Matt Damon endosse pour la quatrième fois son rôle-fétiche d'ex-agent amnésique de la CIA aux prises avec ses anciens employeurs toujours aussi décidés à l'éliminer.

Avec Paul Greengrass aux commandes, le film retrouve rapidement les repères stylistiques qui ont tissé la forme des précédents épisodes, de la shaky-camera au montage nerveux et emballé qui surlignent la véhémence et la vélocité des scènes d'action. Mais si, sur le plan de la forme, on retrouve avec un plaisir certain cette résurgence stylistique, on aurait aimé qu'elle puisse se mettre au service d'une originalité scénaristique plus accentuée. Or c'est un peu sur cet aspect que pêche le film, par un conformisme narratif qui le place davantage dans la répétition que dans la créativité. Les pontes de la Cia ont beau avoir changé et Tommy Lee Jones avoir remplacé Scott Glenn, l'histoire se résumé toujours à une traque en temps réel de l'insaisissable agent par ses anciens formateurs, apeurés qu'il ne révèle l'existence de programmes clandestins dont il était l'un des exécutants.

Si le récit rajoute ici un élément nouveau en la personne du père de Bourne et de son implication-surprise dans le destin de son fils, la trame n'en recycle toujours pas moins les mêmes « classiques » que constituent les multiples facettes du talent de Bourne à duper les agents dans une apparence permanente d'improvisation, ou les poursuites motorisées entre Bourne et les « atouts » lancés sur sa trace, et dont les mouvements sont suivis et dirigés en temps réel par écrans interposés au siège de la CIA. Si l'efficacité du résultat est toujours au rendez-vous grâce au talent de Greengrass, l'exaltation, elle, l'est un peu moins pour les fans de la série en raison de ce sentiment de « déjà-vu » qui n'ose guère s'écarter des standards de la franchise. On eût peut-être apprécié de voir des scènes d'action plus inventives, ainsi qu'une histoire osant le risque de s'orienter vers des sentiers scénaristiques prodiguant plus de nouveauté que le seul choix de la figure paternelle prétexte à une nouvelle quête de vérité par son fils.

Le film n'est pas mauvais pour autant, loin s'en faut. La séquence finale à Las Végas régale les mirettes, et l'ultime affrontement entre Damon et Cassel constitue assurément l'une des meilleures scènes de combat à mains nues de toute la série. Mais la qualité d'un film alliant toujours la forme et le fond, on peut regretter que ce « Jason Bourne » ait pris le parti de soigner davantage la première que le second, pour proposer en finale ce qui est certes un bon film d'action, mais partiellement dénué d'une originalité qui l'eut rendu plus captivant encore. A voir, donc, mais sans expectations excessives.