Une association dénonce un projet de recherche qui prévoyant l'électrocution de 600 rats afin d'engendrer chez eux stress chronique et dépression.
Le ministère de la Recherche est pointé du doigt, se voyant reproché de soutenir des cas de maltraitance animale.
Interrogées par TF1 info, les autorités rappellent qu'un cadre très strict accompagne toute expérimentation sur des animaux, et que des comités d'éthiques sont systématiquement sollicités.

Dans le débat public, le bien-être animal a pris une place croissante au cours des dernières années. Lorsque l'on se penche sur ce sujet, la question des expérimentations dans le cadre de la recherche se pose de façon inévitable. L'association One Voice, ces derniers jours, s'est d'ailleurs mobilisée ces derniers jours afin de mettre en lumière des pratiques inacceptables à yeux.

"Le ministère de la Recherche vient d’approuver un projet qui va électrocuter 600 rats à répétition et les forcer à nager sans échappatoire pour étudier la manière dont le stress chronique peut mener à la dépression", assure un article posté sur le site de l'association. Et de s'interroger : "Comment accepter ces pratiques en France en 2022 ?" 

Un cadre législatif commun aux pays de l'UE

Une telle expérience est-elle diligentée en France ? Oui, comme le confirme le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. "Il vise à approfondir la connaissance des mécanismes impliqués dans la dépression afin de pouvoir élaborer, à terme, des traitements plus spécifiques", nous indique-t-on. Les détails de ce projet de recherche sont d'ailleurs accessibles publiquement, ils précisent les conditions dans lesquelles vont se dérouler les expériences, les buts recherchés, ainsi que les mesures prises par les chercheurs pour minimiser la souffrance des animaux.

"Grâce à ce projet, nous pourrons mieux comprendre le rôle de la tVTA, une structure du cerveau récemment découverte et impliquée dans le développement de symptômes de type dépressifs induits par le stress", résument notamment les scientifiques. "Nous pourrons également vérifier si le blocage des récepteurs des neurones de la tVTA permet de diminuer ou de prévenir l'apparition des troubles dépressifs. Si tel est le cas, ces récepteurs pourraient être la cible de futurs traitements plus spécifiques de la dépression."  

Du côté du ministère, on soutient que "l’utilisation d’animaux pour la recherche en France repose sur des règles communes à l’Union européenne, qui constituent l’un des cadres règlementaires les plus strictes au monde pour la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques (...). Elles encadrent strictement la provenance des animaux, leur hébergement, les soins qui doivent leur être apportés, etc. Plus fondamentalement, cette règlementation ne permet l’utilisation d’animaux que lorsqu’il est établi que les résultats scientifiques recherchés ne peuvent pas être obtenus par de méthodes sans animaux." Pour justifier l'importance du projet de recherche ici mis en avant, il est notamment souligné le fait que "la dépression est une maladie qui touche plus de 300 millions de personnes dans le monde (selon l’OMS) et à laquelle sont imputés de 10 000 à 15 000 suicides par an en France". D'où le besoin de parvenir à faire évoluer la recherche.

Si de telles expériences sont menées sur des rats, il faut noter que "parallèlement aux règles générales, des mesures encore plus strictes existent pour les primates, qui ne peuvent être utilisés qu’en « vue de la protection, de la prophylaxie, du diagnostic ou du traitement d’affections invalidantes ou susceptibles d’être mortelles »". Ou bien encore "pour la recherche sur la conservation des espèces".

Avant toute forme de validation, "chaque projet de recherche est l’objet d’une évaluation préalable par le comité d’éthique compétent pour l’établissement concerné. La composition d’un comité est fixée réglementairement", glisse le ministère : "il comprend obligatoirement un vétérinaire, un concepteur de projets, une personne réalisant des procédures avec des animaux, une personne compétente pour le soin des animaux et une personne non spécialisée, qui apporte un regard extérieur"

L’évaluation réalisée par le comité "porte sur l’absence de méthodes alternatives (n’utilisant pas d’animaux) mais également sur tout ce qui peut limiter l’inconfort ou le stress pouvant être ressentis par les animaux". La présente expérimentations sur des rats, nous indique-t-on, a été approuvée "après l’avis favorable donné par le comité d’éthique en expérimentation animale auquel est rattachée cette université et après vérification de sa conformité par le ministère". 

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Thomas DESZPOT

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