L'organisation criminelle, dirigée par les clans Pesce-Bellocco de Rosarno et Strangio de San Luca, avait des antennes dans toutes les régions italiennes. Une «entreprise» parfaite: «Nous avons été extrêmement frappés par le très haut niveau commercial du groupe capable en un temps record de satisfaire toutes les exigences, même en fortes quantités, de la clientèle que ce soit en ecstasy, en marijuana, en héroïne ou en cocaïne, note un des responsables de l'enquête, et cela grâce à un réseau étroit fait de parents et d'affiliés à la'ndrangheta.»
Les complices, stratégiquement distribués sur le territoire, ne manquaient jamais un coup. Rosario Arcuri, par exemple, était en mesure de faire parvenir à Reggio Calabria une dizaine de kilos de stupéfiants à la semaine. Il y a pourtant eu quelques incidents de parcours. Ainsi l'Italo-calabrais Alfonso Tarallo, 24 ans, s'est fait arrêté en 2001 alors qu'il tentait de remonter de Rosarno en Europe du Nord pour restituer aux émissaires du clan Strangio un lot de cocaïne dont la qualité n'avait pas satisfait Rosario Arcuri.
Coke en stock
Durant les diverses phases du travail des policiers, ont été saisis 55 kilos de cocaïne, 15 kilos de marijuana et 1600 cachets d'ecstasy ainsi que 500000 euros, dix automobiles, un semi-remorque et une arme de poing. Mais plus que cela, les limiers du Goa sont persuadés d'avoir mis la main sur le «trésor» de la «ndrangheta», c'est-à-dire les canaux internationaux du blanchiment des fonds. «Le trafic impliquait tous les niveaux de l'association criminelle et l'habilité extraordinaire des investigateurs du Goa a permis de désarticuler une des bandes les plus dangereuses et pour la première fois nous avons pu saisir le patrimoine de la'ndrangheta à l'étranger», exulte le substitut du procureur de Reggio Calabria, Francesco Mollace, qui coordonne l'enquête.
En réalité les choses ne sont pas aussi roses. Les limiers ont, soit, fait «connaissance» avec les frères Francesco et Sebastiano Strangio, de 38 et 34 ans, qui résident à Bruxelles et Rotterdam d'où, sous le couvert d'activités légales, ils tenaient les contacts avec les narco-trafiquants colombiens et s'adonnaient au blanchiment de fonds dans le secteur immobilier. Il est notamment question du transfert de 28 millions d'euros, en un seul jour, au départ de Rosarno. Le procureur Mollace, sans apporter de précisions et tout en saluant la coopération avec les autorités judiciaires belges - le dossier serait cependant sur le point d'atterrir sur le bureau de l'Organe central pour la saisie et la confiscation (OCSC) -, reconnaît qu'il faudra encore beaucoup de temps pour démanteler le réseau Strangio.
© La Libre Belgique 2004