Philip Dewinter, quune certaine presse nomme
déjà le "Haider des Flandres", est un militant politique de longue date. En
effet, nous avons retrouvé sa trace dans des documents datant de la fin des années
septante. Dewinter provient des rangs de lextrême droite pure et dure, celle qui se
rendit complice de la diffusion du négationnisme en Belgique, notamment. Une droite
conservatrice et antisociale pour qui un certain passé historique restera toujours une
référence majeure. Voici une rapide biographie de celui qui tente, maintenant, de faire
passer le Blok comme un parti comme les autres. Après la lecture de notre enquête, cela
sera à vous de juger de lauthenticité des arguments de Dewinter
"Quoi quil arrive, le Vlaams Blok va continuer à dire
tout haut ce que la majorité de la population pense tout bas : notre peuple
dabord !"
Philip Dewinter, décembre 1998.
Septembre 1962 : naissance dun "authentique nazi
psychopathe" ?
Philip Dewinter vient au monde, en Flandre, à Bruges, le 11 septembre 1962. Malgré sa
naissance dix-sept ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale, lancien
président des socialistes flamands, Franck Vandenbroucke, dira plus tard de lui :
"Dewinter est un authentique nazi". Louis Tobbak, ancien ministre SP de
lIntérieur, rajoutera : cest "un psychopathe" (citations
extraites du livre "Le Vlaams Blok" dHugo Gijsels).
Fin
des années 70 : Jongerenfront
La premier organisation à laquelle Philip Dewinter aurait adhéré est le Jongerenfront,
selon un de ses anciens membres. Le Jongerenfront est alors le pendant en Flandre du Front
de la jeunesse (FJ), un groupe d'étudiants néofascistes lié au CEPIC, l'aile
ultradroite du Parti social-chrétien menée par feu Paul Vanden Boeynants. Sous le sigle
de la croix celtique, les "parrains idéologiques" du FJ sont également Léon
Degrelle et Emile Lecerf, le "boss" du "Nouvel Europe magazine", un
périodique acquis depuis belle lurette au négationnisme. Durant l'Occupation nazie,
Lecerf avait collaboré à l'Institut culturel de la SS !
1979 : "camarade" de Voorpost, le groupe de Roeland Raes
Du Jongerenfront, Dewinter passe au Vlaamse scholieren actie groepen (VSAG), un
groupuscule lycéen d'action qu'il dirigera dune main de fer. Ce dernier sera
ensuite rebaptisé en Nationalistisch Jongstudenten verbond (NJSV). Au même moment,
Dewinter a déjà des contacts avec Voorpost, une organisation politico-religieuse
d'extrême droite qui fait partie de la nébuleuse qui se charge, entre autres, de la
diffusion de la propagande niant les crimes nazis. Parmi les dirigeants-fondateurs de
Voorpost, il y a un certain Roeland Raes, futur vice-président du Vlaams Blok et surtout,
à cette époque, contact flamand de plusieurs organisations néonazis étrangères, dont
la Fédération d'action nationale et européenne (FANE). La FANE est alors connue pour
son implication dans un réseau international "national-socialiste", ses nervis
en uniforme ressemblant à ceux des SA, ses cérémonies d'hommage à Adolf Hitler, ses
actions violentes et son antisémitisme maladif.
Début des années 80 : préside le NSV-Antwerpen
Après son passage à la direction du NJSV, il va présider pendant trois années la
section anversoise du Nationalistisch studenten verbond (NSV), le cercle universitaire des
étudiants d'extrême droite. Le NSV a des liens étroits avec son équivalent français,
le Groupe Union Défense (GUD), caractérisé pour ses actions violentes, son
antisémitisme primaire et sa conversion de longue date au négationnisme.
Novembre 1981 : rejoint "Signaal"
Philip Dewinter rejoint le comité de rédaction de "Signaal", le journal du NSV
qui comme par hasard à le même titre que le journal de propagande
national-socialiste de jadis.
1983 : sinstalle aux commandes du Blok
Soutenu par Karel Dillen (le président-fondateur du Vlaams Blok), Philip Dewinter rejoint
le Blok. Avec ses sympathisants (dont lactuel président du parti Frank Van Hecke),
il sinstalle au sein des divers organes dirigeants. Le "clan Dewinter"
prendra ainsi de plus en plus dimportance, ce qui lui permettra de devenir par la
suite omnipuissant. La boulot est facile : lui et les siens resteront toujours sous
la protection de Karel Dillen, patriarche du mouvement et auteur de la traduction, en
1952, de "Nuremberg ou la Terre promise", le premier livre négationniste.
Octobre 1985 : élu conseiller
Dewinter est élu au Conseil provincial d'Anvers.
Février 1987 :
Vlaams Blok-Jongeren contre les Jongeren Aktief
Afin de faire réussir sa stratégie d'entrisme au sein du VB et mettre au pas ses
adversaires internes, Philip Dewinter va fonder les Vlaams Blok-Jongeren (VBJ). Leur
principal cible : les Jongeren Aktief, la première structure "jeune" du parti
nationaliste et animée par Xavier Buisseret, un "vieux" militant du mouvement
nationaliste flamand d'origine francophone et détesté par Dewinter.
Décembre 1987 : élu au Parlement fédéral
Après avoir siégé au Conseil provincial de l'arrondissement anversois, il est élu
député fédéral à l'âge de 25 ans. Dewinter est le plus jeune représentant politique
au Parlement.
Novembre 1988 (I) : hommage aux anciens de la SS flamande
Avec une kyrielle de dirigeants néonazis flamands, dont Bert Eriksson (le
"Chef" du très nazistoïde VMO, lOrdre militant flamand), il participe à
un hommage au cimetière militaire de Lommel en lhonneur des volontaires flamands
partis avec les SS sur le Front de lEst. Les activistes du VMO y tabasseront
plusieurs manifestants antifascistes venus sopposer démocratiquement à ce
rassemblement de nostalgiques de l'Ordre nazi.
Novembre 1988 (II) :
accorde une interview à un journal néonazi
Le 18 novembre, le "Deutsche Nationalzeitung", un hebdomadaire néonazi allemand
et édité par le parti électoraliste DVU publie une interview de Philip Dewinter. Le
jeune député d'extrême droite y déclare qu'il considère "Le bataille de
Poitiers, la bataille des Eperons dOr et la bataille de la Légion Flamande au front
de lEst russe" comme étant les champs de bataille les plus importants de
lhistoire. La première est celle gagnée contre les forces militaires musulmanes,
la deuxième contre les armées du roi de France (en 1302) et la dernier, celle des SS
flamands partis avec les nazis combattre le Bolchévisme durant la Guerre 40-45 !
Janvier 1989 : "Rats francophones déménagez"
Après une manifestation bruyante et interdite, constituée denviron quatre-vingt
gros bras dorganisations nationalistes (dont les ultras du Voorpost), lors
dune séance du Conseil communal de Kraainem (dans la périphérie bruxelloise),
Philip Dewinter et son comparse Gerolf Annemans sont interpellés par la gendarmerie. Ils
passeront une partie de la nuit "au poste". Le mois suivant, avec les mêmes
nervis de Voorpost, Dewinter remettra cela. Parmi les slogans scandés par ces
nationalistes nordistes : "Kraainem flamand", "Pas de français au
Conseil communal", "Rats francophones déménagez"
Mars 1989 : soutien à un stand néonazi
Manuel Abramowicz, dans le "Le Journal des Juristes Démocrates", révèle la
présence de Philip Dewinter et Karel Dillen auprès de leurs "amis politiques"
du Parti des forces nouvelles (PFN), alors tenanciers d'un stand néonazi à la Foire du
livre internationale de Bruxelles. Parmi les responsables et animateurs de ce stand :
Alain Guillaume (gourou d'une secte négationniste parisienne), Olivier Mathieu (un jeune
auteur se proclamant fièrement comme étant "national-socialiste"), Frédéric
Erens (futur président du VB-Brussel) et Patrick Sessler (actuel conseiller communal VB
à Schaerbeek et bras-droit de Johan Demol, le président bruxellois du Blok).
Avril 1989 : proposition de loi anti-islamique
La Chambre des députés fédéraux rejette à lunanimité (moins une voix, la
sienne), la proposition de loi de Philip Dewinter suggérant de retirer la reconnaissance
officielle à la religion islamique.
Juin 1989 (I) : coups et blessures
Avec quelques-uns de ses acolytes, il rosse un jeune garçon (de 17 ans). Motif ? Ce
dernier venait de refuser un tract distribué par le VB. Un Hollandais, témoin de cette
scène violente et qui prit quelques photographies, sera ensuite suivi et menacé, par
Dewinter en personne !
Juin 1989 (II) : une dame de 53 ans violentée
Quelques jours plus tard, cest au tour dune dame (de 53 ans) dêtre la
victime des méthodes expéditives de Dewinter et de sa garde rapprochée. Elle
navait pas assez vite déplacé son vélo du lieu choisi par le VB pour parquer son
bus électoral. Cette dame sera envoyé à lhôpital.
Juin 1989 (III) : nouvelle action violente
Le 16 juin, une dépêche de lagence de presse Belga informe quun groupe de
blokkers conduit par Dewinter sest attaqué, à Gand, à des membres du mouvement
Jongeren tegen Racisme et du Groupe dinitiative gantois pour une société
multiculturelle.
Juin 1989 (IV) : soutien aux négateurs et antisémites du PFN
Aux élections européennes, le Parti des forces nouvelles (PFN), un groupuscule néonazi
bruxellois, appelle à voter pour la liste du Vlaams Blok. Suite à cela, Philip Dewinter,
dans un courrier adressé à sa direction, va remercier le PFN. "Je tiens tout
particulièrement à vous remercier pour lappel paru dans votre mensuel "Forces
nouvelles" qui invitait les Bruxellois à voter pour le Vlaams Blok aux élections
européennes. Cest grâce entre autre à ce soutien que le Vlaams Blok a réussi à
obtenir de justesse un siège au Parlement européen. Plus que jamais, vous pouvez compter
sur ma sympathie et mon soutien !" écrit de Dewinter aux néonazis antisémites
du PFN.
Novembre 1989 : occupation du commissariat
Après avoir tenté doccuper les locaux du Commissariat royale à limmigration
(ancêtre du Centre pour légalité des chances et la lutte contre le racisme), il
est ceinturé par des gendarmes. Des photos de lévacuation des occupants blokkers
sont publiées dans la presse. Dans "Le Soir", on y voit Dewinter délogé manu
militari.
Mars 1990 (I) : solidarité Dewinter-Le Pen
Après la nouvelle levé de limmunité parlementaire européenne de Jean-Marie Le
Pen ("président-à-vie" du Front national français), Philip Dewinter publie
une "tribune libre" dans le quotidien francophone "Le Soir". Alors
député fédéral, il écrit : "Face à ce déchaînement dintolérance
et de haine à légard de Jean-Marie Le Pen, je me déclare totalement solidaire de
lui". Il profite encore de loccasion pour dénoncer "le visage haineux et
totalitaire de la gauche, des socialistes aux communistes, en passant par les
"verts", présents au Parlement européen.
Mars 1990 (II) : intimidation contre Paula DHondt (CVP)
Le 14 mars, près de cinquante activistes du Blok dirigés par Philip Dewinter, vont
sen prendre à Paula DHondt (ancienne ministre CVP et alors Commissaire royale
à la politique de limmigration), lors dune conférence à Anvers.
Mai 1990 : admirateur dun ancien terroriste ?
Lhebdomadaire "Le Vif/LExpress" (du 18/05/1990), nous informe que
Philip Dewinter est un "admirateur du chef libanais Bechir Gemayel et de Pierre
Sergent, un ancien de lOAS". Cette dernière n'est pas un club équestre. L'OAS
signifie Organisation armée secrète. Elle fut responsables dune véritable guerre
terroriste, à lépoque de lindépendance de lAlgérie française. Cette
organisation clandestine d'extrême droite a commis des centaines dattentats dans
lex-colonie et sur le territoire français. Plusieurs anciens de ses barbouzes
poursuivront, après le retrait définitif des troupes françaises du territoire
algérien, leurs actions terroristes à partir du Portugal salazariste et de
lEspagne franquiste. Un ancien de lOAS y dirigera un réseau terroriste
international, liée à la CIA américaine, qui orchestra la "Stratégie de la
tension" en Italie.
Août 1990 : action contre la Fondation Anne Frank
Aux Pays-Bas, suite à une conférence de presse interdite et des bagarres qui la
suivirent, Philip Dewinter est arrêté par la police néerlandaise. Cette conférence de
presse était organisée conjointement par le VB et le Centrumpartij 86 (CP 86) pour
protester contre une exposition de la Fondation Anne Frank. Le CP 86 est un groupuscule
dextrême droite hollandais constitué de néonazis (voir à son sujet la notice du
mois de septembre 1992).
En 1990 (toujours) : liste et livre noir contre les enseignants
anti-nationalistes
Cette même année, Philip Dewinter a aussi rédigé un "Le Livre noir" sur
"la manipulation et lendoctrinement par la gauche dans
lenseignement". Ce pamphlet est le résultat dune campagne de
dénonciation organisée conjointement par le VB-Jongeren et KOSMOS (le service blokker de
renseignements politiques !). Ce sont les professeurs progressistes qui sont la cible de
cette campagne de délation. Cest-à-dire, pour le VB, tous les enseignants
"anti-nationalistes".
Mai 1991 : participe à la destruction du drapeau belge
Après une manifestation nationaliste flamande, dans les rues de Bruxelles, des militants
du Vlaams Blok, conduits par Philip Dewinter et Gerolf Annemans, vont brûler, sur la
place Rouppe, le drapeau belge devant la presse. Une action illégale qui ne sera jamais
punie par la Justice. Malgré la présence des forces de l'ordre sur place ! Dewinter
est-il protégé ?
Février 1992 : invite le chef du VMO
Dewinter organise, à Bruges, une "foire du livres anti-marxiste". Parmi les
stands présents, on repère ceux tenus par Luc Veurmeulen (Voorpost), Philippe van der
Sande (NSV) et Bert Eriksson (ex-Hitler-Jugend et chef du VMO). Présents également des
livres illégaux de lex-SS wallon Léon Degrelle. Ils seront saisis sur ordre des
autorités judiciaires locales.
Mai 1992 (I) : extrême droite croate et mercenaires
"Le Vif/LExpress" informe que Dewinter "se rend régulièrement à
Zagreb. Il y a dailleurs été officiellement reçu par le président Franjo
Tudjman". Le 8 avril, "De Morgen" avait accusé le VB de fournir des
mercenaires au gouvernement dultradroite croate, par lintermédiaire
dune association nationaliste hollandaise. A cette époque, l'extrême droite
internationale sétait mobilisée pour apporter un soutien effectif aux Croates. Le
NSDAP-AO (groupuscule néonazi basé aux Etats-Unis) venait alors de lancer un appel de
soutien "aux nationalistes blancs" combattant les "communistes
serbes". En Belgique, lAssaut, un groupe néonazi bruxellois proche du Blok en
général, de la tendance Dewinter en particulier, soutenait la campagne du NSDAP-AO.
Mai 1992 (II) : opération "politiquement correcte"
Dans le quotidien flamand anversois "Gazet van Antwerpen", Philip Dewinter
affirme que "le révisionnisme est incompatible avec les objectifs du parti". Un
an auparavant (et juste après les élections législatives du 24 novembre 1991), Philip
Dewinter et Gerolf Annemans avaient affirmé que le VB se définissait désormais comme un
"parti conservateur". Objectif : remplacer sur sa droite le VLD, sur les
questions dordre moral le CVP et sur loption nationaliste la Volksunie. Pour
se faire, tactiquement, les hauts dirigeants blokkers doivent éliminer toutes les
références extrémistes de l'histoire du VB. "Le révisionnisme" est alors
trop associé aux mouvements néonazis
avec lesquels, pourtant, le Blok fricote
depuis longtemps.
Mai 1992 (III) : révélation sur les connexions négationnistes du Vlaams
Blok
"De Morgen" publie, le 22 mai, une enquête détaillée sur les liens maintenus
entre le parti dextrême droite et le milieu des négateurs. Philip Dewinter et
Francis Van den Eynde (dirigeant du Blok et du groupe daction Voorpost à Gand) sont
cités.
Juin 1992 : "programme en 70 points" contre limmigration
Inspiré par Bruno Mégret (à l'époque numéro deux du FN français), il écrit un
"programme en 70 points" contre limmigration.
Septembre 1992 : unificateur de lextrême droite hollandaise
Dewinter se charge de lunification (qui sera éphémère) de quatre petites
formations de lutradroite raciste aux Pays-Bas : le Centrumpartij 86 (CP86),
les Centrumdemocraten (CD), le Democratisch alternatief Nederland (DAN) et le Nederlands
Blok (NB). Rinke van den Brink, journaliste hollandais spécialiste de lextrême
droite, nous informe pour sa part que le CP86 "a dexcellents contacts avec le
Ku Klux Klan". Quelques mois après lintervention de Dewinter, lors dune
perquisition opérée chez des dirigeants du CP86, la police hollandaise mettra la main
sur du matériel de propagande néonazi (notamment du NSDAP-AO et du KKK) et
négationniste (1). La mission dunification de l'extrême droite batave de Dewinter
sétait faite en collaboration avec le vice-président de lépoque du VB,
Roeland Raes, par ailleurs maillon important du mouvement néofasciste international.
Novembre 1992 : Inspiré par lapartheid et le régime
national-socialiste
Le Parlement flamand vote, le 18 novembre, une résolution qui condamne sévèrement le
"programme en 70 points" contre limmigration de Dewinter. Pour
lensemble des partis démocratiques flamands, ce programme basé sur celui du FN
français sinspire des anciennes lois racistes à lépoque du régime
dapartheid en Afrique du sud et de celles de la dictature allemande
nationale-socialiste. Rien de moins !
Octobre 1993 : chez les jeunes lepénistes
Dewinter représente le Blok au deuxième congrès du Renouveau étudiant (RE), le
"syndicat" universitaire du Front national de Jean-Marie Le Pen. Autre
référence de RE : le négationniste Maurice Bardèche.
Janvier 1994 : le VB-Antwepren rejette Dewinter, le Brugeois
Le journal satirique "t Pallieterke" (appartenant à la même branche
nationaliste que celle du VB), nous apprend que sa désignation comme tête de liste à
Anvers pour les élections communales (du mois doctobre 1994) est contestée
par
les piliers historiques de la section anversoise du Vlaams Blok ! En effet,
ces derniers sont radicalement opposés à Dewinter. Ils le considèrent comme un
opportuniste de premier ordre et en plus un "étranger" à la métropole
portuaire ; puisquil vient en droite ligne de Bruges. Il sest installé à
Anvers uniquement dans le but dy devenir un jour ou lautre son bourgmestre.
Pourquoi là ? Anvers est le fief historique de lextrême droite nationaliste
flamande, avec un réservoir délecteurs de plus en plus acquis aux thèses du Blok.
Septembre 1994 : même stratégie que les nazis ?
En réponse à lappel de Philip Dewinter pour une "opération Berlusconi"
(visant à la constitution dun "front de droite", comprenant le VB, pour
battre la gauche à Anvers), Frank Vandenbroucke (alors président des socialistes
flamands) déclare : "Dans les années 30, les nazis allemands avaient lancé un
appel similaire."
Mai 1995 : prône une "communauté ethnique homogène"
Lors d'un entretien accordé au journal batave "De Volkskrant", Philip Dewinter
estime que le seul salut de la Flandre viendra d'une "communauté ethnique
homogène".
Septembre 1995 : la vie cachée de Dewinter ?
Après un nouveau discours homophobe de Dewinter, le blokker Bart Vandermoere va vivement
le contre-attaquer. Selon cet ancien leader des Etudiants universitaire catholiques
flamands, qui affirme, dans le "Morgen", avoir "toujours été un
extrémiste de droite convaincu" et qui revendique sans honte son homosexualité,
"il nest pas possible dêtre nationaliste et de se prononcer en même
temps contre lhomosexualité". Révolté par les propos
"dewinteristes", Vandermoere traitera le jeune chef blokker dhypocrite. Il
portera des accusations graves sur la vie privée de Dewinter, en affirmant, notamment,
que celui-ci "ne vit pas daprès ses principes. Un homme comme lui ne pourrait
pas faire la morale aux autres. Daprès moi le Vlaams Blok doit se distancer de
Dewinter". Il faut savoir que malgré un programme anti-homosexuel, les "hommes
qui aiment les hommes" ont toujours été bien représentés dans les rangs de
lextrême droite. Même si certains restent des homosexuels honteux
Juin 1996 : rassemblement avec des néonazis
Un communiqué de presse du Front antifasciste de Liège (FAF), daté du 20 juin, informe
la tenue, pour le 22 juin, d"un rassemblement international fasciste". Le
FAF précise que "le recoupement des informations reçues de diverses sources
(
) indique que les personnalités suivantes seraient présentes : Gilbert
Quoilin, dirigeant du groupe nazi "Casque dacier" (Liège), basé 278 rue
des Vennes, actuel local de REF (Defourny) ; Hervé Van Laethem, dirigeant du groupe
nazi "LAssaut" ; Marguerite Bastien, dirigeante du Front
national-bis ; Chris Roman, ancien membre du Vlaams Blok passé au Front
national ; Philip Dewinter
". Pour finir, ce dernier ne se rendra pas à ce
rassemblement organisé par REF. Ce dernier continuera, néanmoins, à bénéficier du
soutien du "clan Dewinter".
Toujours en 1996 : réactualisation du "programme en 70 points"
Dewinter présente une nouvelle version, revue, corrigée et radicalisée du
"programme en 70 points" contre les étrangers.
Juin 1997 : liens maintenus avec les négationnistes
Philip Dewinter accorde une interview à "De Jongstudent !", le mensuel de
la section anversoise du NJSV (revoir : Fin des années septante). Une autre publication
de ce groupuscule dextrême droite étudiant proche du VB, le trimestriel
"Goedendag", daté de janvier-mars 1997, proposait à la vente par
correspondance un autocollant proclamant : "Revisionnism is geen misdaad"
("le révisionnisme n'est pas un crime"). Deux ans après le vote de la loi
antinégationniste !
Juillet 1997 : nouvelles accusations de négationnisme et
dantisémitisme
Le 4 juillet, le quotidien "De Morgen" publie un article titré :
"Revisionist financierde het Vlaams Blok". Dans ce dernier, Paul Debaes, un
ancien de la SS flamande qui versa régulièrement de largent au Vlaams Blok, se met
à table. La direction blokker est selon lui constituée de négationnistes et
dantisémites qui refoulent hypocritement leur haine des juifs uniquement dans un
but électoraliste. "Karel Dillen, Roeland Raes et Xavier Buisseret sont tous des
révisionnistes (ndlr : respectivement fondateur-président, vice-président et
responsable de la propagande du parti). Comme Philip Dewinter qui na jamais caché
son antipathie pour les juifs auprès de son public", va déclarer lancien
soldat nazi passé ensuite dans les rangs blokkers. En poursuivant : "Dewinter
était abonné aux publications (niant lexistence des chambres à gaz homicides
nazies) réalisées par Siegfried Verbeke", le fondateur-dirigeant du principal
réseau négationniste européen. En réponse à ces graves accusations, Dewinter
affirmera, tout simplement, que Debaes ment
Le 9 juillet, "De Morgen"
publiera de nouvelles preuves sur lauthenticité des accusations de lancien SS
à l'encontre de Dewinter et des ses amis.
Décembre 1997 : pacte (de fer) Dewinter-Mégret
Philip Dewinter reçoit Bruno Mégret (alors numéro deux du Front national français)
pour une visite politique dAnvers. Mégret est le leader de laile pure et dure
(constituée de néonazis, par exemple) du parti de Jean-Marie Le Pen. Cest
notamment, ce dirigeant frontiste qui a écrit le programme contre limmigration du
FN, en 1990, et qui sera ensuite singé par Dewinter.
Avril 1998 : meeting FN avec le gratin néonazi belge
Philip Dewinter est présent avec une délégation du Blok au meeting de Jean-Marie Le Pen
qui se tient à Lille. Autres participants venus de Belgique : le docteur Daniel
Féret (président-à-vie du FN) accompagné de ses derniers adeptes, des activistes du
Front nouveau de Belgique, une escouade de lex-groupe néonazi lAssaut (qui
soccupait aussi de la sécurité des manifestations du VB) et une délégation de
REF, un groupuscule souhaitant redynamiser le "rexisme" de Léon Degrelle.
Hubert Defourny, le "Fondateur" (sic !) de REF est depuis, plusieurs années, en
contact avec Philip Dewinter.
Décembre 1998 : meeting chez des néonazis bruxellois
Le 8 décembre, avec Marie-France Stirbois, dirigeante de la tendance
nationale-solidariste du Front national français, Philip Dewinter est le conférencier de
Bruxelles-Identité-Sécurité (BIS), lors du meeting "Faire face à linvasion
étrangère". Le BIS est un paravent francophone pro-Blok animé par danciens
nervis du PFN, un groupuscule néonazi et négationniste actif dans les années
quatre-vingt et déjà soutenu par le même Dewinter. Le BIS est aussi lié au groupe
néonazi lAssaut dHervé Van Laethem. Au cours de ce meeting, le jeune leader
blokker dénoncera pêle-mêle "le tribalisme africain", une "Europe
submergée par limmigration", le "SIDA mental (qui) sape les fondements de
notre civilisation", "la gauche marxiste recyclée en une sorte de lobby
mondialiste", "la délinquance étrangère", "la terreur
étrangère" et finira par traiter François-Xavier de Donnéa, lancien
bourgmestre PRL de Bruxelles, de Pol Pot.
Juin 1999 : réélu député flamand
Avec 60.000 voix de préférences, Philip Dewinter est réelu au Parlement flamand.
Avril 2000 : "Communauté homogène" ou "race
pure" ?
Il publie un nouveau livre : "Baas eigen land". Dans celui-ci, il affirme
encore une fois de plus, que lEtat flamand indépendant de demain devra
sarc-bouter sur une "Communauté homogène", cest-à-dire en langage
décodé : une "race pure". Contrairement aux affirmations de certains,
"Baas eigen land" ne remet pas en cause le "programme en 70 points"
contre les non-nationaux.
Rapport de "RésistanceS" 17 mars 2001
Cette biographie a été réalisée sur base des différents livres et articles de
presse écrits sur et contre le Vlaams Blok, ainsi que sur des documents de ce parti.
(1) Rinke van den Brink, in "Les Extrémismes de lAtlantique à
lOural", rapport annuel du Centre européen de recherche et daction sur
le racisme et lantisémitisme (CERA), éditions de lAube, Paris, 1996.
La stratégie du
"Dewinter Blok" : changer le vocabulaire "Savez-vous que le Front national (français, ndlr) a un véritable
lexique de mots à utiliser ? Il essaie de faire entrer ces termes dans les médias. Nous
n'avons pas de liste aussi pratique que celle du FN, mais nous avons introduit des mots
dans l'usage politique. Les journalistes finiront par les utiliser sans qu'ils ne se
rendent compte qu'il s'agit de mots que nous avons quasiment créés et que nous employons
intentionnellement pour les insérer dans le langage courant".
Philip Dewinter in "L'Internationale de la haine - Paroles d'extrême
droite", de Rinke Van den Brink, éditions Luc Pire, 1996, p. 136 .
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