De moins en moins d’hystérectomies sont réalisées en France, selon l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes) : moins de 65 000 en 2016, contre près de 70 000 par an en 2010.

Cette pratique reste théoriquement réservée aux cas où aucune autre alternative n’est possible ou lorsque les traitements médicamenteux et chirurgicaux ont échoué.

Des opérations pas toujours justifiées

Les fibromes utérins volumineux restent la première indication de l’hystérectomie, malgré l’essor des techniques de micro-embolisation qui permettent pourtant de les anéantir en bloquant les artères utérines qui les alimentent (environ 30% des opérations). Mais nombre de médecins connaissent encore peu cette nouvelle approche et orientent toujours systématiquement leurs patientes vers l’issue la plus radicale, c’est-à-dire l’ablation.

L’hystérectomie est également proposée pour résoudre d’autres troubles : l’endométriose sévère, surtout quand elle est susceptible de se propager à d’autres organes, un prolapsus génital (descente de l’utérus à travers le vagin et la vulve), certains cancers gynécologiques (de l’endomètre, du col utérin, du vagin ou des ovaires) ou en cas de complications hémorragiques importantes après un accouchement.

Si on vous propose cette intervention, n’hésitez pas à prendre un autre avis médical pour voir si une autre option n’est pas envisageable.

Comment se déroule une hystérectomie ?

Selon la patiente et le problème à traiter, les méthodes d’intervention diffèrent. L’opération peut en effet être effectuée par laparotomie, c’est-à-dire une ouverture abdominale qui laisse une cicatrice de 10 à 15 cm ; par voie basse à travers une incision réalisée au fond du vagin ; ou bien sous cœlioscopie, à travers trois petits orifices percés dans la cavité abdominale.

Une vingtaine d’établissements hospitaliers pratiquent désormais aussi des hystérectomies assistées par robot, "ce qui permet de gagner en rapidité et en précision, donc de réduire les douleurs et les risques de complications post-opératoires", estime le Dr Abdi Majidi, chirurgien gynécologue à la polyclinique de Courlancy (Reims).

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Les conséquences d'une ablation de l'utérus

Chez certaines femmes ménopausées, l’intervention est vécue comme une délivrance. Finis les douleurs, les pesanteurs et autres soucis pelviens qui gâchaient leur qualité de vie.

Mais chez les jeunes femmes, le contrecoup n’est pas facile. En supprimant l’utérus, l’hystérectomie stoppe définitivement les règles. Tout projet de grossesse devient alors impossible. Et lorsque les ovaires sont également retirés (hystérectomie dite non conservatrice), les symptômes de la ménopause apparaissent brutalement après l’opération : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale

Ces derniers peuvent cependant être gommés en prenant un traitement hormonal substitutif, mais l’impact psychologique reste délicat à gérer car l’utérus est un organe hautement symbolique. Même pour les femmes déjà mère, l’hystérectomie est un geste lourd qui porte atteinte à leur féminité et leur confiance en elles.

"Je ne voulais pas spécialement avoir d’autres enfants, confie Sonia, opérée à 39 ans. Mais en sortant de l’hôpital privée de mon utérus, je me suis sentie amputée d’un pan de moi-même. J’ai eu le sentiment de devenir inutile."

Pour Fanny, 27 ans, le drame est encore plus aigu : "Je ne sais pas si je voulais ou non avoir des enfants, témoigne-t-elle. Mais savoir que je ne pourrai jamais être enceinte me terrifie. Je n’ose même pas en parler à mon nouveau copain. Quels mots trouver ? Comment envisager l’avenir avec lui ?"

Pour surmonter ce cap difficile, une aide psychologique s’avère souvent nécessaire.