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Élections européennes en France: vif débat entre Gabriel Attal et Jordan Bardella

À moins de trois semaines des élections européennes, le Premier ministre français Gabriel Attal, à la rescousse d'une liste en mauvaise posture, et le grand favori d'extrême droite Jordan Bardella, se sont affrontés dans un duel télévisé parfois cacophonique. Ils ont livré deux visions irréconciliables de l'Europe.

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), et le Premier ministre Gabriel Attal, lors d'un débat présenté par Caroline Roux sur France 2, le 23 mai 2024 à Aubervilliers, près de Paris.
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), et le Premier ministre Gabriel Attal, lors d'un débat présenté par Caroline Roux sur France 2, le 23 mai 2024 à Aubervilliers, près de Paris. AFP - THOMAS SAMSON
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Pendant près d'une heure et demie, les deux jeunes dirigeants – 35 ans pour le Premier ministre, 28 ans pour la tête de liste du Rassemblement national (RN) –, ont débattu d'Europe, d'immigration, de pouvoir d'achat, de la guerre en Ukraine

Le ton d'abord policé est devenu de plus en plus offensif, voire acerbe, au cours du débat, Gabriel Attal accusant son adversaire de « détester l'Europe », de « changer d'avis sur tout ». « Je ne suis pas comme vous, moi, à changer d'avis sur tout. À ne pas assumer des déclarations passées. À dire "on veut sortir de l'Europe" puis "finalement, on veut rester dedans", "on veut sortir de l'euro", "finalement, on veut rester dedans" », a attaqué le Premier ministre.

Les thèmes abordés – marché unique, droits de douane, véhicules électriques, immigration, défense – ont sans surprise fait apparaître des lignes de fractures assez claires entre les deux camps. « Qu'il y ait des questionnements sur le projet que nous portons pour le pays que nous voulons mettre en œuvre, c'est un fait. En revanche, il n'y a pas de doute sur le bilan qui est le vôtre », a rétorqué Jordan Bardella.

L'un des échanges les plus vifs a porté sur la Russie. « Votre parti, celui de Mme Le Pen et de Jean-Marie Le Pen, avait besoin d'argent. La Russie avait besoin d'un parti en Europe pour justement affaiblir l'Europe de l'intérieur. » Et « vous avez beau avoir remboursé votre dette, vous avez un contrat moral avec eux », au Parlement européen, a lancé le Premier ministre.

Ce n'est « pas du niveau du Premier ministre de la France d'avoir des arguments aussi sous la ceinture », a répondu Jordan Bardella, accusant par ailleurs le président Emmanuel Macron de « jouer avec le feu » en n'excluant pas d'envoyer des troupes en Ukraine.

Russie et immigration

Gabriel Attal a pointé les « contradictions » et volte-face du parti d'extrême droite dans son positionnement sur l'Europe, et l'a accusé de proposer des « mesures sans queue ni tête ».

Sur l'immigration, cheval de bataille du RN, M. Bardella, a lui fustigé le pacte migratoire européen, estimant qu'il ne laissait le choix qu'entre « une immigration obligatoire ou une punition financière ». Il a répété son antienne selon laquelle « la délinquance et la criminalité sont liées à l'incapacité de maîtriser nos flux migratoires ».

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Même criblage sur le concept de « double frontière » défendu par le RN : « comment vous faites ? », a interrogé le Premier ministre en dénonçant une idée « fumeuse ».

« Évidemment qu'on ne va pas contrôler tout le monde », a assuré M. Bardella, évoquant des « mécanismes de facilitation » pour les « travailleurs frontaliers ».

Les deux débatteurs se sont attardés sur le thème de l'immigration. Avec « la présentation que vous faites du sujet, on a le sentiment en vous écoutant que derrière chaque étranger, chaque immigré, il y a un délinquant et un terroriste en puissance, et je la trouve révoltante », a lancé M. Attal.

« C'est l'inverse : je pense que quasiment toute la délinquance et la criminalité sont liées à l'incapacité de maîtriser nos flux migratoires », a répliqué M. Bardella.

Le président du RN a également brocardé les « ambitions environnementales irréalistes » du gouvernement et de la majorité, avec l'interdiction des véhicules thermiques en 2035. « Des véhicules neufs », a précisé Gabriel Attal. « Vous avez l'air de vivre dans un monde où on a du pétrole en France [...] et où le pétrole ne pollue pas », a ajouté le chef du gouvernement.

Le débat était aussi retransmis sur la chaîne YouTube d'actualité Hugodecrypte, qui compte 2,66 millions d'abonnés, ainsi que sur la chaîne YouTube « C quoi l'info ? » de France Télévisions, dans le but de capter une audience plus jeune.

« Un kidnapping » de l'élection

Les concurrents de la majorité et du RN ont montré leur courroux sur la tenue de ce débat à deux. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure comme le président des républicains (LR) Eric Ciotti ont écrit à l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, pour lui demander « d'imposer » à France Télévisions « une égalité de traitement ». Exclu du débat, Raphaël Glucksmann a dénoncé « un kidnapping » de l'élection.

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Gabriel Attal, qui ne s'était jusque-là pas beaucoup impliqué dans la campagne des européennes, a été mandaté par le président Emmanuel Macron pour redresser la barre alors que les sondages sont mauvais pour la liste de la majorité présidentielle. Conduite par l’eurodéputée Valérie Hayer, elle est créditée de 16% des intentions de vote, talonnée par la liste socialiste emmenée par Raphaël Glucksmann, à 15%. Le RN, lui, caracole en tête des sondages d'intentions de vote, atteignant même 33% selon un sondage jeudi.

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