Étudier le béluga à l’aide d’un drone... mais pas de trop près
Une étude révèle que les bélugas semblent dérangés par la présence des drones à moins de 23 mètres d'altitude. (Photo d'archives)
Photo : getty images/istockphoto / LaSalle-Photo
Le public est invité à contempler les bélugas depuis la rive à Cacouna grâce à des images de drones captées dans le fleuve par le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM). Or, une étude récente publiée (Nouvelle fenêtre) dans la revue Marine Mammal Science révèle que les drones utilisés pour observer le cétacé dans le contexte de recherche scientifique, à environ 20 mètres au-dessus de l’eau, peuvent le « déranger » (Nouvelle fenêtre).
Des plongeons soudains
L’apparition des drones dans l’étude des animaux est révolutionnaire pour les scientifiques. C’est un point de vue qu’on n’avait pas avant l’invention du drone
, fait valoir Jaclyn Aubin, autrice principale de la recherche et étudiante au doctorat à l’Université de Windsor.
C’est toutefois en 2017, lors de l’observation des bélugas, qu’elle se rend compte que les cétacés ont conscience de la présence du drone. On s’est demandé : "c’est quoi le potentiel de dérangement du drone?"
, raconte-t-elle.
Avec les drones, on a vraiment un point de vue assez spécial et moi, j’étais vraiment enthousiaste d’obtenir ce point de vue. Je ne pensais pas tellement au potentiel de dérangement.
En analysant les données recueillies en 2017 sur la rivière Saguenay, les chercheurs ont observé deux types de réaction chez le béluga lorsque le drone le survolait de trop près.
Certains individus ont eu une réaction d’alerte et d’autres, une réaction évasive. Dans le premier cas de figure, le béluga a semblé se tourner en direction du drone. Dans l’autre, l’animal a plongé de façon précipitée.
Sur 500 vols, explique Jaclyn Aubin, environ 4,3 % ont provoqué des réactions d’évasion lorsque le drone était à moins de 23 mètres d’altitude de la baleine. Les chercheurs recommandent ainsi de maintenir le drone à 25 mètres de hauteur au-dessus du béluga.
Selon le règlement sur les mammifères marins de la Loi sur les pêches, il est interdit au public de s’approcher de tout mammifère marin avec un drone à moins de 400 mètres. Pour la recherche, il est possible d’obtenir une autorisation du ministère des Pêches et des Océans pour se rapprocher à de plus petites distances.
Guider la pratique
Les drones sont en train de devenir un outil important pour la poursuite de nos études sur les bélugas
, concède le directeur scientifique du GREMM, Robert Michaud, qui siégeait au comité de supervision de l’étude.
Or, de l’aveu des chercheurs, en raison de la petite taille du drone, l’étude ne peut pas être extrapolée à l’utilisation de tous types de drones.
M. Michaud assure néanmoins que les conclusions serviront de guide pour les futures observations en drone que son équipe mènera pour le projet fenêtre sur le béluga
, en partenariat avec la Première Nation Wolastoqiyik Washipekuk.
Par ailleurs, Jaclyn Aubin est d’avis que l’utilisation du drone en recherche en comparaison à l’observation en bateau est moins nocive pour les cétacés. Un bateau produit énormément de bruit. C’est une grosse source de dérangement dans l’environnement […].
À la prochaine saison touristique, le public aura la chance d’observer les bélugas depuis la plateforme construite en flanc de montagne grâce à la rediffusion d’images captées par drone. Cette fenêtre-là, qu’on a ouverte pour les bélugas, est une fenêtre pour la science. Ça se veut en quelque sorte une espèce d’incitatif pour réduire notre présence sur l’eau
, témoigne Robert Michaud.