Mécanique des émotions. Etude : collection Fond National d’Art Contemporain. NeORIZON Installation urbaine, caméras vidéo, QRcodes, vidéo projection, sculptures géantes, collection eArts Shanghai. Emotion Ringtones Distributeur automatique d’émotions sous forme de sonnerie de téléphone. Avec Jean-Baptiste Barrière. WAR PAIX : ARC de TRIOMPHE Paris Installation permanente de l'arc de Triomphe à Paris, avec Christophe Girault, architecte, dispositifs interactifs comprenant notamment: Guerre et paix Dispositif interactif La plongée Dispositif vidéo La Grande Oblique Vidéo multi écrans World Skin, un safari photo au pays de la guerre, (nouvelle version PC mono écran) War Tourists Photos, Installation, visiteurs de World Skin à FACT Liverpool exhibition sk-Interface. Des Grandes Questions à la Décharge Exposition monographique présentant 10 installations de 1994 à 2008. Incluant notamment: Dump au mètre papier peint issu du Dump Blind Love Ready Made (l’Amour aveugle prêt à l’emploi) Instance extraite du Dump. Extrait sonore de film pornographique + Windows Media Player 7.0. Ecran plasma, PC. e-Stock 9-11 Trois écrans déroulants de LEDs rouges, le cour de trois émotions, GLAD, MAD, SAD, le 11 septembre 2007, pour 3200 villes de la planète. 2007 e-Spotting 9/11 e-Spotting 9/11 (Emotion Spotting) installation musique, Internet et vidéo projection Falling Pixels Installation vidéo, son, instance d’un projet issu du Dump. e-Spotting e-Spotting (Emotion Spotting) Performance musique et Internet, avec Jean Baptiste Barrière, DEAF Festival, Rotterdam, Pays Bas. Interactivity: the dead end of our artistic era Vidéo, dialogue avec Steina et Woody Vasulka dans So.So.So à Lugano, Suisse Épidémie Avec Christophe Girault. Projet d’exposition pour la Cité des sciences de la Villette 2006 Distributeur automatique d’émotions Installation interactive. Distributeur automatique, musique générative (Jean-Baptiste Barrière), Internet. Le Match du Futur Projet pour la consultation. Dispositif ludo-éducatif sur les enjeux du développement durable et la responsabilité individuelle 2005 Emotional Traffic (e-traffic) Performance d’ouverture du festival Ars Electronica. Avec Jean-Baptiste Barrière Internet, vidéo projections. Emotional Stock exchange (e-stock) Internet, écrans déroulant de LED le cour des émotions du monde. Emotional Market (e-market) Internet, 12 video projections, sculptures digital the Market of World's emotions. Cosmopolis Installation Interactive géante, 12 télescopes de réalité augmentée, 12 écrans de rétroprojection 4x3m, 12 écrans plasma. Année de la France en Chine. Musique interactive Jean-Baptiste Barrière. SFEAR Eglise, Internet, ballon gonflé à l’hélium, vidéo projection, sculptures en mousse Lab. Les Frozen Feelings dans le Temple. Frozen Feelings Internet, sculptures prototypage rapide (fraisage numérique), instantanés des émotions du monde. World Emotional Mapping (e-Maps) Internet, moteur de recherche, cartographie des émotions du monde. Simply Design. Portfolio sur pied. Vessel Design. Vaisselle empilable. 396 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La Mécanique des émotions Internet, moteur de recherche, sculpture numérique, musique interactive, performance, installations, série de travaux en 16 actes. Felix Design. Ventilateur à voiles. 2004 Emotional Slides (e-Slides) Installation, sculptures, video (undone project). Vidéo projections réfléchies par la surface polie de plaques d’aluminium distordues par les émotions du monde . Watch Out ! The Eyes of the City Installation urbaine pour les jeux olympiques d’Athènes. Internet, SMS, video projection dans les vitrines de magasins . e-Box Conditionnement des Frozen Feelings. 2003 DECONversation Performance dialogue: Pierre Levy, Maurice Benayoun et Steve Mann dans une baignoire, modérée par Derrick de Kerckhove. 2002 So.So.So. VR, Internet, interactive Music Somebody, Somewhere, Some Time. La Machine à idées Interface ludo-marketing. Une machine à produire automatiquement des concepts de produits innovants. Le SAS CUBE Salle immersive de RA. Conception de la première salle immersive sur PC, transportable. Le Cybermodule scénographie. Projet non réalisé pour la Cité des sciences. Watch Out ! Installation urbaine, Internet, SMS, video projection. Envoyez un message d’alerte au monde. Architectures Parallèles : Instant City -Archigram Peter Cook Réalité Virtuelle, vidéo, Télévision immersive. sloop Design, bibliothèque textile, étagères souples. 2001 softchair Sièges dynamiques. Design comportemental. Dynamic seats, behaving like friends. Musée de Liège Projet de muséographie dynamique. Projections et mobilier dynamique. L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 397 2000 Labylogue Réalité Virtuelle mono écran, Internet, musique interactive (Jean-Baptiste Barrière), génération de texte (Jean-Pierre Balpe), reconnaissance vocale, télévirtualité reliant 3 lieux : Lyon, Bruxelles, Dakar. Rencontre dans le labyrinthe du dialogue. Planet of Visions Avec François Schuiten, Bleu Lumière, et Jean-Baptiste Barrière, vidéo et dispositifs interactifs pour le pavillon de l’exposition universelle de Hanovre. Et notamment : Les tables panoramique 11 dispositifs de réalité augmentée, cameras vidéo et image de synthèse 3D temps réel. Les Mythes 5 vidéos en boucle dans une sculpture dynamique. Les Gouttes d’eau Dispositif synchrone, vidéo sur un lac. Le Livre Circuit fermé vidéo, traitement numérique temps réel. Eden Boucle vidéo et vitre semi transparente. La Membrane Architecture organique. Dispositifs interactifscapture et analyse de mouvement, base de données informationnelle, , Exposition l'Homme transformé, Cité des sciences et de l'industrie. Art Impact, Mémoire Rétinienne Collective Jumelles de réalité virtuelle, Internet, photographie panoramique, musique interactive (J.-B. Barrière). Art Trap Projet d’installation interactive. Vidéoprojection et Internet. Parcours multimédia de l'Abbaye Royale de Fontevraud. Conception et direction artistique du projet 1999 TATI bag Sac d’artiste pour les magasins TATI, commissaire Cyrille Putman. Jardin Virtuel de Calais Projet de parc thématique culturel. Conception des dispositifs interactifs, réalité virtuelle, réalité augmentée, robots… La station Bleue Architecture, Réalité Virtuelle, Internet, musique interactive Avec Jean Nouvel. Projet lauréat non réalisé pour la station Franklin Roosevelt à Paris. Crossing Talks, Communication Rafting Réalité Virtuelle multi-écrans (CAVE), Internet, capture de mouvement infrarouge vidéo, cabine Internet pour la biennale de L4ICC, Tokyo. 1998 398 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Missing Matter 2 Kakemonos et un texte pour l'exposition itinérante Transarchitectures 03 organisée par Odile Fillion. Le Tunnel Paris-New Delhi Réalité Virtuelle, réseau, communication vidéo et audio, musique interactive de Jean-Baptiste Barrière, installation de télévirtualité. 1997 Cosmogonie documentaire fiction sur la Réalité Virtuelle. Conception et réalisation du documentaire pour Canal+, vidéo haute définition Salle de navigation Scénographie et contenu, Exposition Nouvelle Image, Nouveaux Réseaux, Cité des sciences et de l'industrie. World Skin, un safari photo au pays de la guerre Réalité virtuelle, CAVE, appareils photo, imprimante, Internet. Golden Nica catégorie art interactif. Ars Electronica Festival 1998. 1996 Far Near (e-motion) VR, Internet, musique interactive music et agents. Le système nerveux mondial à l’origine de la Mécanique des émotions (projet). Et Moi dans tout ça ? 2 Internet, java : la réécriture collective des sept premiers jours de la Genèse. 1995 Le Tunnel sous l’Atlantique Installation de Télévirtualité reliant le centre Pompidou à Paris et le Musée d’Arc Contemporain de Montréal. Réalité virtuelle synchrone, Vidéo, son et musique spatialisés, analyse de comportement, gestion dynamique de la géométrie et de la base de données. Documentaire vidéo automatique. Commande publique. Étude : collection du Fond National d’Art Contemporain. Et moi dans tout ça ? 1 Internet, java en ligne, notre impact provisoire sur le monde. Le diable est-il courbe? Les Grandes Questions 2 :Réalité Virtuelle, agent intelligent, musique interactive. 1994 Dieu est-il plat? Réalité Virtuelle, une cellule monacale, métaphysique des jeux vidéo. Les Grandes questions Réalité Virtuelle, Internet, agents intelligent, musique, texte : une collection de travaux Internet et réalité virtuelle 1992 Art After Museum Virtual Reality Art Collection Virtual Reality contemporary art collection, villa Medicis hors les murs 1993 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 399 1991 Les Quarxs Une des toutes premières séries d’animation en images de synthèse3D. 12 x 3mn, film 35mm. 400 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Filmographie Films sur l’art 935 mètres de bande, Daniel BUREN vidéo, installation 3 écrans (Prod. Savoir au Présent 1984) Pièces à convictions série de courts-métrages documentaires de création (prod. S.A.P., Vidéothèque de Paris 1985): Pit Stop, Jean TINGUELY BRANDT/HAFNER Bertrand LAVIER Espace Musical, TAKIS Armoire paysage Jean Luc VILMOUTH Par la juste mesure dans le double monde, Martial RAYSSE Suzanne et les vieillards, Jean Michel ALBEROLA Le délassement d’un peintre parisien, Jean Le GAC L'usine l’usine, Bill WOODROW Lévèque au musée, Claude LEVEQUE (Savoir au Présent, CRDP Créteil 1986). Wall Drawings, SOL LEWITT (Musée d'art Moderne de Paris, 1988). Fiction Les Quarxs (Pilote).(Z.A. Production 1991 ). Danger Quarxs (Z.A 1992). Les Quarxs (12X3mn) (Canal +, France 3, Z.A 1993). Ils sont là ! (Les Quarxs, Le Film) (35MM, 21'30", Z.A 1994). Habillage et génériques Un jour en France, générique pour l'émission d'information de France 3, janvier 1995. Mirage illimité (co-réal. Alain Escalle), Grand-Canal, Z.A Prod., Mikros (1er Prix Imagina 93, International Monitor Awards...) Cosmogonie (avec Alain Escalle) (Canal+, TEVA, Z-A Production) (2ème prix Imagina 96, 2ème prix Images du Futur Montréal) Effets spéciaux 3D et long métrages Le Monde est en grand Chelm, long métrage d'animation (réal. Hannan KAMINSKY), Les Films de l'Arlequin, Project Image Mécaniques célestes (réal. Fina TORRES), Mistral films, Réalisations pour EXPO 2000 (exposition universelle Hanovre) Pavillon Planet of Visions (François Schuiten et Bleu Lumière) Eden Le Paradis, les Gouttes d'eau (6 vidéos) La statue des mythes (5 vidéos) L'an Mil : (2x6 vidéos) Open Books Documentaires Cosmogonie, documentaire fiction sur la réalité virtuelle, vidéo HD, Z.A/Canal+/Teva 1996. Architectures Parallèles, pilote, Instant City, Archigram, Peter Cook, vidéo, à partir de l’isntallation de télévision immersive, co-réalisation Odile Fillion. Canal +/Z-A Production, 2002 402 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Expositions 2008 Le Générateur, Still Moving et eMoving Stills, Gentilly, France, 20 novembre – 20 décembre 2008 Le Grand Palais, Still Moving, Ville Européenne des Sciences, Paris, nov. 2008 eArts Festival, NeORIZON, Century Avenue, Shanghai, Chine, oct. 2008 Le Cube Festival, Emotional Ringtones Vending Machine, Issy les Moulineaux, France juin 2008 Nemo Festival, World Skin, La Bellevilloise, Paris, avril 2008 Arc de Triomphe, WAR-PAIX, installations permanentes, Arc de Triomphe, Paris, février 2008 FACT, World Skin, sk-Interfaces, Liverpool, UK, janvier.-mars 2008 EESI, Galerie des Beaux Arts, des Grandes Questions à la Décharge : exposition monographique de 10 installations 1994-2008, Poitiers, France, janvier 2008 2007 Palazzo Strozzi, Strozzina, e-Spotting 9-11, Emotional Systems, Florence, Italie, novembre 2007- janvier 2008 Ancien musée de la Peinture, Falling Pixels, ZONE IP, Grenoble, France, octobre 2007 Musée Cantonal d'Art de Lugano, So.So.So., Lugano, Suisse, mai 2007 Deaf festival, e-Spotting, performance, Rotterdam, Pays Bas, avril 2007 2006 Espace Paul Ricard, Distributeur automatique d’émotions, Cinéma d’ameublement, Nemo, 7-11 avril 2006, Paris. GIMA Gallery, Emotion Vending Machine, Berlin, Allemagne, février-mars 2006 Akademie der Kunst, Emotion Vending Machine, Smile Machines, Transmediale, Berlin, Allemagne, février-mars 2006 Galerie Magda Danysz, Frozen Feelings, Artistes Pages Jaunes, Paris, février 2006 2005 Centre d'expositions, Cosmopolis, Overwriting the City, Pékin, Chine, septembre 2005 Ars Electronica Festival, Emotional Traffic, performance d'ouverture, Linz, Autriche, sept. 2005 Centre d'expositions, Cosmopolis, Overwriting the City, Chengdu, Chine, août 2005 Musée des Trois Gorges, Cosmopolis, Overwriting the City, ChongQing, Chine, juillet 2005 18 on the Bund Gallery, Emotional Market (e-market), Shanghai, Chine, 1-7 mai 2005 Science Museum, Cosmopolis, Overwriting the City Shanghai, 18 avril - 7 mai 2005 Eglise Saint Pierre au Nonnains, SFEAR, Norapolis, Metz, France, 15 avril 2005 Carrefour de L'image de l'Océan Indien, So.So.So, Ile de la Réunion, 21 -24 mars 2005 2004 Intrusions 0-1, So.So.So., Ars Numerica, Montbéliard, France, décembre 2004 Athènes 2004, Watch out! The Eyes of the City, Athènes, Grèce, août 2004 Museum of the Moving Image, the Quarxs, Digital Avant-garde, New York, 2004 Museum of the Moving Image, World Skin, Digital Avant-garde, New York, NY États Unis, juin-juillet 2004 Eyebeam, World Skin Shots, Digital Avant Garde, New York, NY, États Unis, juin-juillet 2004 2003 ICC, Inter Communication Center, So.So.So., Somebody, Somewhere, Some Time, Future Cinema, Tokyo, Japon, décembre 2003-2004 Uijeongbu Art Center, So.So.So., Somebody, Somewhere, Some Time, International Digital Art Exhibition, Uijeongbu, Korea, Oct.–Nov. 2003 . Fantoche ’03, Architectures Parallèles, 4 Internationales Festival für Animationsfilm, Baden, Suisse, 9-10 septembre 2003 Deconism Gallery, Deconversation, performance avec Steve Mann, Pierre Levy et Derrick de Kerckhove, Toronto, Canada, août 2003 La Belle de Mai, Générateur de faille psychologique intégré, 2013, performance, journées RIAM, Marseille, avril 2003 Gaîté Lyrique, Open Source I, So.So.So., Paris, France, avril-mai 2003 2002 ZKM, Exposition Future Cinema, So.So.So, Karlsruhe, novembre 2002- mars 2003. Art Center Nabi, Watch Out !, installation sur 4 lieux Séoul, Corée : TTL Zone, Shinchon, Dahangno, Kangnam, septembre – octobre 2002 Abbaye de Maubuisson, Simulations, Art Impact, Collective Retinal Memory, Maubuisson , France , mai- décembre 2002. Multimedia Theater, World Skin, International Cave Festival Art of Immersion, Bonn, juin 2002. 2001 Cité des Sciences et de l’Industrie, Exposition l’Homme Transformé, La Membrane, Paris, novembre 2001-décembre 2002 GLAZ ART, Instant Virtual, Paris, novembre 2001 Abbaye royale de Fontevraud, Parcours multimédia, installation permanente, à partir d’octobre 2001 ULTIMA Contemporary Music Festival, Art Impact, Collective Retinal Memory, Musée Stenersen, Oslo, Norvège, octobre 2001 404 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre KIASMA Museum of Contemporary Art, Art Impact, Collective Retinal Memory, Helsinki, Finlande, juin-août 2001 DIEM, Art Impact, Collective Retinal Memory, Aarhus, Danemark, juin 2001 2000 Beyond the Screen, ISEA 2000, Chapelle de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, World Skin, décembre 2000 Musée d'Art contemporain de Lyon, Labylogue, in exposition Tu Parles!? Le français dans tous ses états, Lyon, France, 6 novembre 2000 21 janvier 2001 Centre culturel Douta Seck, Labylogue,in exposition Tu Parles!? Le français dans tous ses états, Dakar, Sénégal, 2 novembre 2000 30 décembre 2000 World@rt, VR Center Nord, World Skin, Aalborg, Danemark, octobre 2000 Espace Méridien, Labylogue, in exposition Tu Parles!? Le français dans tous ses états, Bruxelles, 27 septembre -14 janvier 2001 Centre Pompidou, Art Impact, Collective Retinal Memory, Paris, juin-juillet 2000 EXPO2000, Expo. Universelle, pav. Planet of Visions, Tables panoramiques et vidéos, Hanovre, Allemagne, juin – octobre 2000 Art Rock Festival, Le Diable est-il courbe, version PC, Saint Brieuc, France, juin 2000 Laval Virtual, Interfaces intelligentes, Laval, France, mai 2000 1999 Forum des Images, États généraux de l'écriture interactive, Crossing Talks (vidéo), Paris, novembre 1999 Biennale do Mercosul, World Skin Web site, Brésil, novembre - décembre 1999 ICC Biennale '99, Crossing Talks, NTT ICC, Tokyo, Japan, Oct.-Nov. 1999 1998 KTH, World Skin, Stockholm, Suède, Dec. 1998 Transarchitecures 03, Missing Matter, UQAM, Montréal, Canada, août 1998 Ars Electronica Center, World Skin, Linz, Autriche, septembre 1998 Transarchitecures 03, Missing Matter, Galerie AEDES, Berlin, Allemagne, août 1998 Siggraph 98, ART SHOW, World Skin, Orlando, USA, juillet 1998 Imagina 98, World Skin, Centre des Congrès, Monte-Carlo, Monaco, mars 1998 Cité des sciences et de l'industrie, Le tunnel Paris - New Delhi, Paris, février 1998 Virtual Gallery, Le tunnel Paris New Delhi, New Delhi Inde, février 1998 CAPC, Transarchitectures 02, le Tunnel sous l'Atlantique, Arc en Rêve, Bordeaux, janvier 1998 1997 Ars Electronica Center CAVE, World Skin, Linz, Autriche, septembre 1997 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 405 Cité des sciences et de l'industrie, La Salle de Navigation, Paris, Décembre 1997 juin 1999 Musée d'art contemporain de Lyon, Version Originale, Et moi dans tout ça ? 2, Lyon, juillet - septembre 97 1996 Kahanamoku and Beyond, Et moi dans tout ça ? 1, Sidney, Australie Juillet 96 1995 Musée d'Art contemporain de Lyon, vidéos, Lyon, novembre 1995. Musée d'Art contemporain de Montréal, le Tunnel sous l'Atlantique, Montréal, septembre 1995. Centre Pompidou, le Tunnel sous l'Atlantique, Paris, septembre 1995. MIM, Dieu est-il plat ? / le Diable est-il courbe ? Montréal, mars 1995. Salon International d'Art Contemporain de Strasbourg, Dieu est-il plat? mars 1995 Machida Museum of Graphic Arts, Mirage Illimité, Tokyo, Japon, mars 1995. 1986-1994 Le Grand Huit/ T.N.B., Image 3D et cinéma d'animation, Rennes, mars 1994 Musée Château d’Annecy, L'animation au pays du pixel, juin-août 1993 Galerie Sabrina Grassi, 9, rue Saint-Germain-l'Auxerrois, 75001 Paris, janvier 1992 Les cités obscures, Schuiten/Peeters Bruxelles 1992 Ars Electronica Festival, Quarxs, Linz, Autriche, 1991 Galerie 172, 172, rue du Fbg Saint Honoré, 75008 Paris, 1991 Paris Cité, Parc FloralVincennes, 1991 Tech Image, Paris, 1990 ARC Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, (Exposition Sol LeWitt), Wall Drawings, 1986 406 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Catalogues (liste partielle) Urbanized Landscape, NeORIZON, Shanghai eArts Festival, pp. 60-61, Shanghai, Chine, octobre 2008 Nemo Festival, Arcadi, World Skin, catalogue de la manifestation, p. 47, 10-20 avril 2008 sk-interfaces, Jens Hauser, FACT and Liverpool University Press. 2008 Sistemi Emotivi, Artisi Contemporanei tra emozione in ragione, (Emotional Systems, Art between Emotion and Reason, Palazzo Strozzi, Silvana Editoriale, Florence, Italie, 2007 Imagina 2007, catalogue, p. 35, Monte Carlo, 31 janvier-2 février 2007 Les Années France/Chine, 2003-2005, pp. 194-195, AFAA, France, 2005 Future Cinema (japonnais), pp. 12, 13, 64, 65, ICC Tokyo, NTT Publishing Co, décembre 2003 – 29 février 2004 International Digital Art Exhibition, Uijongbu IT&Culture Festival 2003, catalogue de l’exposition, pp.14-15, Uijeongbu, Corée, 2003 . Fantoche ’03, Architectures Parallèles, 4 Internationales Festival für Animationsfilm, catalogue, p. 83, Baden, Suisse, 9-10 septembre 2003 Armedia VIII, de l’Esthétique de la communication au Net art, p. 14édition spéciale Art Press, Paris 2002 Media-Space, Programm, p. 15, Wand5, Stuttgart, Allemagne, 15 novembre 2001 Colleu-Dumond, Chantal, Le Virtuel et la pierre, Patrimoine et multimédia, Colloque international, pp. 5,18,24,183, Abbaye royale de Fontevraud, octobre 2001 e 22 Festival de télévision de Banff, Banff Bulletin, p. 14, Banff Television Foundation, 910 juin 2001 Asti’2001, Premières rencontre des sciences et technologies de l’information, pp. 6,19, ASTI, Cité des sciences et de l’industrie de la Villette, Paris, France, 2001 e ISEA 2000 Révélation, 10 symposium international des arts électroniques, pp. 38,46,140-141,166, édition Art 3000, Paris, 7-10 décembre 2000. 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Outdated Arc de Triomphe museum in Paris gets facelift, the Associated Press, 12 février, 2008 L’arc de Triomphe scénographié, Art & You, 14 février 2008 Michele Leloup, Plus d’une corde à son Arc, L’express, 14 - 20 février 2008 Jean-Bernard Litzler, L'Arc se remet en scène, Figaroscope, 13 février 2008 Culture L’essentiel, L’humanité, 11 février 2008 Edouard Launet, Le multimédia franchit L’Arc de Triomphe, Libération, 9 février 2008 Angela Donald, Arc de Triomphe renovations, USA Today, 8 feb. 2008 Philippe Richard, Des jumelles pour voir Paris d’un autre œil, Les Echos, 13 novembre 2008 418 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 Index général A À l'estomac (Haunted, Chuck Palahniuk) · 97, 363 Abaqus BioRID II · 275 Abbaye de Fontevraud · 264, 386, 387 Ahn, Luis von · 247 Air de Paris · 317 Alberola, Jean-Michel · 322 Allain, Vincent · 263 Already Made Art (AMA) · 30, 88, 148, 426, 427 AMArtiste · 148 AME, Après Musée Explorable · 134, 426 Amelunxen, Hubertus von · 1 André Rouillé · 133, 250 Après Musée Explorable, AME · 134 Arad, Michael · 177 Arc de Triomphe, Paris (France) · 33, 163, 264, 270, 363, 403 architecture · 91, 139, 143, 159, 165, 166, 167, 171, 172, 176, 177, 196, 199, 222, 227, 232, 237, 246, 254, 267, 268, 270, 303, 310, 312, 315, 317, 319, 325, 369 Armand · 196 ARS · 141, 393, 394, 426 Art Impact · 59, 375, 379, 388, 398, 404, 405, 416, 430 Art Total · 196, 427 Art Trap · 59, 398, 425 art-merchandising · 44, 55, 59, 62, 75, 82, 84, 102, 108, 113, 122, 143, 154, 155, 156, 161, 228, 237, 258, 263, 278, 373 Arvers, Isabelle · 75, 355 Au Concept · 148 Augmented Reality · 70, 153, 171, 182, 228, 332, 363 B Back Frame · 70, 426 Back Frame, La Joconde · 70 Back Frame, Les Arnolfini · 70 Balpe, Jean-Pierre · 98, 353, 355, 371, 398 Banksi · 323 Barrière, Jean-Baptiste · 33, 371, 379, 380, 395, 396, 398, 399 Barros, Manuela de · 5, 353 Barthes, Roland · 181, 345 Bartolo, Florent di · 148, 262 battement d’ailes de la coccinelle ne manque pas d’air, le · 148 Baudelot, Philippe · 202 Baudrillard, Jean · 16, 345 Beaux Arts Magazine · 218 Bec, Louis · 1 Benayoun, Eleanor · 5, 114, 116 Benayoun, Florence · 5, 33, 98, 110, 238, 356, 384, 390, 403, 407, 426 Benayoun, Maurice · 1, 3, 110, 238, 339, 353, 354, 355, 379, 380, 381, 384, 387, 397, 409, 410, 411, 412, 413, 415, 416, 417, 429 Benhamou-Huet, Judith · 336 Berlin · 155, 379, 384, 385, 393, 403, 405 Bernard Marcadé · 216 Bianchini, Samuel · 148 Big Bang · 194, 215 Bilbao · 300 bio art · 218, 246 Bitton, Joëlle · 187 Black Hole · 92, 364, 426, 429 Blind Love Ready Made (Dump) · 5, 33, 48, 395, 425 Blog · 8, 16, 18, 20, 21, 24, 25, 29, 35, 38, 53, 54, 56, 136, 149, 181, 258, 259, 308, 309, 343, 347, 359, 425, 427 Bloomberg, Michael · 300 Blow Up · 91 body art · 43, 128, 129, 179, 187, 218, 275 Borges, Jorge Luis · 21, 343, 345 Boucher, François · 73 Bour, Martine · 5 Bourdieu, Pierre · 71, 346 Bourriaud, Nicolas · 218, 346 Bousquet, Bernard · 5 Braun, Manuel · 90 Bret, Michel · 91 Breton, Philippe · 192, 346 Buren, Daniel · 74, 196, 212, 250, 251, 346 Business Model · 31, 154, 155, 156, 161, 254, 263, 300, 335, 427 C Calle, Sophie · 251, 346 Camus, Albert · 66, 356 Carrefour · 69, 237, 388, 404 Casares, Adolfo Bioy · 346, 370 Cent objets pour représenter le Monde · 76 Centre Chorégraphique d'Aix · 76 Centre des Monuments Nationaux (CMN) · 267 Centre Pompidou, Paris (France) · 59, 340, 352, 394, 399 change the world · 282, 283, 284, 286, 315, 321, 333 Changer le monde · 20, 284, 295, 428 Chendeb, Safwan · 5 Chengdu (Chine) · 336, 403 ChongQing (Chine) · 336, 403 Christophe Leclercq · 55, 56, 363 Chuck Palahniuk · 97, 363 CITU (universités Paris 1 - Paris 8) · 5, 383, 395 Close Encounters · 203 Codognet, Philippe · 328, 354 Coleridge, Samuel Taylor · 11 Columbia University, (New York) · 315 come back · 37, 57, 59, 65, 134, 141, 222, 302, 311, 317 Concept art · 28, 49, 109, 122, 238 Conceptual art · 28, 109 Core Dump · 365, 429 Couchot, Edmond · 91, 346, 356 Crime parfait · 16 critical fusion · 57, 59, 70, 75, 82, 84, 104, 113, 114, 116, 122, 141, 142, 143, 151, 173, 179, 184, 198, 201, 232, 237, 250, 254, 258, 268, 270, 275, 277, 278, 280, 282, 283, 284, 286, 300, 303, 312, 316, 317, 321, 332, 333, 362, 363, 369, 370, 371, 373, 374 curating · 134, 141, 143, 146, 303, 310, 316, 325 Curator Trust · 156 Cyrano · 161 D da Silva, Jean · 1, 10, 12 Daniel Buren · 250 Daniel Miller · 365 David Guez · 98 David Steinberg · 187 DEAF Festival, Rotterdam (Pays Bas) · 33, 396 Debray, Régis · 342, 347 Défense nationale · 165 Delacroix, Eugène · 73, 111 Delphine Fabbri-Lawson · 228, 260, 262, 327 Delvoye, Wim · 220 Des Grandes Questions à la décharge · 5 Des Grandes Questions à la Décharge · 33, 263, 395 Descamps, Marianne · 76 design · 49, 73, 83, 87, 88, 90, 97, 112, 113, 114, 116, 122, 137, 138, 161, 184, 186, 194, 204, 211, 212, 216, 218, 225, 229, 236, 250, 325 Devautour, Paul · 185 done · 54, 260, 262, 263, 290, 335 Douplitzky, Karine · 342 Dreyfus, Anne · 327 Duchamp, Marcel · 110, 161, 212, 216, 218, 219, 220, 345, 346 Dug house · 172 Duguet, Anne-Marie · 1, 5, 56, 345, 347, 348, 354, 379 Dump · 5, 8, 19, 20, 21, 22, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 35, 37, 49, 53, 54, 56, 58, 65, 80, 81, 85, 109, 122, 126, 420 134, 135, 136, 137, 145, 148, 149, 154, 155, 156, 167, 181, 186, 208, 209, 217, 222, 224, 233, 238, 239, 258, 259, 260, 261, 262, 263, 267, 290, 308, 311, 321, 327, 358, 359, 365, 373, 395, 396, 409, 425, 426, 427, 428, 429 Dump by the Metre (Dump au metre, Dump) · 5, 33, 258, 259, 263, 428 Dump by the Metre (Dump) · 5, 33, 258, 259, 263, 428 Dump structure · 49, 53, 58, 65, 80, 81, 122, 126, 145, 148, 154, 156, 181, 186, 209, 224, 233, 238, 239, 258, 260, 308, 311 Duval, Lola · 268 E eArts festival, Shanghai (Chine) · 33 easy art · 179, 184, 207, 244, 278, 279, 365, 372 Eco, Umberto · 343, 347 Ecole des Beaux Arts de Poitiers (France) · 384, 387 Ecole Européenne Supérieure de l’Image (Eesi) · 263 Edouardo Kac · 88 Eesi (École Européenne Supérieure de l’image) · 33, 263, 312, 383 Eesi, Poitiers · 33, 383 Eliasson, Olafur · 92, 119, 300 Emotion Ringtones · 33, 395 Emotional Forecast · 57, 425 Erwin Wurms · 179 e-Spotting · 33, 396, 403 Étoile · 163, 348 e-Topie · 22 Europe · 166 Evelin Gerda Lindner · 315 Évolutions · 37 Ex-nihilo · 22 F Fabbri-Lawson, Delphine · 5, 228, 260, 262, 327 Falling Pixels (Dump) · 5, 33, 248, 262, 396, 403, 428 Fan Addict · 90, 92, 93, 426 fan art · 92, 232, 364 Fargier, Jean-Paul · 365, 412, 413 fashion · 221 Faye, Jean-Pierre · 207 Festival Némo, La Bellevilloise, Paris (France) · 33 Festival Zone IP · 33 Fiac · 71 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre fiction · 57, 97, 141, 185, 202, 252, 291, 298, 313, 322, 324 Fievet, Cyril · 16, 347 Flamant, Frédéric · 77 Fleischer, Richard · 255 Fleury, Sylvie · 75 Florence (Italie) · 33, 384, 390, 403, 407 Florence Benayoun · 110, 238 Florent di Bartolo · 148, 262 Fontaine, Marcel Duchamp · 110 Fontana Lucio · 372 Forest, Fred · 207, 347, 354 Fort de Stains · 67 Foucault, Michel · 21, 22, 347, 348 France Inter · 67, 98 Francesca, Piero Della · 111 François Schuiten · 313 Fred Forest · 207 From Scratch · 22, 224, 427 Fusion critique · 321, 324, 383, 384, 385 G Gadamer, Georg · 10, 348 Galloway, Alex · 340 Garges-Lès-Gonesse · 67, 237 Gates, Bill · 174, 355 Gay, Jean-Jacques · 5, 260, 263, 312 Générateur, Gentilly (France) · 33 Genèse · 194, 380, 390, 399 Gerda-Lindner, Evelin · 315 Gima Gallery · 155 Girault, Christophe · 33, 163, 264, 395, 396 Goebbels, Joseph · 282 Goering, Hermann · 282 Googol · 194, 198 Googolplex · 194 Grand Central, New York · 301 Grand Palais, Paris (France) · 33, 327, 335, 403 Grande Armée, La · 163 Greenaway, Peter · 76, 317 Guez, David · 98 Guinness Book of Records · 152 H heritage · 166, 264, 267 Hermant, Emilie · 266 Hitchcock, Alfred · 29, 30, 348 Hitler, Adolf · 282 Hole in Space (A. Galloway, Sh. Rabinovitz) · 340 Hôtel de Sully · 267 Hôtel de Sully (siège du CMN) · 267 Hugo, Victor · 163 Human Dignity and Humiliation Studies · 315 Humon, Naut · 246 Husum, effet · 101 Hypothèses · 1, 3, 7, 37 I Ingres, Dominique · 73 Inrocks, Les · 282 installation · 82, 99, 104, 108, 114, 118, 119, 124, 127, 143, 144, 153, 158, 167, 176, 196, 222, 237, 251, 258, 262, 263, 316, 335, 365, 371 Instance 1 · 262, 263, 428 Intention artistique · 1, 3, 7, 11, 15, 425 interactive design · 108, 139, 159, 167, 171, 172, 192, 361 interactive image · 52, 78, 94, 99, 101, 153, 234, 302, 364, 365 interactive installation · 40, 59, 78, 92, 99, 101, 104, 108, 118, 124, 128, 129, 134, 144, 152, 161, 165, 166, 167, 182, 192, 201, 212, 214, 302, 312, 315, 319, 327, 328, 335, 361, 362, 364, 365, 369, 370 interactive staging · 41, 50, 187, 207 Interactivity the dead end of our artistic era · 33 Isabelle Arvers · 75 J Jean-Jacques Gay · 260, 263, 312 Jean-Paul Fargier · 365 Jean-Pierre Balpe · 98, 371 Jean-Pierre Faye · 207 Joëlle Bitton · 187 Johanna Rieseneder · 155 K Ka, Wolf · 76 Kac, Edouardo · 88, 246, 296, 348, 355 Kapoor, Anish · 92 Karczmar, Natan · 207 Kasner , Edward · 194 Kerckhove, Derrick de · 1, 355, 379, 380, 386, 397, 404 Klein, Yves · 92, 196, 352 Koons, Jeff · 74, 115 Kosuth, Joseph · 212 Kuhn, Franz · 21 Kunsthalle de Berne · 20 Kuntzel, Thierry · 56, 348 Kurcfeld, Michael · 373 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 421 L La Belle de Mai · 141, 386, 404 La Ligne · 43, 88, 425 La Plume · 91 La Sorbonne, Paris (France) · 1, 146, 383, 387, 388, 390 La Station Bleue · 325 Lab IP · 31 Lance à images · 171 Lanier, Jaron · 246, 296 Latour, Bruno · 266 Lavaud, Sophie · 207 Lavier, Bertrand · 322 Le Cube festival, Issy-les-Moulineaux (France) · 33 Le Gac, Jean · 322 Le Lay, Patrick · 254 Le Marché céleste des connaissances bénévoles · 21 Leclercq, Christophe · 5, 55, 56, 355, 363 Les Inrocks · 282 Leslie · 202 Lettres persanes, les (Montesquieu) · 309 Levé, Édouard · 148, 349 Libération · 338, 339, 409, 410, 412, 413, 414, 415, 416 light · 76, 94, 104, 105, 108, 110, 115, 118, 124, 128, 144, 158, 165, 167, 171, 176, 189, 204, 254, 319, 325, 330 liminal art · 234, 235, 248, 272, 302 live performance · 41, 43, 50, 70, 75, 76, 99, 141, 167, 179, 187, 201, 205, 207, 218, 333, 370 Livingston, Paisley · 11, 12, 349 locative · 41, 280, 296, 363 Lola Duval · 268 Londres · 314, 338, 339, 348, 351, 389 Lorenz, Thomas · 177 Luccioni, Xavier · 319 Lucrèce · 349 M MacGuffin · 29, 30 MACVAL Eleanor · 114, 116 Macval musée d’art contemporain du Val de Marne · 114, 116 MACVAL, musée d’art contemporain du Val de Marne · 114, 116 Manetas, Miltos · 215 Manuel Braun · 90 Manzoni, Piero · 219 Marcadé, Bernard · 216 Marcel Duchamp · 110, 216, 218 Marché de l’art, le · 272 Marianne Descamps · 76 Marseillaise de Rude (le Départ des volontaires) · 269 422 Match du futur, le · 171 Mattei, Maria-Grazia · 338, 355, 412, 415 Mazeaud, Adrien · 5 McLuhan · 249, 349, 355 Mécanique des Emotions, la · 57 memory · 39, 116, 153, 181, 239, 277, 311 Métro Concorde, Paris (France) · 270, 271, 428 Michael Bloomberg · 300 Michael Kurcfeld · 373 Michelangelo · 111 Migurski, Michal · 215 Miller, Daniel · 365 MIT (Massachusetts Institute of Technology) · 290, 291, 347, 348, 349, 350, 351, 354, 355, 356, 357, 379 mobile art · 41, 205, 363 Mobilisation infinie (La) · 22 Moisdon, Stéphanie · 251 Mondrian, Piet · 212 Monte Carlo (Monaco) · 202, 384, 389, 390, 407, 408 Mori Tower, Tokyo (Japon) · 328 Moscou (Russie) · 44, 47 Mots et les choses (Les) · 21 motto · 264, 267, 277, 278, 279, 327 Mougin · 67 Moulin, Raymonde · 272, 350 movie · 313 MS Word · 142 Musée cantonal d’Art de Lugano (Suisse) · 33 Musée de la peinture, Grenoble (France) · 33 Mussolini, Benito · 282 N NadArtist · 138 Natan Karczmar · 207 Naut Humon · 246 NeORIZON · 33, 395, 403, 407 Net · 39, 57, 59, 62, 98, 99, 113, 127, 150, 154, 165, 181, 184, 225, 280, 285, 365, 366 New York City Waterfalls · 300 New York, (Etats-Unis) · 177, 246, 300, 315, 338, 340, 346, 349, 350, 351, 380, 385, 387, 390, 404 Nicolas Bourriaud · 218 No Comment (NoCA) · 86, 127, 240, 241, 242, 243, 244, 305, 366, 367, 371 No Comment Artist · 87, 426 NoCArtiste · 87, 426 nOOne Zero · 175 Norbert Wiener · 192 Norvège · 404 not sure · 102, 113, 151, 177, 179, 181, 182, 184, 207, 238, 257, 327, 373 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre note · 49, 53, 56, 58, 65, 66, 67, 80, 81, 85, 86, 96, 97, 99, 109, 114, 116, 126, 130, 133, 135, 145, 173, 192, 194, 233, 239, 250, 363, 364, 365 Nouvel, Jean · 317, 325, 393, 398, 410, 413, 416 O Poussin, Nicolas · 342, 350 Preljocaj, Angelin · 77 Prévert, Jacques · 20 product placement · 75, 84, 155, 156, 161, 258, 373 Projet de Projet · 148 Public Art Fund · 300 Q object · 44, 70, 75, 102, 108, 110, 114, 115, 122, 151, 161, 171, 187, 189, 198, 204, 237, 258, 368 Obrist, Hans-Ulrich · 251 ODC Art Trust · 156, 157, 427 Off Screen · 121, 131, 207, 426 Olafur Eliasson · 300 Oleksandra Yaromova · 312 OODD Factory · 31, 155 OODD Factory et Opendump curatorial Art Trust · 31 Open Dump · 31, 80, 85, 122, 156, 261, 425, 426 Ossétie · 320 OzOne Zero · 173, 174, 427 P Pages Jaunes · 367 painting · 110, 214, 230, 234, 302, 371, 374 Palahniuk, Chuck · 97, 363 Palais de Tokyo, Paris (France) · 55 Paris Ville invisible, éd. La Découverte 1998 · 266 Partouche, Marc · 133 Pascal, Blaise · 66, 356, 412, 413, 414, 416 Pavillon Noir · 76 Peet Thomsen · 109 Peeters, Benoît · 313, 350, 406 Pékin (Chine) · 44, 319, 385, 403 Pérou · 314 Perreau, Hélène · 5 Pétain, Philippe · 282 Pétri, Julius Richard · 9, 174 Philippe Breton · 192 Philippe Codognet · 328 photography · 43, 52, 121, 199, 248, 365, 371 Picasso, Pablo · 110, 212 Placebo Artist · 87 Players · 56, 57, 62, 63, 67, 70, 71, 73, 75, 76, 78, 80, 85, 88, 90, 97, 98, 109, 110, 114, 116, 148, 155, 177, 179, 187, 192, 207, 216, 218, 228, 246, 250, 254, 257, 260, 262, 263, 268, 272, 275, 282, 300, 312, 313, 315, 327, 328, 338, 363, 365, 367, 373 Pline l’Ancien · 225 Pollock, Jackson · 212, 214, 215, 295 Quarxs · 313, 314, 380, 388, 390, 391, 400, 401, 404, 406, 408, 410, 411, 412, 413, 428, 429 questions · 40, 80, 109, 130, 131, 133, 145, 146, 148, 150, 154, 161, 173, 179, 181, 184, 189, 192, 194, 199, 201, 204, 205, 209, 211, 212, 214, 279, 288 R Rabinovitz, Sherrie · 340 Raymonde Moulin · 272 Raysse, Martial · 322 ready made · 48, 86, 110, 113, 114, 216, 240, 244, 299, 366, 367 Ready-Made Artist · 87 Reality Show · 141, 280, 426 Reality Switch · 104, 108, 365, 426, 429 recycling · 102, 113, 116, 151, 182, 212, 214, 241, 242, 243, 258, 316, 335, 366, 372 Reflecting Absence · 177 Rieseneder, Johanna · 155 Roppongi Hills, Tokyo (Japon) · 330 Rosen, Miriam · 339 Rouillé, André · 133, 250 Run Mother Fucker Run · 63 Rybczynski, Zbigniew · 73 S Saint Phalle, Nikki de · 372 Sao Paulo (Brésil) · 44 Sarcelles · 67 SAS · 143, 348, 397, 417 SASed Art · 143, 426 Schuiten, François · 313, 350, 398, 401, 406 sex · 48, 187 Shanghai (Chine) · 33, 335, 336, 383, 385, 395, 403, 407 Shoping Bags · 75 Sibérie · 314 Sierra, Santiago · 88 Silva, Jean da · 1, 10, 12 Sir Alice · 328 Sirotta, Milton · 194 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 423 Sk-Interfaces FACT, Liverpool, Angleterre · 33 Skyspaces (J. Turrel) · 317 Snibbe, Scott · 91 So.So.So · 33, 375, 379, 396, 397, 403, 404 So.So.So. · 33, 375, 379, 397, 403, 404 Sophie Lavaud · 207 Soul Sucker · 364, 429 sound and music · 78, 104, 124, 144, 187, 227, 235, 327, 328 Soutif, Daniel · 59 space art · 272 SPAM · 113, 367, 426 spotters · 246, 328, 332 St Georges · 338, 340 Stairs (P. Greenaway) · 317 Staline, Joseph · 282 Station Franklin Roosevelt · 325, 398 stealth communication · 113 Steinberg, David · 187 Stelarc · 323 Stiegler, Bernard · 342, 351 Still Moving · 33, 327, 395, 403 Stock · 349, 384, 385, 395, 396, 405 stock market · 57 Suisse · 20, 354, 391, 393, 396, 403, 404, 407 Sydney (Australie) · 100, 393 Szeemann, Harald · 20 Tribute to NoSail · 301 Triennale de Milan (Italie) · 338 Troefek, Arnold · 314 Tunnel sous l’Atlantique · 315, 339, 340, 399, 413, 429 Turrell, James · 92 Turrettini, Emilie · 16, 347 U urban art · 44, 159, 163, 165, 166, 172, 176, 177, 232, 237, 268, 270, 280, 300, 312, 319, 328, 332, 335, 362, 369, 374 V Vapor Art · 185 Vaporware · 57, 185 Vasulka Woody et Steina · 33, 396 Vaucanson · 220 Vedute · 153, 312, 427, 428 video · 40, 89, 177, 178, 201, 205, 234, 248, 262, 280, 365 video game · 40, 177, 178, 280 vider le grenier · 311, 313, 315, 319, 325 Ville Européenne des Sciences · 33, 403 Vilmouth, Jean-Luc · 322 Vincent Allain · 263 Virtually Revisted Art (VRA) · 212, 214 T TAP Poitiers (France) · 312 Tchernobyl · 250 Technical University, Vienne, Autriche · 177 Technology Review (MIT) · 290, 291, 379 Temps réel · 23, 50, 61, 124, 168, 258, 280, 293, 294, 296, 398 Teyssèdre, Bernard · 146 The line in - between ideas · 14, 126, 426 the-dump.net · 8, 35, 37, 263, 425 theorie · 71, 99, 109, 110, 126, 130, 133, 135, 145, 146, 148, 161, 173, 179, 194, 199, 209, 211, 212, 228, 236, 238, 250, 306, 308, 321 Thierry Kuntzel · 56 Thomas Lorenz · 177 Thomsen, Peet · 109 Tibet · 314, 320 Time Square (New York) · 301 titlism · 211, 240, 241, 242, 243, 244, 245, 277, 278, 279 Tokyo (Japon) · 55, 219, 328, 329, 389, 393, 398, 404, 405, 406, 407 Tour Eiffel · 32, 317 Tour Eiffel, Paris (France) · 317 Traité d’art moyen · 71, 135, 426 Traité de la Différence · 191 Tri selectif · 38 424 W Walker, Peter · 177 wallpaper · 55, 82, 102, 258, 263 WAR - PAIX · 33, 403 Warhol, Andy · 113, 155, 212, 372 Wiener, Norbert · 192, 351 Wolf Ka · 76 Woodrow, Bill · 322 World Skin · 33, 322, 355, 379, 380, 389, 395, 399, 403, 404, 405, 407, 414, 429 World Trade Center · 177, 248, 323 World Trade City · 177 writing · 71, 98, 135, 142, 148, 150, 181, 192, 209, 224, 230, 238, 245, 306, 308, 321, 370 Wurm, Erwin · 179, 180, 352 Y Yaromova, Oleksandra · 5, 312 Yoon, Ja · 185 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre Z Zeuxis · 225 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 425 L’intention artistique à l’œuvre Table des matières L’INTENTION ARTISTIQUE A L’ŒUVRE 7 INTRODUCTION 7 Le procès d’intention ...................................................................................................... 9 De la fin ...................................................................................................................... 9 De l’intention............................................................................................................. 10 De la dynamique ...................................................................................................... 12 De la réussite ........................................................................................................... 13 De l’échec................................................................................................................. 13 Le procès.................................................................................................................. 14 Méthodologie ................................................................................................................ 16 La recherche comme forme de création................................................................... 16 Un blog ? .................................................................................................................. 16 L’impératif du projet .................................................................................................. 18 Micro-analyses ......................................................................................................... 18 L’hétérogénéité des projets ...................................................................................... 19 Les catégories .......................................................................................................... 20 Le contexte ............................................................................................................... 22 Le flux ....................................................................................................................... 22 Le sens de lecture .................................................................................................... 24 La langue.................................................................................................................. 25 L’image ..................................................................................................................... 26 La bibliographie ........................................................................................................ 27 La mise à la décharge .............................................................................................. 27 L’inachèvement ........................................................................................................ 28 Recyclage : Le passage à l’acte (done) ................................................................... 30 Opendump.org ......................................................................................................... 31 Pendant les travaux, la production continue ................................................................. 32 Ne sont pas dans le Dump ........................................................................................... 33 Avertissement ............................................................................................................... 35 THE-DUMP.NET 37 Decharge.org ................................................................................................................ 39 Ceci n’est pas un jeu .................................................................................................... 40 Silence! ......................................................................................................................... 41 La Ligne ........................................................................................................................ 43 Urban embroideries ...................................................................................................... 44 Blind Love Ready Made ............................................................................................... 48 Concept Art ................................................................................................................... 49 Pour qui sont ces serpents ........................................................................................... 50 Protect Your Image ....................................................................................................... 52 The-Dump, Finally ........................................................................................................ 53 Arty Wall Paper ............................................................................................................. 55 Title TK ......................................................................................................................... 56 Emotional Forecast ....................................................................................................... 57 Les players et le mur/monde ........................................................................................ 58 Art Trap ......................................................................................................................... 59 DNA Fields and Frames ............................................................................................... 62 DNA Race ..................................................................................................................... 63 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 427 Come Back ................................................................................................................... 65 Le JEU .......................................................................................................................... 66 Banlieue Blues .............................................................................................................. 67 Back Frame ................................................................................................................... 70 Traité d’art moyen ......................................................................................................... 71 Start by the Ass ............................................................................................................. 73 COBA Coming Out Bag Art........................................................................................... 75 SpeleoShow .................................................................................................................. 76 Thrills ............................................................................................................................ 78 Open Dump FAQ .......................................................................................................... 80 Transe Linguistique ....................................................................................................... 81 Appartement Témoin .................................................................................................... 82 Papier Peintre ............................................................................................................... 83 Product Placement ........................................................................................................ 84 Open Dump Megalo ...................................................................................................... 85 NoCA No Comment Art................................................................................................. 86 NoCArtiste, No Comment Artist .................................................................................... 87 AMA (Already Made Artist) ........................................................................................... 88 Art Sublim(inal) ............................................................................................................. 89 Fan Addict ..................................................................................................................... 90 Black Hole ..................................................................................................................... 92 Das Es (Ça) .................................................................................................................. 94 Note 18 : L’artiste mort.................................................................................................. 96 Les indiens sont encore loin ......................................................................................... 97 Pas de fleurs coupées pour Florence ........................................................................... 98 Chez VW, le battement d’aile de coccinelle ne manque pas d’air ................................ 99 Pourfendeurs de champs ............................................................................................ 101 Recycling Cut Outs ..................................................................................................... 102 Reality Switch ............................................................................................................. 104 Reality Switch and Sockets (RS&S) ........................................................................... 108 Concept Art For Ever (CAFE) ..................................................................................... 109 Reversed Concept Art (RCA) ...................................................................................... 110 Reversed Concept Artist ............................................................................................. 112 Stealth Proactive Art Massage (SPAM) ...................................................................... 113 Never-Too-Early Art .................................................................................................... 114 Cast in Brass ............................................................................................................... 115 Look Dad, it’s you! ...................................................................................................... 116 Stolen Life ................................................................................................................... 118 Off Screen, 45° left...................................................................................................... 121 DUMP Mag ................................................................................................................. 122 Listen, I’m here! .......................................................................................................... 124 The line in-between ideas ........................................................................................... 126 Hang it on your wall and call it an "installation.(sic) .................................................... 127 Art Beat ....................................................................................................................... 128 Art Beat (2) .................................................................................................................. 129 Off Art .......................................................................................................................... 130 Compromis historique ................................................................................................. 133 Art After Museum (AME) ............................................................................................. 134 Traité de Pensée générale pour Blogs et comptoirs ................................................... 135 NadArt (Rien, Nothing, Niente, Nichts, 何も, ничего) ................................................ 137 ‘mazing Info Bricks ...................................................................................................... 139 Exhibition Publique Art Reality Show [ARS] ............................................................... 141 Words on Nerves ........................................................................................................ 142 SASed Art Secured Automatic Selection .................................................................... 143 In Touch [Listen, I’m here (2)] .................................................................................... 144 428 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre DIY Art (Do It Yourself Art) ......................................................................................... 145 Les yeux crevés .......................................................................................................... 146 Hors d’Œuvres, AMA (Already Made Art) ................................................................... 148 Générateur de doutes ................................................................................................. 150 Recycling Bank Notes ................................................................................................ 151 Inframince intergalactique .......................................................................................... 152 Vedute ........................................................................................................................ 153 Business Model (BM) ................................................................................................. 154 OODD (Out Of the Damn Dump) Factory, (BM) ......................................................... 155 OpenDump Curatorial Art Trust (ODC Art Trust) (BM) ............................................... 156 No Shadow, No Doubt ................................................................................................ 158 Dug House .................................................................................................................. 159 Aesthetic Alchemy ...................................................................................................... 161 Série des Arcs ............................................................................................................ 163 Le grand réflecteur ..................................................................................................... 165 Respiration ................................................................................................................. 166 Le Match du Futur ...................................................................................................... 167 La lance à images ...................................................................................................... 171 Dug House Skin .......................................................................................................... 172 OzOne Zero, the Magic numbers ............................................................................... 173 Spin City ..................................................................................................................... 176 W.T.City (Video Game) .............................................................................................. 177 One Minute of Attention, BA (Balanced Art) ............................................................... 179 Blog For Ever (BLOFE) .............................................................................................. 181 Récupération : Cloner l’abbé Pierre ........................................................................... 182 Art Buzz, l’art a posteriori. .......................................................................................... 184 180° ............................................................................................................................ 186 Dildomatic Opera ........................................................................................................ 187 Choix Multiples ........................................................................................................... 189 Traité de la différence ................................................................................................. 191 Le contour de Dieu ..................................................................................................... 192 The Big Ego Crunch (BEC) ........................................................................................ 194 Art Total ...................................................................................................................... 196 L’univers dans une tête d’épingle ............................................................................... 198 Le devenir organique du monde ................................................................................. 199 Le tiers absent ............................................................................................................ 201 Kub’ll ........................................................................................................................... 204 Milky Ways ................................................................................................................. 205 Audience and Liminal Art ............................................................................................ 207 Obscene Dump ........................................................................................................... 209 Tout est vrai, c’est là l’erreur ! .................................................................................... 211 L’Art sans gravité ........................................................................................................ 212 All Over Nothing (VRA) ............................................................................................... 214 L'école du Ready Made .............................................................................................. 216 Spermission ................................................................................................................ 218 Flower Power .............................................................................................................. 221 Plan 1.0 ...................................................................................................................... 222 From Scratch 0.0 ........................................................................................................ 224 I've heard of it! ............................................................................................................ 225 Sticky Liquid Architecture ........................................................................................... 227 L’essence de l’Art Contemporain ................................................................................ 228 Art after Technology ................................................................................................... 230 Inside Out ................................................................................................................... 232 Épargne Retraite ........................................................................................................ 233 Eleate painting (Liminal Art) ....................................................................................... 234 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 429 Eleate Music (Liminal Art) ........................................................................................... 235 Pense Petit .................................................................................................................. 236 Hyper Potlatch ............................................................................................................ 237 Shouldn’t Be Made Art (SNBM Art) ............................................................................. 238 Création délayée ......................................................................................................... 239 Discrimination positive ................................................................................................ 240 Constellation, Concentration ....................................................................................... 241 I Want You ! ................................................................................................................ 242 Missing the Point......................................................................................................... 243 Sans titre ..................................................................................................................... 244 Titlism (Titrisme) ......................................................................................................... 245 Genomic Archaeology................................................................................................. 246 Falling Pixels ............................................................................................................... 248 Projet de carrière d’artiste : commissaire .................................................................... 250 Transport de cerveau disponible ................................................................................. 254 L’œuvre du moi ........................................................................................................... 257 Dump by the Metre ..................................................................................................... 258 Instances ..................................................................................................................... 260 Falling Pixels dump #159 instance 1 .......................................................................... 262 Dump by the Metre dump 163 # instance 1 ............................................................... 263 Saint Georges terrassant le présent ........................................................................... 264 L’autisme de l’auteur ................................................................................................... 267 Arc des Fêtes .............................................................................................................. 268 WAR PAIX Concorde .................................................................................................. 270 L’EAU RARE ............................................................................................................... 272 Aesthetic Impact, 3D Emotional Crash Dummy .......................................................... 275 Memento Mori ............................................................................................................. 277 The Ad ........................................................................................................................ 278 That’s the Question! .................................................................................................... 279 Last Life (reminder) ..................................................................................................... 280 SYMPa-thétique .......................................................................................................... 282 LAB-IP ......................................................................................................................... 283 Changer le monde ...................................................................................................... 284 La Grève (Oil on Strike) .............................................................................................. 286 Art after Technology Dump#141 Instance 1 ............................................................... 290 L’art après la technologie ............................................................................................ 291 Reverse Time, Reverse Money .................................................................................. 300 Silence ! (2) ................................................................................................................. 302 Un Musée de commissaires (Museum of Curators) .................................................... 303 Écrire une thèse .......................................................................................................... 305 Générateur de bibliographies...................................................................................... 306 Contre sens ou sens interdit ? .................................................................................... 308 Museum of Post-Contemporary Art (MuPCA)............................................................. 310 Vider le grenier............................................................................................................ 311 Vedute ......................................................................................................................... 312 Quarxs movie .............................................................................................................. 313 Dialogue House .......................................................................................................... 315 Bidons ......................................................................................................................... 316 Etre ou faire œuvre ..................................................................................................... 317 Stylus .......................................................................................................................... 319 FUSION CRITIQUE (Handle with care!) ..................................................................... 321 La Station Bleue .......................................................................................................... 325 Emotional Dripping (OVNI) ......................................................................................... 327 Red Light Spotters ...................................................................................................... 328 Spotters ....................................................................................................................... 332 430 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 L’intention artistique à l’œuvre La sirène du métro ...................................................................................................... 333 Recycled Art ............................................................................................................... 335 Hole in Memory .......................................................................................................... 338 L’Inconclusion ............................................................................................................. 342 BIBLIOGRAPHIE 345 Bibliographie références au travail de Maurice Benayoun ..................................... 353 ANNEXES 358 LE FOND DU DUMP 359 I Was There ............................................................................................................ 361 Watch Out Immersive ............................................................................................. 362 Vox Populi Vox Arty................................................................................................ 363 Mari-age de diamant .............................................................................................. 363 Touristic Democrazy............................................................................................... 363 Note 19 : L’art du lendemain .................................................................................. 364 Soul Sucker (Black Hole evolution) ........................................................................ 364 Core Dump ............................................................................................................. 365 Video Reality Switch (VR Switch)........................................................................... 365 Kill ME! Love ME! ................................................................................................... 365 Gai .......................................................................................................................... 366 Harry Green: Give me ur ideas/thoughts (sic) ........................................................ 367 Numeris Cola (NoCA)............................................................................................. 367 Collusion................................................................................................................. 368 Inflexions / Réflexions ............................................................................................ 369 Relai-Inserts ........................................................................................................... 369 Close encounters ................................................................................................... 370 Auto-Bio.................................................................................................................. 370 Ministère de l'Art ..................................................................................................... 371 Hint 2637 ................................................................................................................ 371 WAR HOLE ............................................................................................................ 372 Organic Counterattack ........................................................................................... 373 Eyegrapher ............................................................................................................. 374 ELEMENTS BIOGRAPHIQUES 377 Publications ................................................................................................................ 379 Conférences ............................................................................................................... 383 Sélections et prix, compétitions internationales .......................................................... 393 Liste des travaux ........................................................................................................ 395 Filmographie ............................................................................................................... 401 Expositions ................................................................................................................. 403 Articles de presse ....................................................................................................... 407 Portraits de Maurice Benayoun: ............................................................................. 409 Les Quarxs : ........................................................................................................... 410 Dieu est-il plat ?...................................................................................................... 412 Le Diable est-il courbe?.......................................................................................... 412 Le Tunnel sous l’Atlantique .................................................................................... 413 Nouvelle Image, Nouveaux Réseaux ..................................................................... 414 World Skin .............................................................................................................. 414 Le Tunnel Paris New Delhi : ................................................................................... 415 Crossing talks communication rafting..................................................................... 416 Station de métro Franklin D. Roosevelt.................................................................. 416 Architectures Parallèles.......................................................................................... 416 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008 431 Art Impact ............................................................................................................... 416 Parcours multimédia de L’abbaye de Fontevraud .................................................. 416 3 SAS , ...................................................................................................................... 417 INDEX GENERAL 417 TABLE DES MATIERES 427 432 L’intention artistique à l’œuvre, Maurice Benayoun, 2008

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L'intention artistique à l'oeuvre, Hypothèses pour un passage à l'acte. Thèse de doctorat en Arts et Sciences de l'Art, Paris 1 Panthéon Sorbonne, 2008

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