ESJ Humanities
Variabilité des Écoulements dans un Bassin Versant Forestier
en Voie d’Urbanisation Accélérée : Le Cas de la Mefou
(Sud Cameroun)
Etienne Merlin Salvador Mewassi Aboui
Département de géographie, Université de Douala, Cameroun
Valentin Brice Ebodé
Jean Guy Dzana
Département de géographie, Université de Yaoundé I, Cameroun
Doi:10.19044/esj.2023.v19n17p34
Submitted: 27 April 2023
Accepted: 14 June 2023
Published: 30 June 2023
Copyright 2023 Author(s)
Under Creative Commons BY-NC-ND
4.0 OPEN ACCESS
Cite As:
Mewassi Aboui E.M.S., Ebodé V.B. & Dzana J.G. (2023). Variabilité des Écoulements dans
un Bassin Versant Forestier en Voie d’Urbanisation Accélérée : Le Cas de la Mefou (Sud
Cameroun). European Scientific Journal, ESJ, 19 (17), 34.
https://doi.org/10.19044/esj.2023.v19n17p34
Résumé
Le changement climatique et l’anthropisation sont les principaux
forçages qui influencent significativement la variabilité des écoulements des
cours d’eau. Cependant, la compréhension de leur impact simultané sur les
écoulements reste limitée. L’objectif de cette étude est d’appréhender l’impact
de la variabilité des précipitations et de l’anthropisation sur les écoulements
du bassin versant de la Mefou sur une période récente (1950-51 à 2018-2019).
Pour cela, les données hydropluviométriques du bassin concerné ont été
analysées au moyen du test de Pettitt. De même, la dynamique des principaux
MOS (modes d’occupation du sol) a pu être appréciée, et ce au moyen des
classifications supervisées effectuées à partir du traitement des images
satellitaires Landsat du bassin étudié à deux dates. Les résultats de cette étude
montrent que les débits moyens (+27,8% à +66,4%) et extrêmes (31,2% à
82,3%) de ce bassin augmentent depuis 1985-86, contrairement à la
pluviométrie, qui elle diminue d’une façon générale pour toutes les saisons à
compter de la décennie 1970, en dehors de l’été (+42,8%), où l’inverse est
observé. Les changements d’occupation du sol (augmentation des espaces
imperméabilisés et diminutions de la forêt et des plans d’eau) semblent être la
cause principale de la hausse des écoulements relevée. Les évolutions
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pluviométriques observées dans ce bassin ont juste contribué à amplifier la
variabilité des écoulements durant la période étudiée. L’été et le printemps
pour lesquels les pluies ont respectivement enregistré une rupture à la hausse
et une absence de rupture sont également les saisons pour lesquelles les
augmentations des écoulements sont les plus importantes. A l’inverse,
l’automne et l’hiver qui ont enregistré des diminutions significatives des pluies
ont connu les augmentations les moins importantes. Ces résultats pourraient
être utiles pour la planification à long terme de la demande et de l'utilisation
de l'eau dans ce bassin, ainsi qu'à l’amélioration des simulations futures du
débit du collecteur principal et la prévention des catastrophes socioenvironnementales comme les inondations.
Mots-clés: Mefou,
d’occupation du sol
variabilité,
précipitations,
écoulements,
modes
Variability of Flows in a Forest Catchment Area in the
Process of Accelerated Urbanization: The Case of Mefou
(South Cameroon)
Etienne Merlin Salvador Mewassi Aboui
Département de géographie, Université de Douala, Cameroun
Valentin Brice Ebodé
Jean Guy Dzana
Département de géographie, Université de Yaoundé I, Cameroun
Abstract
The objective of this study is to understand the impact of rainfall
variability and anthropization on the flows of the Mefou watershed over a
recent period. For this, the hydropluviometric data of the catchment concerned
were analyzed using the Pettitt test. Likewise, the dynamics of the main landuse patterns could be assessed, using supervised classifications carried out
from the processing of Landsat satellite images of the basin studied at two
dates. The results of this study show that the average and extreme flows of this
basin have been increased since 1985-86, unlike the rainfall, which generally
decreases for all seasons from the 1970s, apart from the summer, where the
reverse is observed. Land-use changes (increase in impervious areas and a
decrease in forest and water bodies) seem to be the main cause of the observed
increase in runoff. The rainfall changes observed in this basin have just
contributed to amplifying this increase in runoff in some cases and attenuating
it in others. The summer and the spring for which the rainfall recorded
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respectively an increasing break and no break are also the seasons for which
the increases in runoff are the most important. Conversely, autumn and winter,
which saw significant decreases in rainfall, experienced the smallest increases.
These results could be useful for long-term planning of water demand and use
in this basin, as well as for improving future simulations of main collector flow
and preventing socio-environmental disasters like flooding.
Keywords: Mefou, variability, precipitation, runoff, land use patterns
Introduction
Les évolutions des cours d’eau résultent généralement des interactions
entre les changements climatiques et l’anthropisation (Chu et al., 2013 ;
Rosburg et al., 2017 ; Aulenbach et al., 2017 ; Diem et al., 2018 ; Oudin et al.,
2018), même s’il est admis que leur sensibilité face à ces facteurs dépend aussi
des prédispositions naturelles (taille, système de pente, type de sol, etc.) de
leurs bassins versants (Gibson et., 2005).
Cependant, les modifications des régimes hydrologiques sont bien
souvent examinées sous le seul prisme des relations pluie-débit et, quelque
fois, débit-nappes phréatiques (Liénou et al., 2008 ; Ebodé et al., 2020a). Très
peu d’auteurs, sauf dans de rares cas (D’Orgeval et Polcher, 2008 ; Amogu et
al., 2010), se sont en effet attachés à évaluer les impacts hydrologiques des
changements environnementaux induits par l’homme ; tout comme sont
quantitativement limitées les tentatives visant à dissocier ces derniers de ceux
découlant des fluctuations exclusivement hydro-climatiques (Dzana et al,
2011 ; Ebodé et al., 2020b). Pourtant, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les
actions anthropiques, à travers notamment l’urbanisation et l’agriculture
industrielle, qui ont pour corollaire la déforestation à grande échelle, se sont
considérablement accrus ces trente dernières années dans toute l’Afrique subsaharienne et même au-delà.
Le bassin de la Mefou retenu dans la présente étude a connu une
urbanisation accélérée et incontrôlée, marquée notamment par une extension
spatiale démesurée de la ville de Yaoundé dont la population a été multipliée
par 10 en une cinquantaine d’années, passant de 50 000 en 1957 à 1 500 000
en 2008. Celle-ci est estimée à 2 500 000 habitants en 2023 et les projections
prévoient qu’elle dépassera 3 000 000 d’ici 2030 (BUCREP, 2011). Cette
croissance démographique dont le principal corollaire est l’accroissement des
espaces imperméabilisés a certainement provoqué un changement des
relations pluie/débit et du régime hydrologique, qui nécessite une nouvelle
étude de la variabilité hydrologique.
Cette étude est consacrée à l’analyse des relations pluie/débit sur une
période récente (1950-51 à 2018-19) dans le bassin de la Mefou, au moyen des
séries hydropluviométriques actualisées et des classifications obtenues à partir
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du traitement des images satellitaires. Elle apparaît fondamentale pour ce
bassin qui abrite la capitale politique du pays (Yaoundé), mais où de nombreux
problèmes socio-environnementaux sont observés, en l’occurrence les
inondations. En outre, les données et les nouveaux entrants aideraient à la
planification à long terme de la demande et de l'utilisation de l'eau, ainsi qu'à
l’amélioration des simulations futures du débit de ce cours d’eau. L'objectif
principal de cet article est donc de documenter le type et l'ampleur des
changements de régime de la Mefou dus aux changements climatiques et à
l’anthropisation.
Cadre d’étude
Situé entre 3°43ˈ et 3°58ˈ de latitude Nord, et entre 11°21ˈ et 11°35ˈ
de longitude Est, le bassin de la Mefou (sous-bassin en rive droite du bassin
du Nyong) couvre une aire de 428 km2 à Nsimalen (Fig. 1). Il s’agit d’un
bassin sub-équatorial (Olivry, 1986), avec des précipitations annuelles
oscillant autour de 1600 mm, réparties sur quatre saisons d’inégale
importance, dont deux sèches et deux pluvieuses. Les saisons de pluies (du
printemps et d’automne boréal) sont généralement très humides avec des
totaux records avoisinant 900 mm et marquées par de nombreux orages qui
occasionnent parfois des crues importantes. La saison sèche d’hiver est la
seule véritable saison sèche de la région, avec des précipitations moyennes
oscillant respectivement autour de 90 mm, la saison sèche d’été ayant tendance
à devenir de plus en plus humide dans la région depuis les années 80 (Liénou
et al., 2008). Le relief du bassin de la Mefou est caractérisé par des collines et
des plateaux aux versants convexes et de multiples vallées à fond plats
drainées par des cours d’eau. Le bassin de la Mefou est situé dans le domaine
Sud de la chaîne panafricaine Nord équatoriale au Cameroun d’âge 540 à 600
millions d’année, représenté ici par le groupe de Yaoundé qui est limité dans
sa partie australe par le craton du Congo. La série de Yaoundé est formée de
deux ensembles lithologiques distincts à savoir un ensemble métasédimentaire constitué des gneiss migmatitiques para dérivés à grenat,
disthène et muscovite et un autre fait de métaplutonite (gneiss ortho dérivé à
grenat, plagioclase et pyroclastique). Ces roches s’altèrent pour donner des
sols ferralitiques rouges ou jaunes qui sont rencontrés aux sommets des
collines et sur les versants de basses pentes. Les sols hydromorphes quant à
eux sont localisés dans les zones de bas-fonds marécageux. La végétation
rencontrée sur ce bassin est une forêt dense semi-décidue à Sterculiacées et
Ulmacées fortement soumise aux actions anthropiques (Letouzey, 1987).
Sources des données
La série de pluies utilisée dans cette étude est celle de la station de
Yaoundé. Couvrant la période comprise entre 1950-51 et 2018-19, elle a été
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obtenue auprès du service météorologique du Ministère des transports au
Cameroun et est dépourvue de lacunes.
La série de débits de la Mefou (1963-64 à 2018-19) provient du CRH
(Centre de Recherches Hydrologiques). Elle est lacunaire au cours des
décennies 1980 et 1990. En effet, après 1987, du fait des contraintes
budgétaires, le service hydrologique n'a plus garanti la continuité des
observations. On note alors l’abandon d’un grand nombre de stations
observées, dont celle du bassin étudié.
Les données spatiales utilisées pour l’étude de l’occupation du sol dans
le bassin de la Mefou sont essentiellement les images satellitaires Landsat 8
de janvier 2018 et Landsat MSS de mars 1973. Le bassin étudié s’étend
uniquement sur la scène 185/57 pour le premier capteur évoqué, et 199/57
pour le second. L’ensemble de ces images est mise à disposition du grand
public gratuitement par la National Aeronautics and Space Administration
(NASA),
via
le
site
de
l’US
Geological
Survey
(https://earthexplorer.usgs.gov/), au format GoeTIFF. Les images
téléchargées prises lors de la saison sèche d’hiver (décembre à mi-mars) ont
été préférées à celle des saisons de pluies, puisqu’elles sont moins affectées
par les perturbations nuageuses.
Figure 1. Localisation du bassin versant de la Mefou à Nsimalen
Analyse des données
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L’analyse des séries de pluies, des débits moyens et des coefficients
d’écoulement a été réalisée à l’aide des tests statistiques de détection de
rupture (corrélation sur le rang et test de Pettitt; Lubès et al., 1994), au seuil
de signification 95 %. Le test de Pettitt semble être celui le plus approprié pour
l’analyse des séries lacunaires comme les nôtres, parce qu’il sépare la série
uniquement en deux périodes ayant un comportement globalement distinct, ce
qui évite la détection des fausses ruptures comme on peut parfois l’observer
avec d’autres tests comme la segmentation d’Hubert (Ebodé et al., 2020a). Son
choix au détriment des tests de tendance (test de Mann-Kendall par exemple)
se justifie par le fait qu’il indique une date à partir de laquelle le changement
devient significatif statistiquement parlant (rupture), ce qui permet une
meilleure appréciation de la variabilité. Son principe consiste à diviser la série
étudiée (d’effectif N) en deux sous échantillons respectivement de tailles m et
n. On calcule alors la somme des rangs des éléments de chaque sous
échantillon dans l’échantillon total. Une étude statistique est ensuite réalisée à
partir des deux sommes ainsi déterminées, puis elle est testée selon
l’hypothèse d’aucune appartenance des deux sous échantillons à la même
population. Le test de Pettitt est non paramétrique et dérive de celui de Mann
Whitney. L’absence de rupture dans la série (Xi) de taille N constitue
l’hypothèse nulle. Sa mise en œuvre suppose que pour tout instant T compris
entre 1 et N, les séries chronologiques (Xi)i -1 à t et t +1 à N appartiennent à
la même population. La variable à tester est le maximum en valeur absolue de
la variable U t, N défini par :
𝑈𝑡, 𝑁 = Ʃ𝑡𝑖=1 Ʃ𝑁
𝑖=𝑡+1 𝐷𝑖𝑗
Où Dij = Signe (Xi – Xj) avec : signe (x) = 1 si x > 0, 0 et -1 si x < 0
Si l’hypothèse nulle est rejetée, une estimation de la date de rupture est
donnée par l’instant définissant le maximum en valeur absolue de la variable
Ut, N.
Dans l’optique d’apprécier le comportement des débits extrêmes,
l’outil Indicators of Hydrologic Alteration (IHA), version 7.1, développé par
The Nature Conservancy a été utilisé. Cet outil offre la possibilité de comparer
les paramètres caractérisant les régimes d’écoulements sous différentes
conditions (Richter et al., 1998). Il utilise les valeurs journalières de débits et
produit plusieurs statistiques importantes. On s’intéressera uniquement à 4
d’entre elles jugées essentielles pour cette étude, parmi lesquelles : la moyenne
et le coefficient de variation des différentes gammes de débits extrêmes, la
date julienne du minimum et maximum annuel. En divisant la série de valeurs
en période avant et après la rupture, l’outil calcule le changement survenu dans
l’évolution de chacun de ces paramètres après la rupture.
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La classification supervisée par maximum de vraisemblance des
images satellitaires Landsat téléchargées, et ce, à l’aide du logiciel SNAP (en
accès libre), nous a permis d’effectuer une analyse diachronique de l’évolution
de l’occupation du sol dans le bassin étudié. Cette opération a été précédée des
opérations de prétraitement et de reconnaissance d’objets sur le terrain par
photographie et GPS (Global Positioning System). Le prétraitement des
images satellites se réfère à l’ensemble des procédés appliqués aux données
brutes pour corriger les erreurs géométriques et radiométriques qui
caractérisent certaines images satellites. Les images Landsat téléchargées
étant orthorectifiées, le prétraitement a concerné la correction atmosphérique
de ces images et leur reprojection dans le système local
(WGS_84_UTM_Zone_32N). Trois indices sont donc créés, à savoir : l’indice
de végétation normalisé (NDVI), l’indice de brillance (IB) et l’indice
normalisé d’humidité (NDWI). Ces indices mettent respectivement en
évidence les surfaces végétalisées, les éléments stériles (non chlorophylliens)
comme l’urbain et les plans d’eau. Leurs formules sont les suivantes NDVI =
(PIR - R)/(PIR + R) ; IB = (R2 + PIR2)0,5 et NDWI = (PIR - MIR)/(PIR + MIR),
avec PIR : réflectance au sol de la surface dans le canal proche infrarouge ; R :
réflectance au sol de la surface dans le canal rouge et MIR : réflectance au sol
de la surface dans le canal moyen infrarouge. Etant donné que les bassins
étudiés s’étendent sur plusieurs scènes, les opérations de rehaussement ont été
suivies de la mosaïque des différentes scènes utilisées à chaque date.
L’utilisation de Google Earth, ainsi que les espaces échantillonnés à partir du
GPS ont permis d’identifier avec certitude les espaces ruisselants (bâti,
savanes, sols nus et cultures), les plans d’eau (larges rivières, lacs et étangs) et
les forêts (secondaires, dégradées, non dégradées et marécageuses) de chaque
mosaïque.
Résultats et discussion
Evolution des écoulements
Les principaux traits et tendances de la variabilité hydrologique dont il
est fait état ici sont ceux qui ont été décelés pour les débits moyens (annuels
et saisonniers) et extrêmes (maximums et minimums).
Le test de Pettitt appliqué à la série des modules annuels et saisonniers
de la Mefou met en évidence une rupture majeure à la hausse dans les
différents cas au cours de l’année hydrologique 1985-86 (tableau 1). Les taux
de variation qui en découlent se situent entre +27,8 % (automne) et +66,4 %
(printemps). L’analyse des écarts décennaux révèlent également une
augmentation des écoulements de la Mefou depuis la décennie 1980, bien
qu’une légère flexion soit en général observée au cours de la décennie 2010
(tableau 2). Une comparaison effectuée avec d’autres rivières équatoriales
comme le Ntem et l’Ogooué, ou même avec le Nyong dont les séries
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chronologiques des modules annuels ont été analysées selon la même
approche (Liénou et al., 2008 ; Conway et al., 2009), fait apparaître des
évolutions en opposition de phase et en même temps décalées par rapport à la
Mefou. Tout d’abord, la rupture statistiquement significative qui a été décelée
marque, dans le cas étudié, le début d’une période hydrologique excédentaire
alors que c’est une évolution en sens inverse qui est observée sur les rivières
suscitées. Il apparaît ensuite que celle-ci est plus tardive sur la Mefou (198586) ; a contrario, elle s’est produite beaucoup plus tôt sur les trois autres
rivières objets de la comparaison : plus exactement en 1977 sur l’Ogooué à
Fougamou, en 1971 sur le Ntem à Ngoazik et en 1973 sur le Nyong à
Mbalmayo.
Tableau 1. Résultats du test de Pettitt appliqué aux pluies, débits et coefficients
d’écoulement annuel et saisonnier du bassin de la Mefou sur leurs périodes d’étude
respectives
Pluies
Débits
Ke
Variatio
Variatio
Variation
n
n
(%)
Périodes
Rupture
Rupture
Rupture
(%)
(%)
198586
Annuel
+55,2
1985-86
+291,8
1985Printemps
+66,4
1985-86
+88,7
86
198586
Eté
1979-80
+42,8
+62,8
2004-05
+76,6
198586
Automne
1972-73
-11
+27,8
1985Hiver
1978-79
-39
86
+40
1985-86
+430,4
En s’intéressant aux débits extrêmes, on note une augmentation de
l’ensemble des gammes de minimums et de maximums après la rupture. Les
minimums ont augmenté suivant des taux allant de +57,1% (minimum sur 90
jours) à 82,3% (minimum sur 7 jours) (tableau 3). Les augmentations des
maximums sont comprises entre 31,2% (maximum sur 7 jours) et 46,5%
(maximum sur 90 jours). Si pour les volumes des eaux de crue écoulée à
l’exutoire on note une évolution à la hausse, tel n’est cependant pas le cas pour
les dates d’apparition du maximum et du minimum annuel qui, après la date
de rupture, sont respectivement passées en moyenne de 302 à 180 et de 88 à
71 (Tableau 3). Tout ceci reflète une plus grande sensibilité du bassin versant
aux précipitations saisonnières capables de produire des écoulements rapides
de crue sur les versants et de conduire à une réponse rapide du cours d’eau à
l’exutoire. Les effets de l’urbanisation sur les écoulements ont déjà été mises
en évidence dans un bassin plus étendu de la région étudiée, en occurrence
celui du Nyong (Ebodé et al., 2020b). Ces derniers se traduisent non seulement
par un maintien des maximums, alors que les pluies qui les génèrent
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diminuent, mais aussi par une précocité dans leur date moyenne d’apparition
au fil du temps.
Tableau 2. Ecarts (%) des moyennes décennales annuelles et saisonnières des pluies, débits
et coefficients d’écoulement par rapport à leurs moyennes interannuelles sur le bassin de la
Mefou
Variables
Décennies
Ecarts décennaux
Annuel
Printemps
Eté
Automne
Hiver
Pluies
1950
3,1
7,5
-27,1
3,9
20,4
1960
8
4,8
-5
10,5
38,4
1970
-3
3,5
-24,7
-7,7
20,8
1980
4,7
2,9
30,2
4,7
-30,6
1990
-9,7
-19,4
19,3
-5,6
-19,5
2000
5,7
8,4
18,1
0,4
-1,2
2010
-12,6
-11,2
-15,1
-9
-41,2
Débits
1960
-18,7
-29,8
-35,7
-10,4
-11,7
1970
-30,4
-33,5
-38,8
-18,2
-29,3
1980
26,7
9,3
48,3
28,2
24,5
1990
2000
23,6
28,5
24,8
12,4
17,3
2010
14,8
21,8
7,2
9,7
0,3
Ke
1960
-55,7
-29,4
-40,8
-18,2
-61,8
1970
-65,4
-35,7
-7,0
-1,0
-76,9
1980
-2,1
-10,2
-25,6
0,3
-0,2
1990
2000
-4,4
24,6
17,3
6,8
-8,9
2010
137,2
43,7
41,2
10,7
161,2
Les facteurs explicatifs des fluctuations hydrologiques observées
La différence d’évolution entre les écoulements de la Mefou et celles
des autres cours d’eau équatoriaux nécessitent des explications qui peuvent
être trouvées en examinant les modifications hydrologiques observées à la
lumière des changements climatiques et environnementaux observés dans le
bassin sur le même laps de temps.
Des altérations hydrologiques incorporant les effets des changements des
modes d’occupation du sol
Une analyse de détection des changements menée sous SNAP, par
comparaison diachronique des résultats des classifications supervisées
effectuées à partir des images Landsat (MSS de 1973 et Landsat 8 de 2018),
montrent d’importantes évolutions dans les modes d’occupation et
d’utilisation des sols dans le bassin de la Mefou (Fig. 2). De façon générale,
on note une augmentation significative des espaces imperméabilisés
(constitués du bâti, de la voirie et des zones de culture) d’environ +530 %
(Tableau 4). Cette augmentation se fait au détriment des espaces forestiers et
des plans d’eau qui diminuent respectivement de -52,9 % et de -80,4 %
(Tableau 4). Des constats similaires avaient déjà été faits par d’autres auteurs
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en Afrique centrale (Ebodé et al., 2020b) et occidentale (Mahé et al., 2003 ;
D’Orgeval et Polcher, 2008 ; Souley yero et al., 2008 ; Kergoat et al., 2007 ;
Leblanc et al., 2008).
Tableau 3. Statistiques relatives aux débits maximums et minimums de la Mefou avant et
après la rupture
Moyenne
Coefficient de
(m3/s)
variation (%)
Variation
Après
la
Avant la
Après la
Avant la
m 3/
rupture
rupture
rupture rupture
s
Paramètres IHA
%
Débits minimums
+1,
1,5
2,6
0,33
0,34
1
Minimum sur 1 jour
+73,3
+1,
1,6
2,9
0,27
0,31
3
Minimum sur 3 jours
+81,2
+1,
1,7
3,1
0,25
0,29
4
Minimum sur 7 jours
+82,3
+1,
2,3
3,9
0,27
0,28
6
Minimum sur 30 jours
+69,5
Minimum sur 90 jours
3,5
5,5
0,27
0,22
+2
+57,1
Débits maximums
+6,
16,4
23,1
0,31
0,19
7
Maximum sur 1 jour
+40,8
Maximum sur 3 jours
15,3
20,3
0,31
0,13
+5
+32,6
+4,
14,1
18,5
0,32
0,12
Maximum sur 7 jours
+31,2
4
+4,
11,7
15,8
0,35
0,14
1
Maximum sur 30 jours
+35
+4,
8,8
12,9
0,34
0,19
1
Maximum sur 90 jours
+46,5
Date julienne
du minimum
88
71
du maximum
302
180
Des changements de ce type et d’une telle ampleur ne peuvent
qu’induire des altérations hydrologiques, les plus perceptibles étant, dans le
cas étudié, l’augmentation des écoulements moyens et extrêmes et la précocité
dans l’observation des maximums. S’agissant de l’augmentation des
écoulements, il faut relever que dans un contexte où les précipitations des
saisons pluvieuses qui génèrent les débits maximums diminuent (Tableaux 1
et 2), le plus logique aurait été qu’on assiste à leur diminution, ce qui n’est
pourtant pas le cas. Le taux d’urbanisation actuel de ce bassin semble être le
facteur le plus pertinent pour justifier cette tendance. Dans ce cas, la
diminution des précipitations semble avoir été compensée par l’accroissement
du ruissellement. Les coefficients d’écoulements moyens annuels de ce bassin
augmentent en effet significativement depuis la décennie 1980 (tableaux 1 et
2), à la suite d’une phase d’urbanisation accélérée dans la partie ouest de ce
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bassin (région de Yaoundé) à partir de la décennie 1980, consécutivement aux
opérations de lotissement entrepris depuis la fin des années 1970 par les
autorités municipales (Dzana et al. (2004). S’agissant de la précocité des
maximums, les changements d’états de surface observés réduisent la durée
nécessaire à leur apparition par l’accentuation du ruissellement qu’ils
occasionnent.
Des seuils de surfaces imperméabilisées au-delà desquels
l’urbanisation est supposée avoir, à l’échelle du bassin versant, une influence
statistiquement significative sur les écoulements de rivière sont proposés dans
la littérature, quoique les chiffres avancés par les différents auteurs soient
quelque peu antinomiques. Booth et Jackson (1997) situe ainsi ce seuil à 10 %
de surfaces imperméabilisées, tandis que Brun et Band (2000) le situe à 20 %.
Dans tous les cas, en restant strictement dans les limites du bassin versant de
la Mefou défini par rapport à la station de Nsimalen d’une part, et en prenant
en considération les surfaces urbaines (bâti et voirie) évaluées à partir de
l’image Landsat 8 de 2018 d’autre part, il apparaît que ces taux
d’imperméabilisation, qui excèdent 50 %, sont largement dépassés dans le cas
étudié. Dans ces conditions, il est logique que des altérations hydrologiques
comme celles qui ont été mises en évidence puissent survenir dans ce bassin
versant. L’impact de l’urbanisation sur les écoulements a maintes fois été
signalé dans des études faites en Afrique subsaharienne (Kouassi, 2007 ;
Leblanc et al., 2008 ; Amogu et al., 2010). Ces travaux ont mis évidence une
hausse des écoulements moyens, suite à une augmentation des espaces
imperméabilisés dans les bassins des cours d’eau étudiés.
Figure 2. Changements observés dans la distribution spatiale des principaux modes
d’occupation du sol du bassin de la Mefou entre 1973 et 2018 EI : espaces imperméabilisés
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Tableau 4. Evolution des principaux modes d’occupation du sol dans le bassin versant de la
Mefou entre 1973 et 2018
Superficies
Classes
(Km2)
Variation
1973
2018
Km2
%
Forêt
384,2
181,1
-203,1
-52,9
EI
Plan
d'eau
39,2
247
207,8
530
4,6
0,9
-3,7
-80,4
Le rôle amplificateur des variations des précipitations dans les fluctuations
hydrologiques observées
Les pluies d’été sont les seules qui augmentent significativement dans
le bassin de la Mefou, et ce, depuis 1979-80. L’excédent noté est de +42,8%
(Tableau 1). Les précipitations annuelles et celles des autres saisons
diminuent. Les baisses statistiquement significatives sont relevées pour les
pluies d’automne (en 1972-73) et d’hiver (en 1978-79). Les déficits
respectivement enregistrés après la rupture dans ces deux cas sont de -11% et
de -39% (Tableau 1).
Les différents cas où l’on observe une rupture à la baisse (automne et
hiver) sont aussi ceux pour lesquels les augmentations des écoulements sont
les moins importantes après la rupture commune de 1985-86. Par contre, les
augmentations des écoulements les plus importantes sont observées dans les
cas où l’on note une rupture à la hausse (été) ou une absence de rupture
(printemps). De même, la décennie 2010, caractérisée par une chute
importante des précipitations, se trouvent aussi être celle pour laquelle les
surplus observés depuis la décennie 1980 sont en général les plus faibles, en
dehors du printemps pour lequel le surplus reste relativement élevé (Tableau
2).
Conclusion
Le bassin versant de la Mefou a connu entre 1973 et 2018, des
changements d’occupation du sol essentiellement marqués par un
accroissement important des espaces imperméabilisés (+530 %) au détriment
des surfaces forestières (-52,9 %) et des plans d’eau (-80,4 %). Ces
changements ont provoqué non seulement une hausse significative des
écoulements moyens et extrêmes de son collecteur principal depuis 1985-86,
mais aussi une précocité dans l’observation des maximums. Les évolutions
pluviométriques observées dans ce bassin ont contribué à amplifier cette
augmentation dans certains cas, et à la réduire dans d’autres. L’été et le
printemps pour lesquels les pluies ont respectivement enregistré une rupture à
la hausse et une absence de rupture sont également les saisons pour lesquelles
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les augmentations des écoulements sont les plus importantes. A l’inverse,
l’automne et l’hiver qui ont enregistré des diminutions significatives des pluies
ont connu les augmentations les moins importantes.
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