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La Garde Républicaine : une épée de Damoclès sur l’alternance démocratique en RDC – JJ Wondo –

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La Garde républicaine  (GR) : une épée de Damoclès sur l’alternance démocratique en RDC

Plaidoyer pour la dissolution et la reconversion de la GR

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Introduction

L’un des postulats énoncés par Stanisław Andrzejewski est que « des forces armées oisives, sans menace extérieure à contrer, risquent davantage de s’ingérer dans la politique intérieure »[1]. En Afrique, depuis les indépendances, les relations entretenues par les gouvernements et les populations avec leurs armées sont marquées par une dangereuse illusion. Les États ont cru que les forces de sécurité, parce que armées, représenteraient ce robuste socle sur lequel reposeraient la paix et la stabilité du pouvoir politique. On espérait qu’en cas de troubles graves les militaires, « seule force organisée » au sein d’Etats décadents, pourraient légitimement s’ériger en sauveurs de demeures en péril[2].

Les gardes présidentielles sont des acteurs politiques importants en Afrique. Au Burkina Faso, par exemple, durant la mutinerie de 2011, où le régime de Blaise Compaoré a failli être emporté, la situation est restée relativement maîtrisée jusqu’à ce que les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), aient à leur tour rejoint les autres mutins de l’armée, contraignant Compaoré à accepter leurs revendications. Du fait de ces concessions, le même RSP a réagi violemment pour mettre fin définitivement à la mutinerie de l’armée[3].

Depuis le début de l’année 2015, la République démocratique du Congo (RDC) traverse une période politique de fortes turbulences, secouée d’abord par une tentative d’insurrection populaire contre le vote du projet de loi électorale qui visait à consacrer le report des élections – appelé communément glissement – en conditionnant la tenue des élections à l’organisation du recensement de la population. La révolte populaire a été violemment réprimée par les éléments de la Garde républicaine (GR), chargée de la sécurité présidentielle, et de la police nationale congolaise. Cette année 2016, outre les multiples arrestations des opposants, activistes des droits de l’homme, la GR s’est illustrée dans une répression atroce des manifestants à Kinshasa, les 19 et 20 septembre 2016[4].

En RDC, la « collusion » et la « collision » entre l’armée et la politique semblent rentrer dans la marche normale des institutions du pays dès le lendemain de son accession à l’indépendance. En effet, depuis son indépendance, l’alternance au pouvoir en RDC ne s’est opérée que soit par un coup d’état militaire ou l’assassinat du président par les militaires, jamais par une passation pacifique du pouvoir par la voie des élections libres et transparentes.

Cet article propose d’analyser la place de la garde présidentielle congolaise dans l’armée, son rôle et son impact néfastes dans l’évolution politique et institutionnelle actuelle de la RDC, à quelques jours de la fin de mandat du président Kabila, marquée par une forte polarisation de la tension politique.

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La Garde républicaine  (GR) : une épée de Damoclès sur l’alternance démocratique en RDC

Plaidoyer pour la dissolution et la reconversion de la GR

Par Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Introduction

L’un des postulats énoncés par Stanisław Andrzejewski est que « des forces armées oisives, sans menace extérieure à contrer, risquent davantage de s’ingérer dans la politique intérieure »[1]. En Afrique, depuis les indépendances, les relations entretenues par les gouvernements et les populations avec leurs armées sont marquées par une dangereuse illusion. Les États ont cru que les forces de sécurité, parce que armées, représenteraient ce robuste socle sur lequel reposeraient la paix et la stabilité du pouvoir politique. On espérait qu’en cas de troubles graves les militaires, « seule force organisée » au sein d’Etats décadents, pourraient légitimement s’ériger en sauveurs de demeures en péril[2].

Les gardes présidentielles sont des acteurs politiques importants en Afrique. Au Burkina Faso, par exemple, durant la mutinerie de 2011, où le régime de Blaise Compaoré a failli être emporté, la situation est restée relativement maîtrisée jusqu’à ce que les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), aient à leur tour rejoint les autres mutins de l’armée, contraignant Compaoré à accepter leurs revendications. Du fait de ces concessions, le même RSP a réagi violemment pour mettre fin définitivement à la mutinerie de l’armée[3].

Depuis le début de l’année 2015, la République démocratique du Congo (RDC) traverse une période politique de fortes turbulences, secouée d’abord par une tentative d’insurrection populaire contre le vote du projet de loi électorale qui visait à consacrer le report des élections – appelé communément glissement – en conditionnant la tenue des élections à l’organisation du recensement de la population. La révolte populaire a été violemment réprimée par les éléments de la Garde républicaine (GR), chargée de la sécurité présidentielle, et de la police nationale congolaise. Cette année 2016, outre les multiples arrestations des opposants, activistes des droits de l’homme, la GR s’est illustrée dans une répression atroce des manifestants à Kinshasa, les 19 et 20 septembre 2016[4].

En RDC, la « collusion » et la « collision » entre l’armée et la politique semblent rentrer dans la marche normale des institutions du pays dès le lendemain de son accession à l’indépendance. En effet, depuis son indépendance, l’alternance au pouvoir en RDC ne s’est opérée que soit par un coup d’état militaire ou l’assassinat du président par les militaires, jamais par une passation pacifique du pouvoir par la voie des élections libres et transparentes.

Cet article propose d’analyser la place de la garde présidentielle congolaise dans l’armée, son rôle et son impact néfastes dans l’évolution politique et institutionnelle actuelle de la RDC, à quelques jours de la fin de mandat du président Kabila, marquée par une forte polarisation de la tension politique.

Il est assisté de deux Commandants Adjoints, officiers généraux ou supérieurs.  

En réalité, la GR échappe à l’autorité du chef d’Etat-major général des FARDC. Elle relève de l’autorité directe du chef de l’Etat par l’entremise du chef d’état-major privé du chef de l’Etat au sein de la Maison militaire de la présidence. Elle évolue en toute impunité et échappe de ce fait à tout contrôle étatique du ministère de la Défense, comme une milice autonome. Elle n’a pas subi l’épreuve de brassage[14].

L’arrestation illégale du député Martin Fayulu par les éléments de la GR en février 2016[15] et la répression brutale des manifestants les 19 et 20 septembre 2016[16] illustrent le rôle néfaste que jouent les gardes présidentielles dans des régimes en Afrique. On peut également citer le passage à tabac mortel en 2010 d’un policier de la brigade routière de Kinshasa par les gardes du corps (tous membres de la GR) du frère du président, Zoé Kabila. La GR s’est également négativement illustrée dans la répression brutale contre les adeptes du prophète Mukungubila, le 30 décembre 2013[17]. En janvier 2015, la même GR avait sauvagement réprimé dans le sang des manifestants hostiles au projet du président Kabila de vote d’une loi visant à avaliser le glissement du calendrier électoral en conditionnant l’organisation des élections à la réalisation du recensement général. La GR a été particulièrement stigmatisée dans le rapport du Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) en RDC sur les violations graves des droits de l’homme commises par des membres des forces de défense et de sécurité congolaises dans la ville de Kinshasa entre le 26 novembre et le 25 décembre 2011[18].

Dans un souci d’étendre sa mainmise personnelle sur l’ensemble du pays, le président Kabila a déployé la GR aux principaux aéroports et dans les sites sensibles et stratégiques de la capitale et de la ville de Lubumbashi, alors que cette mission est dévolue à la Police nationale congolaise.

Kabila-militaires GR

Structure, organisation et répartition de la GR sur le terrain

La nouvelle structure de la Garde républicaine mise en place en juin 2016 est composée de 10 régiments (Rgt) de combats au lieu des trois anciennes brigades[19] ayant chacun un effectif théorique de 1800 hommes. A ces régiments s’ajoute un quartier général ou état-major /services qui a aussi la taille d’un régiment de 2000 hommes suivant le modèle français. Chaque régiment est structuré en 3 bataillons de 550h+1 compagnie état-major/services d’environ 150 hommes.

structure-et-organisation-grSources : Enquêtes et recherches croisées DESC

Unités GR déployées et commandants des camps Kimbembe (Lubumbashi) et Tshatshi (Kinshasa Ngaliema)

Les unités de la GR déployées à Lubumbashi

L’actuel commandant du Camp Kimbembe est le lieutenant-colonel Simon Nkulu.

Le colonel Etienne Monga est le commandant du 13èmerégiment d’infanterie spéciale GR.

  • Deux régiments d’infanterie spéciale de la GR (13ème et 18ème) sont stationnés au camp Kimbembe
  • Le 105ème bataillon blindé du 16ème régiment blindé de la GR avec des chars de combats T-72 AV, M-84, T-55 M-2 + blindés de combats BMP-1, BTR-60, BTR-50 est aussi stationné dans le même camp Kimbembe.

Les unités de la GR stationnées à Kinshasa

Le colonel Kanarsky Mbuyu est le commandant du camp Tshatshi.

Le colonel Mpanga est le commandant du 14ème régiment d’infanterie spéciale stationné au camp Tshatshi. C’est un Mulubakat. Selon une source militaire de la GR, son unité possède des missiles sol-sol, Scud-C, Frogf-7 ainsi qu’une panoplie de missiles sol-air SAM7/8/9/13/14 et des missiles BUK-5 Thor. Mpanga a été formé au Soudan et en Iran pendant cinq ans, entre2 006 et 2011. Il parle couramment l’arabe et le persan.

Le Colonel Abdallah Kayumba Mwepu est le commandant du 17ème régiment d’infanterie spéciale stationné au camp Tshatshi.

Le colonel Steve Mikombe, alias Mike Alpha, est un Songye de la province de Lomami, commandant du 16ème régiment blindé GR. Il est très proche du général Ilunga Kampete.

Le colonel Viator Ilunga Banza est le commandant adjoint du 14ème régiment de sécurité et honneur. Il s’occupe en même temps du commandement des unités GR dans le secteur opérationnel de Kinshasa-Ouest depuis la répression de septembre 2016.

Le Lieutenant-colonel Herickson Inyengele Bakati, surnommé Espoir du Chef, est le commandant du 15ème régiment commando de la GR. Depuis la répression de septembre 2016. Il est chargé du commandement des unités GR dans le secteur opérationnel de Kinshasa-Est depuis la répression de septembre 2016.

Le colonel Klein Yav Nawej, actuel commandant de la base stratégique GR de Kibomango où sont stockées l’esentiel de l’armement de la GR, en plus de la base de Mbakana. Il a suivi dans le courant de 2016 une formation de technicien d’état-major au Caire en Egypte, à l’Ecole de commandement d’état-major.

Chaque camp militaire est une unité administrative avec son propre état-major commandement et ses services.

Chaque commandant de camp est assisté de 2 adjoints:
  • Un adjoint chargé des opérations et renseignements
  • Un adjoint chargé de l’administration et logistique.

Au total, la GR comprend un effectif théorique d’environ 18 050 hommes. Ce chiffre ne tient pas compte du personnel de l’état-major services. Il s’agit d’un effectif correspondant à une « division » d’armée. Un effectif qui approche l’effectif de l’armée Burundaise (20 000 soldats) et dépasse la moitié des effectifs des RDF (Rwanda Defence Force : 32 000 hommes), selon les données de The Military Balance 2015 de IISS[21] concernant ces deux armées. Il faut admettre aussi que l’unité a connu beaucoup de cas de désertion ces derniers mois. Cet effectif est donc à relativiser.

Gen Ilunga Kampete - Commandant de la GR

Gen Ilunga Kampete – Commandant de la GR

Sur papier, la GR et son commandant sont placés sous l’autorité administrative du chef d’état-major général des FARDC. Mais la réalité sur le terrain est toute autre. A l’instar de l’ex-RSP du Burkina Faso[22], l’autorité fonctionnelle de la GR dépend directement du général d’armée François Olenga Tete, le chef d’état-major particulier du président Kabila, alors que le commandement opérationnel est assuré par son chef de corps, le général de brigade Gaston-Hughes Ilunga Kampete[23]. Donc, à l’instar du défunt RSP burkinabè, la GR ne relève pas de l’autorité fonctionnelle du chef d’état-major général des FARDC ni de la responsabilité du ministre de la Défense, mais bien directement de celui du chef de l’Etat. Ce qui fait qu’en cas de commission de graves crimes contre les droits humains, outre la responsabilité opérationnelle de son commandant, le général Ilunga Kampete et celle des commandants des unités respectives en opérations (section, peloton, compagnie, bataillon, régiment ou brigade), les responsabilités pénales directes du Président de la république (Joseph Kabila) et de son chef d’état-major particulier (Général Olenga François) peuvent directement être engagées[24].

Dans notre ouvrage Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?, on peut lire : « La Garde républicaine, chargée de la protection du chef de l’État a longtemps été commandée par le général-major Dieudonné Banze, un Mulubakat. Depuis le 16 novembre 2014, c’est un autre Mulubakat, le général de brigade Gaston Ilunga Kampete qui en assure le commandement. Elle a un effectif tournant autour de 15.000 hommes selon des sources officielles, mais de 18.700 hommes selon des sources internes de la GR ».

Capacité de feu de la Garde républicaine :

Par moments et suivant la menace, comme en 2013, lors de la guerre contre le M23, la GR peut constituer une task force[25] d’appui composée de 6.000 hommes. Cette task force de la GR était composée de deux brigades motorisées d’assaut disposant chacune de 3.000 hommes comprenant des unités d’infanterie, d’artillerie lourde, de blindés ainsi que le bataillon commandos spécialisés dans le combat de nuit. La task force de la GR disposait des matériels militaires très performants comme les chars de combats T-72/80 avec canons de 125 mm optimisés plus télémètre laser et blindages millefeuilles, des blindés BMP-3 équipés de canons de 73 mm coaxial c’est-à-dire à capacité de tirs rapides électrique alors que la force terrestre dispose des BMP-1 avec canons de 73mm manuel, les blindés tchèque M 53/59 de type Praga avec double canons de 57 mm de la GR ont été utilisés avec efficacité car c’est un blindé à roue donc facilement maniable dans les zones montagneuses, pour l’artillerie lourdes aussi des canons de 122 mm automoteurs 2S1 ainsi que les canons de 203 mm automoteurs 2S7 alors que les forces terrestres n’ont que de pièces d’artillerie tractées donc statiques. La GR possède également des pièces d’artillerie mobile, bref ces unités sont formées par les instructeurs nord-coréens à Mura et à Kibomango. Elle a également acquis des missiles sol-sol Scud-C et Frog-7 ainsi que des missiles sol-air Buk-5 Thor qui sont montés sur place en RDC par des techniciens russes »[26].

Depuis la fin de l’année 2015, la GR ne cesse de se surarmer anormalement au détriment du reste de l’armée. C’est comme si elle se préparait à une guerre imminente[27]. En juillet 2015, la GR a acquis des matériels militaires lourds comprenant notamment des chars T-80 M et des lance-roquettes multiples de nouvelles générations TOS-1 de 220 mm de fabrication russe surnommé Buratino, ainsi que des matériels sensibles comme les missiles sol-air S-300 et sol-sol SS 21 Tochka[28].

En avril 2014, deux bateaux serbes ont quitté le port monténégrin de Pogdorica en direction de Boma. Ils embarquaient dans leurs cales un chargement de 120 véhicules blindés automoteur anti-aériens M-53/70 équipés de canons anti-aériens et de jumelles de 57 mm. Le M-53/70 est la version serbe du véhicule blindé M-53/59 d’origine tchèque. La Serbie en a acquis la licence et en produit une version modernisée qu’elle exporte principalement vers la RDC, la Libye, le Srilanka et la Birmanie. Outre les 120 M-53/70, les deux navires transportaient également 80 véhicules blindés de combat d’infanterie de type BOV-M1-11 (version serbe du véhicule blindé de combat d’infanterie BMP-1 russe équipé d’un canon de 73 mm et d’un missile anti-char AT-4 Spigot). Dans le même convoi, on signale également la présence de 24 véhicules VTT-55 d’origine russe utilisé par l’armée serbe. Il s’agit de dépanneuses des chars. Le reste de la cargaison est composée d’armes légères dont 21.000 fusils d’assaut M-70 (version serbes de kalachnikov AK-47), des fusils mitrailleuses M-84, des lance-roquettes RPG-7, des mortiers de 82 mm, des canons sans recul SPG-9 ainsi que des lance-grenades M-11. Tout cet armement est livré par la firme serbe Zastava arms[29] qui travaille directement avec la Présidence de la république de la RDC et non avec le ministère congolais de la Défense[30]. L’énumération de l’armement de la GR est à titre indicative, donc pas exhaustive.

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La forte capacité militaire de nuisance inquiétante de la GR

En RDC, comme dans la plupart des pays africains[31], la GR est considérée comme l’unité d’élite de l’armée. Avec les éléments détaillés ci-dessus, personne ne doute de sa puissance de frappe. La GR, associée aux Forces de réaction rapide (FRR) détournées de leur mission pour s’occuper de la protection présidentielle, est une armée parallèle capable de mater le reste des troupes des FARDC.

A plusieurs reprises, DESC a fait état des achats des matériels militaires lourds et performants pour la GR[32] et non pas pour l’armée. Nous pouvons par exemple relever la commande de 250 véhicules blindés PVP (petit véhicule protégé) de marque Plasan Sand Cat[33] de fabrication israélienne dont une centaine est entreposée à Kibomango à Kinshasa et le reste à Kimbembe, au camp de la Garde républicaine à Lubumbashi. C’est l’entreprise israélienne de sécurité privée BTS[34] (Beni Tal Security) qui les a livrés. Ces véhicules, utilisés en Palestine contre l’intifada, sont arrivés en RDC depuis le mois d’aout 2014. La firme israélienne a également fourni des armes légères comme les mitrailleuses Negev et Tavor ainsi que des pièces de mortiers de 81mm et de 120 mm. Dans le lot, il y a également une grande quantité des casques plastiques, des gilets pare-balles ainsi que divers équipements de transmission sécurisés (cryptés)[35]. C’est comme si la GR se préparait à des actions de guérilla urbaine au Katanga et à Kinshasa.

Dans un commentaire posté sur DESC, l’ancien officier ex-FAZ[36] El Mahoya Kiwonghi déclare : « Nous espérons que Mr Wondo fait (déjà) un travail de recherche aussi brillant que celui qu´il présente au sujet du Burkina Faso. C’est que même si l´histoire politique de la RDC n´est pas comparable à celle du Burkina Faso où une « caste » des militaires exercent des fonctions politiques depuis l’indépendance par le canal des coups d’État, les faits que Mr Wondo rapporte sur l´organisation de la RSP du Burkina[37] sont proches de la réalité de la GR de la RDC. La GR est surarmée par rapport à la RSP et possède en plus une expérience du combat, le « Combat proven ». L’actuel commandant de la GR, Ilunga Kampete, ex-officier de la DSP est un spécialiste en infanterie mécanisée formé en Israël et par les experts du Tsahal[38], a fait ses preuves face au M23[39]. La GR possède une puissance de feu respectable avec son artillerie de saturation, ses chars et une supériorité logistique par rapport au reste des unités des FARDC. Mieux encore, l’actuel commandant de la Force Terrestre, le général Dieudonné Banze, est issu de la GR où il avait exercé les fonctions de commandant, en plus de sa brillante formation à l’école supérieure militaire de Binza dans les rangs des FAZ. Ainsi, la GR possède « deux » commandants, tous ex FAZ possédant une solide formation militaire. Mieux que le RSP, la GR est une « armée » énorme, bien que « sous-payée » comme l’affirme Herman Cohen sur Al Jazeera [40] ».

« La DSP où nous avons fait un stage d´entrainement de « leadership » sous les ordres des officiers du Tsahal (juste après un stage d´entrainement commando à Kota-Koli à l’Equateur) inspire certainement la GR dans son fonctionnement actuel. Mais, la DSP n’avait pas fait face à l´invasion du Zaïre par le Rwanda et l’Ouganda (AFDL). L’actuel commandant de la GR qui servait dans la DSP à l´époque possède sans doute une analyse « historique » des causes de la défection ou… du désengagement de la DSP[41]. Contrairement à la DSP, la GR figure (déjà) en bonne place dans la planification de l´opposition où cette question est capitale afin d´assurer l´alternance politique pacifiquement. Si la DSP s’étaient « désengagée », c´est avant tout à cause de la pression psychologique où ses membres en grande majorité recrutés dans le Nord-Ubangi s´étaient sentis trahis par leur commandant, le général Nzimbi. Tandis que la GR qui possède aussi un autre background historique avec la « Gendarmerie Katangaise » dont les membres avaient trouvés asile en Angola, aura une autre lecture de la situation. Les membres de la GR ne voudront sans doute pas à expérimenter l’exil comme la Gendarmerie Katangaise ou la DSP. Au contraire, les membres de l´opposition dont certains ont eu en charge la sécurité du pays, auront sans doute à cœur de mieux préparer la « transition » de la GR dans le reste des FARDC. C’est le cas notamment de Pierre Lumbi, l’ancien Conseiller spécial en matière de sécurité du Président Kabila et le recours à d’autres experts congolais qui peuvent efficacement aider les nouvelles institutions (dans l’après-Kabila) à négocier l´avenir de la GR. »

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Nécessité de dépolitiser l’environnement dans lequel opèrent les forces armées

Une disposition qui se retrouve dans pratiquement toutes les Constitutions africaines est que le président élu par la population civile est également le commandant en chef des forces armées. Pour inculquer le principe du contrôle des forces armées par les civils, les politiciens doivent impérativement être plus transparents et participer davantage à la réforme du secteur de la sécurité (RSS), notamment en établissant officiellement le cadre dans lequel les forces armées fonctionnent, de manière que la société civile puisse, elle aussi, y contribuer et collaborer avec les forces armées.

La RSS et la promotion de la gouvernance sécuritaire sont apparues comme la voie de passage obligée pour la consolidation de la démocratie, de la bonne gouvernance et du processus de l’installation de l’Etat de droit dans la mesure où elles devaient aboutir à renforcer l’Etat à faire asseoir son autorité dans l’ensemble du pays. La réforme des FARDC initiée depuis 2003, dix ans déjà, visait la création d’une armée républicaine, professionnelle, moderne, crédible et dissuasive. Mais on est au regret de constater que cette professionnalisation des FARDC souhaitées par tous ne s’est jamais réalisée et nous arrivons aujourd’hui au bout des formules politiciennes à l’emporte-pièce qui avaient alors été pensées et planifiées[42].

Renfoncer les mécanismes de contrôle parlementaire sur l’armée en général et sur la GR particulièrement

Le renforcement des mécanismes de contrôle parlementaire sur l’armée est essentiel et même au cœur de la réussite de la réforme des services de sécurité en général et de l’armée en particulier. Comme expliqué en détails dans notre ouvrage Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?, la défense nationale n’est plus un domaine de compétence exclusive du chef de l’État. La Constitution de la RDC est claire à ce sujet. Une implication active du Parlement congolais permettrait de favoriser la bonne gouvernance par la transparence et l’émergence de la culture de l’État de droit. Elle contribuerait aussi à limiter la dérive dictatoriale par la promotion de la démocratie, la lutte contre l’impunité et l’appropriation de la réforme du secteur de la sécurité en général. Cela passe également par le contrôle budgétaire effectif de l’armée. Pour plus d’informations à ce sujet, nous vous renvoyons à notre article intitulé : « Le contrôle parlementaire de l’armée : une nécessité pour une gouvernance sécuritaire efficace en RDC[43].

Il est donc aujourd’hui urgent d’instituer et d’institutionnaliser en RDC ce qu’il convient d’appeler une culture du contrôle démocratique du secteur de la sécurité. Celle-ci passe par la promotion et la subordination de l’institution de défense et de sécurité au pouvoir politique légal et légitime[44]. En effet, le président pourrait penser que l’armée est son instrument et qu’elle doit accepter les yeux fermés tout ce qu’il désire, c.-à-d l’appropriation ou la privatisation de l’armée pour réaliser ses caprices. En réalité, la subordination dont il est question ici ne se limite qu’à la soumission aux lois de la république et aux missions des forces armées, conformément à la législation nationale et au droit international.

Unités anti-émeutes de la GR incorporées dans la police, appelées "Fourmis et Abeilles" de 2016"

Unités anti-émeutes de la GR incorporées dans la police, appelées « Fourmis et Abeilles » de 2016″

Pas de réforme efficiente de l’armée sans consolidation du cadre politique et institutionnel démocratique

Le changement dans les armées et les forces de sécurité ne peut être déconnecté du changement politique et institutionnel à l’intérieur de chaque Etat concerné. Les réformes du secteur de sécurité (RSS) suivent la volonté politique : plus le cadre démocratique est solide (du fait, notamment, d’une transition et d’une alternance démocratique réussies), plus les armées et les forces de sécurité se trouvent dans les conditions favorables de professionnalisation et d’adaptation à leurs nouvelles missions[45]. La RSS est une condition nécessaire pour la démocratisation et le développement des pays en quête de stabilité[46]. Le contrôle civil adéquat de l’armée reste essentiel à la formation d’une armée réellement républicaine au service – et soumis à – du pouvoir politique civil dont il reste l’instrument et qui lui assigne la mission en fonction des objectifs stratégiques de l’Etat.

C’est bien entendu normal et légitime, dans une démocratie, l’outil militaire doit rester aux ordres des représentants de la nation que sont les personnels politiques[47] qui lui assignent la mission en fonction des objectifs stratégiques de l’Etat. Georges Clémenceau a déclaré que « La Guerre est une chose trop grave pour la confier aux militaire ». En effet, c’est aux politiques de diriger la guerre plutôt qu’à ceux dont le métier est de se battre sur le champ de bataille : Fais-moi une bonne politique je te ferai une grande armée puissante.

Un premier enjeu présenté comme étant crucial est la nécessité de limiter le pouvoir politique de l’armée ou l’immixtion de l’armée dans la sphère politique.

Un second enjeu est la nécessité d’avoir des forces armées disciplinées, étant entendu qu’une bande d’individus armés et indisciplinés peut être désastreuse pour la société. Il est d’une importance cruciale de veiller à ce que l’appareil de justice militaire soit compatible avec les normes des droits de l’Homme. La plupart des lois militaires européennes sont conformes à la Convention européenne des droits de l’homme. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples offre un point de référence analogue pour assurer la conformité des systèmes de justice militaire africains au droit national et international[48].

En définitive, les conditions favorables pour une réforme de l’armée réussie sont, tout d’abord, un cadre politique interne légitime et démocratique, ensuite, une volonté de réforme[49] de la, part des institutions compétentes et enfin, un soutien et un accompagnement des institutions régionales et internationales. L’idée est de disposer d’une armée et de forces de l’ordre républicaines, aptes à assurer leurs missions respectives et réconciliées avec le peuple[50].

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Mettre en place un monitoring pour surveiller les atteintes aux droits humains par des éléments de la GR

Outre le travail de conscientisation des soldats de la GR et l’appel à leur devoir républicain et citoyen de défendre le pays et d’en être les garants du strict respect de la Constitution, DESC, en collaboration avec plusieurs organisations actives de défense et promotion des droits humains ont mis en place un monitoring chargé de suivre pratiquement tous les commandants de la Garde républicaine, des autres unités des FARDC, de la Police nationale, particulièrement la LENi et des services de sécurité et de renseignement. Il s’agit de constituer des fichiers bien détaillés sur les canaux de transmissions des ordres, des responsabilités et des rôles de chaque commandant en cas de dérive des éléments armés. Au niveau de la GR et leurs chefs hiérarchiques, ce sont les généraux François Olenga, Jean-Claude Yav, Gaston-Hugues Ilunga Kampete, Klein Yav (responsable des unités GR à Kibomango) ainsi que les colonels Steve Mikombe, Viator Ilunga Banza (sanctionné par l’UE), Herickson Inyengele Bakati, Etienne Monga du camp Kimbembe, Mpanga (du régiment sécurité et honneur, la garde rapprochée du président Kabila) etc. qui sont particulièrement visés.

La dissolution de la GR comme préalable indispensable à une bonne réforme des FARDC et à l’alternance démocratique

La protection des hauts fonctionnaires et des institutions politiques est essentielle pour la continuité et la survie de l’État. Toutefois, la plupart des gardes présidentielles en Afrique tendent à être des unités militaires de dimensions appréciables, dotées d’un matériel relativement évolué et capables d’opérations prolongées. Les présidents et les autres hauts dirigeants ont besoin d’une force plus discrète, capable de décourager les menaces immédiates et de les repousser. Toute menace de plus longue durée devrait relever de la compétence de la police, de la gendarmerie, des forces armées ou d’autres organismes de sécurité appropriés[51].

La garde présidentielle doit impérativement être investie d’une mission républicaine et ne pas constituer une unité favorisant un groupe ethnique ou une province particulière et protégeant un régime particulier. Pour bien faire, de manière à assurer une allégeance envers la nation, elle devrait être formée de membres de la police nationale, et refléter la composition démographique de l’ensemble de la société. Ces petites unités intégrées devraient recevoir une formation spécialisée qui renforce leurs capacités et, par suite, leur fierté professionnelle. Une fois cette approche adoptée, elle créera un élément protecteur qui s’opposera aux abus des gardes prétoriennes. La réduction des effectifs pléthoriques et trop payés de la garde républicaine permettra également de réaliser des économies en réorientant les ressources de sécurité du pays sur les priorités de l’État en matière de sécurité[52].

Une armée ne peut se dire nationale lorsqu’elle fait la part belle à une composante régionale ou ethnique en son sein. Le feu général Saint-Cyrien Ilunga Shamanga écrivait à ce propos : « la création d’unités spéciales dépendant directement du président de la république est une autre hérésie des FAZ. Très vite, de spéciales dans leurs attributions, ces unités deviennent spéciales dans leur composition mono-ethnique. C’est l’exclusion qui mène à son corollaire : démobilisation des autres composantes de la nation aux problèmes de défense et amplification des frustrations. Le chef de l’Etat doit être protégé par une unité de protection pouvant lui survivre parce qu’appartenant aux forces armées régulières qui, elles aussi, appartiennent à la République et non à un individu »[53].

La dissolution de la GR se présente donc comme un préalable indispensable à la réforme efficace des FARDC et la transformation de celles-ci en une armée réellement républicaine, mais cela doit se faire avec prudence comme nous l’expliquons dans les lignes qui suivent.

L’armée face à la transition, entre le maintien ou le retrait du pouvoir : une évaluation des coûts et avantages

Les transitions politiques sont la résultante de deux processus combinés : « l’extirpation » et la « constitution ». Il s’agit non seulement de sortir du précédent régime mais aussi de constituer le nouveau. Le rôle de l’armée est ici fondamental : « Partout où l’armée reste un acteur cohérent et autonome, les éléments d’extirpation dominent le processus de transition ». La transition ne se fait jamais contre les militaires, elle se fait au mieux avec, au minimum sans. Les transitions de régime sont des situations fluides et incertaines, de remise en cause des règles politiques du régime autoritaire, de négociation sur les nouvelles règles du jeu à adopter. Dans ce contexte, chaque acteur choisit parmi une variété de stratégies qui ont des conséquences multiples et peuvent entrer en conflit avec les stratégies d’autres acteurs[54].

L’acteur ‘armée’ dispose d’une ressource supérieure en cas de menace de ses intérêts ou de conflits avec sa stratégie : la force. Le retrait de l’armée de la scène politique et plus généralement la problématique de la transition se pose donc pour l’armée en termes de coûts-avantages (sécurité, avantages matériels…). Si le résultat du changement est contraire à leurs intérêts, les militaires peuvent intervenir ou pas : « C’est cet acte d’aliénation du contrôle sur l’issue des conflits qui constitue le pas décisif vers la démocratie ». C’est un acteur d’autant plus incontournable que dans les transitions d’un régime autoritaire militaire à un régime démocratique, la place et le rôle de l’armée sont en jeu : « clairement, il ne peut y avoir de transition vers, et encore moins de consolidation de, la démocratie […] sans que l’armée et les appareils sécuritaires ne soient placés sous une forme de contrôle démocratique »[55].

En effet, le militaire est un macro-acteur politique sur la scène africaine postcoloniale[56]. L’ingérence de l’armée dans la sphère politique ou la militarisation du politique, a été la caractéristique dominante des régimes politiques africains postindépendance[57], malgré quelques tentatives infructueuses des transitions démocratiques entreprises durant les années 1990[58]. Un peu partout en Afrique, le caractère apolitique des militaires reste très théorique. L’intrusion des militaires en politique a longtemps été la norme plutôt que l’exception. Seuls Moins de 10 pays ont été exempts de coups d’État militaire[59], mais tous ont été confrontés à des degrés divers à l’immixtion de l’armée dans la politique : « La distinction entre gouvernements civils et militaires apparaît de plus en plus superficielle » parce que, « en dernière analyse, le pouvoir dans la plupart des États africains est distribué et détenu sous le contrôle des services de sécurité et des forces armées de l’État »[60].

Ainsi, sans vouloir donner au fait militaire plus de place qu’il convient, on doit reconnaître qu’en Afrique noire, autant sinon plus que partout ailleurs, l’armée a lourdement rythmé la vie des Etats et déterminé leur dynamique sociopolitique. De ce fait, l’armée, en tant qu’institution majeure de la superstructure sociopolitique africaine, joue un rôle capital dans la (dé)régulation de l’ordre sociopolitique interne de plusieurs Etats africains.

Les éléments de la Garde républicaine de la RDC

Les éléments de la Garde républicaine de la RDC

Une attention et une pression soutenues de tous sur la GR qui menace d’instaurer le chaos en RDC

La situation politique tendue de fin de mandat du président Kabila prévue le 19 décembre 2016, l’incertitude sur son avenir politique et la politisation à outrance de la GR font peser, si rien n’est fait avant le 19 décembre 2016, un risque grave de dérapage sécuritaire pouvant plonger la RDC dans un chaos sans précédent. Dans ce contexte politique et sécuritaire très volatil et incertain, la pression et l’attention doivent particulièrement être portées sur la posture que prendront l’armée, la police et les services de sécurité en général, et singulièrement la garde présidentielle[61].

A cet effet, la posture que prendra la Garde républicaine reste cruciale pour la consolidation ou non du processus démocratique. Dans un échange que nous avons eu avec un officier de la GR, ce dernier a fait allusion à un plan de plonger la RDC dans le chaos en cas de renoncement de Joseph Kabila ou si le pouvoir lui échappe : « si les 1000 hommes du RSP Burkinabès continuent à donner du fil à retordre à tout le monde au Burkina, nous qui avons une Garde républicaine de 22 000 hommes lourdement armés, des forces des réaction rapide de 3 brigades lourdement armées et dirigées par des officiers très loyaux au président : Akili Mohindo Mundos, Manzikala et le jeune lieutenant-colonel Erickson nInyengele (et surnommé l’espoir du chef), etc., c’est un jeu d’enfant de rendre ce pays ingouvernable ».

Comme au Burundi, les éléments de la GR, l’unité d’élite la mieux armée du pays, pourraient être amenés à réagir violemment si des mesures préventives, appuyées par la communauté internationale, ne sont pas prises en amont. Ces menaces, selon DESC, pèsent sur les maigres efforts de stabilisation entrepris par la communauté internationale. La RDC rentre dans une période à haut risque et incertaine que compte conduire exclusivement un régime militariste qui planifie de s’appuyer sur sa garde prétorienne et les services de sécurité pour se maintenir au pouvoir.

A cet effet, l’inner circle militaire de Kabila avait clairement annoncé les couleurs. Au cours d’une réunion sécuritaire importante sécrète, tenue à Kinshasa en 2015, le Vice-amiral Dams Kabulo a déclaré ce qui suit en des mots très clairs: « vaut mieux perdre un mulubakat que perdre notre pouvoir ». Selon notre source : « Il s’agit là d’une menace à peine voilée et que ce petit groupe peut renverser le président à tout moment si ce dernier renonce à se présenter en 2016 ou si il ne présente pas un dauphin qui correspond à leurs intérêt, que le pré-carré peux manipuler ». Toujours d’après ces membres du cercle militaro-sécuritaire de Kabila, ils sont prêt à tout pour conserver le pouvoir, quitte à déclencher une guerre civile s’il le faut. Pour eux, « le pouvoir s’arrache. Il ne se donne pas, surtout pas par la paperasse (bulletin de vote) mais le pouvoir est au bout du fusil… et rien ne peut se faire en RDC sans eux ou contre eux[62] ».

Quelques pistes de reconversion possible de la GR

Compte tenu de la dangerosité de la Garde Républicaine dans la consolidation du processus démocratique en RDC, nous plaidons en faveur de sa dissolution intelligente. A la place, nous proposons notamment de transférer ses éléments au sein des autres composantes des FARDC ou des unités d’élite de la police ou d’une future gendarmerie à créer[63]. Dans ce cas, la sécurité du président ne serait plus assurée par une unité autonome de l’armée mais par les éléments de la Police nationale congolaise.

Au Sénégal par exemple, un pays où les politiques et les militaires ont intégré le caractère républicain de l’armée, c’est la légion de la garde présidentielle qui est responsable de la sécurité de la présidence de la République et de la sécurité du président de la République[64] ainsi que de ses proches au Sénégal comme à l’extérieur du pays. La garde présidentielle, très connue sous le nom de Garde Rouge, a pour vocation première d’assurer des missions de sécurité et des services d’honneur au profit des plus hautes autorités de l’État et des personnalités étrangères accueillies au Sénégal. Toujours au Sénégal, c’est la légion de sécurité et de protection, qui assure en permanence la sécurité des institutions de la République (cours et tribunaux, ministères des Affaires étrangères, de l’Économie et des Finances, de la Justice, Assemblée nationale, Sénat et Conseil économique et social…)[65].

Dans les régimes autoritaires africains, les militaires sont un des éléments du pouvoir en plus d’en être la ressource. Il faut d’une part que leur retrait soit perçu comme positif par l’institution corporatiste qu’est l’armée et d’autre part qu’il y ait une revendication de démocratisation forte afin que le coût du pouvoir devienne trop élevé pour les militaires-politiques[66].

Une seconde piste de réforme de la GR pourrait être de lui assigner une nouvelle mission dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’ONU, de l’Union africaine (UA), des organisations régionales ou de la future constitution d’une Force africaine en attente (FAA) de 20 000 hommes [67] ou de la Force de réaction rapide de l’Union africaine (UA), la version sud-africaine de la force continentale de 32 000 hommes en vue de régler les conflits sur le continent. Cette piste présente la plus-value de consacrer une mutation honorable de la GR, tant sur le plan symbolique que sur le plan social, du fait de la conservation de certains avantages financiers accordés aux troupes en opérations extérieures.

De même, tout en conservant leurs privilèges sociaux et leur prestige en vue de contenir le risque de mécontentements, on peut penser à assigner aux éléments une nouvelle mission de lutte antiterroriste[68]. Nous proposons également que les éléments de la GR mettent les acquis de leur formation et leurs compétences variées au profit de la formation du reste de l’armée afin de niveler le niveau des formations entre la GR et le reste de l’armée, dans le but de favoriser la cohésion au sein des forces de défense et de sécurité, pour disposer d’une armée davantage intégrée.

On peut aussi envisager le non remplacement d’une partie des départs à la retraite ou entrevoir la mise à la retraite anticipée ou la mise en disponibilité des membres de la GR qui se rapprochent de leur pension, sans perte des salaires et des avantages sociaux.

Dans le même registre, El Mahoya Kiwonghi se pose la question : « Qu’allons-nous faire de la GR ? ». Et il poursuit  : «  Dans l’analyse de Mr Wondo sur le RSP du Burkina Faso, entre « les lignes » se pose la question de l´avenir de la GR au Congo. Un parlementaire de l’opposition avait une fois déclaré qu´il fallait réfléchir sur la GR. Ce qu’en cas d´alternance politique l´an prochain, le nouveau président de la RDC et son administration doivent apporter une réponse crédible sur l’existence de la GR. Si la RDC doit devenir une « démocratie normale », il est impensable que le président de la République puisse bénéficier de la protection de toute une armée dotée de chars lourds. Qu´allons-nous faire de la GR? C´est la question du débat sociétal que nous posons à tous ceux qui vont lire l’analyse de Mr Wondo ».

« Quant à nous (Ndlr : Kiwonghi), nous nous référons à deux précédents historiques : Les cas de l’Irak et de l’Afghanistan. Il s’agit des deux approches différentes aux conséquences différentes. Après la chute de Saddam Hussein, les États-Unis avaient pris l´option de dissoudre la « Garde Républicaine » héritée de Saddam Hussein et pire, toute l´armée irakienne. En Irak, confrontés au terrorisme des islamistes, les généraux américains ont vite compris qu´il fallait reprendre les généraux de Saddam qui connaissaient mieux le terrain et la culture du pays. En Afghanistan, l’approche était différente parce que les Etats-Unis avaient commencé l’offensive avec la collaboration de l´Armée du Nord et les autres milices afghanes opposées aux Talibans. Progressivement, les généraux des ex-milices ont été soit recyclés dans des stages de formation, soit mis à la retraite pour assurer la formation d´une armée moderne dans ce pays ».

« Dans les pages de l´histoire du Congo, on apprend comment Tshombe, une fois devenu Premier ministre, avait « pacifié » le pays avec la contribution de la Gendarmerie Katangaise. Après une victoire électorale en 1965 (avec 76% des sièges au Parlement), Kasavubu va révoquer Tshombe et plonger le Congo dans une nouvelle crise où les Tigres Katangais prendront le chemin d’exil en Angola. Laurent-Désiré Kabila était tombé dans le piège de l´AFDL qui avait pratiquement écarté tous les généraux ex-FAZ. Après la seconde invasion rwandaise par le RCD-Goma interposé, visant à renverser LD Kabila, ce dernier va recourir à l´expertise des ex-FAZ pour faire face à la coalition des armées rwandaise et ougandaise qui soutenaient respectivement le MLC[69] de Jean-Pierre Bemba et le RCD-Goma. Ceux des congolais qui pensent assurer l’alternance devraient relire attentivement les expériences de l´Irak et l´Afghanistan, sans oublier l´expérience malheureuse de Laurent-Désiré Kabila. Qu’allons-nous faire de la GR ? Big question »[70].

Conclusion

Au moment de conclure cet article, on nous signale que Kabila s’est entraîné le 15 décembre 2016 avec la GR au camp de Kibomango (Kin-Est) avec des tirs à balles réelles et exercices chars T-72 et -T-80. Ce sont des exercices censés être appliqués à Kinshasa si la situation déborde. Depuis 20h30, ce 15 septembre, le président Kabila a placé la GR en alerte rouge en les dotant de munitions de combat. Vraisemblablement c’est vers la « syrianisation » de la RDC que Kabila veut entraîner la RDC si des mesures urgentes ne sont pas prises avant le 19 décembre 2016.

Malgré ce tableau assez sombre qui milite en faveur de la dissolution de la GR, nous avons rapporté à plusieurs reprises que la GR pourrait ne pas rester loyale au président Kabila. L’Unité de garde présidentielle a connu plusieurs cas de désertion et l’état de délaissement des soldats a amené certains à proférer des menaces ouvertes à leurs chefs hiérarchiques. Cet état de mécontentement au niveau des soldats de rang de la GR a amené certains éléments de la GR à signifier à leur hiérarchie qu’ils n’hésiteront pas d’appuyer les manifestants en cas de maintien de Kabila au-delà 19 décembre 2016. C’est ce que nous a rapporté Pascal Kalonda Disashi, le garde du corps du président Kabila pendant 15 ans qui a fait défection en avril dernier. Ces militaires laissés-pour-compte ont promis de piller les dignitaires du régime. Cela a été rapporté au président Kabila dans un rapport lui remis par le colonel Mpanga qui n’a trouvé mieux que de permuter les troupes et faire venir les Katangais à Kinshasa. Toujours au sein de la GR, il y a eu des arrestations au sein du régiment blindé du colonel Steve Mikombe. Parmi les détenus, il y a le capitaine Ali Kituwe, le RSM (Regiment Sergeant Major : Officier de ravitaillement en pièces de rechange d’une unité) du 16ème régiment blindé/GR. Il est actuellement détenu à la prison militaire de Ndolo à Kinshasa. Dans leurs investigations, les services de sécurité ont également découvert plusieurs percuteurs et pièces mobiles. On signale également, dans le cadre de la même affaire, la détention à la prison de Ndolo du lieutenant Oscar Sango, chef du dépôt de chars numéro 3 de la base militaire GR de Kibomango, à Kinshasa vers l’aéroport.  Le colonel Steve Mikombe, qui a été interpellé puis relâché, est le successeur du général Ilunga Kampete à la tête du 16ème régiment blindé/GR.[71].

En attendant, nous appelons les soldats de la GR à une prise de conscience républicaine afin de consolider les fondements du pacte Armée-nation et de l’Etat congolais coulées dans la Constitution en cette période critique qui marque un tournant décisif pour l’avenir de la RDC.

Jean-Jacques Wondo Omanyundu / Exclusivité DESC

Diplômé de l’Ecole Royale Militaire (Belgique)
Breveté des hautes études de sécurité et de défense à l’Institut royal supérieur de la défense (Belgique)
Chercheur associé au GRIP (www.grip.be)
Expert et analyste freelance des questions politiques et sécuritaires de la RDC et de l’Afrique médiane
Administrateur de DESC (www.desc-wondo.org).

Références

[1] Andrew Cottey, Timothy Edmunds, and Anthony Forster, “The Second Generation Problematic: Rethinking Democracy and Civil-Military Relations,” Armed Forces & Society 29, No. 1 (Sep. 2002), 34 (citing Stanisław Andrzejewski, 1954).

[2] Ordre militaire et désordre politique en Afrique, Le Monde diplomatique, janvier 2003. https://www.monde-diplomatique.fr/2003/01/AYISSI/9857.

[3] Emile Ouédraogo, Pour la professionnalisation des Forces armées en Afrique, Papier de recherche N°6 du CESA, Washington, juillet 2014, p.25.

[4] http://desc-wondo.org/fr/septembre-rouge-en-rdc-joseph-kabila-devoile-son-adn-politique-sanguinaire-jj-wondo/.

[5] JJ Wondo O., Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, 2 Ed, Avril 2013, p.232.

[6] Guinée, Niger, Mali, Burkina, Burundi, etc.

[7] Emile Ouédraogo, op. cit., p.25.

[8] Forces armées Congolaises (1997-2003)

[9] L’idée était de contrebalancer le poids de l’ex-PIR (Police d’intervention rapide), majoritairement composée de ressortissants Lunda et d’ex-gendarmes katangais formés en Angola.

[10] Pour plus de détails sur le général Damas Kabulo, d’origine tutsi, Lire JJ Wondo, Les Forces Armées de la RD Congo : une armée irréformable ? , 2ème Ed, 2015, p.204.

[11] Service d’actions et de renseignement militaire sous Mobutu.

[12] Forces armées congolaises, l’armée loyaliste entre 1997 et 2003.

[13] JJ Wondo O., Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, 2 Ed, Avril 2013, p.232.

[14] http://desc-wondo.org/repression-des-civils-par-la-gr-en-rdc-les-images-qui-font-froid-au-dos-desc/#sthash.3VqzMmxj.dpuf.

[15] http://www.senenews.com/2016/02/15/rdc-le-depute-martin-fayulu-arrete-puis-relache_148908.html.

[16] http://desc-wondo.org/fr/septembre-rouge-en-rdc-joseph-kabila-devoile-son-adn-politique-sanguinaire-jj-wondo/.

[17] http://desc-wondo.org/repression-des-civils-par-la-gr-en-rdc-les-images-qui-font-froid-au-dos-desc/. Ou lire : http://desc-wondo.org/speciale-enquete-quelle-lecture-faire-des-evenements-du-30-decembre-2013-en-rdc-jj-wondo/.

[18] Voici un extrait de ce rapport relevant les agissements de la GR :

« Le 26 novembre 2011 et les jours suivants, 17 personnes ont notamment été tuées, dont neuf par balle, par des membres des forces de défense et de sécurité lors du dispersement de membres et sympathisants de l’UDPS aux environs de l’aéroport international de N’djili, sur le boulevard Lumumba et dans les communes de Masina, Matete et Kingabwa. D’après les informations recueillies par l’équipe, des milliers de membres et sympathisants de l’UDPS et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) s’étaient, en effet, rassemblés ce jour-là à l’aéroport international de N’djili afin d’accueillir les présidents de leurs partis respectifs, qui devaient y atterrir en milieu de journée. L’ambiance entre les partisans des deux camps était tendue et des policiers et des éléments de la GR avaient été déployés dans le secteur pour contenir tout débordement. Vers 13 heures, le convoi qui venait chercher le président Kabila est arrivé à l’aéroport de N’djili sous les sifflets et quolibets de plusieurs milliers de membres et sympathisants de l’UDPS. Une fois entrés dans l’enceinte de l’aéroport, des éléments de la GR en sont ressortis et ont ouvert le feu pour disperser la foule.

Alors que certains éléments de la GR tiraient en l’air, plusieurs autres tiraient à balle réelle sur les personnes rassemblées sur l’esplanade de l’aéroport. Après le départ du convoi reparti de l’aéroport vers Kinshasa sans le Président, les éléments de la GR ont également tiré sur les passants circulant tout le long du boulevard Lumumba qui s’étend de l’aéroport de N’djili jusqu’à la commune de Limete, principalement aux quartiers Badara non loin du camp CETA, Mikondo, Mokali, Bitabe, Marché liberté et la place des Eucalyptus. A titre d’exemple, au cours de ces incidents, un homme âgé de 39 ans a été atteint à la tête par une balle tirée par un élément de la GR alors qu’il s’était rendu à l’aéroport de N’djili pour accueillir le président de l’UDPS et qu’il était posté sur la route à quelques mètres de l’aéroport. L’homme est décédé sur le coup. ». Lire aussi : JJ Wondo O., Les armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC, 2 Ed, Avril 2013, p.296.

[19] 10ème Bde – basée au Camp Tshatshi à Kin, 11ème Bde – basée au Camp Kimbembe à Lubumbashi et 13è Bde – basée au Camp Simi Simi (Kisangani). Chaque brigade avait un effectif théorique de 3750 hommes.

[20] 16ème régiment blindé de la GR dispose de chars de combats T-72 AV, M-84, T-55 M-2 + blindés de combat BMP-1, BTR-60, BTR-50.

[21] The International Institute for Strategic Studies.

[22] Jean-Jacques Wondo, « Le Burkina Faso et son armée mis au pas par le Régiment de sécurité présidentielle ? », 22 septembre 2015 – http://www.grip.org/sites/grip.org/files/NOTES_ANALYSE/2015/NA_2015-09-22_FR_JJ-WONDO.pdf.

[23] http://desc-wondo.org/portrait-qui-est-ilunga-kampete-le-nouveau-commandant-de-la-garde-republicaine/. Ou http://desc-wondo.org/fr/dossier-desc-les-securocrates-katangais-du-regime-de-kabila-2e-partie-jj-wondo/.

[24] http://desc-wondo.org/fr/larmee-et-la-police-congolaises-le-rempart-ultime-contre-la-violation-de-la-constitution-jj-wondo/.

[25] Une joint task force n’est pas une unité organique ou structurelle que l’on peut retrouver dans l’organigramme de l’armée. Pour le cas de la GR, il s’agit plutôt d’un groupement tactique qui comprend un ensemble d’unités prélevées dans les différentes brigades de la garde républicaine en vue de mener une mission ponctuelle donnée en soutien aux unités combattantes déployées dans une zone opérationnelle ou région militaire donnée. En 2012 et 2013, la task force de la GR a été constituée en vue du renfort aux unités d’infanterie des 8ème, 9ème et 10ème régions militaires. Ce type d’unités composites a été expérimenté avec une certaine efficacité par la France durant la guerre du Golfe entre septembre 1990 et avril 1991avec la Divisions Daguet. Au total, ce sont 12.000 hommes qui ont constitué la force Daguet. A ceux-ci se sont ajouté les 1.160 soldats de l’armée de l’air et les 2.400 hommes de la marine dépêchés dans le Golfe, ainsi que les 3.400 soldats français de réserve à Djibouti.

[26] http://desc-wondo.org/une-hyper-militarisation-suspecte-de-la-garde-republicaine-jj-wondo/#sthash.ZQa3M5nP.dpuf.

[27]http://desc-wondo.org/fr/rdc-kabila-est-plus-quengage-dans-une-logique-guerriere-contre-les-congolais-jj-wondo/. Lire aussi http://desc-wondo.org/fr/le-katanga-en-etat-de-guerre-jj-wondo/.

[28] http://desc-wondo.org/flash-desc-du-materiel-militaire-lourd-pour-la-gr-en-debarquement-a-moanda/#sthash.VvUjSGxP.dpuf.

[29] La Zastava Arms est une filiale de la firme Zastava, qui est au même titre que la firme russe, Izhmash. C’est le principal fabricant serbe d’armes. La Zastava Arms Company, filiale spécialisée dans la fabrication d’armes légères et de petits calibres du groupe Zastava Works. Zastava est une manufacture d’armes à Kragujevac en Serbie à 60 km au sud de Belgrade qui fut créée en 1853 à partir d’une fonderie de canons.

[30] http://desc-wondo.org/la-rdc-est-elle-devenue-la-plaque-tournante-du-trafic-darmes-vers-le-zimbabwe-desc/#sthash.VBQNr65Q.dpuf.

[31] Burkina Faso, Burundi, République du Congo, Angola, etc.

[32] http://desc-wondo.org/flash-desc-du-materiel-militaire-lourd-pour-la-gr-en-debarquement-a-moanda/. http://desc-wondo.org/une-hyper-militarisation-suspecte-de-la-garde-republicaine-jj-wondo/.#sthash.U6jqsnmE.dpuf. http://desc-wondo.org/explosif-cooperation-militaire-ukraine-rdc-lombre-de-lamitie-kabila-ianoukovitch-jj-wondo/. http://desc-wondo.org/guerre-imminente-dans-les-grands-lacs-une-inquietante-course-aux-armements-dans-la-region-jj-wondo/. http://desc-wondo.org/enfin-le-materiel-militaire-ukrainien-est-arrive-a-boma-jj-wondo/. http://desc-wondo.org/devoir-denquete-livraison-darmes-ukrainiennes-a-la-rdc-jj-wondo/. http://desc-wondo.org/guerre-imminente-dans-les-grands-lacs-une-inquietante-course-aux-armements-dans-la-region-jj-wondo/#sthash.U6jqsnmE.dpuf. http://desc-wondo.org/devoir-denquete-livraison-darmes-ukrainiennes-a-la-rdc-jj-wondo/.

[33] Plasan Sand Cat est un véhicule blindé à blindage composite conçu par Plasan, en Israël. Il est basé sur le châssis d’un 4×4 civil Ford « F-series », dont l’empattement a été raccourci à 2,84 m (112 in) par des mécaniciens qualifiés de la Ford Motor Company à Louisville (Kentucky), États-Unis. À l’origine conçu comme un potentiel remplaçant des jeep’s israéliennes « AIL Storm » des forces de Tsahal, il a depuis été développé en de nombreuses versions, pesant de 4 à 6 tonnes et pouvant transporter jusqu’à 8 soldats. Ces véhicules blindés sont conçus pour résister aux mines (Mine Resistant Ambush Protected : MRAP) ou aux Engins Explosifs Improvisés (EEI) et aux embuscades. Ces types de véhicules ont utilisés par les Etats-Unis en Irak et en Afghanistan et par l’Israël dans la Bande de Gaza, en Palestine) pour faire face à violence urbaine.

[34] BTS: Beni Tal Security Company was established in 1981 with the aim of providing a complete, fast and professional response to complex issues in a wide spectrum of security-related fields. BTS works to create custom modular solutions to meet client requirements and the specific situations while strictly maintaining full confidentiality and client privacy and providing clients with complementary services in the various departments and branches. The company operates three divisions in Israel and an additional branch abroad, and serves clients from the private, public and municipal sectors.

[35] Jean-Jacques Wondo, Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?,Dec 2014, p.169.

[36] Forces armées Zaïroises (1971 – 1997), l’armée loyaliste sous Mobutu.

[37] Jean-Jacques Wondo, « Le Burkina Faso et son armée mis au pas par le Régiment de sécurité présidentielle ? », 22 septembre 2015 – http://www.grip.org/sites/grip.org/files/NOTES_ANALYSE/2015/NA_2015-09-22_FR_JJ-WONDO.pdf.

[38] L’armée israélienne.

[39] Lire le chapitre 5 de l’ouvrage de Jean-Jacques Wondo, Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?,Dec 2014.

[40] https://www.youtube.com/watch?v=qwJRIXFkpco&feature=youtu.be.#sthash.E7hx7tUO.dpuf.

[41] http://desc-wondo.org/portrait-qui-est-ilunga-kampete-le-nouveau-commandant-de-la-garde-republicaine/.

[42] Jean-Jacques Wondo, Les Forces armées de la RD Congo : Une armée irréformable ?, Déc. 2014, p.219.

[43] http://desc-wondo.org/le-controle-parlementaire-de-larmee-une-necessite-pour-une-gouvernance-securitaire-efficace-en-rdc-jean-jacques-wondo/.

[44] Ibidem.

[45] A. Augé & P. Klaousen, Réformer les armées africaines. En quête d’une nouvelle stratégie, Karthala, Paris, 2010, p.68.

[46] Herbert, Wulf, Réforme du secteur de la sécurité dans les pays en développement et les pays en transition », p.10, http: // www.berghof − handbook.net/documents/publications/frenchwulfdialogue2.pdf.

[47] François Cochet, Etre soldat. De la Révolution à nos jours, Armand Colin, Paris, 2013, p.219.

[48] Emile Ouédraogo, Pour la professionnalisation des Forces armées en Afrique, Papier de recherche N°6 du CESA, Washington, juillet 2014, p.51.

[49] Selon Axel Augé et Patrick Klaousen, op. cit. p.68 : « une réforme comprend les volets politiques et militaires. Pour le volet politique, les voies de légitimation de l’armée sont les suivantes : 1) neutralité politique et subordination militaire au pouvoir civil ; 2) contrôle démocratique de l’armée (Parlement ; société civile) ; 3) respect des missions de défense et de sécurité, des libertés publiques et des droits de l’homme ; 4) dialogue civilo-militaire et participation au dialogue national ainsi qu’au processus de réconciliation nationale ; 5) lutte contre l’impunité…

[50] Axel Augé et Patrick Klaousen, op. cit., p.68.

[51] Emile Ouédraogo, Pour la professionnalisation des Forces armées en Afrique, Papier de recherche N°6 du CESA, Washington, juillet 2014, p.43.

[52] Ibidem.

[53] http://desc-wondo.org/pourquoi-faut-il-re-creer-une-armee-a-vocation-nationale-en-rdc-jj-wondo/#sthash.M2PVegv9.dpuf.

[54] Céline Thiriot, La place des militaires dans les régimes post-transition d’Afrique subsaharienne : la difficile resectorisation, Revue internationale de politique comparée, 2008/1 – Volume 15, De Boeck Université, p.23.

[55] Céline Thiriot, Ibid.

[56] P. Ngoma Binda,, Démocratie, Femme et Société civile en Afrique, L’Harmattan, Paris, 2012, p.27.

[57] M. Gazibo et C. Thiriot. (dir.), La politique en Afrique : états des débats et pistes de recherche, Karthala, Paris, 2009.

[58] Bratton, Van de Walle, Democratics experiments in Africa: regime transition in comparative perspective, Cambridge Studies in comparative politics, Press syndicate of the University of Cambridge, 1997.

[59] Hormis les pays qui ont connu des mobilisations armées et des trajectoires d’indépendance conflictuelles, sur les 48 États d’Afrique subsaharienne, 29 ont connu au moins un coup d’État militaire, càd la prise du pouvoir formelle par l’armée, pour une période plus ou moins longue.

[60] R Luckhamar, “Militarization in Africa”, in SIPRI Yearbook, (ed.), World Armaments and Disarmament, London, Philadelphia, Taylor & Francis, 1985, p. 306.

[61] Jean-Jacques Wondo, Congo: Hervorming van leger en politie : Een zaak van politieke wil, Pax Christ, vlaamse vredesweek, Ontwapen Oost-Congo, in Politiek dossier 2015/4, pp.7-9.

[62] http://desc-wondo.org/desc-confidentiel-kinshasa-a-frole-une-mutinerie-generalisee-le-cortege-de-kabila-mitraille/#sthash.9Bz6yISu.dpuf.

[63] http://desc-wondo.org/fr/exclusif-plaidoyer-pour-la-restauration-de-la-gendarmerie-nationale-en-rdc-jj-wondo/.

[64] Le gouverneur militaire du palais présidentiel, un officier supérieur de la gendarmerie nationale, est le premier responsable de la sécurité du président de la République.

[65] Abdourahmane Dieng, Le rôle de la gendarmerie dans la sécurité intérieure – http://www.francophonie.org/IMG/pdf/reformes_systemes_securite.pdf. La réforme des systèmes de sécurité et de justice en Afrique francophone, Actes du séminaire organisé et soutenu par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mai 2009, p.72.

[66] Céline Thiriot, op. cit.

[67] Ce projet qui somnole depuis une bonne décennie vise à constituer une force d’environ 20 000 hommes issus des cinq régions du continent africain (Maghreb, Est, Ouest, Centre, Sud) et répartis au sein des 5 brigades régionales. Prévue au départ pour 2015, la mise en place de la FAA connait très peu d’avancées. Objectifs : pouvoir mener des missions d’observation, de maintien de la paix et surtout disposer d’une force de réaction rapide de 2.500 hommes déployables n’importe où sur le continent en quinze jours seulement en cas de crise grave ou de génocide.

[68] Cette piste de reconversion a été proposée par l’ICG pour le RSP : Burkina Faso : cap sur octobre, Briefing Afrique de International Crisis Group N°112, Dakar/Bruxelles, 24 juin 2015.

[69] Mouvement de libération du Congo.

[70] http://desc-wondo.org/le-burkina-faso-et-son-armee-mis-au-pas-par-le-rsp-jean-jacques-wondo-grip/#sthash.6J2IpRbx.dpuf.

[71] http://desc-wondo.org/fr/la-rd-congo-a-la-croisee-des-chemins-les-scenarios-politiques-autour-du-19-decembre-2016-jj-wondo/#sthash.d4B8Q7Wj.dpuf. Lire aussi http://desc-wondo.org/fr/larmee-ne-sera-daucun-secours-pour-joseph-kabila-jj-wondo/. http://desc-wondo.org/fr/rdc-larmee-et-la-garde-republicaine-sur-le-point-de-se-mutiner-jj-wondo/. http://desc-wondo.org/fr/kabila-gratifie-les-generaux-fardc-en-contrepartie-de-leur-soutien-pour-une-transition-de-36-mois-flash-desc/.#sthash.HUCGInlA.dpuf.

Antoine Mankumbani

Antoine Mankumbani

Rédacteur / Animateur radio

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