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Grand Corps Malade: "Le sport plus fort que la musique"

L'Enfant de la ville (son dernier album, chez AZ/Universal) est aussi un enfant de la balle. Grosse et orange comme un ballon de basket. Bien avant de populariser le slam en France, Fabien Marsaud se rêvait sportif et basketteur. Victime, à 20 ans, d'un sale plongeon dans une piscine qui le laissera handicapé, il devient Grand Corps Malade. Un poète urbain créatif et drôle...

Propos recueillis Stéphane JOBY , Mis à jour le

Son premier album Midi 20, vendu à près de 700000 exemplaires, lui a valu deux Victoires de la musique. De Roland-Garros au basket, ses textes offrent plusieurs références sportives discrètes, qu'il a bien voulu décrypter.

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Dans Rétroviseur, vous dites être "nostalgique" de votre adolescence consacrée au sport.

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Le sport a tout le temps fait partie de ma vie. Jusqu'à vingt piges et mon accident, je ne faisais que ça. J'étais très compétition, je pleurais quand je perdais. A un moment, j'étais dans trois clubs en même temps: tennis, athlétisme et basket, pour lequel j'ai fini par tout lâcher. Plus le foot avec mes potes. J'ai fait un Deug Staps (professorat d'éducation physique). Après mon accident, j'ai passé un DESS de management du sport puis j'ai travaillé dans l'événementiel sportif. J'ai fait le deuil de ne plus pouvoir faire du sport. Mais j'ai une vraie nostalgie de l'effort physique et de l'ambiance.

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Vous évoquez une "énième bagarre générale" qui vous a fait perdre le titre et la montée en Nationale?

Je jouais au basket à Aubervilliers. On rencontrait Neuilly-sur-Marne. C'était la dernière journée du championnat espoirs. On était à 19 victoires en 19 matches, eux n'avaient perdu que contre nous. On n'a jamais fini le match?

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A quel niveau avez-vous joué?

J'ai été formé à Saint-Denis, puis je suis passé par Nanterre et Aubervilliers, où j'ai joué à un niveau qui correspond à la Nationale 3 aujourd'hui. J'étais plutôt à l'aile, avec un bon petit jump shoot à mi-distance. à 17 ans, j'ai eu une proposition pour intégrer le centre de formation de Toulouse. C'était l'année du bac, j'ai préféré rester à Saint-Denis.

Et le foot?

Gamin, j'aimais bien les petites équipes, Auxerre notamment. J'adorais Christophe Cocard et je m'identifiais à lui. Lors des matches de foot entre potes, j'étais Cocard le dribbleur ! Aujourd'hui, je suis un chauvin qui essaie de regarder tous les matches des Bleus et j'aime les danseurs comme Henry ou Benzema, mais aussi les plus teigneux comme Vieira, la classe.

Suivez-vous l'actualité du sport?

Moins qu'avant. à une époque, je connaissais par c?ur le classement ATP. Je découpais des photos de joueurs dans les magazines de tennis et les collais sur les murs de ma chambre, à côté des grands posters de Michael Jordan. J'étais tellement ouf de la NBA que je connaissais toutes les équipes, la taille des joueurs, leurs statistiques. J'ai vu toutes les finales des Bulls. Devant ma télé à trois heures du mat', j'ai vécu des moments inoubliables. Comme le tir à trois points de Paxson, qui donne le titre à Chicago lors du sixième match contre Phoenix en 1993.

Et aujourd'hui?

Je suis surtout les résultats des Spurs, à cause de Tony Parker. J'ai une grosse admiration pour son parcours: trois titres de champion, MVP de la dernière finale, c'est un truc de dingue. Il m'a contacté parce qu'il voulait faire un duo pour son album. Je n'étais pas très chaud pour les duos mais on s'est vu plusieurs fois. Le courant est bien passé. Finalement, je lui ai écrit un texte (Génération motivée) dans le speed. Tony, c'est un mec que j'aime vraiment bien. Il prend souvent de mes nouvelles, envoie des textos. Il est super accessible, pas du tout dans une bulle alors qu'il a de quoi perdre le sens des réalités. Aujourd'hui que j'ai la chance de croiser plein de gens, rencontrer un sportif m'impressionne plus que tout.

Votre plus grande rencontre?

Michael Jordan, mon idole absolue. Je l'ai rencontré lors de son dernier passage à Paris (en octobre 2006). C'était à un grand dîner. Il était tout seul à sa table, je suis allé me présenter. Je lui ai dit dans mon anglais laborieux: "En France, tout le monde te connaît et t'admire, mais personne ne t'aime comme je t'aime." Ça l'a fait sourire, il m'a donné une accolade. J'ai gardé précieusement le carton du dîner où il est écrit "Michael Jordan invite Grand Corps Malade".

"J'ai travaillé au Stade de France, ça ne s'est pas très bien fini"

Avec quel autre sportif aimeriez-vous passer une soirée?

Charles Barkley (ex-grande gueule du basket américain) doit être marrant. Et puis Zidane évidemment. Je lui demanderais de me raconter ses plus grands pics d'émotion. J'aimerais savoir si ce sont ses têtes contre le Brésil (en finale de la Coupe du monde 1998) ou sa volée sortie de nulle part en finale de la Ligue des champions (avec le Real contre Leverkusen en 2002). Et puis je lui demanderais aussi s'il regrette son coup de boule sur Materazzi?

Qu'est-ce qui vous fait le plus frissonner: un concert ou un match?

Voir le public se lever et applaudir, j'adore. C'est pour ça que j'aime la scène. Mais en terme d'émotion pure, de montée d'adrénaline, le sport est plus fort que la musique. Il n'y a pas plus énorme qu'un passing croisé en bout de course qui te fait gagner un match. Ou un shoot réussi à trois points au buzzer, même devant 200 personnes à Aubervilliers! A cet instant, tu es le maître du monde: le public se lève, tes coéquipiers te sautent dessus? J'en ai parlé avec Yannick Noah, qui est quand même le seul mec à avoir atteint le sommet en deux carrières. Au Festival des Vieilles Charrues, il montait sur scène juste après moi. Il semblait pépère, pas stressé. Il m'a dit qu'il avait beaucoup plus le trac avant un match? Mais le gros avantage de l'artiste, c'est que sa carrière ne s'arrête pas forcément à 35 ans et qu'il a moins de contraintes, notamment physiques. Artiste, c'est peut-être plus simple finalement !

Dans vos textes, vous évoquez Saint-Denis mais jamais le Stade de France. Pourquoi?

C'est fait exprès. Le Stade de France n'est pas un lieu de vie, ce n'est pas mon Saint-Denis à moi. Et puis j'y ai travaillé quatre piges, de 2001 à 2005, ça ne s'est pas très bien fini. Alors je ne voulais pas leur faire de la pub? J'étais au service marketing. J'ai vu ce qu'est une entreprise privée basée sur la rentabilité à tout prix. On ne partageait pas vraiment les mêmes valeurs. Je suis content d'avoir assisté aux plus grands événements mais tout le business autour m'a saoulé.

Le sport ne pourrait-il pas être le sujet d'un slam spécifique?

Peut-être oui. J'ai besoin d'encore un peu de recul. Pendant la Coupe du monde de rugby, on m'a demandé des chroniques en slam sur les matches. Je ne le sentais pas.

Source: JDD papier

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