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'''''Le Principe responsabilité''''' (en [[allemand]] {{lang|de|''Das Prinzip Verantwortung''}}) est l'ouvrage le plus connu de [[Hans Jonas]] ([[1979]]). Notamment en [[Allemagne]], il a connu une réception qui dépasse le cercle philosophique et est cité au [[Bundestag]]<ref>[https://books.google.fr/books?id=Os4JCwAAQBAJ&pg=PT37&lpg=PT37&dq=principe+de+responsabilité+hans+jonas+Bundestag&source Google Livre "La planète des hommes: Réenchanter le risque" chapitre Heuristique de la peur], consulté le 7 juin 2019</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Hans Jonas|titre=Le principe responsabilité|éditeur=Champs Flammarion|année=1990|isbn=}}</ref>.


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Dans ''Le Principe responsabilité'', Hans Jonas propose un [[Impératif catégorique|nouvel impératif]] : {{citation bloc|Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre.}}

== Description ==
Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ? » L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la [[technique]] moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations [[éthique]]s.
Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ? » L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la [[technique]] moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations [[éthique]]s.


En se référant à sa [[philosophie de la biologie]], Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.
En se référant à sa [[philosophie de la biologie]], Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.


Dans la pratique, cela signifie que {{référence demandée|doit être interdite|date=14 juin 2009}}<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=Hans Jonas|titre=Le principe responsabilité|lieu=|éditeur=Champs Flammarion|année=1990|pages totales=|isbn=|lire en ligne=|passage=}}</ref> toute [[technologie]] qui comporte le risque — aussi improbable soit-il — de détruire l'[[humanité]] ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule ''in dubio pro malo''. Cela veut dire que s'il y a plusieurs conséquences possibles de l'emploi d'une technologie, il faut décider en fonction de l'hypothèse la plus pessimiste.
Dans la pratique, cela signifie que doit être interdite toute [[technologie]] qui comporte le risque — aussi improbable soit-il — de détruire l'[[humanité]] ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule ''{{lang|la|in dubio pro malo}}''. Cela veut dire que s'il y a plusieurs conséquences possibles de l'emploi d'une technologie, il faut décider en fonction de l'hypothèse la plus pessimiste.


Fondamentalement, Hans Jonas pense qu'il faut refonder l'éthique ancestrale, basée sur l'homme vivant en « cités », citadelles autonomes où l'homme crée son monde et sa morale, sans toucher vraiment à l'être du monde (la nature versus la cité grecque). Cette morale ancienne était morale du présent et du rapport interpersonnel. Elle est dépassée.
Fondamentalement, Hans Jonas pense qu'il faut refonder l'éthique ancestrale, basée sur l'homme vivant en « cités », citadelles autonomes où l'homme crée son monde et sa morale, sans toucher vraiment à l'être du monde (la nature versus la cité grecque). Cette morale ancienne était morale du présent et du rapport interpersonnel. Elle est dépassée<ref>[https://books.google.fr/books?id=EixMBgAAQBAJ&pg=PP4&dq=Le+Principe+responsabilité&hl Google livre « ''Le Principe responsabilité'' d'Hans Jonas: Les Fiches de lecture d'Universalis »], consulté le 7 juin 2019.</ref>.


L'emprise technico-scientifique change la donne: l'homme et ses cités, mondialisées aujourd'hui, dominent le monde (la nature) et la changent sans cesse vers on ne sait où. L'éthique doit donc abandonner le présent et l'interpersonnel et se projeter sur l'avenir et le collectif, en particulier sur l'avenir de l'humain, être qui, ontologiquement, selon Jonas, doit continuer à exister..
L'emprise technico-scientifique change la donne : l'homme et ses cités, mondialisées aujourd'hui, dominent le monde (la nature) et la changent sans cesse vers on ne sait où. L'éthique doit donc abandonner le présent et l'interpersonnel et se projeter sur l'avenir et le collectif, en particulier sur l'avenir de l'humain, être qui, ontologiquement, selon Jonas, doit continuer à exister.


Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son [[progrès]]. Il a cependant refusé ce reproche. Il a même vu une nécessité de faire progresser la [[technique]] afin de pouvoir trouver des remèdes aux dégâts déjà causés par elle. Mais ce à condition que la [[technique]] et la [[recherche scientifique|recherche]] soient pratiquées dans un cadre bien défini et sous des conditions bien contrôlées : qu'elle ne puisse nuire à la permanence ontologique de l'homme.
{{passage non neutre|Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son [[progrès]]. Il a cependant refusé ce reproche. Il a même vu une nécessité de faire progresser la [[technique]] afin de pouvoir trouver des remèdes aux dégâts déjà causés par elle. Mais ce à condition que la [[technique]] et la [[recherche scientifique|recherche]] soient pratiquées dans un cadre bien défini et sous des conditions bien contrôlées : qu'elle ne puisse nuire à la permanence ontologique de l'homme.}}


== Constat de la transformation de l'agir humain à l'époque moderne ==
L'ouvrage a connu un immense succès en Allemagne où il est devenu un best-seller philosophique<ref>Catherine Halperne, « Hans Jonas et le Principe responsabilité », ''Sciences humaines'', 21/05/2010, [https://www.scienceshumaines.com/hans-jonas-et-le-principe-responsabilite_fr_25630.html lire en ligne]</ref>.

Hans Jonas est le premier philosophe à avoir introduit le concept de [[responsabilité]] des générations présentes vis-à-vis des [[générations futures]], concept qui est à la base des principes de [[développement durable]].

== Constat de la transformation de l'agir humain à l'époque moderne ==
L'éthique traditionnelle présente les caractères suivants, selon Jonas :
L'éthique traditionnelle présente les caractères suivants, selon Jonas :
* Le rapport avec le monde non humain est un rapport technique, éthiquement neutre.
* Le rapport avec le monde non humain est un rapport technique, éthiquement neutre.
* C'est une éthique [[anthropocentrique]]. « Les possibilités apocalyptiques contenues dans la technologie moderne nous ont appris que l'exclusivisme anthropocentrique pourrait bien être un préjugé. »<ref>Page 99.</ref>
* C'est une éthique [[anthropocentrique]]. {{citation|Les possibilités apocalyptiques contenues dans la technologie moderne nous ont appris que l'exclusivisme anthropocentrique pourrait bien être un préjugé<ref>Page 99.</ref>.}}
* L'homme n'y est pas lui-même un objet de la technologie.
* L'homme n'y est pas lui-même un objet de la technologie.
* L'horizon temporel et spatial de l'homme y est limité. Le sage est celui qui se résigne à l'inconnu. L'individu n'a affaire qu'avec les vivants actuels. La sphère de l'action est celle de la proximité.
* L'horizon temporel et spatial de l'homme y est limité. Le sage est celui qui se résigne à l'inconnu. L'individu n'a affaire qu'avec les vivants actuels. La sphère de l'action est celle de la proximité.
Il propose de la reconsidérer à l'aune de la nature, dans une vision holistique inspirée d'[[Arne Næss|Arne Naess]]. Il considère ainsi que « La nature ne pouvait pas prendre de risque plus grand que de laisser naître l’homme […] Dans l’homme, la nature s’est perturbée elle-même »<ref>{{Ouvrage|langue=|auteur1=|titre=Le principe responsabilité|lieu=|éditeur=|année=|pages totales=|isbn=|lire en ligne=|passage=p. 189}}</ref>.



==Problème de la technique ==
Il propose de la reconsidérer à l'aune de la nature, dans une vision holistique inspirée d'[[Arne Næss]]. Il considère ainsi que {{citation bloc|La nature ne pouvait pas prendre de risque plus grand que de laisser naître l’homme […]. Dans l’homme, la nature s’est perturbée elle-même<ref>{{Ouvrage|titre=Le principe responsabilité|éditeur=|année=|passage=p. 189|isbn=}}</ref>.}}

== Problème de la technique ==
* Le développement technique et scientifique conduit à une « prolifération » de l'humanité en raison de son « succès biologique ».
* Le développement technique et scientifique conduit à une « prolifération » de l'humanité en raison de son « succès biologique ».
* Limite des ressources accessibles à l'homme.
* Limite des ressources accessibles à l'homme.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|colonnes=1}}
{{Références}}


== Voir aussi ==
== Éditions ==
* En allemand :
** ''Das Prinzip Verantwortung: Versuch einer Ethik für die technologische Zivilisation'', Frankfurt/M. [[1979]]. Neuauflage als Suhrkamp Taschenbuch, 1984.
** ''Das Prinzip Verantwortung: Versuch einer Ethik für die technologische Zivilisation''. Neuausgabe mit einem Nachwort von Robert Habeck. Berlin, 2020.


* En français :
** ''Le Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique'', trad. de l'allemand par Jean Greisch, Paris, Éditions du Cerf, 1990 ; rééd. Paris, Flammarion, coll. « Champs : essais », 2008.

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage|auteur=Hans Jonas| titre=Une éthique pour la civilisation technologique| traducteur = Jean Greisch|éditeur= Flammarion|isbn= 978-2081307698}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=de|auteur1=Hans Jonas|traducteur=[[Jean Greisch]]|titre=Une éthique pour la civilisation technologique|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=|pages totales=470|isbn=978-2-08-130769-8}}
* Jean-Christophe Mathias, ''Politique de Cassandre'', [[Sang de la Terre]], 2009.
* Jean-Christophe Mathias, ''Politique de Cassandre'', Sang de la Terre, 2009
* [[Lucien Sève]], ''Pour une critique de la raison bioéthique'', Éditions Odile Jacob, 1994.
* [[Lucien Sève]], ''Pour une critique de la raison bioéthique'', éditions Odile Jacob, 1994


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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{{Colonnes|taille=24|
* [[Bioéthique]]
* [[Bioéthique]]
* [[Développement durable]]
* [[Éthique]]
* [[Éthique]]
* [[Générations futures]]
* [[Philosophie de la nature]]
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* [[Principe de précaution]]
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* [[Progrès technique]]
* [[Progrès technique]]
* [[Risque]]
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* [[Technocritique]]
* [[Technoscience]]
* [[Technoscience]]
}}
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* [http://la-philosophie.com/principe-responsabilite-jonas Note de lecture], Laurence Hansen-Love, 2012
* Notes de lecture :
** [http://la-philosophie.com/principe-responsabilite-jonas Laurence Hansen-Love, 2012]
* [http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=2569 Note de lecture], Jean-Claude Flament, mission agrobiosciences
** [http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=2569 Jean-Claude Flament, mission agrobiosciences]
* [https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00727582/ Note de lecture], Damien Bazin, Gredeg
** [https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00727582/ Damien Bazin, Gredeg]
* [http://agora.qc.ca/documents/hans_jonas--le_principe_responsabilite_par_laurent_giroux Note de lecture], Laurent Giroux, Encyclopédie de l'Agora
** [http://agora.qc.ca/documents/hans_jonas--le_principe_responsabilite_par_laurent_giroux Laurent Giroux, ''Encyclopédie de l'Agora'']
* [http://www2.ac-toulouse.fr/philosophie/forma/jonas_principe_responsabilite1.html Note de lecture], Catherine Heyvaerts, professeur de philosophie
** [http://www2.ac-toulouse.fr/philosophie/forma/jonas_principe_responsabilite1.html Catherine Heyvaerts, professeur de philosophie]


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[[Catégorie:1979 en philosophie]]
[[Catégorie:Hans Jonas]]

Dernière version du 4 février 2024 à 09:19

Le Principe responsabilité
Auteur Hans Jonas
Version originale
Langue allemand
Titre Das Prinzip Verantwortung
Date de parution 1979[1]
Version française
Date de parution 1991[1]

Le Principe responsabilité (en allemand Das Prinzip Verantwortung) est l'ouvrage le plus connu de Hans Jonas (1979). Notamment en Allemagne, il a connu une réception qui dépasse le cercle philosophique et est cité au Bundestag[2],[3].

L'ouvrage a connu un immense succès en Allemagne où il est devenu un succès d'édition philosophique[4]. La version française a été publiée douze ans après la version originale. Hans Jonas est le premier philosophe à avoir introduit le concept de responsabilité des générations présentes vis-à-vis des générations futures, concept qui est à la base des principes de développement durable.

Dans Le Principe responsabilité, Hans Jonas propose un nouvel impératif :

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre. »

Description[modifier | modifier le code]

Dans ce livre, Hans Jonas part de la question « pourquoi l'humanité doit exister ? » L'existence de l'humanité dont l'impératif semble aller de soi, n'est plus du tout un fait assuré de nos jours. Au contraire, par son énorme pouvoir qu'il a avant tout grâce à la technique moderne, l'homme a désormais les capacités de s'autodétruire en peu de temps — c'est pourquoi il y a ici une nouvelle question qui doit entrer dans le domaine des considérations éthiques.

En se référant à sa philosophie de la biologie, Hans Jonas fonde l'impératif que l'homme doit exister, vu qu'il a, comme tout être vivant, une valeur absolue qui lui est inhérente et qu'il s'agit par conséquent de protéger quoi qu'il en coûte.

Dans la pratique, cela signifie que doit être interdite toute technologie qui comporte le risque — aussi improbable soit-il — de détruire l'humanité ou la valeur particulière en l'homme qui fait qu'il doit exister. Hans Jonas désigne cet impératif par la formule in dubio pro malo. Cela veut dire que s'il y a plusieurs conséquences possibles de l'emploi d'une technologie, il faut décider en fonction de l'hypothèse la plus pessimiste.

Fondamentalement, Hans Jonas pense qu'il faut refonder l'éthique ancestrale, basée sur l'homme vivant en « cités », citadelles autonomes où l'homme crée son monde et sa morale, sans toucher vraiment à l'être du monde (la nature versus la cité grecque). Cette morale ancienne était morale du présent et du rapport interpersonnel. Elle est dépassée[5].

L'emprise technico-scientifique change la donne : l'homme et ses cités, mondialisées aujourd'hui, dominent le monde (la nature) et la changent sans cesse vers on ne sait où. L'éthique doit donc abandonner le présent et l'interpersonnel et se projeter sur l'avenir et le collectif, en particulier sur l'avenir de l'humain, être qui, ontologiquement, selon Jonas, doit continuer à exister.

Hans Jonas a souvent été accusé d'être hostile à la technique et à son progrès. Il a cependant refusé ce reproche. Il a même vu une nécessité de faire progresser la technique afin de pouvoir trouver des remèdes aux dégâts déjà causés par elle. Mais ce à condition que la technique et la recherche soient pratiquées dans un cadre bien défini et sous des conditions bien contrôlées : qu'elle ne puisse nuire à la permanence ontologique de l'homme.[non neutre]

Constat de la transformation de l'agir humain à l'époque moderne[modifier | modifier le code]

L'éthique traditionnelle présente les caractères suivants, selon Jonas :

  • Le rapport avec le monde non humain est un rapport technique, éthiquement neutre.
  • C'est une éthique anthropocentrique. « Les possibilités apocalyptiques contenues dans la technologie moderne nous ont appris que l'exclusivisme anthropocentrique pourrait bien être un préjugé[6]. »
  • L'homme n'y est pas lui-même un objet de la technologie.
  • L'horizon temporel et spatial de l'homme y est limité. Le sage est celui qui se résigne à l'inconnu. L'individu n'a affaire qu'avec les vivants actuels. La sphère de l'action est celle de la proximité.


Il propose de la reconsidérer à l'aune de la nature, dans une vision holistique inspirée d'Arne Næss. Il considère ainsi que

« La nature ne pouvait pas prendre de risque plus grand que de laisser naître l’homme […]. Dans l’homme, la nature s’est perturbée elle-même[7]. »

Problème de la technique[modifier | modifier le code]

  • Le développement technique et scientifique conduit à une « prolifération » de l'humanité en raison de son « succès biologique ».
  • Limite des ressources accessibles à l'homme.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Hervé Kempf, « Rétrolecture 1991 : « Le Principe responsabilité » », Le Monde, 16 août 2008 (page consultée le 15 août 2016).
  2. Google Livre "La planète des hommes: Réenchanter le risque" chapitre Heuristique de la peur, consulté le 7 juin 2019
  3. Hans Jonas, Le principe responsabilité, Champs Flammarion,
  4. Catherine Halperne, « Hans Jonas et le Principe responsabilité », Sciences humaines, 21 mai 2010, lire en ligne.
  5. Google livre « Le Principe responsabilité d'Hans Jonas: Les Fiches de lecture d'Universalis », consulté le 7 juin 2019.
  6. Page 99.
  7. Le principe responsabilité, p. 189

Éditions[modifier | modifier le code]

  • En allemand :
    • Das Prinzip Verantwortung: Versuch einer Ethik für die technologische Zivilisation, Frankfurt/M. 1979. Neuauflage als Suhrkamp Taschenbuch, 1984.
    • Das Prinzip Verantwortung: Versuch einer Ethik für die technologische Zivilisation. Neuausgabe mit einem Nachwort von Robert Habeck. Berlin, 2020.
  • En français :
    • Le Principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, trad. de l'allemand par Jean Greisch, Paris, Éditions du Cerf, 1990 ; rééd. Paris, Flammarion, coll. « Champs : essais », 2008.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hans Jonas (trad. de l'allemand par Jean Greisch), Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Flammarion, 470 p. (ISBN 978-2-08-130769-8)
  • Jean-Christophe Mathias, Politique de Cassandre, Sang de la Terre, 2009
  • Lucien Sève, Pour une critique de la raison bioéthique, éditions Odile Jacob, 1994

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]